Cinquième frein à l’entreprise : les syndicats

La France est un pays étatiste qui applique, avec ses prélèvements obligatoires confiscatoires, l’inverse du système économique libéral.

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Une manifestation contre la réforme des retraites en 2010 à Lens by Parti socialiste(CC BY-NC-ND 2.0)

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Cinquième frein à l’entreprise : les syndicats

Publié le 18 octobre 2022
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En pleine crise sanitaire et économique, après une année 2020 terrible dont les conséquences sur l’emploi se profilent dans les prochains mois, une mobilisation de tous les Français est indispensable… Pendant ce temps-là, la CGT lance plusieurs préavis de grève.

 

Un syndicalisme politisé

Il y a longtemps que le syndicalisme français n’a plus comme priorité la défense des intérêts des salariés mais celle de sa propre organisation.

Si ce n’est pas encore devenu un parti politique le Syndicat français, dans sa grande majorité, s’est affilié à un parti politique et n’hésite plus à donner des consignes de vote à ses adhérents.

C’est donc normal que, comme les partis politiques, les syndicats attirent de moins en moins d’adhésions, déjà les plus faibles parmi les pays européens : 80 % en Suède, 25 % en Allemagne et 8 % chez nous dont une majorité dans les services publics.

 

Une représentativité obsolète

En effet, la représentativité de nos syndicats date de l’après-guerre avec la circulaire du 28 mai 1945 qui, entre autres, intégrait « l’attitude patriotique pendant l’occupation » même si, sur ce point on peut relever que la CGT bras armé du parti communiste manquait de patriotisme pendant le pacte germano-soviétique.

Aujourd’hui ce critère n’existe plus mais a laissé, pendant de nombreuses années, se développer les syndicats qui dominent toujours le syndicalisme français : la CGT, FO, CFTC (qui deviendra la CFDT en 1964) et CFE CGC.

Toute nouvelle entité syndicale ne provenant pas d’une évolution ou d’un éclatement d’un de ces quatre dinosaures aura du mal à émerger.

 

Un financement complexe et opaque

Il est vrai qu’avec un taux de syndicalisation aussi bas, les cotisations des adhérents, soit 190 millions d’euros, ne suffisent pas et représentent, selon le rapport Perruchot, en moyenne 5 % des 4 milliards d’euros que les syndicats coûtent à la collectivité.

Dans ces 4 milliards d’euros, dont 1,34 milliards dans la fonction publique, sont intégrés les équivalent temps plein mis à disposition de nos syndicats, estimés à 50 000 dont 14 000 pour la fonction publique.

Dans un système aussi opaque il est très difficile de quantifier exactement ces financements. Faut-il y ajouter celui des comités d’établissement tenu à plus de 75 % par les syndicats, lorsque l’on sait que le seul budget du Comité d’entreprise d’EDF atteint le demi-milliard d’euros (7 % de la masse salariale) avec un effectif dépassant les 5000 employés ?

 

Un record européen des jours de grève

Avec le taux de syndicalisation le plus bas la France est le pays qui compte, et de loin, le plus grand nombre de jours de grève pour 1000 salariés :

Suisse 1
Allemagne 16
Royaume-Uni 21
France 118

C’est dire que l’entreprise, directement et indirectement,  finance ce qui est devenu son plus grand ennemi !

 

Syndicats et droits acquis

Une des particularités du combat syndical en France est ce fameux « droit acquis ».

Je ne remets pas en cause le droit des syndicats à revendiquer des avancées sociales et pécuniaires mais contrairement aux syndicats allemands autrement plus constructifs, une baisse même temporaire de ces conquêtes en temps de crise est pratiquement inenvisageable, un jusqu’au-boutisme qui a souvent conduit à la liquidation de l’entreprise qu’il représente.

On peut mettre au même titre les contreparties exigées systématiquement lorsque, dans de rares cas, l’administration fait un geste envers les entreprises, geste qui souvent n’est qu’un juste retour sur une des spécialités du pays consistant à entraver sa compétitivité.

 

Syndicalisme et libéralisme

Dans un précédent article j’ai évoqué l’inversion du sens des mots et la dénonciation par nos syndicats du « libéralisme à la française » qui serait à l’origine de tous nos maux. C’est une contre-vérité qu’il nous faut absolument dénoncer.

La France est un pays étatiste qui applique, avec ses prélèvements obligatoires confiscatoires, l’inverse du système économique libéral. Et si vous, syndicats salariés, n’êtes pas satisfaits de cette situation c’est le libéralisme que vous devriez défendre.

 

Syndicalisme patronal

On peut lui reprocher deux choses.

En premier lieu d’accepter un financement public même partiel qui ne peut le rendre que tributaire du bon vouloir de nos gouvernements (à noter que son nouveau président Geoffroy Roux de Bézieux milite pour en sortir).

En second, et c’est pour moi très important, le manque de combativité pour exiger de nos gouvernants une diminution drastique des contraintes, taxes et impôts dont la France est devenue championne toutes catégories confondues, ceci afin de retrouver une compétitivité perdue !

