Référendum sur l’environnement : un président apprenti sorcier

Parler d’écocide revient à mettre au même niveau de droit la nature et l’Homme. C’est un changement fondamental de perspective, un tournant à 180 degrés, un oubli des Lumières.

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Référendum sur l’environnement : un président apprenti sorcier

Publié le 22 décembre 2020
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Par Michel Negynas.

Le président Macron a promis aux membres de la Convention citoyenne pour le Climat de soumettre une de leurs propositions phare qu’ils ont eux-mêmes formulée ainsi :

Ajouter au préambule de la Constitution, après la proclamation de « l’attachement aux Droits de l’Homme et aux principes de la souveraineté nationale », la phrase : « La conciliation des droits, libertés et principes qui en résultent ne saurait compromettre la préservation de l’environnement, patrimoine commun de l’Humanité ».

À l’article 1 de la Constitution, il s’agirait d’ajouter la phrase : « La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique ».

Nous ne ferons pas injure au président de croire que cette promesse est innocente. C’est de la pure politique politicienne :

  • Elle a peu de chance d’aboutir, car elle doit passer au Sénat, dont on sait déjà qu’il est très réservé.
  • Elle place donc la droite devant un dilemme : soit passer pour anti-écolo, soit faire un cadeau électoral à Emmanuel Macron sur un sujet susceptible de le rendre acceptable aux électeurs écologiques modérés.
  • Il pense que cela ne mange pas de pain.

 

Sur ce dernier point, il a tort. Nous avons vu que ce qui se cache derrière la proposition du délit d’écocide est un vrai changement philosophique.

Parler d’écocide revient à mettre au même niveau de droit la nature et l’Homme. C’est un changement fondamental de perspective, un tournant à 180 degrés, un oubli des Lumières. L’abandon de l’infraction crime pour l’infraction délit dans la proposition du garde des Sceaux en atténue l’effet, mais l’idée est bien là.

 

Examinons maintenant la proposition de la Convention

Comme nous l’avons déjà souligné, l’aspect sémantique n’est pas anodin.

L’environnement 

Utilisé ici c’est un mot valise à connotation écologique. Mais sa vraie signification est « tout ce qui n’est pas inné » et qui intervient dans notre vie. La faune, la flore, ne sont qu’un aspect de notre environnement. Devons-nous aussi maintenir les villes figées dans leur aspect et leur organisation ? Avec quelle référence ? Haussmann ?

La préservation

Selon le Larousse : « Protéger quelqu’un, quelque chose, le mettre à l’abri d’un mal éventuel ». Mais l’environnement peut être agressé par bien d’autres facteurs que l’action de l’Homme ! Faut-il donc empêcher les tremblements de terre, l’érosion, les cyclones ? Notre environnement doit-il être préservé, non seulement à la suite de dommages commis par les humains, ou même en leur absence ?

L’environnement, patrimoine commun de l’humanité 

Curieusement cet ajout contredit la proposition d’écocide, puisqu’il repositionne l’Homme comme propriétaire de son environnement. Tant mieux.

La biodiversité 

Là encore, un mot valise, un concept à la définition floue : quid des blattes, des poux, des termites, et même des bactéries ?

La lutte contre le dérèglement climatique 

Quel dérèglement ? Le climat a toujours varié. Quel est le bon climat pour la France ?

Sémantiquement, la formulation de la proposition et le flou des concepts en jeu ne sont guère du niveau de la rédaction de la déclaration des droits de l’Homme et de la Constitution.

Mais l’affirmation importante est « la République garantit ». Le texte fait reposer son application sur les institutions. Ce sont elles qui sont visées, comme pour le principe de précaution. On voit bien que c’est dans l’air du temps, avec l’épidémie d’actions en justice intentées contre les gouvernements, que ce soit pour le climat ou le covid… D’ailleurs, est ce qu’un virus, c’est bio ? Dans ce cas, le texte s’appliquerait au coronavirus…

La stratégie des décroissants est claire : faire voter des lois qui se retourneront contre ceux qui les promulguent.

« L’emploi des intangibles : habile, le stratège disposera à son gré de toutes les marches de son adversaire en préparant soigneusement les lieux où il souhaite précisément qu’il aille. Le stratège fait en sorte de lui aplanir toutes les difficultés et de lever tous les obstacles qu’il pourrait rencontrer ; en cela, il crée les conditions psychologiques favorables en lui enlevant les inconvénients trop manifestes et les craintes ressenties qui pourraient le faire renoncer à son dessein. La grande science étant de lui faire vouloir tout ce que vous voulez qu’il fasse, et de lui fournir, sans qu’il s’en aperçoive, tous les moyens de vous avantager dans vos plans. » Tsun Tzu  – Les forces de la raison – Chapitre 6.

 

Les conséquences possibles

L’environnement aurait donc un droit à être préservé. Pour l’instant, les experts juridiques sont partagés sur l’effectivité de ce texte.

