Plan contre le cancer : une critique libérale

Le président de la République vient d’annoncer un plan contre le cancer. Quelle est l’approche libérale dans ce cas de figure ?

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Plan contre le cancer : une critique libérale

Publié le 9 février 2021
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Par Finn Andreen.

Le président de la République vient d’annoncer un plan contre le cancer. L’information est relayée entre autre par Franceinfo, la radio de l’État français qui est évidemment tout à fait incapable de voir d’un œil critique et indépendant cette annonce gouvernementale.

Quelle approche libérale à propos du plan cancer

Une personne libérale ne devrait-elle pas faire une exception à son idéologie, quand l’État se propose de sauver des vies ? La réponse est évidemment non, pour les raisons suivantes.

Le libéral se rappellera que l’État veut avant tout préserver sa légitimité. Cet instinct de survie est dans son ADN, même si, personnellement, Macron n’incarne peut-être pas directement ce phénomène.

L’État doit constamment justifier, moyennant ses chiens de garde, son contrôle sur une grande partie de l’économie française, malgré une incompétence et une inefficacité évidentes. Il fait souvent cela en créant des plans, contre le cancer ou autres fléaux réels ou imaginés, que supposément le secteur privé n’aurait pas le cœur ou l’intérêt de prendre en charge.

En tant que libéral, il serait possible d’argumenter que le secteur privé peut avoir un cœur tout aussi grand que l’État et également vouloir sauver des vies, comme le démontrent la philanthropie et d’innombrables initiatives privées dans les pays les plus libres.

Mais un meilleur argument est plutôt celui du libre marché ; cet ordre spontané unique qui, dans sa recherche du profit, génère de la satisfaction client. Dans ce cas précis : survivre au cancer.

Il n’existe pas de domaines qui soient exclus de ce principe de libre marché. Mais l’étatiste pense que ce principe capitaliste est valable pour certains secteurs mais pas pour d’autres ; c’est donc à lui qu’incombe la tâche de démontrer en quoi le secteur de la santé serait si spécial qu’il n’obéirait pas à la loi du marché, qui pousse inexorablement la qualité vers le haut et le prix vers le bas.

Un autre principe libéral à garder en tête par rapport à ce plan cancer, est celui de la liberté des individus de choisir ce qu’ils veulent consommer. La question n’est pas de savoir si le tabac, l’alcool, la cocaïne, le sucre, ou quelque autre produit que ce soit, est nuisible ou non à la santé sur le court ou long terme. Certains le sont clairement, mais toujours en fonction du type de consommation et de sa constitution personnelle.

L’individu doit avoir le droit de prendre toutes les décisions relatives à son propre corps ; cela veut dire aussi le droit d’endommager sa propriété, sciemment ou non. C’est l’idée que le droit devrait être basé sur le principe de non-agression. C’est loin d’être le cas, puisque l’État dépense énormément de ressources non seulement à la poursuite de violations des biens publics, mais également à punir ou interdire des comportements qui ne nuisent pas à autrui, se substituant ainsi à une figure parentale.

Quand l’État dissuade de consommer du tabac via des taxes ou des paquets neutres, par exemple, ceci est aussi une forme d’agression, certes plutôt légère. C’est le concept de nudge que pratiquent de nos jours tous les gouvernements. Les inventeurs de ce concept le baptisèrent « paternalisme libertarien », ce qui est évidemment un contradictio in terminis, car par définition un paternalisme d’État ne peut pas être libertarien.

Il est en cela préférable que les entreprises privées pratiquent le nudge en réalisant des plans de marketing pour essayer de modifier les comportements de clients libres de leurs choix.

Il existe cependant un argument non libéral qui pourrait légitimer des actions coercitives envers les citoyens afin qu’ils réduisent leur consommation de produits considérés nocifs. Il s’agit de l’argument des coûts dans un système de santé largement socialisé comme le système français. La majorité des coûts de dépistage et de traitement du cancer en France étant pris en charge par l’État, il semble raisonnable que celui-ci puisse inciter la population à changer de comportement pour épargner des ressources financières et humaines futures. Un État en déficit a besoin non seulement des taxes sur les cigarettes, mais également de contribuables en vie.

