États-Unis : comment l’État a transformé la Californie en enfer

Le troisième État le moins libre de l’Union ne cesse d’accabler sa population de taxes et réglementations faisant fuir ceux qui peuvent se le permettre.

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Elon Musk GTC 2015 by NVIDIA Corp (CC BY-NC-ND 2.0)

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États-Unis : comment l’État a transformé la Californie en enfer

Publié le 15 décembre 2020
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Par Pierre-Guy Veer.

La Californie est l’État le plus peuplé des États-Unis avec environ 40 millions de d’habitants. Certains rapportent même que, indépendante, elle serait la cinquième puissance mondiale.

Malheureusement, non seulement cette richesse est en déclin, mais il semble que le gouvernement à Sacramento, capitale de l’État, fait tout pour appauvrir la population avec des bonnes intentions qui ratent complètement leur cible.

Ainsi, les exils vers le Texas de Elon Musk, Oracle et de nombreuses autres compagnies de hautes technologies pourraient en effet continuer, dixit le gouverneur Greg Abbott.

 

Une électricité hors de prix

La consommation électrique y est donc très importante, surtout au centre de l’État, au climat plutôt désertique. Mais au nom des chimériques objectifs des accords climatiques, la Californie a décidé de mettre un coup d’arrêt dans tout ce qui n’est pas énergie « renouvelable » – entendre solaire et éolien.

Résultat : la pauvreté énergétique qui consiste à dépenser 10 % des revenus familiaux en énergie a touché près d’un million de personnes en 2015, principalement des minorités ethniques dont les politiciens prétendent se soucier. Et comme la Californie a fermé/va fermer toutes ses usines nucléaires, les prix de l’énergie ne peuvent qu’augmenter et l’électricité devenir intermittente.

En effet, si l’on veut que le solaire et l’éolien puissent fournir de l’électricité en continu, il faut stocker l’énergie dans des batteries. Avec la technologie actuelle, ces dernières peuvent tenir huit heures de charge, mais à un prix écologique exorbitant. Les usines au gaz naturel n’ont pas ce problème de stockage, mais la pureté environnementale des dirigeants empêche cette solution.

Bref, d’autres pannes massives sont à prévoir.

 

L’impossibilité de construire quoi que ce soit

Comme si ce n’était pas suffisant, le logement dans « l’État d’or » est complètement hors de prix dans les grands centres urbains comme Los Angeles et la Silicon Valley, entre San Francisco et San Jose.

Encore une fois, les gouvernements en sont pour beaucoup responsables. À San Francisco, le syndrome du « pas dans ma cour » (Not in my back yard) est tellement puissant que pour toute nouvelle construction une période d’un mois permet à quiconque de présenter ses objections.

Ayant moi-même vécu quelque temps dans la Silicon Valley, j’ai pu voir l’état de la crise. Pour un tout petit studio à San Jose, j’aurais dû payer 1600 dollars de loyer, le double ou le triple à San Francisco. Mes collègues chez Google me disaient qu’un appartement de deux chambres montait facilement à 2500 dollars. Pour le même prix, j’aurais obtenu une maison à Boise, en Idaho.

Certaines compagnies comme Yahoo voient même certains de leurs employés vivre dans des camping cars le long des lignes de trains de banlieue.

Mais encore une fois, le syndrome NIMBY frappe ; le stationnement de tels véhicules sera interdit dans moins d’une semaine dans les rues de Mountain View, où se trouve le siège social de Google.

 

Un coût de la vie prohibitif

En plus des coûts élevés du logement et de l’électricité, les impôts californiens sont les plus élevés et les plus progressifs de l’Union ; il existe même des impôts et des taxes au niveau local.

Pour toutes ces raisons, le coût de la vie dans l’État du governator est prohibitif. Selon la Tax Foundation, avoir 100 dollars dans vos poches dans cet État est l’équivalent de n’avoir que 86,66 dollars, le pire résultat des États après New York. En comparaison, ce même 100 dollars en vaudrait 117,23 en Arkansas.

