Les éléments du progrès : les OGM

Les Nouvelles Techniques Génomiques (NGT) viennent d’être autorisées par le Parlement européen. Tour d’horizon des apports des OGM.

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Golden rice BY Josep Folta(CC BY-NC 2.0)

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Les éléments du progrès : les OGM

Publié le 8 février 2024
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Les aliments génétiquement modifiés, également connus sous le nom d’organismes génétiquement modifiés (OGM), existent depuis l’aube de l’agriculture. Depuis près de 30 000 ans, l’Homme a modifié génétiquement les plantes et les animaux, d’abord par inadvertance, puis par le biais d’une méthode de sélection primitive.

Presque tous les produits alimentaires et animaux que nous considérons comme naturels et historiquement inchangés seraient méconnaissables dans leurs formes préhistoriques originelles.

Soyons clairs : la consommation d’aliments génétiquement modifiés est sûre, saine et nutritive. Des centaines de millions de personnes achètent et consomment quotidiennement des denrées alimentaires génétiquement modifiées, pour leur plus grand bien et celui de leur famille.

Alors que les cultures et les aliments dérivés d’OGM ont été testés de manière extensive et avec succès depuis des décennies, le mouvement anti-OGM s’oppose toujours à la recherche, à la production et à la consommation de cultures alimentaires génétiquement modifiées.

Cette dissidence, qui ne peut être soutenue sur le plan académique, a historiquement retardé, et continuera de retarder, le bien-être et le développement des êtres humains. Cela est particulièrement vrai pour les populations les plus pauvres du monde.

Dans les pays et régions en développement, où plusieurs millions de personnes vivent principalement de riz ordinaire, une carence en vitamine A peut entraîner une infirmité invalidante ou la mort.

Entre 250 000 et 500 000 enfants par an sont atteints de cécité suite à une carence en vitamine A, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au moins la moitié de ces enfants meurent dans les 12 mois suite à cette carence.

Le manque de vitamine A dans l’alimentation est un problème exclusivement réservé aux pays pauvres. Il s’agit d’un problème technique pour lequel il existe une solution facilement réalisable.

La solution en question a d’abord été proposée par Peter Beyer, professeur de biologie cellulaire à l’université de Fribourg en Allemagne, et Ingo Potrykus de l’Institut des sciences végétales en Suisse. Beyer et son équipe ont utilisé le génie génétique pour insérer les gènes producteurs de bêta-carotène dans l’ADN du riz normal. Le résultat a été un riz modifié de manière à produire du bêta-carotène in situ dans la plante – que l’on a appelé riz doré. La couleur du riz est un indicateur évident de la vitamine A qu’il contient.

Dans de nombreuses régions de Chine, d’Inde et du Bangladesh, une portion quotidienne de riz doré pourrait prévenir des millions de cas de cécité, sauver un nombre égal de vies et améliorer les perspectives économiques et le bien-être général d’innombrables familles dans les décennies à venir.

De nombreuses ONG et des environnementalistes extrémistes, comme Greenpeace, continuent d’interdire, de retarder et de restreindre la capacité de l’homme à déployer le génie génétique dans l’agriculture moderne.

Une minorité de personnes riches des pays développés pourrait bien profiter d’un mode de vie biologique strictement exempt d’OGM sans conséquences néfastes.

Mais imposer un tel mode de vie aux pauvres du monde est injuste, contraire à l’éthique, improductif et inutile. Les améliorations des technologies agricoles ont sauvé des centaines de millions de vies et en sauveront sans aucun doute des centaines de millions d’autres à l’avenir.

La peur irrationnelle et la répulsion que suscitent les cultures génétiquement modifiées ont des racines profondes dans l’évolution humaine. Plus de cent mille ans d’essais et d’erreurs ont permis à notre espèce de déterminer laborieusement quelles plantes et quels animaux étaient comestibles et nutritifs, et lesquels étaient dangereux ou pauvres en nutriments. Ces informations ont été recueillies et transmises oralement de parent à enfant, de famille à famille et de commerçant à commerçant.

