Gestion de la pandémie : ce rapport que le gouvernement voudrait faire oublier

LREM voudrait bien faire oublier l’encombrant et volumineux rapport d’enquête sur la gestion gouvernementale calamiteuse de la crise. Ca s’est vu.

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L'Etat crée les crises by Jim Bauer(CC BY-ND 2.0)

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Gestion de la pandémie : ce rapport que le gouvernement voudrait faire oublier

Publié le 5 février 2021
- A +

par h16

Que n’a-t-on écrit sur cette pandémie et surtout sur sa gestion par la fine équipe de responsables politiques aux commandes de l’État français ! À en croire les opinions acerbes et de fort durs jugements chez de méchants chroniqueurs, de vilains critiqueurs et de vils polémistes, de nombreuses erreurs furent commises par un gouvernement qui n’a pas été suffisamment à la hauteur.

Cependant, il est parfois nécessaire de rétablir un peu de mesure : tout ne peut pas avoir été raté avec obstination, que diable ! Il y a forcément de nombreux aspects que notre élite au pouvoir a su réussir avec un brio digne de l’ENA ou du nuage opaque d’administrations en charge de trucs et de machins dans ce pays. Forcément.

Et pour établir ces faits indéniables, pour relater correctement les éléments à charge et à décharge dans cette crise, une mission d’information du Parlement sur la crise du Covid-19 a été assez rapidement mandatée pour enquêter sur cette gestion de crise et en tirer les enseignements indispensables pour faire avancer le pays vers une plus grande sérénité, dans la joie, la bonne humeur et les écouvillons normes NF.

Presqu’un an après le début de ses travaux, cette mission était donc sur le point de rendre les premiers résultats quand, de façon totalement fortuite, elle a été discrètement dissoute entre deux cafés ce qui n’a pas manqué de déclencher un tollé dans l’Hémicycle et, facilement, deux entrefilets dans l’un ou l’autre journal de la presse subventionnée dont la hardiesse à reporter les lacérations démocratiques n’a d’égale que son budget pour les enquêtes de fond sur (au hasard) l’évaporation du régalien ou les détournements de fonds d’associations lucratives sans but à revendications sociétales louches.

La majorité parlementaire a, évidemment, beau jeu de rappeler que cette mission était temporaire, qu’ayant rendu un rapport, elle pouvait donc s’évanouir dans l’inconscient collectif, et que non, que nenni, pas du tout mais enfin que croyez-vous là, non et non cette mission n’a pas été dissoute parce que le seul rapport produit (un beau bébé de plus de 400 pages tout de même) est, essentiellement, une critique à l’acide sulfurique de la gestion véritablement calamiteuse de la crise par notre brochette de bras cassés gouvernementaux fine équipe de responsables politiques affûtés.

Sans forcément éplucher les centaines de pages (pourtant édifiantes) du rapport, la simple lecture des titres de chapitre et de paragraphe en table des matières fait remonter les souvenirs de tous ces mois de printemps 2020 où les responsables politiques se succédaient aux tribunes médiatiques pour expliquer à quel point tout était contrôlé, maîtrisé, planifié et comment la France, éternelle et merveilleuse, allait s’en sortir guillerette, en deux coups de test PCR finement calibré : « préparation inadaptée », « fort tropisme hospitalier », « défaut de vigilance à l’égard des plus vulnérables », les titres se suivent et offrent un joli panorama d’une accumulation difficilement croyable de tous les dysfonctionnement de l’ensemble administratif français.

Le rapport est roboratif. On trouve de joyeuses pépites, comme « la DGS a fait le choix de ne conserver qu’une très faible quantité de masques en stock et a modifié un rapport scientifique a posteriori pour justifier sa décision » (on tripoterait presque le mauvais côté de la légalité, là), « le choix de la réquisition : une méthode contre-productive » (oh, non, sans blague ?!), « des stratégies de soins sans coordination » (c’est ballot vu le nombre d’organismes dont ce serait, a priori, la raison d’être), « embûches administratives » (allons !) et autres « pesanteurs organisationnelles » (vraiment ?!) voire des aveux truculents comme « Santé publique France : une agence contestée et débordée », …

Au passage, la façon dont Agnès Buzyn, alors en poste au tout début de la crise, a débuté sa gestion, est finalement bien moins sévère que ce à quoi on pourrait s’attendre. En page 30 et suivantes, on comprend assez vite que le haut de la pyramide du pouvoir était informé assez tôt et avait compris, malgré tout, l’importance d’agir…

Malheureusement, l’énorme patapouf étatique, même aiguillonné par la ministre, n’a pas jugé bon de s’inquiéter et lorsqu’il s’est agi de bouger un coup, son inertie naturelle de mammifère obèse l’en a durablement empêché : les petites agitations de Buzyn n’ont abouti à peu près à rien.

