Ces milliardaires qui font de la philanthropie autrement

Plusieurs milliardaires prouvent qu’il existe différentes façons de mettre sa fortune au service de l’amélioration du monde et de la condition de son prochain.

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Ces milliardaires qui font de la philanthropie autrement

Publié le 11 février 2021
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Par Guillaume Périgois.

Elon Musk, Bill et Melinda Gates, Bidzina Ivanishvili, MacKenzie Scott, Min Kao et Charles Feeney prouvent qu’il existe de multiples façons de mettre sa fortune au service de l’amélioration du monde et de la condition de son prochain.

Elon Musk : de la Terre à Mars

L’une des premières choses que le fondateur de Tesla a faite lorsqu’il est devenu l’homme le plus riche du monde le mois dernier a été de demander conseil sur la façon d’être un meilleur philanthrope.

Mais le nouveau Texan semble avoir une idée claire sur la façon dont il veut dépenser sa fortune. Il a déjà esquissé les deux principaux bénéficiaires de sa richesse : la Terre et Mars.

« Environ la moitié de mon argent est destinée à résoudre des problèmes sur Terre ; l’autre moitié vise à établir une ville autonome sur Mars pour assurer la continuité de la vie. »

Quoi de plus normal qu’un ingénieur milliardaire rêvant de mourir sur Mars appartienne lui aussi au club des philanthropes originaux.

Bill et Melinda Gates : donner… pour que d’autres donnent

On ne présente plus les époux Gates, à la tête de la plus grande fondation privée au monde, principalement dévouée à l’amélioration des soins de santé et à la réduction de la pauvreté.

Pourtant, en cette période de pandémie, de crise économique et de montée du chômage, la cible philanthropique la plus surprenante de la Fondation Gates est un groupe souvent négligé par les mécènes : les milliardaires eux-mêmes.

En octobre 2020, la Fondation Bill et Melinda Gates a ainsi donné 5 millions de dollars à la Fondation TED pour « surmonter les obstacles aux dons massifs par des donateurs très fortunés ». Donner pour mieux persuader les autres de donner.

Au total, la Fondation Gates a investi près de 18 millions de dollars dans des programmes visant à encourager les dons des particuliers très fortunés au cours des cinq dernières années.

Bidzina Ivanishvili : donner pour tirer tout un pays vers le haut

Lorsque l’ancien Premier ministre géorgien s’est retiré de la vie politique en janvier, il en a profité pour annoncer qu’il ferait don de 90 % de ses biens, soit 1,5 milliard de dollars, à sa fondation familiale, le faisant donc entrer dans la même catégorie que les philanthropes les plus connus tels que Bill Gates ou Warren Buffet.

Depuis sa création en 1995, la Fondation Cartu a ainsi distribué plus de 3,2 milliards de dollars. Là encore, ni strass, ni paillettes, mais plutôt une générosité au service du développement de cette république du Caucase : 400 écoles secondaires ont été construites, réhabilitées et équipées dans toute la Géorgie et plus de 100 000 élèves ont reçu de nouveaux équipements scolaires.

Une toute nouvelle université dans la ville de Kutaisi, financée à hauteur de près d’un milliard de dollars, vise à développer les compétences techniques de la prochaine génération de Géorgiens et à améliorer les réseaux de recherche internationaux pour les scientifiques du pays. L’université de Munich a déjà signé un accord de partenariat et d’autres suivront certainement.

Mais l’éducation n’est pas le seul secteur concerné. L’agriculture, la santé et les infrastructures sont aussi activement soutenues. La Fondation Cartu a ainsi financé le lancement de pépinières, de serres modernes, d’entrepôts frigorifiques et de laboratoires. Le centre médical de Sachkhere a permis à 46 000 Géorgiens de recevoir des services médicaux et plus de 1200 médecins ont reçu une formation pratique aux soins d’urgence. Plus de 300 km de routes et 554 km de conduites de gaz naturel ont aussi été construits et réhabilités.

Bidzina Ivanishvili a également joué un rôle de premier plan dans la restauration du patrimoine culturel du pays, telle que la ville thermale de Tskaltubo. Le projet contribuera à la création de 20 000 emplois pour les habitants de la région, entraînant un développement économique durable et une prospérité renouvelée pour toute la région d’Imereti, qui a été touchée par la pandémie Covid-19.

