Géorgie : Ivanishvili quitte la politique après avoir amené le pays au seuil de l’OTAN et de l’UE

Bidzina Ivanishvili, leader du parti au pouvoir et ancien Premier ministre géorgien, se retire de la vie politique au moment où la république du Caucase est plus proche que jamais de l’OTAN et de l’Union européenne.

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Géorgie : Ivanishvili quitte la politique après avoir amené le pays au seuil de l’OTAN et de l’UE

Publié le 27 janvier 2021
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Par Guillaume Périgois.

La semaine dernière, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili était à Bruxelles pour rencontrer les dirigeants de l’UE au Parlement, à la Commission et au Conseil ainsi que le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, qui a à nouveau souligné que la Géorgie était sur la voie de son adhésion à l’OTAN.

Suite à une précédente réunion en décembre 2020, la Géorgie a vu son partenariat avec l’OTAN renforcé par des capacités de défense accrues, ce qui rapproche encore plus la Géorgie d’une éventuelle adhésion à l’OTAN.

Les efforts soutenus de Tbilissi pour rejoindre l’Alliance atlantique se comprennent aisément. La principale tension sous-jacente à la politique géorgienne est en effet issue des efforts incessants de la Russie pour faire pression sur son voisin méridional afin qu’il reste dans son orbite.

L’ancienne république soviétique a mené une guerre de cinq jours contre la Russie en août 2008, déclenchée par l’ancien président géorgien Mikheil Saakashvili, en dépit des mises en garde de hauts fonctionnaires américains, dont Condoleezza Rice, à son encontre. Douze ans après, Moscou occupe toujours l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, soit un cinquième du territoire géorgien.

Au cours de la dernière décennie, les dirigeants politiques géorgiens ont ainsi travaillé à une adhésion à l’UE et à l’OTAN, de la mise en œuvre d’un accord d’association avec l’UE à l’accueil d’exercices multinationaux de l’OTAN en 2019 et 2020.

Cette relation toujours plus étroite, patiemment tissée entre la république du Caucase et l’Ouest, est principalement à mettre au crédit de son ancien Premier ministre Bidzina Ivanishvili, qui a récemment décidé de passer le témoin à la nouvelle génération pour se consacrer à la philanthropie.

L’homme le plus riche de Géorgie a en effet déclaré, le 11 janvier dernier, qu’il avait décidé de quitter définitivement la vie politique après la victoire du parti Rêve géorgien aux élections législatives d’octobre 2020. Monsieur Ivanishvili a déclaré :

« J’ai décidé de me retirer complètement de la politique et de lâcher les rênes du pouvoir. Je quitte mon poste de président du parti, ainsi que le parti lui-même »

Bidzina Ivanishvili, dont le patrimoine est estimé à 5 milliards d’euros, a fait fortune dans la Russie post-soviétique en rachetant un ensemble d’exploitations minières, d’usines sidérurgiques, de banques et de biens immobiliers au cours des années 1990. Il en a vendu la majorité avant son élection au poste de Premier ministre en octobre 2012 en tant que chef du parti qu’il a créé, Rêve géorgien. Outre son départ, il a annoncé qu’il consacrerait plus de 90 % de sa fortune à ses activités philanthropiques.

Au-delà de cette plus grande proximité avec l’OTAN, la Géorgie semble avoir franchi un cap au cours des dernières années.

La pauvreté a été réduite de moitié, passant de 32,5 % en 2006 à 16,3 % en 2017, les moins favorisés bénéficiant des politiques du gouvernement et des nouvelles opportunités économiques.

Depuis 2012, le pays est aussi devenu l’un des meilleurs endroits au monde pour faire des affaires.

Le classement annuel Doing Business dressé par la Banque mondiale place la Géorgie à la septième place, devant le Royaume-Uni (huitième place), loin devant la France (32ème place) et bien au-dessus de 26 des 27 États membres de l’UE.

Dans son rapport 2020 sur la liberté économique dans le monde, le think tank libéral canadien Fraser Institute place la Géorgie parmi les leaders mondiaux en termes de liberté économique : « La Géorgie est classée au huitième rang des pays les plus libres économiquement, derrière Hong Kong, Singapour, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Australie, les États-Unis et l’île Maurice ».

La démocratie de cet ancien État satellite de l’URSS est maintenant solidement ancrée, comme en témoignent trois élections libres et équitables consécutives.

Le Parlement européen a ainsi fait l’éloge des élections législatives d’octobre 2020, déclarant que « les candidats ont pu faire campagne librement, ce qui a donné aux électeurs un véritable choix entre plusieurs plateformes ».

Un processus démocratique stable, un ancrage politique et stratégique à l’ouest et une économie libre : l’ancien Premier ministre laisse en héritage un pays qui peut se tourner vers l’avenir avec optimisme.

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  • bonne chance à eux !