Devant ce chapelet de constats abrasifs, la majorité présidentielle n’a pas eu beaucoup de mal à faire passer le rapport pour un brûlot polémique, biaisé et partisan.

Cependant, ce qui est décrit dans ce rapport est corroboré à la fois par les éléments de presse de l’époque (certes, c’était il y a si longtemps, facilement dix mois, mais il devrait cependant être possible de trouver des traces historiques, des archives, n’est-ce pas !), la mémoire collective et les expériences personnelles de tout un chacun. Un fait, aussi cuisant soit-il, ne peut être qualifié de partisan.

Mais voilà, pour le gouvernement et les députés godillots LREM sagement le doigt sur la couture, la réalité est salement partisane : elle démontre sans le moindre doute possible que les équipes au pouvoir ont été mortellement nulles, le terme « mortellement » étant adapté tant leur incompétence a coûté du temps et donc des vies par l’absence de certaines mesures simples, la protection de nos aînés dans les maisons de retraite étant ce qui saute aux yeux dans le rapport. La dissolution de la mission d’enquête et la placardisation rapide du rapport est donc logique.

Autrement dit, en passant tout cette prose pourtant significative à l’as, LREM veut surtout faire oublier sa gestion calamiteuse en qualifiant les critiques de simple polémique politicienne, ce que le rapport n’est pas.

Pire encore, en voulant étouffer cette commission et ce rapport, LREM évite l’indispensable prise de conscience qui devrait frapper nos dirigeants devant les lourds problèmes du pays que cette crise aura simplement mis en exergue : on peut, on devrait même, s’étendre sur les constats de suradministration, de lourdeurs bureaucratiques multiples, de décisions idiotes, arbitraires et antagonistes des myriades d’agences et autres pustules du monstre étatique qui parasitent et gangrènent la vie normale et productive du pays.

En réalité, ces éléments ne dépendent pas de la politique du gouvernement de clowns à roulettes actuels, et pourraient à eux seuls pousser à de puissantes réformes nécessaires si ces ministres savait s’élever au-dessus de leur condition de branquignoles improvisateurs. Mais il n’en sera rien : comme une partie du rapport cuit les parties charnues de nos gouvernants, ils jetteront le bébé avec l’eau du bain, bien plus sûrement qu’en tirer profit pour tracer, enfin, une voie de sortie de l’ornière dans laquelle le pays est plongé.

En définitive, la disparition de cette commission et de son rapport dans les limbes du non-débat garantit efficacement que les graves problèmes français, ceux qui se situent bien au-delà de ses gouvernants incompétents, à savoir sa gangrène fulgurante du formulaire Cerfa en triplicatas tamponnés, sa bousculade d’administrations inutiles se marchant les unes sur les autres, cette métastase là ne sera surtout pas ni attaquée, ni guérie.

Ce pays est foutu.


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  • J’adore la dernière image qui condense tout ce qu’était la France dans les années 50 …Ces immenses HLMs collectivistes n’existent plus ou de moins en moins …les OPHLM ont diparu, remplacés par des structures « habitat privé » qui remodèlent les villes avec de petits pavillons..Ce pays bouge…Quant à l’épidemie j’aime rappeler à tout un chacun que prévenues du danger , les autorités sanitaires et administratives ont fait ce qu’il faut pour juguler de petits foyers comme les Contamines alpestres et un petit bout de Bretagne..Mais voilà il y eu Mulhouse et la région parisienne à forte densité de population et là nous fûmes moins bons de toute évidence ..Mais nous ne sommes pas asiatiques (ils ont l’habitude eux de ces épidémies) même si nous le devenons rapidement car si pour le moment rien n’explose exponentiellement c’est bien parce que le civisme de beaucoup est remarquable…Alors non ce pays n’est pas foutu et fait même preuve de résilience.

    • On ne parle pas du même pays apparemment…

    • @sainté
      Bonjour,
       » les autorités sanitaires et administratives ont fait ce qu’il faut pour juguler de petits foyers comme les Contamines alpestres et un petit bout de Bretagne »
      L’Etat français a rapatrié des personnes présentes à Wuhan, dès le mois de janvier et les a laissées sans surveillance dans la nature. Les militaires les ayant transporté ont été parmi les premiers cas.
      Pour Contamines, un article dit que c’est un Anglais qui est la source. Il avait été testé positif en Angleterre avant de venir en France.