Mais cet argument n’est jamais utilisé par le gouvernement, sûrement parce qu’il serait perçu comme cynique. De plus, cet argument n’est jamais naturel pour l’État ; le gouvernement français est l’exemple flagrant d’un gouvernement qui ne se sent pas responsable de la bonne gestion de l’argent des contribuables.

Le libéral pourrait voir de l’humour noir de la part du gouvernement avec ce plan cancer en pleine pandémie. Car les confinements de la population tout entière sont toujours présentés comme des mesures nécessaires et salvatrices qu’il est considéré presque indécent de remettre en question.

Ils vont pourtant générer un nombre beaucoup plus élevé de cancers et d’autres conséquences graves sur la santé. En effet, de nombreuses études montrent déjà les effets néfastes du confinement à cause des retards dans le dépistage de cancers et de leurs traitements.

Une étude du Lancet de juillet 2020 annonce une mortalité significativement accrue de plusieurs cancers à cause de ces mesures gouvernementales. Cette étude conclut que les mesures restrictives pour lutter contre la Covid-19, équivalentes au Royaume-Uni aux mesures françaises, donneront, selon les types de cancers, 5 % à 15 % de décès additionnels dans les cinq années suivant le diagnostic. Et ce nouveau plan cancer se dit vouloir lutter, comme le dit l’article de Franceinfo, « contre les cancers à mauvais pronostic (taux de survie à cinq ans inférieur à 33%) »…

Ces conséquences choquantes sont inévitables quand on néglige la leçon de Frédéric Bastiat, désormais vieille d’un siècle et demi, de ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Bastiat a été l’un des premiers à identifier la notion d’externalités, en particulier pour les politiques publiques. Le gouvernement français se moque de ce principe ; il se focalise uniquement sur la mortalité due à la Covid-19, selon la formule maintenant notoire de « Quoi qu’il en coûte».

La priorité politique est de sauver les malades atteints de la forme grave de la maladie. Par contre, les milliers de décès prématurés du cancer et les années de vie perdues des Français, qui seront les conséquences futures des actions de ce gouvernement ne semblent pas préoccuper outre mesure l’exécutif.

Le libéral sait qu’il ne s’agit pas uniquement d’incompétence de la part de l’État. Il faut rejeter l’idée d’un gouvernement n’ayant que des bonnes intentions mais qui se trompe souvent.

Les impacts des confinements et autres restrictions étaient déjà connus et présagés dès le début de la pandémie. La prise en compte d’externalités est connue depuis le milieu du XIXe siècle. Le libéral a donc plusieurs raisons de ne pas se méprendre sur cette annonce plutôt hypocrite de ce plan cancer.

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  • eh oui..
    l’idée pour faire taire ;es contestations est de dire que c’est refuser l’action de l’état revient à être inhumain ou non compatissant, ce n’ets évidemment pas le cas.. il s’agit tout simplement que dire que quand on a dit à un fumeur qu’il doit s’attendre à une augmentation sensible de développer un cancer du fumeur , et qu’il répond ça me regarde, on n’e peut pas aller plus loin…

    Ce n’est d’ailleurs pas un plan cancer c’est un plan sécu…

  • « Il faut rejeter l’idée d’un gouvernement n’ayant que des bonnes intentions mais qui se trompe souvent », mais pas celle d’un gouvernement ayant souvent des bonnes intentions mais qui se trompe presque toujours.

  • Le cancer ?
    Je suis contre !

  • Combattre le cancer par humanité ou pour en diminuer le coût?
    La question peut-être légitimement posée si on suit l’exemple du tabac, de l’alcool, de la sécurité routière, de l’obligation qui ne saurait tarder de devenir bientôt végan, etc…

  • Les commentaires sont fermés.

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