Trump s’apprête à quitter la Maison Blanche : fini de rire ?

OPINION : l’humour fait de plus en plus souvent irruption dans la vie politique. Le rire est là, partout, tout le temps, véritable arme politique. Que dit de notre époque l’omniprésence de l’humour ?

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Trump s’apprête à quitter la Maison Blanche : fini de rire ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 janvier 2021
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Par Corentin Luce.

Al Franken, Marjan Sarec, Jón Gnarr ou encore Jimmy Morales. À moins d’être un féru du Guatemala, un citoyen du Minnesota à la fin des années 2000 ou bien boréalophile islandais, ces quelques noms ne vous diront probablement rien. Pourtant, l’un fut maire de Reykjavik il y six ans de cela, un autre, Premier ministre slovène jusqu’en 2020 ou encore sénateur du Minnesota. Essayons avec des exemples plus simples : Coluche, Beppe Grillo, Volodymyr Zelensky et dans une moindre mesure, Donald Trump et Silvio Berlusconi.

Qu’ont-ils en commun ?

Ce sont tous des stand upeurs, des entertainers, bref des comiques. Spécificité : ils ont été ou sont encore au pouvoir.

Au-delà de ces comico-politiciens, l’humour fait de plus en plus souvent irruption dans la vie politique : des talk-shows en passant par les chroniques humour des radios d’information, le rire est là, partout, tout le temps. Véritable arme politique.

De la candidature-canular aux présidents humoristes, en passant par le règne latent du sarcasme illustré par les déversoirs vulgaires à ciel ouvert que sont les réseaux qui n’ont de sociaux que leur nom, quelles sont les origines de la fusion entre le souverain et le bouffon ? Que dit de notre époque l’omniprésence de l’humour ?

Bréviaire de la relation entre pouvoir politique et humour

La relation entre pouvoir politique et humour a toujours été marquée par une ambivalence : outil intrinsèquement subversif, l’humour s’est tantôt attiré les foudres des souverains mais a aussi fait l’objet de convoitises. La filiation de l’humoriste contemporain avec le bouffon de jadis est évidente et témoigne de la diversité des rapports entre souverain et humour.

La « conscience ricanante »1 qu’est le personnage du bouffon a en effet traversé l’histoire de l’humanité : Michèle Nevert montre très bien que les bouffons étaient déjà présents à l’époque de la Grèce antique, aussi bien au théâtre que sur l’agora. En Égypte et en Asie, la figure du bouffon est plus intimement liée à la vie publique via sa participation aux cérémonies religieuses.

La chute de l’Empire romain fait figure de tournant : condamnés à l’errance et bien souvent à la mendicité, les bateleurs irriguent toute l’Europe, allant de foires en places publiques. De performances physiques à la narration d’anecdotes, ils parodient tous les beaux parleurs et les puissants. La caricature, par essence outrancière, donne lieu à toutes les fantaisies verbales.

Dans le même temps, une autre catégorie de bouffon va se développer : le fou du roi. D’abord décrit comme un simple d’esprit, le fou du roi va se professionnaliser au point de devenir à la Renaissance un personnage incontournable, réputé pour son sens aigu de la répartie, son habileté à utiliser le langage pour faire rire. Tour à tour flatteur, conseiller et même critique, le fou du roi bénéficie d’une liberté d’expression quasi-totale.

Le fou du roi a progressivement laissé place au bateleur puis à l’avènement de deux catégories d’artistes : les professionnels des performances physiques (magiciens, jongleurs) et les professionnels du comique (humoristes, imitateurs).

La fusion entre le souverain et le bouffon, quel héritage ?

La spécificité de l’époque contemporaine réside précisément dans la fusion entre la figure du souverain, aujourd’hui incarné par le chef de l’État ou le Premier ministre, et le bouffon, aujourd’hui représenté majoritairement par l’humoriste ou l’imitateur. Les Zelensky, Trump ou encore Jón Gnarr s’inscrivent donc dans un héritage particulièrement complexe dont les échos sont encore perceptibles dans leur exercice du pouvoir comme leurs prises de parole.