Si de nombreux facteurs ont contribué au retard pris dans la recherche, la production et la distribution des principales cultures génétiquement modifiées, la cause première est trop souvent une peur irrationnelle des dangers et risques inconnus des produits génétiquement modifiés.

Une étude récente, intitulée « Les opposants extrêmes aux aliments génétiquement modifiés sont ceux qui en savent le moins mais pensent en savoir le plus », dresse un état des lieux parfait :

« Les aliments génétiquement modifiés (GM) sont jugés par la majorité des scientifiques comme étant aussi sûrs pour la consommation humaine que les aliments cultivés de manière conventionnelle, et ont le potentiel de fournir des avantages substantiels à l’humanité, tels qu’un contenu nutritionnel accru, un rendement à l’hectare plus élevé, une meilleure durée de conservation et une résistance aux maladies des cultures – même si leur utilisation suscite une opposition publique importante dans le monde entier.

Aux États-Unis, un sondage du Pew Research Center a révélé que 88 % des scientifiques pensaient que les aliments génétiquement modifiés étaient sans danger pour la santé, alors que seulement 37 % des profanes le pensaient, ce qui représente l’écart le plus important pour toutes les catégories testées. »

Chaque mois de retard dans le développement de cultures à haut rendement, plus nutritives, plus résistantes aux conditions extrêmes et nécessitant moins d’engrais et de pesticides est un mois de plus que les générations futures considéreront avec honte.

Au cours des 25 prochaines années, le développement et le succès du génie génétique dans la production agricole joueront un rôle clé dans l’amélioration de l’épanouissement humain. Cela permettra de sauver et d’enrichir la vie de millions de personnes.

Mais cela ne sera possible que si les gens soutiennent la recherche, le développement et l’utilisation des technologies génétiques de manière rationnelle.

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  • Argumentation rationnelle donc a priori convaincante.

    Mais, en l’absence de réponse aux principaux arguments avancés par les opposants aux OGM, un tel article risque de convaincre seulement les personnes qui le sont déjà alors qu’il vise à battre en brèche la position des opposants. Ceci est d’autant plus indispensable que le grand public – à commencer par moi – n’a pas les connaissances scientifiques nécessaires pour se faire une opinion certaine en l’absence d’un vrai débat… lequel passe par la réfutation des thèses adverses.

    Deux points devraient notamment être abordés dans ce genre d’article.

    1 – La préservation du patrimoine génétique

    Même si la sélection – depuis des millénaires, en effet – de variétés de plantes plus performantes est indispensable, il faut veiller à conserver des spécimens de toutes les autres variétés sans exception afin de ne pas appauvrir le patrimoine des connaissances. Et ce patrimoine doit être accessible dans les meilleures conditions, notamment financières, aux chercheurs du monde entier.

    Cela est d’autant plus nécessaire que l’on peut imaginer, sous réserve de l’avis de personnes compétentes, que la recherche de nouvelles variétés répondant à tel ou tel nouvel objectif peut parfois passer par des croisements avec des variétés anciennes pour en récupérer certaines propriétés.

    2 – L’accès à ces plantes OGM, notamment d’un point de vue financier

    Il ne faut pas éviter le débat sur les droits de propriété intellectuelle.

    En effet, les nouvelles variétés de plantes alimentaires sont protégées par des droits (celui des obtentions végétales, voire celui des brevets) qui confèrent pendant un certain nombre d’années un monopole sur ces plantes aux sociétés qui les ont mises au point, retour sur investissement légitime.

    Mais, comme pour les brevets de médicaments, on ne peut nier que se pose un problème pour les utilisateurs potentiels les plus pauvres qui n’ont pas les moyens d’acheter ces plantes (graines, …) OGM.

