Le confinement ciblé n’est pas discriminatoire

OPINION : est-il possible de limiter le nombre de morts du à la pandémie sans sacrifier nos entreprises et notre vie sociale ? L’argument en faveur du confinement ciblé est d’ordre utilitariste.

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Le confinement ciblé n’est pas discriminatoire

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 janvier 2021
- A +

Par Maxime Kristanek.

La crise sanitaire place le gouvernement français entre le marteau et l’enclume : du côté du marteau sanitaire, il faut restreindre les activités économiques et les rapports sociaux ; du côté de l’enclume économique et sociale, il faut permettre aux entreprises de fonctionner et aux individus d’avoir un minimum de contacts sociaux. Est-il possible de limiter le nombre de morts du à la pandémie sans sacrifier nos entreprises et notre vie sociale ?

Concernant les chiffres français, nous savons que 89 % des patients en réanimation présentent des co-morbidités et que 90 % de ceux qui décèdent ont plus de 65 ans, et/ou présentent des comorbidités. Nous ne sommes donc pas égaux face au virus : les individus âgés avec des co-morbidités sont beaucoup plus vulnérables que les autres.

La mise en place d’un confinement ciblé

L’infectiologue Odile Launay a suggéré de mettre en place un confinement ciblé. Il s’agit de confiner seulement les individus vulnérables, ce qui signifie que ceux en bonne santé pourraient reprendre leurs activités. Dans un tel cadre, les universités, les salles de sport, les stations de ski, les restaurants, les bars et les lieux culturels réouvriraient.

L’argument en faveur du confinement ciblé est d’ordre utilitariste. L’utilitarisme est la doctrine éthique selon laquelle nous avons le devoir de choisir les actions qui maximisent le bien-être du plus grand nombre. En adoptant ce confinement ciblé limité à certaines parties de la population, on maximise les intérêts du plus grand nombre : les individus non vulnérables travaillent et retrouvent une vie sociale et les individus fragiles sont protégés du virus en étant confinés.

À plusieurs reprises, le président de la République et des membres du gouvernement ont écarté cette solution, jugée éthiquement problématique. Plus précisément, ce type de mesure serait discriminatoire : certains seraient confinés sur des critères d’âge et de santé, tandis que d’autres pourraient jouir de leurs libertés. La discrimination est moralement condamnée parce qu’elle est un traitement désavantageux injustifié visant un certain groupe. Elle constitue une violation du principe d’égalité, énonçant que les individus doivent être traités de la même manière.

Un confinement ciblé serait-il discriminatoire ?

L’argument du gouvernement consiste à énoncer que toute rupture du principe d’égalité constitue une discrimination. On peut pourtant douter de la vérité de cette affirmation car dans certaines situations, il n’est pas discriminant de traiter les individus de manière inégalitaire. Si la différence de traitement, même désavantageuse, repose sur des justifications valables, alors elle n’est pas considérée comme une discrimination.

Par exemple, il ne paraît pas discriminatoire de taxer davantage ceux qui ont des revenus élevés. Il semble injuste qu’un milliardaire paye les mêmes impôts qu’un travailleur payé au salaire minimum. Le traitement différentiel désavantageux est justifié par l’écart de revenu.

Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement français ne traite pas de la même manière les citoyens sans que cela apparaisse discriminatoire. Par exemple, les professionnels de discothèques ont l’interdiction de travailler, contrairement aux employés de supermarché. Cette différence de traitement est justifiée : les discothèques sont des lieux de forte contamination, et ne remplissent pas un rôle essentiel, contrairement aux supermarchés.

On peut justifier le confinement des individus vulnérables car du fait de leur âge ou de leur état de santé ils ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie. Pour cette raison et afin d’être protégés, ils doivent être confinés. Il apparaît en revanche injustifié de confiner les personnes en bonne santé de moins de 65 ans qui ne développent pas de forme grave dans l’immense majorité des cas.

Une deuxième raison de pratiquer un confinement ciblé est que la majorité des individus fragiles (retraités et personnes ayant de graves problèmes de santé) ne travaille pas, contrairement à la majorité en bonne santé. Rappelons que les hôpitaux et les retraites sont financés principalement par le travail des individus non vulnérables. Il est donc avantageux pour les plus fragiles que les autres continuent de travailler afin de financer leurs retraites.

Critère biologique et critère économique

On pourrait objecter que traiter de manière différente des individus sur la base de critères économiques ou professionnels n’est pas la même chose que traiter de manière différente à partir de critères biologiques, la vulnérabilité étant ici considérée comme la fragilité biologique d’un organisme humain pour se défendre face au virus. Le critère économique serait acceptable, contrairement au biologique, sur lequel on n’exerce aucune prise : on ne décide pas d’être âgé ou d’être diabétique.