Le langage pour transgresser l’ordre établi

Ce qui frappe dans les discours de Trump, Berlusconi en passant par Zelensky, c’est leur caractère éminemment transgressif. Aujourd’hui, il s’agit de combattre le « politiquement correct ». Du temps des bouffons, c’était les flagorneries de la cour et l’arbitraire du pouvoir seigneurial ou royal.

Au cœur de cette transgression de l’ordre établi, le langage joue un rôle essentiel. Là où les bouffons usaient de la caricature à travers néologismes et autres barbarismes, les comico-politiciens vont plus loin : tout en réutilisant le sarcasme, ils enrichissent cet héritage via les fake news, stade ultime de la caricature et de la subversion. Avec les fake news, on répète une ineptie, non pour qu’à force de la répéter elle devienne  vraie comme au XXe siècle, mais parce que la réalité n’a plus aucun sens.

C’est là que les nouveaux comiques diffèrent des bouffons : à l’origine, les saltimbanques utilisaient la parodie et la caricature pour emmener l’auditoire dans un autre monde, imaginaire celui-là. Les Beppe Grillo et Berlusconi, eux, nous expliquent que le réel n’a plus d’importance, que rien n’est vrai.

Ultra fluidité

De ce fait, le bouffon a toujours participé à l’éclatement des structures : la subversion, d’une extrême fluidité, s’infiltre alors partout, n’appartient plus à aucun lieu spécifique. Le bouffon brillait par la diversité des situations dans lesquelles il se donnait en spectacle : au théâtre, lors d’une foire, sur une place publique. Idem pour les comiques au pouvoir : en discréditant le réel, le chuchotement infuse toutes les sphères de la société.

Il suffit d’attaquer les évidences, le bon sens puis le chuchotement se propage, nous submerge. Le doute apparaît, le tour est joué. Ils ont gagné.

Accessoirement, l’humour permet aux comico-politiciens de détourner critiques et responsabilités. Cercle vicieux. D’autant plus qu’il est presque impossible d’en sortir : on a beau tenter de convaincre le réfractaire, avec Alberto Brandolini, on sait désormais qu’il faut bien plus d’énergie pour essayer de réfuter un mensonge que pour le préférer. Autre possibilité, on use des mêmes armes que celui que l’on veut combattre : l’exemple américain montre bien que rire du bouffon (Trump) ne sert pas à grand-chose, si ce n’est polariser encore davantage et donc le renforcer.

Divertir à tout prix

Énième point commun entre les saltimbanques d’hier et ceux d’aujourd’hui : divertir la foule. Avec Trump, le constat est évident : il faut rire de tout, la politique, au fond, n’est qu’une vaste blague : ses discours sont une suite ininterrompue de grimaces et autres imitations (Pocahontas, Butt- edge-edge). Comprenez bien, il faut rire de tout puisque rien n’a d’importance, surtout pas les faits.

La formation politique de l’ancien maire de Reykjavik, baptisée « Le Meilleur Parti », assumait vouloir conquérir le pouvoir « pour s’en mettre plein les poches ».

Conclusion

De cette vulgarisation à outrance de la res publica, de ce nihilisme latent, peut-on espérer en sortir ?

En désacralisant sans cesse la vie politique beaucoup plus qu’en se dressant comme un contrepouvoir, l’humour semble de plus en plus se substituer à tout exercice de la pensée. Trump va peut-être partir, pas les comico-politiciens. Pas le sarcasme. Le sarcasme, véritable symptôme du malaise de nos sociétés, loin de remettre en cause un ordre, l’entérine.

Rions pendant qu’il est encore temps.

  1. Emmanuel Jacquart, le Théâtre de dérision, Paris, Gallimard, collection « Idées », 1974, p. 143.
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  • Les bouffons font peur comme les clowns, on ne sait pas uand ils plaisante ou quand ils sont sérieux. Mais qu’aurait été la France avec coluche président et le luron premiere dame ?
    On ne va pas rire tous les jours avec Biden, a part ces gaffes c’est un triste sire. Trump, au moins voilà quelqu’un qui sait vivre en dehors du temps.. Une partie golf pour l’investiture en écosse ha ha ha, eau de javel par intraveineuse ho ho ho ce type est hilarant. Macron nous a t il fait rire en 3 ans… Pas une fois, que des larmes.