  • Je ne sais pas si le fait d’être aux portes de l’OTAN est une très bonne chose pour cette nation !
    En fait cela permet simplement aux Étasuniens de venir faire des gesticulations provocatrices et débiles à proximité des frontières de la Russie qui ne souhaite que d’avoir autour d’elle des pays un tant soit peu neutres (et non anti-russes systémiques).

    • Je vous rejoins.

      Il faudrait d’abord que l’auteur, s’il est libéral, nous explique les bienfaits que cette bureaucratie internationale guerrière peut apporter à ce pays -comme aux autres d’ailleurs.

      Les progrès de la liberté économique dans ce pays -dont on ne peut que se réjouir- ne lui sont en aucune façon dûs.

      • Vous n’êtes pas des libéraux puisque vous soutenez l’impérialisme Russe et le dictateur, colonel du KGB, qui l’exploite. L’OTAN n’est pas une bureaucratie guerrière mais une alliance défensive face à l’impérialisme Russe, bien réel lui, comme on a pu le constater en Géorgie en 2008, puis en Ukraine!

    • Vous pourriez enfin cessez votre collaboration avec Moscou? Je vous signale que la Géorgie est un état indépendant, donc souverain, et que c’est à lui de décider de ses alliances, pas à Poutine qui rêve de reconstituer l’Empire Russe, imposé par le massacre de dizaines de millions de gens qui n’ont pas demandé d’en faire parti. L’OTAN n’est qu’une alliance défensive et n’impose aucune obligation à ses membres hormis de défendre l’un d’eux dans le cas où il serait attaqué! Or la Géorgie a été attaquée par la Russie en 2008. On comprend pourquoi il est impérieux pour elle de rentrer dans l’OTAN.

      • L’OTAN défend les intérêts américains (ce que De Gaulle avait bien compris), et le cauchemar des Américains, c’est que l’Europe pourrait se rapprocher de la Russie et bénéficier de son pétrole et de ses matières premières.

    • Tout à fait d’accord cet encerclement de la Russie par l’OTAN est totalement anachronique et contre-productif, je pense que le complexe militaro-industriel américain vit toujours en pleine guerre froide – La Russie sert toujours de repoussoir dans « l’inconscient collectif » de l’Establishment américain, il n’y a qu’à voir ce qu’on a dit de Trump sur ce sujet – il est d’autant plus contre-productif que la Russie (Poutine) continuera à se venger des affronts engendrés par ce dispositif en gênant partout où cela est possible la diplomatie américaine voire occidentale – je rappelle que depuis quelques années il existe un nouveau front en Extrême-Orient du fait de la montée en puissance et la volonté hégémonique du Parti Communiste Chinois – mon avis est qu’il vaut mieux avoir la Russie comme amie quand ça pétera ou pour éviter que cela pète…
      Les Russes (pas forcément Poutine) depuis Pierre Le Grand veulent s’intégrer à l’occident leur refuser cette amitié est une erreur géopolitique majeure. Elle peut à la limite se comprendre d’un point de vue américain car cela favoriserait plus l’Europe que les USA, qui pourtant sont censés être nos alliés (ah oui l’OTAN justement !).
      La Géorgie orthodoxe faisait partie de l’Empire Russe depuis la 9ème guerre Russo-turque de 1828 et le traité d’Andrinopole en 1829. La défaite turque avait été totale mais à l’époque déjà les puissances occidentales craignant l’hégémonie Russe en Asie Centrale avait tout fait pour contenir les avancées Russes (le Grand Jeu).

      • Et empêcher les Russes de « rendre aux Grecs la ville de césar » (Constantinople), tout cela pour ne pas laisser libres les détroits.

  • Bravo pour le redressement de la Géorgie et sa prospérité mais l’Otan n’est en rien responsable de ce succès !

  • Ce billet est remplis d’approximations. En particulier : Saakasshvili n’a pas déclenché la guerre, j’ai suivi de près les événements car j’y étais; on trouve des articles sur le sujet sur le web en cherchant un peu. « les moins favorisés bénéficiant des politiques du gouvernement et des nouvelles opportunités économiques » : j’aimerais bien voir ça ! « pauvreté réduite de moitié » : regardez l’évolution du lari versus euro ou dollar sur les dernières années : il a perdu la moitié de sa valeur. Sachant que tous les produits manufacturés sont importés…

  • Wouah, quelle belle publicité, « Un processus démocratique stable, un ancrage politique et stratégique à l’ouest et une économie libre : l’ancien Premier ministre laisse en héritage un pays qui peut se tourner vers l’avenir avec optimisme. ». Bon, cela doit faire un grand plaisir aux mafieux géorgiens qui ont déjà anticipé ce futur très UE/OTAN en s’installant dans nos belles contrées. Heureusement, les mafieux albanais ne sont pas encore dans l’UE parce que cela va devenir difficile de se partager le gâteau qui se réduit avec tous ces démocrates…

  • Les commentaires sont fermés.

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