Pourtant, l’État traite déjà différemment les individus sur la base de critères biologiques. Par exemple, les personnes présentant des handicaps physiques ou mentaux importants perçoivent des aides publiques auxquelles n’ont pas accès les non-handicapés. On pourrait rétorquer qu’il ne s’agit pas là de discrimination, car le traitement différentiel est avantageux.

Mais on pratique aussi des traitements différentiels désavantageux sur la base de critères biologiques sans que soit évoquée une discrimination.

Par exemple, pour exercer certaines activités professionnelles (pompier, policier, pilote, etc.), il faut passer des épreuves physiques, et ceux qui échouent à cause d’un handicap biologique, inné ou acquis, sont disqualifiés.

Autre exemple : les personnes non-voyantes ne peuvent détenir un permis de conduire. Si le traitement différentiel sur la base d’un critère biologique est justifié, alors il ne s’agit pas de discrimination. On voit mal ainsi pour quelle raison le critère de différenciation biologique serait, en soi, discriminatoire.

 

Ainsi, en situation de crise sanitaire, il n’est pas discriminatoire de traiter différemment les individus avec un organisme vulnérable. Ainsi, il n’est pas discriminatoire de seulement confiner les personnes fragiles en vue de les protéger et permettre à celles en bonne santé de travailler et reprendre une vie sociale.

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  • Pour le confinement ciblé, je suis surpris que les mouvements féministes n’aient pas encore exigé le confinement des hommes qui, proportionnellement, sont nettement plus susceptibles de mourir du covid.

    Je suis sûr que le slogan « c’est pour leur bien qu’il faut les enfermer » aurait un certain succès

  • Cela ne marchera pas. Virus trop contagieux.

    • marcher. des tas de trucs « marchent » pour diminuer la probabilité individuelle de contagion.. mais par contre..

      pour ralentir presque « tout » marche..
      mais le qualitatif est une chose ce qui importe est le quantitatif..

  • Au-delà du bon sens un confinement ciblé (ou toutes autres mesures) est une technique de gestion des risques que l’on retrouve partout autour de nous. Un exemple de cette absence de gestion : la Bretagne est sous couvre-feu avec seulement 856 décès Covid depuis 12 mois (source ARS) ! Moyenne des décès annuel en Bretagne 35 000/3 350 000 habitants. Toute une région est contrainte pour 2,4% de décès supplémentaires chez des personnes âgées en fin de vie pour la plupart. On marche sur la tête.

    • Oui à des mesures ciblées, mais non, mille fois non, à un confinement ciblé ! Priver de liberté les plus fragiles ne résout rien ! Il faut bien les nourrir, les soigner, les distraire, voire les laver une fois qu’on leur a interdit de le faire seul et qu’on leur en a retiré les moyens.
      Ce ne sont pas les fragiles qui se contaminent, ce sont les autres qui veulent jouir avec insouciance de leur immunité qui les contaminent.
      La liberté de contaminer, donc de tuer, non merci !

  • Pourquoi toujours vouloir decider à la place des autres? La solution n’est pas l’infantilisation mais la responsabilisation. On devrait informer des risques et laisser chacum décider des mesures pour lui-même.

    • Exactement! Mais en France, laisser les individus décider et faire leurs choix librement, vous n’y pensez pas!

    • Effectivement, taper sur les retraités sans arrêt ça devient lassant! Que ceux qui tapent sans arrêt se méfient, les retraités « à risque » pourraient bien se lasser et inverser « le risque »!

  • Quand il y a un tueur en série qui tue uniquement les blondes de 30 ans, qui se protège les blondes de 30 ans ou le brun de 50 ans

  • pardon mais les mots ont un sens le confinement ciblé est discriminatoire… qu’il soit juste ou constitutionnel utilitariste est autre chose.. mais il n’y a rien de mal à « discriminer »..

    on a même inventé des mots tels que enfants/adultes, femmes/ hommes..français/étrangers, majeurs/mineurs….qui formalisent des tas de discriminations;.

    c’ets vous décrivez une personne vous la discriminez, on discrimine si on veut identifier!!

    On va le dire encore SI une personne a peur du virus c’est à elle de faire les plus grands efforts pour s’en protéger.. et ça ne rend pas la vie facile…on est d’accord..

    c’est à l’allergique de lire les étiquettes avec soin.

    • La discrimination n’est pas dans l’état différent des choses ou des individus ( hommes/femmes, adultes/enfants) mais dans le prétexte de l’existence d’une différence pour leur appliquer des traitements ou des contraintes différentes.

      • si vous voulez…

        mais peu importe..en pratique les gens qui se plaignent d’etre discriminés…en général veulent être ..discriminés positivement.

        les gens comprennent bien l’injustice.. mais vouloir ne rien discriminer signifie empêcher les gens de faire des choix..

        • Tous les dis-quelque chose sont négatifs( dis-torsion, dis-grace, dis-parition, dis-pendieux, dis-sonnant…..). Pourquoi seule la dis-crimination pourrait être positive?