    • Il n’a jamais dit que l’eau de Javel en intraveineuse guérissait la Covid. La spécialité de la gauche est de déformer en sortant des mots de leur contexte pour discréditer les gens! Et certains se font avoir et répètent ces inepties!

    • Ce n’était pas de la Javel. Il n’avait pas bien capté le produit., il a fait une confusion.

      • C’est vous qui confondez, lisez la retranscription de ses dires, rien à voir avec la déformation par les media!

        • Tu as raison il ne précise pas la nature du désinfectant de surface . Mais le fait d’y a voir songer utiliser un désinfectant de surface in vivo pour détruire un virus ou microbe. On st’attend plutôt à entendre ce type de propos dans la bouche d’un enfant de 7 8 ans pas d’une personne adulte à l’intelligence normale. Donne-moi des exemples de produits désinfectants à ingérer ou nettoyer les poumons, pour détruire une bactérie pathogène ou un virus ? À part les antibiotiques un antirétroviral ou bain de bouche, mais dans ce cas il n’ya pas ingestion. Je ne vois pas.

          • On oublie intelligence normale je préfère pensées raisonnement conduite enfantine, doublé d’un trouble de la personnalité « envahissant ».

  • Intéressant mais cela témoigne aussi du désir de changement radical, voire désespéré, de la part des votants : pour en arriver à élire, faire confiance, à des personnages comme Trump et Berlusconi, faut être franchement agacé par les autres. Ensuite ils se maintiennent (surtout Berlusconi) grâce au clientélisme. Trump à ce niveau a manqué de subtilités et ses manoeuvres honteuses de copinages/chantages n’ont pas suffi.
    Il est écrit que les fous du roi maitrisaient le langage etc, force est de constater que Trump ne rentre pas dans cette catégorie : son champ lexical est très réduit, il a des expressions enfantines, et ne fait preuve d’aucune habilité dans ses discours. Certes, il n’est pas bête, mais il est fou, c’est certain.

    • Ceux qui qualifie les autres de fou manquent totalement de raison, c’est certain. C’est dans les actes que l’on peut reconnaître la folie, et rien dans le bilan de Trump ne justifie cette offense. Tant sur le plan économique que diplomatique. Je ne suis pas un fan de cet homme, mais je déteste les excès de langage et l’acharnement sur les boucs émissaires de la gauche, qui a bien plus de choses à se reprocher!

      • Trump n’a pas été un mauvais président sur le plan économique (même si on peut lui reprocher ses politiques à coup de taxes et de subventions pour forcer la relocalisation de certaines activités ou pour nuire à la libre concurrence) ni diplomatique (son non-interventionnisme au niveau mondial). Mais son déni maladif de sa défaite et ses colères enfantines ne le placent pas dans la catégorie « stable ».

        • Je vous signale que la Chine triche sur tous les plans et bafoue ouvertement la liberté du commerce! Quant à l’UE elle ne se gêne pas pour appliquer des droits de douane et des règles pour dissuader les importations américaines. Si on souhaite la liberté il faut que tout le monde l’applique!

          • Oui, et ? Ai-je dit le contraire ? Si on souhaite la liberté, on commence à l’appliquer soi-même et pas faire comme le voisin… Si vous justifiez les décisions illibérales de Trump par celles prises par la Chine, vous n’êtes pas prêt d’arriver à la liberté.

  • J’en déduis que chez nous, avec leur tronche de constipés, leur mine grave *, nos zélus nous mettent à l’abris des dérives trumpetistes et berlusconniennes.

    L’absence de sarcasme de Lemaire, de la Borne (a péage), le catastrophisme de Castrex et la tronche de faux derche de Macron sont autant de lueurs d’espoir dans ce monde de joyeux farceurs qu’est la politique…

    * « La gravité est le bonheur des imbéciles » ( et le bouclier des sots)
    Montesquieu

  • Merci pour ce rappel à l’intérêt du fou du roi. Je comprends enfin le choix politique fait en juillet dernier ! ?

