Bitcoin, NFT, Defi : le saisissant tournant cryptomonétaire

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Bitcoin, NFT, Defi : le saisissant tournant cryptomonétaire

Publié le 19 mars 2021
- A +

par h16

Ce n’est pas parce qu’une petite partie de la population (occidentale essentiellement) feint d’être tétanisée par un virus que le reste du monde s’arrête de tourner : malgré les crises économiques, sociales et politiques qui s’empilent, le monde des cryptomonnaies continue de grossir et d’accumuler les innovations et les opportunités.

Un Bitcoin toujours plus haut

La presse s’en fait d’ailleurs l’écho gourmand à chaque fois qu’elle le peut, que le prix des cryptos s’envole ou qu’il chute brutalement : rien de tel que des histoires de gros sous basées sur des concepts compliqués expliqués de façon floue par des journalistes approximatifs pour faire vendre du papier et récolter du clic.

Il reste cependant exact que le bitcoin a connu, ces derniers mois, une ascension importante. On aurait pu écrire « fulgurante » si les cryptomonnaies n’étaient pas habituées de ces mouvements de prix assez rapides dans les deux sens, dépassant d’abord les 50 000 dollars pour dégringoler en dessous de 40 000 pour remonter actuellement au-dessus de 60 000.

On pourra en profiter pour noter la corrélation assez bonne entre les mouvements généraux de hausse et de baisse des cryptomonnaies avec des mouvements similaires des bourses et, notamment, les actuelles injections monétaires de la Fed américaine et de la Banque centrale européenne ; même si certains veulent croire à une croissance purement organique des prix qui marquerait une adoption croissante des cryptomonnaies, force est de constater que ces hausses massives ont bien une part (souvent non négligeable) directement liée à l’activité distributrice des banques centrales.

Ceci en dit d’ailleurs finalement plus long sur les peurs inflationnistes qui règnent actuellement sur tous les marchés (cryptomonnaies comprises) que sur la valeur intrinsèque du bitcoin, et plus sur l’envie d’un gain rapide des foules que sur leur appétence à utiliser vraiment les cryptomonnaies, tant il semble difficile de ne pas voir le lien entre ces hausses de prix et les « chèques stimulus » distribués par le gouvernement américain.

Indépendamment, il est certain que croît l’intérêt concret pour les cryptomonnaies.

Peu du côté du grand public mais bien plus du côté des institutionnels et des sociétés financières qui comptent effectivement investir tant dans les technologies développées que dans les cryptomonnaies elles-mêmes, et ce bien au delà des effets de manche d’un Elon Musk survitaminé.

Alors que se multiplient les exemples d’investisseurs privés particuliers affichant clairement leur intérêt pour le bitcoin, on pourra aussi citer plusieurs sociétés cotées ayant clairement marqué leur intérêt et ayant même investi dans bitcoin et dans les cryptomonnaies, comme Microstrategy, Morgan Stanley ou même JP Morgan.

Pas de doute : il y a bien une « normalisation » du bitcoin au moins dans le monde de la finance.

On peut cependant s’interroger sur ce qui ressemble fort à un abandon progressif du but initial de la première cryptomonnaie : avec l’acceptation croissante du bitcoin dans ces sociétés de gestion financière, sur les marchés et dans les livres de comptes de ces entreprises, on s’éloigne de plus en plus vite du système imaginé au départ par Satoshi Nakamoto, qui devait remplacer les banques ou en offrir une vraie alternative.

Et si on peut retrouver ce but encore affiché chez quelques autres cryptomonnaies, cela semble moins présent chez Bitcoin dont la communauté semble s’accommoder assez confortablement de se faire gober par de grosses firmes centralisées et inféodées aux gouvernements. Du reste, cette observation se traduit concrètement par de nombreux tiraillements au sein de la communauté Bitcoin, entre ceux qui veulent continuer à voir le cours s’élever (en confondant cette valorisation avec un accroissement de l’usage du bitcoin) et ceux qui comprennent que se focaliser ainsi sur le cours et l’acceptation du bitcoin par ces firmes n’est qu’une forme pas forcément subtile de compromission du concept original.

De nouveaux horizons : NFT et DeFi

Parallèlement à cette acceptation croissante de Bitcoin, difficile de ne pas noter l’envol progressif de la DeFi et des NFT.

