Une réponse libertarienne à la crise sanitaire

Opinion : rester confiné ou pas ? Et si on pouvait choisir ?

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Une réponse libertarienne à la crise sanitaire

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 décembre 2020
- A +

Par Rafael F. Guenoun.

À l’approche des fêtes, et au vu des différentes restrictions qui doivent s’appliquer (ou pas) lors des célébrations de Noël et du jour de l’an, il convient de faire un point sur cette année 2020 et sur ce qu’elle nous apprend de notre rapport à la liberté et du système politique sur lequel nous nous reposons pour résoudre des problèmes collectifs.

Très tôt lors de la pandémie, nombreux furent ceux qui dirent – un peu vite – qu’il n’y a « pas de libertarien dans une pandémie ».

La réponse du Cato Institute à un tweet fort réducteur de Derek Thompson, journaliste à The Atlantic, ne tarda pas à arriver. Pourtant, mis à part pointer les échecs des gouvernants, l’article de Cato n’explique pas en quoi le libertarianisme répond aux problèmes que rencontrent les citoyens des pays occidentaux, qui mangent vague après vague de ce satané virus et, avec chaque vague, leur lot de restrictions.

Soyons clairs : les discussions sur la gravité de la maladie, l’action (et/ou l’inaction) des gouvernements, ou encore sur les traitements efficaces ou acceptables n’ont que très peu de chances d’aboutir à un consensus, du moins à court terme.

Par exemple, certains diront qu’on ne doit pas enfermer toute une société pour une maladie qui n’affecte gravement que les personnes âgées et/ou souffrantes de pathologies préalables. Nombreux sont les libéraux et libertariens ayant adopté cet argument qui débouche sur un nouveau débat éthique : qui décide de qui meurt lors d’une pandémie ?

Autrement dit : si elle n’affecte que « les vieux » et les « faibles », est-il acceptable que tout reste ouvert et donc qu’on les laisse mourir, ou que l’on assigne à résidence les individus à risque ? Je n’ai pas de réponses à ces questions, bien que – en tant que parent d’une personne présentant des comorbidités – j’aie ma propre opinion.

En tant que libertarien, je considère que cette opinion n’engage que moi et les personnes avec qui je m’associe volontairement. Et voilà précisément en quoi les libéraux et libertariens peuvent participer à la résolution pacifique de l’aspect politique de cette crise sanitaire..

Nous avons, à présent, assez d’information pour comprendre quelles mesures politiques engendrent quelles conséquences sanitaires (notez : pas quelles sont les bonnes ou les mauvaises mesures, ces appréciations étant purement subjectives).

L’expérience suédoise nous montre que l’ouverture entraine une plus grande circulation du virus. Celle de Taïwan nous prouve que des restrictions des libertés individuelles, notamment de la libre circulation des personnes, permet de limiter la circulation du virus, donc les contaminations, donc les décès et/ou la surcharge des hôpitaux.

Plus loin encore, l’expérience de la ville de Gunnison, au Colorado, lors de la grippe de 1918, est très instructive. Ce petit patelin de 1300 habitants s’est entièrement renfermé sur lui-même et a tout simplement empêché le virus d’y entrer pendant les deux premières vagues.

Par ailleurs, le fédéralisme à la suisse ou à l’allemande – plus respectueux du principe de subsidiarité – a ses limites, car il se repose toujours sur l’outil démocratique pour décider pour des groupes entiers d’individus. La circulation constatée du virus dans ces deux pays démontre que ce mode de prise de décision reste trop lent dans les circonstances actuelles.

Aussi, j’entends et je comprends les personnes qui veulent travailler, sortir, boire un verre avec ceux qu’elles aiment et qui leur manquent. J’entends et je comprends les personnes qui ne souhaitent pas sortir de chez elles, ou mettre leurs enfants à l’école, de peur de tomber gravement malade. Toutes ont raison. Les premières préfèreraient vivre en Suède, avec les risques sanitaires que cela implique. Les secondes seraient plus à l’aise à Gunnison.