      « prévenues du danger »
      La première chose à faire alors était de fermer les frontières : personne n’entre, personne ne sort. Ce qui n’a pas été fait, ni de loin, ni de près, bref d’exécuter une quarantaine.
      Vous parlez de « danger », pas de risque. Là, pour un danger, rien n’a été fait.

      L’effondrement sur soi-même est aussi un mouvement.

      • Le pire c’est que lorsque l’opposition a averti et demandé de fermer les frontières ou au moins faire une régulation , on l’a traité de « complotiste » et/ou « facho »…

    • C’est du second degré hein?

    • j’aime votre humour ; car c’est de l’humour n’est-ce pas ????

      • Mais oui….!!!!! C’est lassant de répéter sans cesse que nous avons été nul..!!! On le sait….

        • pourquoi « on » . puisque la question essentielle était de savoir si le « on » était necessaire ou justifié..?

        • mais encore …sans avoir jamais préciser avec clarté le but poursuivi face à l’epidémie, juger de le nullité.. est ardu..

          d’autant plus que ce n’est pas fini et que les effets dans leur totalité mettront du temps à être révélés ..si c’est possible..

          le gouvernement a eu cette arrogance banale..cette immodestie récurrente.. qui a d’ailleurs été inscrite dans le marbre par ailleurs..

          avec la folie de prétendre pouvoir gérer un risque inconnu de façon « rationale ». « la juste précaution ».

          la folie a été de dire que c’est gérable « au mieux ».sur une echelle de temps longue . non, c’est une suite de paris, de volte faces, d’adaptations et ce en soi n’est pas scandaleux..

        • Quand on voit le reste de votre oeuvre sur contrepoints, on en doute.

    • oh un petit laquais de Larem..allez découvre toi on t’as reconnu.

    • je ne suis pas du même avis que sainté ou michel d’ailleurs sur un point de détail..

      mais sainté souligne unpoint assez trivial…

      la différence se fait au départ…quand les cas sont localisables on peut agir fortement sur la dynamique épidémique, voire la maitriser passé un point..c’est de l’action..

      L’enterrement de ce rapport est une infamie.. mais c’est tout à fait légal…le gouvernement vous crache à la gueule, voila tout.. vous n’avez pas grand chose à faire institutionnellement, et c’est d’ailleurs pourquoi le gouvernement prend un risque, que les gens osent sortir du cadre institutionnel pour retourner la crachat.

      ceci dit, ce rapport reste à mes yeux une impasse, car la gestion de la crise d’un point de vue étatique est nécessairement une balance à faire entre liberté individuelle et bilan sanitaire global… le mieux ne signifie rien..

      un bilan sanitaire est l’ensemble des conséquences sanitaires.. autrement dit, ce n’ets pas le nombre de morts, ce n’est pas la perte de longévité, ou autre, c’est bien l’ensemble des cas.. .. et il en va de même pour l’économie… d’ailleursdes tas gens ont eu le bonheur de se faire dire que leur activité n’etait pas essentielle…même si ils furent ruinés.. vous comprenez PIB..

      Donc infaisable… mais pour le gouvernement aussi…!!!!

      Je crois que gouvernement attendait de ce rapport qu’il soit blanchi sur sa « malice » ou son « projet »..si souvent supposés, ou en gros  » le gouvernement a fait ce qu’il a pu »..honnêtement.. ou « arrêtez de nous critiquer svp »..

      mais si ce rapport montre peut être que oui,( modulo par exemple la modification retrospective qui selon est un vrai scandale) , il démontre aussi l’inompeténce du gouvernement..avec éclat…

      C’est s le fameux , non pas besoin de supposer un complot voire de la corruption ou de la prise d’interet autre autre que de rester au pouvoir..

      Or nos politiciens sont immodestes…et justifient leur présence au pouvoir par leur compétence..!!!!!

      chiche un rapport sur le logement, l’emploi? l’énergie? l’alimentation?

      je crois bel et bien que le gouvernement a fait ce qu’il a pu, mais avec bien sûr une volonté de paraitre… avec pour résultat que SOUVENT comme il ne pouvait rien,, son action a juste été de conserver une image de capitaine qui connait le cap..jusqu’au ridicule.. » je sais où je vais mais je fais un virage à 180 °. »..

    • encore un allumé de première mdr

  • merci pour l’info, et notamment le rapport.