Les Non-Fungible Tokens (jetons non fongibles) sont une application pratique de la capacité des blockchains et des technologies décentralisées qui permettent leur fonctionnement dans le monde particulier de la collection et de l’art : par nature, les blockchains permettent une enregistrement fiable, sécurisé, non censurable et non copiable d’un titre de propriété et l’application de cette propriété à des objets de collection sous forme numérique crée, de fait, tout un nouveau marché.

Le principe de base a trouvé une première application en 2017 avec les CryptoKitties, un jeu vidéo construit sur la chaîne Ethereum, qui permet de créer, élever et échanger (éventuellement moyennant finance) des créations numériques (ici, en forme de chats d’où le nom).

Depuis, le même principe est appliqué et étendu à d’autres formes d’actifs numériques, depuis des productions (plus ou moins artistiques, comme une musique d’Elon Musk, le premier tweet de Jack Dorsey ou une œuvre numérique récemment vendu près de 70 millions de dollars) jusqu’à des petites séries qu’on peut alors collectionner (à l’instar, dans le monde réel, des pièces de monnaie, des timbres, des couvercles de boîtes de camembert ou les autocollants footballistiques de Panini dont l’équivalent numérique en NFT commence à se développer pour le basket ou même le foot).

Si l’effet de mode ne fait pas de doute et explique certaines envolées de prix assez irrationnelles, il n’en reste pas moins que ces NFT vont permettre le développement d’un nouveau marché de l’art et de la propriété numérique dont on ne peut, pour le moment, qu’imaginer vaguement les implications.

Ce parfum d’innovation est aussi présent dans la DeFi, la finance décentralisée, dont les développements tirent essentiellement profit du développement de la décentralisation et de la comptabilité à triple entrée permis par l’innovation introduite par bitcoin et les cryptomonnaies.

Ces innovations se construisent actuellement beaucoup sur Ethereum mais comprennent aussi d’autres blockchains qui offrent différents avantages (Tezos, Polkadot, …). Permettant l’établissement de véritables mécanismes automatiques de gestion financière tout en se passant d’intermédiaires financiers, les techniques et propositions de la DeFi recèlent en elles de quoi bouleverser complètement le paysage des institutions financières actuelles, et modifier drastiquement les impacts légaux et la mainmise des États sur ces domaines…

Le compromis ou le combat ?

De façon générale, ce qui se passe actuellement dans les cryptomonnaies est une illustration d’une histoire plusieurs fois millénaire : les révolutions profondes (qui combinent des aspects technologiques, sociaux et politiques) provoquent naturellement deux types de réactions de la part des individus : ceux qui voient dans ce changement de paradigme des opportunités et l’occasion de fonder de nouvelles relations, de remettre à plat les systèmes existants soit en les attaquant, soit en les contournant complètement, et, de l’autre côté, ceux qui au contraire voient plutôt des obstacles à aplanir pour faire converger les deux systèmes (le nouveau et l’ancien). Dans ce dernier cas, cette convergence est possible lorsque les deux systèmes se complètent – on peut prendre le cas d’internet et du téléphone lors de l’apparition de la VoIP.

Mais lorsque les deux systèmes sont opposés dans leur philosophie et dans leur service rendu, tout ceci a peu de chance de bien se passer.

Autrement dit, ceux qui misent actuellement sur une amélioration des relations entre États, système bancaire actuel et monde des cryptomonnaies vont au devant de graves déceptions : ou bien il y aura effectivement révolution, et les systèmes actuels vont absolument tout faire pour combattre les cryptos (ce qui promet d’être rugueux). Ou bien il n’y aura pas révolution, ce qui veut dire que les cryptos vont perdre progressivement leur substance anarchique (au sens initial du terme, i.e. sans pouvoir central) et ne plus en conserver que certains aspects, probablement marginaux.

Ici, il faut comprendre qu’il ne peut y avoir d’accomodation avec l’hydre étatique : on ne peut pas avoir bitcoin (ou toute autre crypto) – bâti sur la volonté de ne pas censurer de transaction – et les KYC et AML qui sont, par définition même, de pure prérogatives de l’État, par l’État et pour l’État lui-même et dont l’objet est, justement, de censurer l’accès aux transactions à certains individus et certains commerces.

Eh non : on ne peut pas vouloir une monnaie décentralisée et une ou des autorités centrales décidant de l’un ou l’autre aspect de cette monnaie. C’est antinomique et cela veut dire que la révolution actuelle, soit restera feutrée (les cryptos perdant progressivement leur intérêt initial), soit ne pourra se dérouler sans casse, sans cris et sans grincements de dents.


