Régionales : l’union de la gauche se fait toujours à l’extrême gauche

Au programme, de la « justice sociale et climatique », de la transition écologique et de la défense du service public et de l’emploi pour, je vous le donne en mille, faire barrage à la droite et l’extrême droite.

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Régionales : l’union de la gauche se fait toujours à l’extrême gauche

Publié le 24 mars 2021
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Par Nathalie MP Meyer.

Non pas que l’issue des élections régionales qui se tiendront peut-être les 13 et 20 juin prochains aura un impact colossal sur nos vies quotidiennes. Dans notre État supérieurement interventionniste, les dépenses des régions (33,6 milliards d’euros en 2019) ne représentent « que » 12,4 % des dépenses des collectivités territoriales et 2,5 % des dépenses publiques totales du pays. Et non pas que ce type de scrutin déplace massivement les foules citoyennes vers les bureaux de vote.

Il n’empêche qu’en tant que parti et à titre personnel, quand vous accédez à une présidence de région, vous devenez instantanément un « poids lourd » de la politique française. Vous régnez sur des millions d’habitants, vous avez votre mot à dire sur les transports et les lycées, bref, l’Élysée est là, tout près, qui vous tend les bras.

L’échéance régionale est donc l’occasion inévitable de quelques cabrioles politiques sinon intéressantes du moins hautement révélatrices de la bienveillance française pour les pires excès de l’extrême gauche dans la perspective prochaine de la grande, la seule échéance électorale qui compte vraiment en France, la présidentielle.

Regardez les Hauts-de-France. En 2015, cette région de six millions d’habitants est passée sous la houlette de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy Xavier Bertrand (UMP, puis LR, puis ex-LR) après des années de socialisme aussi bien dans le Nord-Pas-de-Calais qu’en Picardie.

Une véritable claque pour le Parti socialiste. Arrivé en troisième position au soir du premier tour et dans l’impossibilité de barrer la route au Front national, même en s’alliant avec le reste de la gauche, il a été contraint par François Hollande de se retirer1 du jeu pour le second, entraînant de facto toute la gauche régionale dans son échec :

Seule solution pour 2021 : l’union – cette union de la gauche si souvent glorifiée et recherchée, toujours miraculeuse sur le papier, mais si souvent abandonnée sous les coups conjugués des egos des candidats et des divergences doctrinales qui font qu’aujourd’hui, un insoumis prend un socialiste pour un social-traître et qu’un socialiste prend un insoumis pour un traitre à la laïcité.

Mais dans les Hauts-de-France, l’heure n’est plus à la tergiversation ni aux querelles picrocholines de la gauche. Pour le dire comme Ugo Bernalicis, le candidat initialement pressenti par la France insoumise pour le scrutin de juin, l’affaire est très simple :

Il n’est pas possible que sur cette terre de gauche on se retrouve pendant plus de dix ans sans aucune représentation de ces voix de progrès dans l’hémicycle régional. (automne 2020)

Du Parti communiste au Parti socialiste, tout le monde est d’accord, si ce n’est que chacun – Fabien Roussel pour le PC, Patrick Kanner pour le PS, Karima Delli pour EELV et Ugo Bernalicis pour la France Insoumise – se verrait bien prendre la tête de la coalition. Mais dans le même temps, les scrutins européens (2019) et municipaux (2020) ont renforcé les écologistes, fragilisé le PS et accentué l’érosion du PC.

Résultat des courses, le 11 mars dernier, Karima Delli annonçait non sans un petit accent de triomphe qu’elle prenait la tête d’une liste d’Union de la gauche comprenant Europe Écologie Les Verts, la France Insoumise, le Parti socialiste et le Parti communiste français en vue des élections régionales de juin 2021 :

Au programme, de la « justice sociale et climatique », de la transition écologique et de la défense du service public et de l’emploi pour, je vous le donne en mille, faire barrage à la droite et l’extrême droite.