La Fondation Cartu contribue aussi à la protection de l’environnement et à la lutte contre le changement climatique. Au début de l’année, la Fondation Cartu a annoncé que 700 hectares de forêt au cœur de Tbilissi, la capitale géorgienne, seraient restaurés au cours des quatre prochaines années.

Enfin, la Fondation Cartu a financé l’arboretum de Shekvetili, l’un des plus prestigieux jardins botaniques au monde, protégeant sur 60 hectares de nombreuses espèces d’arbres et d’animaux menacés d’extinction.

MacKenzie Scott : investir dans l’éducation, sans paillettes

La plupart des actions philanthropiques dans le domaine de l’éducation profitent autant aux donateurs qu’aux institutions bénéficiaires.

Les dotations de chaires, les bâtiments financés et les programmes parrainés semblent souvent profiter d’une niche fiscale, garantir une future admission à la progéniture du donateur ou profiter du prestige de l’université bénéficiaire.

MacKenzie Scott, auteur et ex épouse de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, a choisi une autre voie. Elle a ainsi versé plus de 800 millions de dollars à l’enseignement supérieur en seulement une année. Mais ses récipiendaires sont loin d’être des institutions qui pourraient être considérées comme élitistes ou prestigieuses.

Au contraire, elle a préféré investir dans des universités et institutions locales qui ne reçoivent habituellement pas de dons aussi élevés. Cette injection de fonds servira comme moteur de croissance économique et de mobilité sociale pour les étudiants qui en bénéficieront.

Min Kao : l’humilité au service de l’ingénierie

Originaire de Taïwan, Min Kao a cofondé la société Garmin aux États-Unis en 1989, mettant au point le logiciel qui permet à des millions de personnes de se déplacer partout dans le monde grâce à la technologie GPS.

Il y a une bonne raison pour laquelle vous n’avez pas entendu parler de ce milliardaire aujourd’hui à la retraite. Il refuse la plupart des interviews et détourne tous les éloges qui lui sont adressés, préférant féliciter le travail de ses anciens collaborateurs.

Ce qui ne l’empêche pas d’être le loyal mécène de l’université du Tennessee où il a obtenu son doctorat en génie électrique. Sa motivation ? Attirer de jeunes ingénieurs dans cette discipline, tout simplement.

Charles Feeney : tout donner de son vivant

Charles Chuck Feeney, qui a cofondé la chaîne de commerce d’aéroport Duty Free Shoppers, est l’un des pionniers de la philanthropie alternative, ouvrant la voie à tous les autres. Il est connu comme le « James Bond de la philanthropie » en raison de ses succès et de sa discrétion.

En 1982, il a créé et commencé à financer Atlantic Philanthropies. En 2011, il a rejoint The Giving Pledge, un groupe de personnes et de familles parmi les plus riches du monde promettant de distribuer la majorité de leur patrimoine.

« Je ne peux imaginer une utilisation plus gratifiante et plus appropriée de sa richesse que de donner de son vivant et de se consacrer personnellement à améliorer significativement la condition humaine. »

Au total, ce sont plus de 8 milliards de dollars de sa fortune qu’il aura donnés sur 40 ans.

Pour ceux qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus, ces quelques exemples montrent qu’il est possible aux mécènes milliardaires d’abandonner les projets clinquants pour mieux améliorer la vie de leurs prochains, en toute originalité.

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  • Aider les autres…

    Noble sentiment mais il faut bien remarquer que c’est souvent la conviction des défenseurs des pires idéologies..

    ce que font les philanthropes est un peu comme ce que fait l’etat…ça peut être de l’argent foutu en l’air..

    mais c’est leur pognon.. c’ets tout…

    c’est un « marché » de l’estime de soi…

    si c’est faire pleuvoir du pognon..on peut faire du mal..

    • tout ça pour dire bill gates a déjà fait acte de philanthropie en répondant aux désirs et besoins de gens par millions… c’ets peu être moins bien vu…mais plus important que les actes de générosité qui ne sont pas neutres idéologiquement…

      vision de la culture, de l’environnement, de l’education etc etc..