Il y a déjà la Charte de l’environnement, laquelle donne un droit au citoyen, celui de vivre dans un environnement sain.

Le texte ci-dessus place en victime, non pas le citoyen mais l’environnement lui-même. Comme pour l’écocide, le texte élève un objet, un concept, à savoir l’environnement, la biodiversité, au rang de personne morale possédant, en quelque sorte, des droits. Si le texte était voté comme tel, ses contradictions et le flou des mots-valises employés permettraient un éventail étendu d’interprétations. On ne sait pas trop si dans ces conditions, la proposition change vraiment quelque chose sur le plan juridique.

Mais sa portée est symbolique et le président semble ne pas percevoir que cela pourrait être une victoire inespérée pour les écologistes radicaux, un évènement considérable. Le poison va se diffuser inexorablement dans nos sociétés. Si ce texte était vraiment inscrit dans notre Constitution, ce n’est pas tant, dans un premier temps, ses conséquences directes qu’il faut craindre, mais l’établissement d’un état d’esprit suicidaire, en particulier dans l’administration.

Nous avons maintenant du recul sur l’inscription du principe de précaution dans la Constitution : il existe peu d’exemples de jugements qui en sont directement liés. Par contre, il est évident que toutes nos institutions sont devenues précautionneuses, à tel point que cela est devenu contre-productif, comme par exemple les frayeurs de l’Agence de sûreté nucléaire qui va rendre quasiment impossible la construction de centrales nucléaires en France, ou encore les frilosités pendant la pandémie, qui nous ont privé de masques et de tests au printemps.

 

La symbolique plus forte que la rationalité

L’écologisme radical est une idéologie dogmatique.

Comme toute croyance, elle prospère sur les mots et les symboles, en connaissance de cause. Elle joue sur les ambiguïtés. Le texte proposé utilise des mots-valises, susceptibles d’interprétations diverses, ouvrant la porte à l’extrémisme et à des tournants philosophiques radicaux. S’il était promulgué, ce serait un poison lent pour notre prospérité.

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  • Il me semble que ce n’est pas le changement climatique en lui-même qui est exceptionnel mais bien la rapidité de ce dernier.

    • C’est mal dit et c’est douteux.
      Allons d’abord dans la caricature…quand un météorite géant s’abattit sur la terre …

      Observations..
      Evidemment on ne peut regarder celles associées à l’instrumention contemporaine..( le covid est exceptionnel..d’abord en regard de la façon dont on l’observe!)
      et alors…

      Vous avez d’ailleurs l’essence du débat…parce que selon vous c’est exceptionnel vous incite à regarder l’homme comme la cause mais ça n’est objectivement exceptionnel en raison de la façon dont l’homme le regarde..

      éliminer la variation naturelle comme cause relève du choix et de la pensée circulaire*..

      et quand un type a une certitude à 95%, valeur qu’il a bien du mal à expliquer (cf*), ça signifie qu’il ne sait pas.

      • Ai-je dit que c’était l’homme? Non, j’ai parlé de changement climatique plus rapide que lors des précédents cycles. Que l’homme y soit ou non pour quelque chose n’est pas important pour moi, vu que cela débouche malheureusement sur plus de taxes au lieu de se baser simplement sur la protection concrète de l’environnement (boues rouges…).

    • Argument classique des réchauffistes quand on leur parlent des précédents périodes d’optimum climatique qui étaient bénéfiques, contrairement aux périodes glaciaires.
      On n’en sait rien.
      Par contre on sait que détruire l’économie libérale est toxique, et aller vers une économie planifiée source de souffrances.
      Depuis 1989, le RCA est le faux nez des socialistes.

      • Est ce que j’ai dit qu’il fallait détruire l’économie pour « lutter » contre le changement climatique? Non, bien au contraire. Je préfère une économie libre permettant l’innovation.

        Perso, je me moque éperdument qu’on ai 2-3-4°C de plus, sachant qu’on s’est adapté à pire.

        Qu’il y ai des études sérieuses prouvant le RCA (Giec) ou le contraire (le site des climato-realistes) n’est pas le problème. Le problème a toujours été politique.

    • +0°8-0°9 de moyenne depuis le milieu du XIXè siècle… Il y a plus rapide comme rythme. On est tjrs en dessous de l’optimum médiéval.

      Vous faites allusion à la phase d’augmentation des années fin 70, 80 et début 90. Les réchauffistes font tjrs allusion à cette période qui colle parfaitement avec leurs crédos. Pendant cette période l’augmentation (relativement) rapide a coïncidé avec une augmentation parallèle du taux de CO2. Corrélation opportune pour nos écolo-décroissants leur permettant de taper sur la société industrielle essentiellement capitaliste (curieux hasard, n’est-il pas?).