Le plus « amusant », c’est que le candidat sortant Xavier Bertrand, soutenu par Les Républicains, l’UDI et le Modem, se pose lui aussi en rempart contre le Rassemblement national (conduit par Sébastien Chenu), tandis que le secrétaire d’État aux retraites Laurent Pietraszewski qui conduit la liste LREM se présente comme le candidat de la vraie gauche, une gauche « républicaine, laïque, écologiste, la social démocratie » – et pour contrer ce coup de Jarnac de l’Union de la gauche, il promet déjà un chèque de 1000 euros aux jeunes de 18 à 25 ans.

Mais revenons à nos jeunes mariés. Tout a commencé cet automne avec un sondage IFOP des plus déplaisants. Xavier Bertrand, bien que rattaché idéologiquement à la droite honnie, caracole en tête avec 33 % des intentions de vote et il est suivi de près par l’épouvantable RN qui recueillerait 29 % des voix. À gauche, y compris LREM donc, tout se passe en dessous de 10 % :

Difficile pour la nouvelle coalition de gauche de prétendre à la seconde place au premier tour, mais en revanche, facile de se hisser au troisième rang devant LREM, facile de se maintenir, et au bout du compte, pas impossible d’obtenir l’appui de LREM pour le second tour. Pietraszewski se dit « de gauche », qu’il assume ! Dans ces conditions idéales, la gauche du PC à LREM pourrait réunir 35 % au second tour et retrouver ainsi le chemin de l’Hôtel de région.

Bémol, cependant. Autant le PS est un habitué des alliances locales de circonstances avec les Verts et/ou les communistes, que fera LREM dans la perspective du repositionnement présidentiel d’Emmanuel Macron pour 2022 ? Retour officiel à la vieille gauche, retour à la « synthèse » hollandaise, ou poursuite de la fable sur le printemps macronien ?

Plus fondamentalement, l’électeur EELV qui s’intéresse prioritairement à l’écologie, l’électeur socialiste qui ne supporte ni le cabotinage ni l’autoritarisme de Jean-Luc Mélenchon accepteront-ils de soutenir une alliance qui penche si manifestement à l’extrême gauche ? Là réside la vraie question.

Au départ, la gauche en France, le socialisme en France étaient entièrement représentés par la SFIO. Puis en 1920, au Congrès de Tours, scission : d’un côté, le plus vaste, apparition du Parti communiste français qui souhaite vivre en symbiose avec Moscou ; de l’autre, ce qu’il reste de la SFIO, c’est-à-dire les socialistes qui ne veulent pas dépendre des ordres de Lénine.

La SFIO se transforme en Parti socialiste en 1969 et c’est à ce moment-là que le discours sur l’union de la gauche, donc le rapprochement avec le Parti communiste, commence à réapparaître dans la perspective d’une candidature unique et de la victoire finale lors des futures élections présidentielles, 1974 d’abord, 1981 s’il faut patienter jusque-là.

Pour avoir une chance d’exister, ce positionnement politique se nourrit forcément du concept de « rupture avec le capitalisme » auquel François Mitterrand donnera corps lors du Congrès d’Épinay de 1971. On connaît la suite : victoire du très marxiste programme commun de la gauche en 1981, débandade économique totale en deux ans et « tournant de la rigueur » en 1983 avec l’arrivée de Laurent Fabius comme Premier ministre en remplacement de Pierre Mauroy.

Autrement dit, chaque fois que la gauche parle de s’unir pour accéder au pouvoir, cela ne peut signifier qu’un rapprochement avec des forces politiques collectivistes rétrogrades qui ont largement fait la preuve de leur inaptitude totale à apporter la prospérité aux citoyens et à respecter la liberté des individus.

Mais que vaut la vie des autres quand il s’agit de devenir président de région, voire président de la République ? Pas grand-chose apparemment. La maire de Paris Anne Hidalgo qui avance dans son projet de candidature présidentielle en 2022 sans décoller dans les sondages a accueilli l’union de la gauche dans les Hauts-de-France avec ravissement :

Avec toi ma chère Karima pour porter nos valeurs, nos projets et notre union !