    Un de plus qui ne restera que rapport, hélas.

  • Ils s’en fichent les types au pouvoir. La mangeoire déborde d’excellente nourriture bio-conscientisée, l’abreuvoir déborde des meilleurs crus français. Mais pourquoi lèveraient-ils leurs yeux myopes pour tenter de voir plus loin que le bout de leur nez?
    Faites ces efforts, mais surtout, ne leur en demandez pas trop.
    TVP : CPEF 🙁

    • et surtout les parlementaires doivent avoir peur de ne plus avoir accès à cette mangeoire pour accepter l’enterrement de ce rapport… donc à quoi servent-ils… ?

  • Il y a un Parlement en France? Première nouvelle…

  • Avec ces commissions et ces rapports, le Parlement joue son rôle de contre-pouvoir à l’exécutif, nécessaire dans toute démocratie.
    Un tel enterrement renforce l’idée d’un microcosme coupé de la population qu’il est censé gouverner.
    Mais ce n’est pas une première : Perruchot en a fait les frais avec son enquête sur les syndicats, elle aussi enterrée.

    • Le rôle de contre-pouvoir du Parlement est également imparfait du fait du passage au quinquennat.
      Quitte à rester dans cette formule constitutionnelle (qui personnellement ne me plait guère) autant avoir un sexennat et des mandats de députés de trois ans: ils seraient élus au début du sexennat, permettant ainsi à l’exécutif de gouverner dès le début, et seraient remis en cause au milieu du sexennat.

      • le système fédéral américain me semble vraiment pas mal : un président et des sénateurs élus tous les 4 ans, mais en décalage. Et bien sûr pas de capacité de dissolution – ni d’un côté ni de l’autre – sauf manquement grave.

      • ben oui il ne manque plus que le RIC !!! est-ce que notre  » mousquetaire  » ne serait pas vêtu d’une camisole jaune cachant son véritable drapeau ????

      • « ils seraient élus au début du sexennat, permettant ainsi à l’exécutif de gouverner dès le début ». Donc pendant 3 ans, pas d’opposition pour empêcher le gouvernement de faire n’importe quoi ? Chouette, j’espère que lorsque ça sera mis en place et que le RN arrivera au pouvoir, vous ne critiquerez pas hein 😉
        Plus sérieusement, le Sénat sert justement de contre pouvoir. Un peu comme le congrès américain (en moins bien je trouve)

  • La dernière image est à l’opposé total de l’action du gouvernement : une entreprise privée met les bons produits en bonne quantité aux bons endroits et les fait agir selon une séquence bien calculée, pour arriver au résultat souhaité.

    Seul l’effondrement final, dans un cas recherché, dans l’autre induit, rapprochent l’action de l’entreprise et celle de l’état

  • Malheureusement le constat de H16 n’est que trop vrai !!! Qui peut établir un organigramme cohérent de toutes nos instances de santé passant du ministère au conseil scientifique le tout lié par la HAS , la DGS et les ARS et autres instances toutes plus inutiles les unes que les autres ?????

    • un début par Charles Gave : https://institutdeslibertes.org/faire-part-de-naissance-dune-nouvelle-administration-et-covid-19/

      Le Ministère de la Santé
      La Direction générale de la Santé
      La Direction de la Santé Publique
      Santé Publique France
      La Direction de la Haute Autorité de la Santé
      Les Directions des Agences Régionales de Santé
      La Direction de l’Agence Nationale Sanitaire
      La Direction de l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé
      L’Agence Epidémiologie-France
      Le Centre National de Recherche Scientifique en Virologie Moléculaire
      L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et de la Santé
      Le Conseil Scientifique de la Présidence de la République
      Le Haut-Commissariat de lutte contre les épidémies
      Le Haut Conseil de Veille Sanitaire
      L’Agence Nationale de Sécurité de Logistique Médicale

      Ont le plaisir de vous annoncer la naissance du petit dernier

      Le Haut Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale

  • je ne sais pas ce qui m’écœure le plus ; leur mollesse face à l’urgence et leurs incompétences ou ce manque de courage à reconnaître les dites incompétences sur bien des sujets d’ailleurs ;

    • Ils ont tous été choisis sur des compétences nécessaires pour avoir un pouvoir absolu au sommet de l’état. Ce choix est parfait, aucune conscience plus un goût immodéré pour l’argent facile. Pas de bol, nos milliardaires on fait le choix, on ne peut plus les acheter, ils sont gavés comme des oies.

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