En France, la liberté est passée aux oubliettes

Il faudra quand même bien un jour expliquer en quoi instaurer l’oppression de la population est une approche démocratique. En vérité l’opposition aux mesures coercitives est éthique. Elle se fonde sur leur inhumanité.

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En France, la liberté est passée aux oubliettes

Publié le 8 février 2021
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Par Patrick de Casanove. 

Nous avons abordé récemment la prolongation de l’état d’urgence sanitaire au 1er juin, votée en première lecture, par l’Assemblée nationale le 20 janvier.

La destruction des libertés fait consensus

Le 27 janvier le projet de loi est passé en première lecture devant le Sénat qui a lui aussi voté la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Il s’est contenté d’en modifier quelques paramètres (limiter la durée au 3 mai 2021, passer devant le Parlement pour un nouveau confinement).

En clair le Sénat est favorable aux mesures liberticides qui donnent les pleins pouvoirs au gouvernement.

« Je suis donc obligé de vous le dire, bien sûr à regret, notre responsabilité est bien d’accepter la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. » Philippe Bas, Rapporteur de la Commission des Lois.

Les sénateurs sont bien conscients du caractère coercitif de ces mesures mais ils les trouvent nécessaires.

« Si nous n’avons pas voté tous les textes de loi relatifs à l’état d’urgence sanitaire qui nous ont été présentés, ce n’est pas parce que nous contestions la nécessité de prendre des mesures qui, malheureusement, restreignent les libertés fondamentales des Français.

C’est précisément parce que nous étions conscients de la nécessité de ces mesures et que notre approche démocratique de la question nous conduisait à vous poser la question suivante : qu’y a-t-il de gênant pour le gouvernement à revenir régulièrement devant le Parlement […] pour obtenir son autorisation ? » Philippe Bas, Rapporteur de la Commission des Lois.

Il faudra quand même expliquer en quoi instaurer l’oppression de la population est une approche démocratique. Sauf bien sûr si la démocratie se limite à faire enregistrer par le Parlement, à intervalles réguliers, les mesures contraignantes décidées par une sorte de politburo.

C’est une démocratie sans liberté, une « démocratie populaire ». Si la France en est désormais une, les Français doivent le savoir.

Le Sénat connaît aussi la dangerosité de donner les pleins pouvoirs à un seul individu.

« Vous le savez, l’Assemblée nationale et le gouvernement sont issus de l’élection du président de la République. C’est ce que j’appelle l’hyperprésidentialisation. L’état d’urgence renforce encore la verticalité du pouvoir, […]  ce tête-à-tête entre, d’une part, un président de la République […] qui décide seul et par là même est seul responsable, et, d’autre part, nos concitoyens, est fondamentalement dangereux. […] Avec l’état d’urgence, le Parlement et la société civile n’ont plus rien à dire. »  Philippe Bonnecarrère, groupe Union centriste.

Il les accorde cependant sans grand état d’âme.

La politique avec des œillères

Le 28 janvier en Commission mixte paritaire sur ce sujet, Jean-Pierre Pont, député, rapporteur pour l’Assemblée nationale, précisait :

« Nous sommes tous conscients que le caractère préoccupant de la situation justifie le maintien de mesures d’exception ».

Nous sommes en pleine pensée unique.

Les sénateurs comme les députés sont des gens sérieux et mainstream. Ils ne se laissent pas embobiner par ceux qui ont l’outrecuidance d’affirmer que priver les gens de liberté est contre-productif, mais surtout indigne et qu’il existe d’autres solutions.

Ils savent que ce ne sont que billevesées ! Comme tous les bien-pensants, ils sont persuadés que les mesures liberticides sont indispensables pour vaincre l’épidémie.

Cet état d’esprit ne rassure pas quant à la valeur qu’ils donnent à la liberté, consubstantielle à la personne humaine. Liberté qui figure en première place dans la devise de la République rrançaise.

Comme c’est le cas depuis le début, le gouvernement, beaucoup de médecins, de médias, une partie de l’opinion ne conçoivent la gestion de l’épidémie que de manière politique.

La spécificité du politique c’est la contrainte légale. C’est son seul moyen d’action. Il en use et en abuse. Il n’est pas inutile de rappeler qu’une bonne gestion comprend une épidémie contrôlée, une économie prospère et une société harmonieuse. Ce n’est pas la voie choisie en France.

Son seul objectif est de vaincre l’épidémie « quoi qu’il en coûte », sans que l’on sache vraiment ce que cela signifie. Pour y parvenir le politique regarde la Covid par le petit bout de la lorgnette. Toutes les solutions non coercitives lui sont invisibles. Toutes les conséquences de la coercition, malheurs humains, dislocation sociale, détérioration des conditions sanitaires du pays et de l’état de santé des personnes, désespoir et suicides, ruine de l’économie, lui sont invisibles.