Il est vrai que l’alliance avec les Verts et les communistes n’a plus aucun secret pour elle à Paris. Mais au plan national, rien n’est joué. Dans les faits, Mélenchon est déjà candidat pour son compte (et celui de la France insoumise) et se dit prêt à rassembler la gauche sur son nom tandis que le secrétaire général du PC Fabien Roussel espère qu’il aura les suffrages de son parti pour se présenter en 2022.

Affaire à suivre… On sait qu’une élection présidentielle, ça peut facilement devenir « complètement dingue ».

Sur le web

  1. On pourra se rappeler qu’en cette occasion et pour les mêmes raisons, François Hollande avait aussi exigé le retrait de la liste PS en région PACA, liste conduite à l’époque par un certain Castaner… qu’on retrouvera dès 2016 accroché aux basques d’Emmanuel Macron.
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  • Meme si ces elections sont assez peu importantes, faudra y aller histoire de faire barrage aux pastèques…

  • Le seul constat : la France est entre les mains de partis politiques insignifiants dont le seul objectif est pour leurs représentants de remporter à titre personnel « la timbale » au mépris de l’intérêt général. D’ailleurs cette dernière expression devrait être bannie du dictionnaire. Les débiles au pouvoir…

    • et surtout de récupérer des indemnités, voitures de fonction, postes d’assistants… un beau pactole tout de même

  • « Autrement dit, chaque fois que la gauche parle de s’unir pour accéder au pouvoir, cela ne peut signifier qu’un rapprochement avec des forces politiques collectivistes rétrogrades qui ont largement fait la preuve de leur inaptitude totale à apporter la prospérité aux citoyens et à respecter la liberté des individus »
    Pas nécessairement. L’allié quasi naturel aujourd’hui n’est plus le PC ou son clone LFI, mais EELV. On l’a vu à Paris entre autres et vu le score des Verts dans quelques grosses bourgades françaises (Bordeaux, Lyon, Marseille…) c’est bien évidemment de ce côté là que le PS a tendance à lorgner aujourd’hui.
    Ce n’est pas forcément mieux. Quand on voit les dégâts sociaux et autres nuisances engendrés par les Verts là où ils ont leur mot à dire (politique de transports antisociale, budgets genrés, ode à la décroissance, écriture inclusive et autres fadaises idéologiques…) je suis bien obligé de reconnaître qu’ils surpassent de loin le totalitarisme communiste. Au moins les communistes portaient une attention soutenue aux petites gens, smicards, chômeurs… Les Verts n’en ont strictement rien à faire, leur cible c’est le bobo écolo urbain hors sol…
    Martine Aubry l’a bien compris et a préféré y aller toute seule que de s’acoquiner avec ces apprentis sorciers.

  • De la même façon qu’en sport, en France il y a 60 millions d’experts politiques!!!!! Tous, nous écrirons ou dirons que tel parti ou tel personnage est le meilleur pou d’évidentes raisons, bien sur! Ensuite, au bout de 6 mois si ce n’est avant, 80% de ces 60 millions mentionnés plus haut, vont, bien évidemment « monter au créneau » afin de…. Critiquer les nouveaux élus! Peu ou prou, quelle que soit l’élection, toujours en France, c’est la même rengaine… Solution? Là, je vais faire autant d’heureux, mais alors TRES heureux que de malheureux croyant aux miracles!!! IL N’Y EN A PAS! Dans l’état actuel de la population, IL EST TROP TARD! Combien parmi vous analysent les discours de nos éventuels futurs élus? Combien toujours parmi vous, ont-ils discuté avec ces mêmes personnages cités une ligne plus haut de problèmes inhérents à votre quartier, votre village, votre ville OU TOUT SIMPLEMENT DU SORT SOCIAL DE VOS AMIS HABITANTS CES LIEUX? Combien accorderaient leur confiance a ces éventuels élus, après en avoir débattu, si débat il y eût? Et puis, question importante également: Combien parmi vous seraient-ils prêts à débattre avec un futur élu? (Seraient-ils prêts? = se sentiraient-ils CAPABLES?) A méditer, n’est-ce pas? La seule chose importante que j’essaie de dire est: REFLECHISSONS BIEN SUR LES 50 DERNIERES ANNEES PASSEES SOIT A DROITE SOIT A GAUCHE, et le faire …..BIEN! Comme pour se regarder dans une glace tous les matins et ne pas regarder ailleurs lorsque vous verrez l’image que ce miroir vous délivrera…..En ce qui me concerne, j’imagine déjà les quolibets et autres moqueries ou noms d’oiseaux qui vont surgir de toutes parts, mon avenir est derrière moi! LE FUTUR, LE VOTRE, VOUS APPARTIENT!!!!