      Cependant, les écolos font tjrs très opportunément l’impasse sur une analyse plus large du phénomène.
      Tout d’abord, cette période de croissance fait suite à une période immédiatement antérieure (années 50-60) où la crainte était plutôt au refroidissement voire même à une nouvelle période glacière (voire certains titres du Time de l’époque).
      Ensuite cette fameuse période de croissance s’est terminé en 1998, date à partir de la quelle la croissance s’est très très nettement ralentie (voire quasi-stagnation) entrainant une décorrélation avec le taux de C02 qui a continué à augmenter de manière inchangée (cf GIEC lui-même). Il devenait donc de plus en plus difficile de tenir un discours simple sur ce fameux « réchauffement » d’où l’évolution sémantique en « dérèglement » climatique… 🙂
      Enfin, tous les réchauffements antérieurs, ainsi que ce dernier, n’ont jamais été réguliers mais avec des phases de croissance et de ralentissement. Ce dernier optimum ne fait pas exception.

      Tirer des conclusions sur une période de seulement 20 ou 30 ans sans regarder l’ensemble de la courbe depuis 200 ans et sans regarder les courbes des optimums plus anciens est le meilleur moyen de faire des erreurs mais c’est indispensable si on veut essayer de manipuler les foules dans un but politique. Il faut ensuite veiller à faire en sorte que personne ne pose trop de question, que les personnes qui pourraient en poser n’aient pas d’intérêt à en poser ou que ceux qui en posent malgré tout soient inaudibles…

    • @ Koris
      C’est totalement faux! C’est encore un argument falsifié des escrologistes, puisqu’il y en eu un aussi rapide de l’an 650 à 800 où la température a gagné 1°. C’est l’époque des Vikings qui ont installé 2 colonies au Groenland. Nos très chers écologistes occultent délibérément le passé climatique de la Terre, car cela détruit leur arnaque de la responsabilité de l’homme! Je vous conseille de lire le livre d’Emmanuel Leroy-Ladurie sur le climat :
      Histoire du climat depuis l’an mil. Le climat de la Terre n’a JAMAIS été stable et ne le sera jamais. On sait très peu à ce propos et on ne comprend pas du tout ces variations incessantes. Nous sortons d’un refroidissement qui a duré de 1300 à 1860, depuis la température remonte!

  • Les lois-passe-partout sont la caractéristique des régimes dictatoriaux, permettant de condamner toute personne, ou pensée ou action qui déplait au conducator, führer, petit père des peuples, grand timonier, lider maximo ou manu macro, tout en prétendant le faire dans le respect total de la légalité ; la France n’en est pas encore au stade des procès de Moscou, mais elle en prend le chemin, en combinant le principe de précaution à l’écocide

    • Le conseil de l’ordre des médecins vient de mettre en examen les professeurs Raoult, Peronne et d’autres coupables de non conformisme. Les procès de Moscou ont donc déjà commencé!

  • c’est surtout au niveau des politiciens que l’on aurait besoin d’un environnement sain ; parce que entre l’apprenti sorcier en question , son clan d’amateurs et ces écolos qui savent mieux que nous ce qui est bon pour nous , j’aime autant vous dire que l’on n’est pas sorti de l’auberge ;

  • Et à la suite de cette idée farfelue de referendum, voici venu le temps des renvois, radiations et éventuels procès de médecins certifiés non conformes. C’est grave!

  • Etrange paradoxe que de sacraliser tout ce qui est naturel et « en même temps » de promouvoir la PMA, bientôt la GPA et de ne rien faire pour essayer de réduire le nombre d’avortements.
    Macron est un pur politique qui n’a aucune conviction, sinon celle de penser qu’il est le meilleur.
    Notre société est foutue, elle a oublié que l’Histoire est tragique et que les menaces les plus probables n’ont rien à voir avec le dérèglement climatique.
    Elles sont beaucoup plus classiques telles que les conflits armés.
    Ce n’est pas parce que nous sommes en paix depuis 75 ans que ça va durer toujours.
    Au lieu de nous enfumer avec le climat, Macron ferait bien de nous préparer à la guerre civile qui nous attend dès que la comédie Covid sera terminée.

  • Il est probable que les électeurs votent massivement NON, simplement pour manifester leur mécontentement, et peu importe la question posée. Comportement classique quand les électeurs ont l’impression de ne pas être entendus. Macron prend un gros risque…

  • La constitution a mieux à faire que d’accueillir les lubies d’un apprenti sorcier.
    Revenons à la lettre et à l’esprit de sa création en 1958:
    Septennat et utilisation non dévoyée de la DDHC qui laisse la porte ouverte à des interprétations privant l’Etat régalien de l’exercice de ses missions premières.
    Non à la république des juges!

  • La prospérité est déjà détruite. Après avoir anéanti l’industrie française ils sont en train d’achever ce qui restait: automobile, aéronautique et nucléaire. Et maintenant ils s’attaquent à l’agriculture et à l’agro-alimentaire, autre point fort de la France! Les Allemands et les Hollandais nous ont déjà dépassé sur ce plan là. Bientôt le pays sera également déficitaire dans ce secteur!

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