Tous ces pays du monde qui, en Asie ou en Afrique, s’en sortent très bien, avec une économie préservée, des liens sociaux persistants, une épidémie contenue, le tout sans confinement, sans destruction des libertés qui prévalaient avant l’épidémie, lui sont invisibles.

La liberté par principe

Les mesures de contraintes sociales sont souvent contestées ou réclamées sur des critères d’efficacité et de pertinence vis-à-vis du contrôle de l’épidémie. Le confinement est inutile et dangereux, cela a été mis en évidence dès juin.

Tous les travaux sérieux basés sur la vraie vie confirment que les mesures de contraintes sociales aggravent l’épidémie et sont délétères pour les personnes, l’économie, la société, la vie sociale.

Bien sûr d’autres allégueront, à partir de simulations mathématiques, qu’elles sont pertinentes.

En vérité l’opposition aux mesures coercitives est éthique.

Elle se fonde sur leur inhumanité. L’être humain étant naturellement une personne, libre et propriétaire. En dehors d’une sanction judiciaire pour dommage aux droits naturels d’autrui, il est indigne et inhumain de porter atteinte à ces mêmes droits naturels. C’est une question de principe et de philosophie.

En conséquence, dans un pays libre, ces mesures liberticides ne peuvent en aucun cas être envisagées, et encore moins mises en œuvre. Dans les pays occidentaux présentés comme de vieille civilisation, dans lesquels l’individu est peu à peu devenu une personne, les mesures de coercition sont une trahison de leur culture civilisationnelle humaniste.

Ce qui signifie que même en cas d’absence de traitement, ces mesures honteuses ne doivent pas être prises et d’autres réponses doivent être trouvées. Or dans le cas de la Covid des traitements existent. En phase inflammatoire ils font l’unanimité ou presque. Ce sont les actions thérapeutiques en phase virale qui sont controversées.

Assez de politique, revenir à la médecine

« Protéger les plus faibles – dépister les malades – les mettre à l’écart et les soigner ». (source)

Les solutions précoces sont des solutions de combat, proposées par des professionnels de santé qui se battent en première ligne et refusent de subir. Elles sont personnalisées, reposent sur la confiance entre le professionnel et le patient.

Elles font appel à la responsabilité individuelle. Les gens font face à l’adversité et ne se terrent pas. Les approches peuvent varier mais les médecins de terrain discutent et ne baissent pas les bras. Ils font des propositions qui évoluent en fonction des connaissances acquises sur le front.

Les prises en charge précoces sont efficaces ce qui rend cette politique coercitive encore plus inacceptable.

Liberté fin de partie

Au final la prorogation de l’état d’urgence sanitaire votée en deuxième lecture par l’Assemblée nationale le 2 février ne prend pas en compte les changements paramétriques proposés par le Sénat. Sur le fond cela ne change rien.

En France, la liberté est passée aux oubliettes.

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  • L’auteur nous affirme: « Dans les pays occidentaux…. les mesures de coercition sont une trahison de leur culture civilisationnelle humaniste ».
    Voilà le fonds du débat appliqué au mesures de distanciation et de couvre-feu actuelles.
    Alors, se pose la question de savoir si le fait de se revendiquer comme étant un libéral permet de prendre le risque à la fois, de se contaminer pour soi-même et pour sa famille et, également, de contaminer tous les individus que l’on est amené à croiser dans sa vie de tous les jours.
    En somme, le libéralisme appliqué à l’individu permet-il de faire courir un risque au droit à la santé d’autres individus qui aspirent légitimement à vivre libres et… heureux!

    • « faire courir un risque au droit à la santé »
      Tout est dit. Adversion du risque, droit créance. Toute la pensée qui nous mène au désastre.
      Principe de précaution, zéro mort et maintenant le célèbre « quoi qu’il en coûte ».

      CPEF

    • Les mesures liberticides n’ont aucun affet sur la propagation du virus, elles sont inutiles au mieux contre productives même dans le cas du couvre feu à 18h qui induit des concentrations de personnes dans les commerces, transports…
      Cette maladie est heureusement peu létale, cependant certaines personnes sont durement touchées. Le gouvernement devrait inciter à consulter , autoriser les médecins à traiter prècocément selon leur expérience, permettre à chacun de renforcer son système immunitaire par le sport et tout faire pour éviter la peur de se développer, oeur qui entraîne une baisse des defenses immunitaires.

      • Oui, ce que vous proposez c’était la prescription Anglaise de Boris Johnson avant qu’il ne vire sa cuti…

        • Votre problème (et de beaucoup d’autres, majoritaire) c’est de ne pas être horrifié par la politique que mène beaucoup de pays dits ‘libéraux’.
          Cette politique est monstrueuse.
          C’est une violation des droits de l’homme.