    •  » Solution? Là, je vais faire autant d’heureux, mais alors TRES heureux de malheureux croyant aux miracles!!! IL N’Y EN A PAS! Dans l’état actuel de la population, IL EST TROP TARD! »
      Effectivement, il n’y a pas de solution!Donc aux prochaines élections ( régionales ou présidentielles), tirer un bulletin au sort restera la démarche la moins frustrante vu que seul le hasard aura choisi votre candidat! CPEF

    • @jean-patrick- je vais peut-être vous surprendre mais je suis déjà près à les affronter tous et particulièrement un certain Bruno Le Maire. Mais j’ai bien peur qu’il n’y ait pas de micro pour la foule des gueux qui ne sont là que pour faire masse et complaisance

  • De bons représentants des français, aussi débiles qu’eux. Incapables de comprendre que l’état n’a PAS un kopeck, et que ce sont les entreprises qui créent les richesses, et donc payent leurs salaires et leurs cotisations sociales! Plus abrutis ne se trouve pas sur terre, incapables de réfléchir et constater que la moindre hausse de prélèvement sur les entreprises ce sont eux qui la payent en définitive et que le tissu économique s’amoindrit. Tant qu’ils ne l’auront pas ruiné complètement ils continueront, puis pleureront d’être au chômage sans indemnité!

    • @virgile- Vous sonnez tout juste, mais quand vous avez un Bruno Le Maire agrégé de lettres modernes au poste de ministres de l’économie et des finances qui vous dit qu’il va mettre 420 milliards sur la table comment croyez-vous que les gens comprennent ? Pour eux ce sont des faiseurs de miracles qui puisent dans un Trésor public bourré à craquer. De l’argent il y en aura toujours pas besoin de savoir comment ça se passe.

      •  » Je crois que notre Léviathan Tout Puissant est une infinie source de sagesse, qui apporte la Confiance là où elle serait inimaginable sans Lui, qui fournit des Services Publics qui seraient inimaginables sans Lui.
        Je crois que la solution ultime à chacun et à tous les problèmes de la vie est que l’État devrait débloquer les fonds nécessaires en insérant les lignes appropriées dans le livre sacré du budget.
        Alléluia !  »

        Faré, Le Credo Citoyen

  • Les voix de progrès? Que ne faut-il entendre! Supporters d’une idéologie rétrograde inventée il y a 2 siècles, qui a lamentablement échoué partout en faisant au moins 100 millions de victimes pour rien! Je répète la sentence d’Einstein: la bêtise humaine est infinie! Car pour voter contre ses propres intérêts il faut en tenir une sacrée couche!

    • @virgile- Oh combien vous avez raison. Mais aujourd’hui ces dispensateurs de misère et de crimes se parent des habits de la liberté etc

  • Tant que le pastèque dominera cett europe en pleine décadence, on ne pourra hésiter qu’entre catastrophe et calamité.

  • Mon petit doigt me dit que le RN va faire un carton !

  • Si l’électeur n’a pas encore compris que le pays est totalement déclassé au niveau international après les désastres provoqués par Franchou le Vichyste alors il n’a qu’à subir les conséquences de son vote. Les autres bossent et conquièrent le monde et nous débattons sur l’écriture inclusive et sur le sort des illégaux islamistes…

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