    • ah…donc bill gates fait « le bien » avec le pognon qu’il donne?
      et comment vous déterminez ça?

      non c’est son pognon..

      bill gates se retrouve devant le même problème que vous devant un clodo.. comment l’aider en lui conservant sa dignité d’homme?

      ben justement en exigeant « quelque chose » en retour..on, est donc alors dans l’echange volontaire ..

      la création de richesse est la plus vertueuse..le pauvre doit donner quelque chose à bill gates..

    • on va faire autrement donnez moi UN exemple de geste philanthropique qui ‘apporte AUCUN interet à celui qui le fait…???

      ce n’est pas un donc c’est fondamentalement un échange …

      la notion de philanthropie est subjective est c’est bien la raison pour laquelle ça doit être fait par les individus avec leur argent et pas par l’etat!!!
      en gros le philanthrope se sert lui même…

  • Les milliardaires cités semblent tous utiliser leurs compétences pour obtenir les meilleurs résultats de ce qu’ils voient comme des investissements sociétaux ( dans des domaines qui leur tiennent à coeur ), qu’ils gèrent au plus près, en les impulsant, en sélectionnant leurs responsables, en leur fixant des buts à atteindre dans un budget donné et en contrôlant les résultats.

    Bref, tout le contraire d’un saupoudrage d’associations lucratives sans but, si abondamment subsidiées par l’état, ou plutôt par les politiques en quête de voix.

  • « Les dotations ( … ) semblent souvent profiter d’une niche fiscale » : tordons le cou à ce réflexe pavlovien, souvent exprimé par des gens qui ne donnent eux-mêmes rien et veulent dénigrer ceux qui donnent.

    Si on donne 100 et que l’état rembourse 60, le donateur a toujours donné 40 de son argent obtenu après taxes.

    Par contre, le récipiendaire touche 100 net. Utiliser les niches fiscales tant décriées est alors simplement un effet de levier de 2.5, particulièrement efficace pour le but poursuivi.

    • c’est pas le problème…

      ce qui avancent ce genre de trucs sont ceux qui veulent juste prendre le pognon de bill gates pour le dépenser…

      ce que fait bill gates est de la philanthropie du point de vue de bill gates…

      la « redistribution » est pour ses défenseurs une oeuvre philanthropique…

      • c’ets son pognon il ne l’apas volé..point barre…il en fait ce qu’ile ne veut BIEN SUR dans son interet être content être satisfait être admiré est son interet!

        • Humm… Le code source de Windows est un vol qu’il a commis auprès d’IBM. Si je fais beaucoup de fric sur un vol de vos actifs, c’est mon pognon ? J’ai eu un patron étant l’exact copie de l’histoire de Gates. Combien sont-ils dans ce cas ? Tondre son troupeau de moutons pour faire du cash, ils bêleront de protestation et en profiteront à leur échelle. Au moins, ces moutons sont-ils vôtre. Gates a volé ce troupeau et, à plus grande échelle -pour imager, à éviscéré votre marché de laine française. Certes, nos écrans de vie sont devenus des « Windows », brrêê. (Excusez l’ironie monsieur, j’apprécie en vrai lire vos commentaires…)

          • Non il a été engagé comme prestataire pour IBM et fournir MSDOS, après il s’est bien débrouillé dans le deal et a planté OS/2.
            Il a eu des pratiques douteuses mais pas le vol.

    • Les 60% c’est en France, je doute qu’il y ait un truc comme ça aux USA.
      Par contre on doit bien éluder quelques impôts US avec une fondation caritative. Mais dans ce cas on ne fait pas une fondation qui agit vraiment.

  • J’ai toujours un peu de mal avec ce genre d’article. C’est une plaidoirie pour défendre les riches, qui ne sont pas méchants comme le décrivent les socialistes.
    On reste dans une position morale, il sont riches mais généreux..
    Le libéralisme n’a rien à dire sur l’argent des autres.
    La culture chrétienne n’a jamais aimé les riches.

    • Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un travers de la « culture chrétienne ». Celle-ci, que l’on soit croyant ou non, a mis le doigt sur des travers universels, ici « the green eyed monster », l’envie. L’envie vis-à-vis des riches n’est pas l’héritage de notre civilisation chrétienne mais c’est moralement reposant de le penser plutôt que de balayer devant sa porte (comme nous y invitent d’ailleurs les Évangiles). « C’est pas ma faute, c’est la faute à la civilisation chrétienne si je suis envieux et paresseux. »

  • s’ils veulent changer la société, et bien il faut faire une société économique distributive avec une allocation de bien être pour tous de 1200 euro et celui qui travaille a son salaire en plus.

    • comme si on avait aidé l’afrique en balançant du pognon… par « philanthropie »..

      la colonisation les a plus économiquement aidés du fait des investissements motivés par la cupidité..

  • « il est possible aux mécènes milliardaires d’abandonner les projets clinquants pour mieux améliorer la vie de leurs prochains »
    Pure hypocrisie de la part de ces milliardaires.
    Vilfredo Pareto : « Aujourd’hui, les industriels et les financiers ont découvert qu’ils peuvent trouver leur avantage en s’alliant aux socialistes. Vous voyez des industriels, des financiers, riches à millions, qui réclament des « lois sociales », et vous pourriez croire qu’en eux c’est le pur amour du prochain qui agit, que c’est, enflammés par cet amour, qu’ils brûlent de partager leurs biens. Mais faites bien attention à ce qui arrivera après l’adoption des « lois sociales », et vous verrez que leur richesse ne diminue pas, qu’elle s’accroit ; en sorte qu’ils n’ont rien donné du tout aux autres ; au contraire, ils en ont retiré quelque chose. »
    Dans Gil Blas, le seigneur Ordonez : « N’ayant en vue que le bien des pauvres, il s’y est attaché avec un zèle infatigable. Aussi ses soins ne sont-ils pas demeurés sans récompense. Tout lui a prospéré. »

  • Il manque Soros dans la liste des bienfaiteurs.

  • Rien que le mot « philanthropie » est abject.
    Celà sous-entend que la répartition des richesses à eu un couac, que certains en ont trop et d’autres pas assez.
    Gates ne fait pas de la philanthropie, il fait du fric, ou du philanthrocapitalisme si vous préférez.Moins de 10% de ses dons vont à des œuvres de charité, le reste est investi là où ça rapporte( gaz de schiste….).
    Y’a que l’ex de Bezos qui est un cas à part car elle donne sans contrepartie.

    • De quelle répartition des richesses parlez vous? Au nom de quoi celui qui crée des richesses devrait il les « répartir » au profit de ceux qui n’en créent pas . C’est le catéchisme selon Saint Marx votre commentaire .

      • parce que c’est le milliardaire qui produit les biens et les services avec ses petites mains? 15% de la richesse est passée du bottom90% au top1% depuis 1980 et l’arrivée de Reagan et pourtant le top1% n’a toujours que 24h dans une journée.

        Cette notion que c’est le top1% qui est responsable de toute la richesse est assez dogmatique.

  • Ces richesses vertigineuses, dote de la modernité, apôtre de la mondialisation, mot pas trop subtil pour dire destruction du monde… Mouais… Je veux bien croire en elles seulement si je me colle la tête aux étoiles, aux prédictions moyenâgeuses, que nous devrons vivre sur une autre planète, pendant que la nôtre refera le coup de Noé.

    • Dans ce cas (le coup de Noé), remplaçons vite Bouddha et Jésus pour Bezos et Musk pour Blue Origin et SpaceX, et de s’assurer une citoyenneté Amazonienne pour avoir un ticket pour l’espace ! Sans quoi, regardons, sans issue, la mondialisation démondialiser notre monde de sa nature pour nourrir ces richesses et notre fainéance. On ne parle même plus ici de scier la branche sur laquelle on se tient, on parle carrément de se bouffer l’estomac comme dernier repas. Mais bon… Toute chose à une faim

  • « You’ll own nothing and you will be happy. » – World Economic Forum

    Elon Musk a quitté la Californie pour le Texas car l’état californien lui prenait de son argent. Pourtant, la Californie est un état où la redistribution de richesses est pratiquée. Pour jouer au philanthrope, il a quitté la « Commifornia ».

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