 

En conclusion

Encore une fois un alignement de nos syndicats sur le modèle allemand devient urgent et impératif si nous voulons sortir de cet engrenage mortifère !

 

Un article publié initialement le 8 mars 2021.

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Créer un compte Tous les commentaires (18)
  • France 118 jours de grève –
    Allemagne 16 – Tout est dit ! Comment, dans ces conditions, rester ? devenir ? un pays compétitif ? fiable ? et encourager la création d’entreprises ?

  • Delenda est CGT!

  • Le jour ou les syndicats quels qu’ils soient vivront exclusivement des cotisations de leurs adhérents, et publieront des comptes certifiés par un expert comptable… on pourra parler de syndicalisme.

    • ça sera pas suffisant.
      Le fond de commerce des syndicats, c’est la pauvreté.

      Les responsables des syndicats et ceux qui en vivent bien n’ont absolument aucun intérêt à ce que les choses s’arrangent. Il faut absolument que les boites marchent mal pour que les salariés ne soient pas contents afin d’entretenir la clientelle.

      • Les syndicats œuvrent pour leur propres (sales) buts mais pour l’entreprise que nenni ! Plus elles meurent plus ils prospèrent : c’est la règle !

  • Merci à Claude Goudron pour cet article salutaire sur le syndicalisme COCORICO!
    Le syndicalisme français représente un charge fiscale pour la collectivité de 3,8 milliard d’euros, une telle somme étant attribuée à titre de subvention sur le produit des prélèvements fiscaux que nous subissons à titre personnel et au titre des impôts payés par nos entreprises…
    3.8 milliards qui pourraient être mieux utilisés, en allègements des charges sociales de nos salariés et ainsi être versés en compléments de salaires pour abonder le pouvoir d’achat des salariés de nos petites et moyennes entreprises!..

    • La CGT a commis dans son histoire récente plus de délits que Génération Identitaire.. ou est l’égalité du droit?
      DISSOLUTION DE LA CGT

      • Le droit est à géométrie – très – variable surtout lorsqu’il est interprété par les magistrats français!…

  • Faudrait déjà séparer grève du secteur public et privé, car au contraire il y a très peu de grèves dans les entreprises françaises privées (hors anciennes boites nationalisées). Les syndicats dans les sociétés sont beaucoup plus souples que les huluberlus qu’on voit manifester bien heureusement.

    • Les grandes entreprises françaises privées me semblent être complètement rongées elles aussi par les dérives administratives, les luttes de pouvoir, la recherche de rigidification… elles ne diffèrent pas tant que ça des entreprises publiques. Les syndicats reproduisent le même schémas. Selon moi il ne s’agit d’ailleurs pas d’un mimétisme de leur part mais il y a sans doute une cause source sociologique commune.
      Par contre je ne sais pas s’il y a des différences régionales… mon expérience personnelle me ferait dire que oui, mais elle est loin d’être suffisante.

  • CGT : Cancer Généralisé du Travail comme le disait si bien Coluche.

  • Je ne suis pas certain que la société allemande puisse être qualifiée de libérale.
    La France est un pays étatiste qui multiplie surtout les défiances envers les autorités, et c’est cette contradiction sans cesse recommencée qui entraîne des dysfonctionnements dans tous les sens. L’Allemagne est à l’inverse très cohérente, ok.

    • Dans le classement « Index of Economie Freedom » l’Allemagne est classée 29ème sur 178 ….La France 64ème, sauf à penser qu’il y a dans le monde moins de 15% de Pays libéraux on peut donc classer l’Allemagne dans la liste des Pays libéraux.

      • Je viens de regarder ce classement.
        Ce serait même intéressant de faire une étude dans le détail sur la base de cette étude pour comprendre comment nous y mesurons autre chose que le libéralisme que nous considérons être corrélé à celui-ci et comment dans certains cas nous nous trompons. C’est peut-être sur ce genre de question que la notion d’extitution pourrait être utile.

        Les élites françaises ont en effet tendance à se dire vouloir suivre la voie allemande et notamment sur la base de ce genre de biais (en réalité c’est plutôt la fascination pour la hiérarchie qui les anime), au final ça a tendance à renforcer des logiques autoritaires plutôt que l’inverse… et, bon, ce n’est pas forcément surprenant pour des allemands.

  • En tout cas, je trouve les syndicats scandaleusement sages en ce moment, alors qu’ il y aurait de quoi descendre dans la rue.

    • ce qui prouve bien la convergence des intérets des syndicats et des gouvernements, et la peur qu’ont les syndicats d’une réforme de leur fonctionnement

  • la loi de 1966 définit toujours 5 syndicats « historiques » quelle que soit leur représentativité (à moins que cela ait été changé).
    Il serait temps d’en finir et de couper toute subvention (voire la déduction des cotisations syndicales de la déclaration de revenu).

  • Les commentaires sont fermés.

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