          • Le libéralisme ne consiste pas à faire du n’importe quoi et, surtout pas, à avoir un comportement citoyen irresponsable de nature à propager des maladies contagieuses.
            Le libéralisme bien compris consiste à rechercher une harmonie sociale dans le respect de la liberté de chacun.
            La Suisse et le Luxembourg peuvent constituer des modèles à suivre.

            • Non. Ce n’est pas au gouvernement d’user de coercition pour lutter contre les maladies contagieuses.
              Le libéralisme n’est en effet pas n’importe quoi, on demande au gouvernement de ne pas violer les droits de l’homme.
              C’est bien le discours socialiste, comme l’état considère la population irresponsable, que l’état sait mieux ce qu’il faut faire que les citoyens, on est en droit de brutaliser la population.
              Et bien non, les droits de l’homme ne sont pas qu’un bout de papier.
              Les libéraux n’ont jamais prétendu défendre un système parfait, contrairement aux socialistes, les libéraux défendent juste le respect de l’individu.
              Les libéraux ne cherchent pas une harmonie sociale, elle se construit tout les jours dans un ordre spontané.

              • Soit, mais on peut également se poser la question de savoir si, le fait de prendre le risque pour soi-même et pour autrui de propager COVID – avec ses variants actuels et à venir – ne constituerait pas une violation des droits de l’homme.
                Je persiste à affirmer que le libéralisme est incompatible avec le je-m’en-foutisme!

                • Ne mélangez pas tout. La DDHC s’impose à l’état. Il y a des outils pour sanctionner les citoyens qui créent des dommages à autrui.

      • Si les généralistes avaient pu traiter dès l’apparition des premiers symptômes avec le protocole: HCQ + AZ + Zinc, nous aurions eu au moins deux à trois fois moins de morts et les hôpitaux n’auraient jamais été débordés malgré la suppression de plusieurs milliers de lits par des responsable de santé devenus de simple comptables.

        • Entièrement d’accord, vous abordez là le problème du corporatisme des professions médicales et de tous les abus et anomalies comportementales qui en découlent.

        • Vous avez un bon peu de retard, l’absence d’efficacité de ce traitement fait consensus.

  • instaurer l’oppression de la population permet surtout à l’exécutif de se mettre à l’abris de la colère et du ras le bol des citoyens ; ce n’est pas le virus qui est dangereux , mais ceux qui nous font croire qu’il l’est ;

  • Ce qui est liberticide, c’est de ne pas avoir eu une stratégie 0 COVID.
    Les asiatiques l’ont eu et s’en portent in fine bien mieux que nous.
    Regardez l’Australie ou la Nouvelle Zélande au lieu de disserter du sexe des anges. Taiwan, la Corée du Sud ont aussi réussi. Ne regardez pas que la Chine…
    Défendre la liberté dans le vide comme vous le faites et nuisible à la liberté réelle, tangible…
    Le dogmatisme aveugle n’est que politique. Vous allez bientôt rejoindre en cela les islamistes ou les écologistes capables de justifier l’injustifiable pour la cause.

    • Vous n’avez donc rien compris à l’article. La question n’est pas utilitariste, elle est éthique.
      En plus les mesures liberticides généralisées sont inefficaces.
      De tout temps on a isolé les malades, ce que l’on n’a pas fait en France, mais que les asiatiques ont fait.

    • Et notamment, l’existence d’un OPRUS, organisme centralisateur et indépendant, peuplé de gens compétents et non corrompus (conflit d’intérêt en softlangue) pour gérer la politique à tenir.

    • En Occident, la stratégie n’a jamais exclu l’idée que finalement, l’immunité collective, une fois suffisamment de gens contaminés, faciliterait bien la reprise de l’activité. Le refus de considérer l’immunité collective (sans vaccin) comme un objectif final inacceptable, voilà ce qui nous coule.

  • « Le secret du bonheur c’est la liberté, et le secret de la liberté c’est le courage. » [Thucydide.]
    « La liberté est incompatible avec la faiblesse » (Vauvenargues)
    Population vieillie, esprits féminisés… la liberté disparaît avec la disparition du courage, et le courage disparaît avec la montée de la faiblesse.

  • « En France, la liberté est passée aux oubliettes ». Oui. Membre de 2 conseils Syndical d’immeuble, je passe mon temps sans grand succès à essayer de limiter toutes les mesures coercitives, interdictions diverses et variées que « les Français » essaient d’imposer dans leur immeuble. ……

  • Français responsable, aimant la liberté, l’équité et la probité, dégouté par l’égalitarisme, la moraline, l’infantilisation…recherche pays répondant à ses souhaits qu’il rejoindrait avec armes et bagages.
    Merci de se faire connaitre auprès de Contrepoints.

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