  • ce que veut l’état , c’est la vaccination de TOUTE la population ; et pour ça , ils emmerderont les français jusqu’à la gauche ;

  • Non, surtout pas. Car, qui définirait quelle est la cible ? Quelque fonctionnaire, et sur la base de quels critères ?
    Et si on leur foutait un peu la paix, aux gens, et les laisser prendre leurs propres décisions, et surtout s’agissant de quelque chose qui les concerne de très près : leur corps.

  • Le confinement ciblé est discriminatoire.
    Est-ce légitime? Non.
    Le seul confinement légitime est celui que l’on s’impose.
    L’état est là pour faire respecter les droits de l’homme, pas pour les violer.
    Que l’état gère les frontières, contrôle les voyageurs (température, PCR- etc..)

  • C’est une blague? A l’heure de la discrimination positive ils osent nous sortir une violation du principe d’égalité, énonçant que les individus doivent être traités de la même manière? Lorsqu’on fait de la ségrégation des blancs dans leur propre pays?

  • Oui pour un confinement ciblé des plus fragiles face au Covid, mais il sera difficile de l’imposer sans contre-partie. Il faudrait peut-être que les plus jeunes soient obligés de donner de leur temps pour aider ceux qui resteront confinés, en réalisant pour eux des courses diverses, et en respectant les règles sanitaires. C’est ce que j’appelle de la véritable solidarité (pas celle qui est généreuse avec l’argent des autres), et je suis personnellement prêt à m’y investir.

  • Vous avez de très nombreux obèses , des diabétiques , ds hypertendus , des brochiteux chroniques qui travaillent tous les jours et ont des hautes responsabilités voire son chef de leur entreprise..donc vous allez leur dire « restez chez vous cear vous êtes à risque les autres peuvent eux travailler.. »..c’est discriminatoire et n’a donc aucun intérêt..

  • « On peut justifier le confinement des individus vulnérables car du fait de leur âge ou de leur état de santé ils ont davantage de risques de développer une forme grave de la maladie. Pour cette raison et afin d’être protégés, ils doivent être confinés. »
    La boucle infernale en train de se boucler. La bonne conscience protectrice (derrière laquelle se cache la pétoche) commande d’enfermer les personnes vulnérables, en bonne santé par ailleurs mais courant des risques (horresco referens) plus élevés. Principe de précaution et Etat nounou obligent, nous devrons bientôt tous arborer notre passeport santé dûment estampillé si nous ne voulons pas illico presto terminer notre promenade en tôle.

  • Le fil conducteur de cet article est effrayant !!! Il rappelle les pratiques d’un certain docteur J Mengele. Laissons les gens libres et responsables !!

  • Il y a quand même un sous-entendu étrange qui me sidère : les plus vulnérables n’auraient pas déjà eu tout seuls l’initiative de s’auto-confiner ?

    • Mais , mon cher Michel, quand on sort de l’ENA, c’est inimaginable!, pensez donc, des gens se sachant vulnérables qui auraient réfléchi au meilleur moyen de se protéger sans faire appel à l’Etat Nounou!

    • Vous allez leur arracher de la bouche la bienpensance solidaire durable et responsable financée avec l’argent des autres!

    • Et ça n’est pas sous-entendu, c’est juste implicitement omis.

  • Un confinement ciblé oui. MAIS sur la base du VOLONTARIAT ! Il est absurde de critiquer cette mesure privative de la liberté la plus élémentaire, celle de se déplacer, et de prétendre l appliquer à une fraction de la population.
    Dans une société libérale chaque individu a le droit de choisir de vivre ou de mourir, d être malade si ça lui chante.
    En outre, une immense majorité des personnes âgées se terrent chez elles, terrorisées, depuis un an et pour beaucoup d entre elles sans aucune aide. La plupart opteraient certainement pour un auto-confinement dans l attente d être vaccinées. Et ce, d autant plus facilement si on leur portait secours.
    Quel résultat aurait on obtenu par exemple si, des 400 Milliards ( et ce n est pas fini! ) que l État s apprête à réinjecter dans l’ économie pour éteindre d une main le feu qu il a allumé de l’ autre, on avait utilisé une poignée pour proposer des options de maintien à domicile aux personnes fragiles ? Repas livrés, démarches administratives prises en charge, suivi médical inclus.
    Il y a sans doute beaucoup d’autres pistes à explorer et le moins que l’on puisse dire c’est que nos gouvernants n ont pas fait preuve de beaucoup d’inventivité.
    Ils nous ont mis un marché en main dès le début : santé OU liberté. Or un état digne de ce nom devrait être en mesure de garantir l’ une sans sacrifier l’ autre !

  • J’espère qu’on te paie bien pour nous mentir. Vous finirez au bout d’une corde, comme vos prédécesseurs au 19 éme.

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