Alors, pourquoi ne pas permettre à ces solutions de coexister, de manière hermétique ? En effet, l’approche démocratique à la crise sanitaire, même sous ses formes les plus décentralisées, créé énormément de défiance. Au-delà de la maladie, le risque n’est pas seulement que l’économie coule, mais que les individus ne puissent plus coexister pacifiquement. La politisation de sujets comme les masques ou la vaccination en est un exemple flagrant.

Le libertarianisme, et notamment une de ses sous-branches les plus radicales, l’anarcho-capitalisme, apporte une réponse pratique à cette problématique. En effet, c’est par la constitution de communautés volontaires, vivant parallèlement les unes aux autres, que nous pourrions maximiser la satisfaction des individus.

Or, au lieu de constituer ce type de « bulle collaborative », nous commettons collectivement une erreur : nous demandons à des personnes élues par une grande minorité (et non pas la majorité des citoyens) de prendre à notre place des décisions qui nous affectent et vont trop souvent à l’encontre de nos besoins, nos envies, nos aspirations.

Par exemple : je préfère cent fois retirer mes enfants de l’école et entrer dans une bulle avec des amis ayant aussi des enfants et respectant des règles strictes de protection, plutôt que de déléguer leur protection à des profs et des surveillants, dans des établissements bondés. Je respecte les personnes voulant que leurs enfants aillent à l’école, mais je ne souhaite pas m’associer à eux.

Certes, il est vrai que cette approche ne répond pas proprement à l’aspect sanitaire de la propagation rapide de la COVID-19. Elle n’y prétend aucunement! Si, comme on peut l’entendre, chaque individu est relié à n’importe quel autre sur la planète par un maximum de 6 poignées de mains, et que nous sommes en moyenne à 3 poignées de mains d’une personne âgée, alors une approche se basant sur l’association volontaire pourrait engendrer des fuites, des faiblesses dans les protocoles sanitaires de chaque communauté qui décide un isolement strict. Cependant, n’est-ce pas le cas aussi dans l’approche top-down qui nous est actuellement imposée? Lorsque les individus sont placés sous cloche contre leur gré, les contournements, les soirées clandestines, le besoin bouillonnant de contact humain créent les trous dans la raquette du protocole sanitaire à taille unique.

Dans un système volontaire, la créativité est permise, et même encouragée. Un professeur âgé ayant peur de donner cours dans un lycée surchargé serait rassuré d’être le tuteur d’une classe de 3 à 5 élèves. Un bar associatif pourrait se former dans une bulle de 10 personnes.

Et la collaboration est un vecteur de réduction des coûts, permettant même aux personnes les plus modestes de trouver des solutions. Surtout si, au lieu de continuer à faire tourner des écoles à plein, à vide, en hybride, au gré des changements de circonstances… l’État renvoyait l’argent collecté via l’impôt aux parents d’élèves, afin qu’ils choisissent la solution éducative la plus pertinente pour leurs enfants.

Ne soyons pas naïfs : le virus circulera tant que nous ne serons pas immunisés. Cela prendra du temps, si cela arrive. En attendant, que celles et ceux souhaitant prendre leur risque le prennent. Inversement, que celles et ceux souhaitant se protéger le fassent. Chacun de leur côté, plutôt que dans la soumission à un « idéal » républicain qui voudrait que nous subissions tous les choix d’un petit groupe vraisemblablement bien intentionné, mais incapable de répondre à des demandes aussi contradictoires qu’il y a d’individus dans le pays.

Donc, confiné ou pas ? Les deux !

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  • A fait comment se fait-il qu’aucune compagnie d’assurance ne veuille couvrir le risque qu’implique ce « virus chinois » ?