    Le contenu des différents droits de propriété intellectuelle résulte à chaque fois de compromis entre l’incitation à l’innovation (qui passe par l’octroi de droits exclusifs pendant un certain nombre d’années, ce qui assure un retour sur investissement) et l’accès du plus grand nombre de personnes aux bienfaits générés par l’innovation, lequel est contrarié par le coût des produits innovants concernés. Nier cette dialectique revient à être aussi borné que les opposants aux OGM dont l’anticapitalisme primaire nie la légitimité des droits de propriété intellectuelle.

    Au cas par cas, modestement, il faut rechercher des compromis qui soient les moins mauvais possibles.

    Problème connexe : certaines de ces plantes sont conçues pour ne pas être réutilisées pour de nouveaux semis, ce qui veut dire que, à chaque fois, les agriculteurs doivent acheter ces plantes OGM pour leurs semis… ce qui repose la question des utilisateurs qui n’ont pas les moyens de payer cela. Là encore se pose la question d’un compromis entre la nécessité pour les semenciers que rentabiliser leurs investissements dans la recherche pendant un certain nombre d’années et le problème de l’accès des agriculteurs les plus pauvres à des plantes plus performantes.

    Bref, toute argumentation en faveur des OGM doit donc intégrer une réfutation honnête – ce qui doit exclure des affirmations trop simplistes – et argumentées des opinions de leurs adversaires, ce que fait par exemple très bien M. Gay en matière d’énergie (nocivité de l’éolien et du solaire, etc.), notamment dans les colonnes de Contrepoints. C’est seulement ainsi que l’on peut instaurer un vrai débat en faisant au passage comprendre la sottise et la nocivité du fanatisme primaire anti OGM des escrologistes et de leurs compagnons de route.

    • Votre point 1 est intéressant, mais complètement hors-sujet. La conservation des espèces est une question indépendante de celle des OGM.

      Votre point 2 est intéressant aussi, mais il est aussi complètement indépendant du thème des OGM. En effet, toutes les nouvelles variétés, quelque soit leur mode de création, peuvent faire l’objet d’une protection.

      Voir point non numéroté « certaines de ces plantes sont conçues pour ne pas être réutilisées pour de nouveaux semis » est tout simplement faux. Il est aussi complètement indépendant du thème des OGM. Certaines variétés hybrides sont conçues pour produire des résultats agronomiques optimales, mais ce n’est pas le cas de leur descendance. Les agriculteurs peuvent parfaitement réutiliser les semences qu’ils produisent eux-mêmes, mais les résultats ne sont pas garantis.

    • Cela fait maintenant 25 ans que les OGM sont commercialisés et AUCUN accident de santé n’a eu lieu. Vous ressortez quelques arguments mensongers des escrologistes. Les agriculteurs ne sont pas des abrutis, s’ils achètent les semences plutôt que replanter les leurs c’est que c’est leur intérêt, la récolte est plus abondante et donc ils gagnent plus d’argent.

      • ah bon? comment le savez vous ? ça n’a pas déclenché des cnacers ou autre maladie à des gens? comment trouvez la corrélation avec mais aussi sans OGM..perso je m’en fout des OGM tant que c’est indiqué sur les emballages de ce que j’achète, après à chacun de faire son choix.

        -5
    • Le fait d’un monopole d’exploitation d’une invention soit un « retour sur investissement légitime » est contesté parmi les libéraux (« Contre la propriété intellectuelle » de N. Stephan Kinsella). Notons aussi que certains autres n’hésitent pas une seconde à réclamer que les formules de certains médicaments soient mises d’autorité dans le domaine public pour venir en aide aux plus pauvres. Il y a belle lurette que j’ai arrêté de chercher de la cohérence intellectuelle chez les socialistes.

      • Le brevet de protection industrielle est limité dans le temps, son absence limiterait considérablement l’intérêt de le produire, il faudrait en passer par le seul secret de fabrication, sachant que de nombreux produits peuvent suffisamment être décortiqués pour devenir reproductibles…
        La posture anti monopole de conception de l’invention semble peu tenable…

    • Moi je me demande parfois si votre point 2 n’explique pas les passions entretenues autour des OGM.