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  • Le meilleur signe de l’avenir brillant des cryptos (sauf en France) est que Bercy a trouvé moyen de les affecter d’un mode d’imposition d’une complexité sordide.

  • Le BTC est un peu ringard 😉
    Une crypto a fait 2755% en un an…
    Il y a un projet industriel derrière. Le soufflé peut retomber un peu, mais ceux qui ont misé dessus dès le début sont gagnants.
    Quant à l’avenir des cryptos, en Allemagne, pas d’imposition après une année de détention.
    Il faudra pouvoir changer cela. Donc à suivre.

  • Ahahaha encore un qui pense avoir compris. Vous avez dit tellement d’ânerie sur le Btc et les crypto que je ne peux tout reprendre.
    Finalement le mieux est de vous reprendre :
    « rien de tel que des histoires de gros sous basées sur des concepts compliqués expliqués de façon floue par des journalistes approximatifs pour faire vendre du papier et récolter du clic ».

    Vous aussi ! Après avoir lu ces lignes, je me suis dit, tiens un « journaliste compétant », quelle déception au fil de la lecture des lignes suivantes…

    C’est mieux que la moyenne mais vous avez encore beaucoup de lacunes. Il n’est pas encore trop tard ^^

    • Tandis que vous… ! J’ai en tout cas, moi, un souvenir reconnaissant et rémunérateur de quelques articles de Contrepoints sur le bitcoin en 2014…

      • Mon premier article sur la question date de 2011. Et je n’ai pas de mal à imaginer que j’en sais plus long que le commentateur du dessus qui n’a découvert l’objet que récemment et frétille d’aise à l’idée de nous expliquer toutes les erreurs de l’article.

      • Et quand je dis « rémunérateur », je ne parle pas du journaliste mais du lecteur qui en a conclu à l’intérêt de ce truc alors qu’il ne valait que quelques dizaines d’euros l’unité…

    • @Elle lit Anna
      Vous n’y connaissez rien du tout.
      Des frais de transferts extrêmement bas, une vitesse de transfert inégalée et incomparable, en quelques secondes… Comparez avec le réseau bancaire classique. Cela met une grosse pression sur WU, à l’avantage des plus pauvres envoyant des fonds dans leur famille.

  • La Vrai question :
    Comment fait-on pour convaincre des couillons d’acheter avec leurs petites économies une monnaie qui gagne 2000 % par an, et qui n’a aucune traduction d’existence sous une forme matérielle. Fabriquer du Bitcoin et le faire « Monter » avec un ordi, c’est facile. Ferrer le gogo est une étape plus complexe.
    J’attends de voir avec impatience, mais il ne m’étonnerai pas que dés 2022 Macron nous explique que si la France a des problèmes de dette et d’argent, ce n’est pas sa faute, c’est a cause du Bitcoin.

  • Je confirme que l’article de h16 est très bien informé, même si je ne suis pas nécessairement d’accord avec toutes ses analyses (et mon premier article sur le sujet date de 2013)
    quelqu’un a dit « les dix premières fois qu’on essaie de comprendre bitcoin, on se trompe toujours » (par expérience, je confirme). Ca explique sans doute le post d’Ilanna

  • le Bitcoin, c’est simple. C’est une nouvelle forme do Troc, dans laquelle des éléments de l’échange est immatérielle, surréaliste, totalement (ou presque, il peut y avoir une panne informatique) maitrisée par son propriétaire, manipulateur et créateur.
    Aie Confiance !!!!

    • Manifestement, vous ignorez tout du fonctionnement de Bitcoin (et des cryptomonnaies en général). Renseignez-vous un peu avant d’écrire des bêtises !

      • Il n’y a rien a savoir d’un processus uniquement destiné a couillonner les gogos.

        • La connerie humaine est la matière première des pays développés. Le Bitcoin ou son cousin pourraient permettre de battre tous les records en matière de trafics et d’escroquerie. C’est effectivement un immense progrès.

  • A la fois les états ont toujours eu besoin de zone grises pour eux-mêmes . Les enveloppes de cash ont bien circulé et circulent bien en France. Alors les états seront bien contents d utiliser plus moderne -pour eux- tout en l interdisant (ou le limitant) pour le populo .

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