  • Oui certes Trump est peut-être un bouffon…Mais je serais bien plus sévère avec lui : c’est un psychopathe qui n’agit que dans ses seuls intérets personnels et familiaux…Il a quand même réussi à donner deux sénateurs à la Géorgie dont un pasteur noir (MLK)..Et le plus jeune sénateur de l’histoire (probablement) depuis Biden..Et tout cela sous le regard médusé et colérique des 2/3 du GOP…qui aura du mal à s’en remettre…Il a foutu en l’air la démocratie américaine ou tout du moins a essayé de le faire…Je souhaite juste maintenant qu’il rende des comptes à la justice de son pays…

    • Voilà une opinion politiquement correcte, même dans le journal de piscou, ça passe comme un bulletin de vote par correspondance duement validé par la presse.

      • @Avorton

        Pourquoi TRUMP et ses avocats ne lance til pas une cagnotte ? 1 0 0000 € à la les personnes qui rapporteront des allégations robustes de fraudes MASSIVES à la justice dans les 3 états ?

        « des juges qui ont entendu les arguments juridiques utilisés par l’équipe Trump les ont démolis, souvent avec un langage peu flatteur.

        Et cela tient aussi bien pour les juges nommés par un président démocrate qu’un président républicain, voire les juges nommés par M. Trump lui-même. »

        N’inversez pas la charge de la preuve un grand classique des théories conspirationnistes.

        https://youtu.be/3KWkYPPZiPM

    • moi je ne vois pas les choses comme ça je souhaiterais que les présidents qui abusent du pouvoir soient sanctionnés.
      Or, en général, quand on affaire à des présidents non populistes certaines entorses leur sont pardonnées..

      je pense exactement le contraire trump est un résultat démocratique..il aurait du être vu comme tel.

      Mais ceux qui aurait pu bénéficier de cela ,, les démocrates, ne l’ont pas fait pour l’essentiel , ça les a renforcé dans leur idée d’etre le camp du bien et d’ignorer davantage leurs double standards de jugement.. une minorité a t elle changé de camp. .passant à trump..

      • @Jacques Lemieres

        Car vous croyez que le parti républicain n’est pas persuadé de représenter le camp du bien le déni le double standard les raisonnements motivés prospèrent en politique à droite comme à gauche. c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

        « Or, en général, quand on affaire à des présidents non populistes certaines entorses leur sont pardonnées.. »

        On peut compter sur l’opposition pour se saisir de la justice elle ne fait son travaille d’ailleurs dans démocratie ‘saine’ avec une application stricte des pouvoirs législatifs et exécutifs dans le cas d’un abus de pourvoir manifeste le moindre écart est sanctionné. Trump va peut être manger chère avec la tentative de corruption par téléphone et la saillit sur capitole.

    • Vous êtes grotesque, ce genre de vindicte est inadmissible chez une personne intelligente. Et la justice n’a rien à lui reprocher!

      • Après la tentative de coup d’état, vos yeux vont peut-être s’ouvrir… ou pas.

        Je ne suis pas psychiatre, je ne ferai donc pas de diagnostic comme sainté. Son attitude est un coup de poignard dans la démocratie américaine. Personne d’attaché à la démocratie et aucun libéral digne de ce nom ne peut plus le soutenir après cela. Et essayer de minimiser ou d’allumer un contre-feu en évoquant les turpitudes réelles ou supposées d’autres n’est qu’un bien piètre système de défense.

        Trump s’est conduit non en bouffon mais en gosse capricieux et égocentrique. Le capitalisme de connivence (ou la connivence tout court) est une seconde nature pour lui, les grâces qu’il vient d’accorder sont un scandale pour reprendre ses dernières ignominies en date.

        Biden n’est peut-être pas meilleur, mais je vais dire comme je l’ai dit pour Trump il y a quatre ans : il a été démocratiquement élu, c’est le choix du peuple américain, qu’on lui laisse sa chance.

        • On parle de coups d’État quand les militaires avec la complicité active de politique prennent le pouvoir par les armes ici ce n’est pas vraiment le cas. Sans être psychiatre, on peut affirmer qu’il a un trouble de la personnalité qui lui réussi plutôt bien jusqu’a maintenant.

  • « il faut bien plus d’énergie pour essayer de réfuter un mensonge que pour le préférer. » que pour le proférer.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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