      • comment? qu’est ceux vous empêche de créer une société qui « assure » contre quoi d’ailleurs…

      • Définissez clairement le risque à couvrir, et vous verrez que non seulement vous trouverez des compagnies d’assurance prêtes à le couvrir, mais que de plus cela contribuera considérablement à remettre en bon ordre les informations sur la nature et l’intensité de ces risques suivant les comportements. Aujourd’hui, ça n’est palus le degré de risque qui est le déterminant, mais l’impact médiatique qu’on peut donner à ce risque. Comme si la prime d’assurance d’un paquebot était déterminée non pas par ses équipements de sécurité et les conditions des eaux où il navigue, mais par les films qu’on tirerait — ou non — de son naufrage…

  • Est ce que ce refiler ce virus « involontairement  » est assimilable à un crime….NON… fin de la discussion.
    mieux imaginiez que vous VOULIEZ refiler ce virus à une personne.. bien souvent il se rend pas compte parfois vous échouez,… tu parles du crime…

    C’est dans le domaine de ce qu’on appelle le civisme..

    On va blamer un type non pas parce ce qu’il fait à le moindre effet prouvé mais par ce que ça déplace vraisemblablement des probabilités que ..les hôpitaux soient débordés..
    Normalement la suspicion devrait porter sur les malades!!! ben non.
    tout malade est une victime.. tout contrevenant aux règles est un criminel à qui on souhaite souvent d’etre malade!!!!

    Les mesures sont tout à fait similaire aux règles de limitations de vitesse…dont le niveau est fixé en regarde de l’acceptibilité du nombre de morts sur la route …

    Une remarque je fais partie de ceux qui pense qu’ une amende civique devrait avoir le même impact sur le riche ou le pauvre…

    • Une remarque je fais partie de ceux qui pense qu’ une amende civique devrait avoir le même impact sur le riche ou le pauvre…

      Comment définissez vous un riche et un pauvre?
      Et si j’ai 99% de ma fortune dans un wallet?

  • oui…. au mieux on ne peut invoquer la volonté d’anticiper..et la « bêtise » des foules à comprendre cela… c’est l’equivalent des histoires d’ogres pour les gamins..
    mais beaucoup de gens jouent la comédie… il suffit de voir les agressions dont peuvent être victimes ceux qui dérogent aux règles même absurdes..

  • @vik , pourquoi croyez vous que l’on ne nous donne jamais le nombre de gens qui ont contacté le virus depuis le début de la pandémie et qui sont guéris ? 2 086 288 personnes positif , 2 000 000 sont guéris …..en France….mais chuuut ! surtout ne pas donner d’espoir à la populace ….

    • si un type me dit qu’en france 2 086 288 ont contracté le virus. voire sont positifs ( sens) au virus..je lui demande comment tu sais ça.. et lui fais remarquer..alors si j’extrapole à 68 000 000à je peux en déduire quoi??
      non on en sait moins que ça…

    • Il ne faut pas essayer de faire dire aux chiffres plus que ce qui s’en dégage clairement. 2479151 « cas confirmés », donc personnes ayant été testées au moins une fois positives. Ca ne veut pas dire grand chose,si ce n’est que ces personnes ne sont ou seront très probablement plus susceptibles d’être contagieuses dans quelques semaines…
      Le chiffre important est celui des nouvelles hospitalisations et admissions en réanimation. Les autres ne sont utiles que s’ils aident à en prévoir l’évolution mieux qu’une simple extrapolation « à l’oeil » et qu’une évaluation de bon sens à partir du comportement observé des Français.

  • Il semble que certains pays aient tendu vers l’expérience de Gunnison ; il se trouve que ces pays sont des îles (Taïwan, Japon, Nlle Zélande), ou des presqu’îles (Corée du sud). Il est certain qu’en filtrant très sévèrement les entrées sur leurs territoires dès le départ – et aujourd’hui encore – ces pays se sont facilité la tâche…

    Après, la solution des « bulles collaboratives » est intéressante, certes. Mais ne nous faisons pas d’illusions, elle n’a aucune chance de voir le jour dans un pays jacobin comme la France.

  • « qui décide de qui meurt lors d’une pandémie ? » Drôle de question, c’est l’évidence même : la nature. En fait, le principe fondamental du libertarianisme, c’est que chacun est responsable de soi. Il est d’ailleurs assez cocasse que dans un Etat de droit, on puisse être à la fois irresponsable (car sous tutelle de l’Etat (qui est lui-même irresponsable car entité morale)) et responsable des autres dans le cadre de cette crise sanitaire.

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