      Certaines OGM pourrait être replantées (autogame), c’est par contrat que Monsanto interdit à ses acheteurs de ressemer une partie de leur graines. Le fossé entre pro et anti empêche l’apparition de ces ogm « libres » ; aussi on peut se demander si cet antagonisme n’est pas volontairement entretenu …

  • La nature et l’évolution ont transformé génétiquement toutes les espèces animales et végétales pour faire exploser la biodiversité. l’homme produit de la nature ne fait qu’imiter la nature en accélérant le processus .

  • EN fait l’opposition aux ogm d’organisation comme greenpeace est une posture anticapitaliste..

    chez wackes seppi vous pouvez retrouver un documentaire, par un hollandais je crois , où est filmé l’aveu par un cadre de greenpeace qu’ils ne sont pas anti ogm..mais anti grosses firmes..

    vers 43 mn…

    pareil avec les pesticides de synthèse.

    • Tout à fait, ils ne sont pas écolos mais communistes. C’est le capitalisme qu’ils combattent. Je connais une gauchiste qui s’est recyclée aussitôt lors de la chute de l’URSS!

  • Ogm 5g vaccins….. L’homme va finir par avoir peur de son ombre, le monde devient de plus en plus vieux et les jeunes vieux avant de l’être…
    Mais c’est concentré en un seul lieu où presque, la très vieille Europe. Ouf, on pourra échapper au carnage.

    • Nous assistons à la décadence de la civilisation occidentale qui, tout comme la romaine, est due à l’absence de volonté, de combativité et au repli sur soi. Rejet de la science, de la culture et de défendre sa civilisation face aux barbares qui l’envahissent !
      L’avenir c’est l’Asie qui forme des centaines de milliers d’ingénieurs!

    • sauf que nombre de nouvelles technologies ne sont pas utilisées à bon escient parce que les gens deviennent de plus en plus cons et asservis..et dans ce cas ces technologies fragilisent une société saine.

  • Article intéressant qui, malheureusement ne convaincra jamais la majorité des Français.
    Nous sommes une génération d’enfants gâtés qui avons bénéficié de tous les progrès techniques et qui crachent dans la soupe.
    N’oublions jamais que sans l’agriculture moderne, nous serions encore dépendants des importations pour assurer notre alimentation, comme après la guerre.
    Les OGM ne sont défendus par aucun parti politique, ce qui en dit long sur leur courage.
    Cette position est particulièrement hypocrite car nous consommons quand même des OGM sans le savoir, les tourteaux de soja donnés au bétail sont importés depuis des pays qui, eux, ne se privent pas des avancées technologiques.
    Nous sommes collectivement responsables de notre bêtise et nous nous contentons de la vérité officielle inspirée par quelques illuminés dont on devrait se méfier davantage.
    Voyez plutôt notre ancien ministre Yves Cochet, retranché en attendant la fin du monde…

    • Détrompez-vous. Maintenant que Bayer a mis la main sur Monsanto, l’Allemagne et donc l’Europe n’ont jamais été aussi pro OGM. Les écolos allemands vont ainsi le devenir et convaincre leurs homologues français par tous les moyens habituels y compris le soudoiement. Cette forte et déterminante opposition de l’Allemagne à ses débuts provenait, surtout du fait que la France était en pointe dans ce domaine de recherche. Maintenant, plus rien à craindre, on a tout abandonné.

  • L’usage d’un « vernis scientifique » par les académies est une recette de lobbying vieille comme le monde. Bruxelles, avec son Green Deal, l’a parfaitement compris, s’appuyant largement sur des « experts ». Le défi de la modernité réside dans le fric, où des fonds/magnats, en collaboration avec les « souverains », orientent les politiques publiques vers des « innovations ». Bien que ces dernières puissent réduire les coûts de production, leur innocuité sur 2/3 générations reste encore à prouver.

  • Les commentaires sont fermés.

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