Les prix deviennent encore plus affolants quand on regarde les régions métropolitaines. San Francisco et San Jose sont les plus chères du pays, où vos 100 dollars ne valent respectivement plus que 75,99 dollars et 77,28 dollars.

Donc, même lorsque je gagnais 37 dollars de l’heure chez Apple, j’étais relativement pauvre. Le quart de mon salaire allait aux différents paliers de gouvernements en impôt et, si mon mari m’avait rejoint depuis l’Idaho, au moins le tiers de mon salaire brut aurait servi au logement.

Si vous faites le calcul, il ne me serait resté que 40 % de mon salaire pour toutes les autres dépenses. Il aurait fallu aussi grandement réduire nos déplacements en voiture car le prix de l’essence y est le plus élevé. En Idaho, même avec un salaire Uber (entre 15 et 20 dollars de l’heure en moyenne), je vivais mieux au net puisque le coût de la vie était plus faible : le 100 dollars de tantôt y vaut presque 107 dollars.

Malheureusement, ce n’est pas avec Gavin Newsom – l’actuel gouverneur – que les choses changeront. Il préfère bannir les voitures à essence, contraindre les conseils d’administration à établir des quotas arbitraires pour les « minorités historiquement lésées » et croire qu’il suffit d’une prescription pour obtenir un logement.

Il néglige ainsi le fort exil de sa population – au point que la Californie pourrait perdre des sièges à la Chambre des représentants. Il préfère aussi blâmer le #reéchauffementchangementdérangementclimatique pour les feux de forêts dans son État alors qu’il s’agit plutôt d’une grossière négligence de l’entretien desdites forêts au nom de… leur protection.

Bref, si The Mamas and the Papas avait composé son célèbre tube aujourd’hui, il se serait intitulé California Nightmaring. Le troisième État le moins libre de l’Union ne cesse d’accabler sa population de taxes et réglementations faisant fuir ceux qui peuvent se le permettre.

Et cet exil se poursuivra tant que le gouvernement de Sacramento poursuivra des politiques aux bonnes intentions – aider l’environnement et les plus pauvres –  plutôt que des politiques qui donnent des résultats concrets – réduire les impôts et rendre l’électricité abordable.

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  • Excellent article. Tout le long, je me disais « l’auteur aurait dû dire ça » et c’était dans le paragraphe suivant !

  • Des qu’il sort en France évidement je me vaccine mais personne ne parle des virus mutants, ces vaccins arn sont ils insensibles aux mutations du virus visé ?

  • Bon article, mais les acteurs millionnaires conscientisés d’Hollywood se foutent pas mal des problèmes concrets des gens ordinaires.

  • il est socialiste ce Gavin Newsom ? en général , quand il y a du socialisme ou l’équivalent quelque part ça finit toujours en vrille….

  • « au moins le tiers de mon salaire brut aurait servi au logement. » mon dieu, elle était la locataire d’un immeuble appartenant à l’Etat ? A moins que… l’offre et la demande jouant son rôle, en raison de salaires très élevés… hum hum… Le Saint-Marché pris en flagrant délit 🙂

    • Surtout une politique de raréfaction de l’offre.
      Chez nous, les PLU et toutes ces petites choses empêchent de construire là où il y en a besoin, obligeant, soit à la densification, soit à habiter loin de son travail.
      Chez moi, malgré plus de 900 ha en friche sur le canton, le prix du m2 de terrain constructible est hors de prix.

    • Relisez l’article et indiquez nous précisément le passage où l’auteur parle du Saint Marché. Juste pour qu’on comprenne.

      • Justement, il n’en parle pas :-). Il accuse l’état de tous les maux sans évoquer le principe d’offre et de demande qui régit énormément la question des loyers et prix de vente.

        • Dans tous les coins des états unis où les prix de l’immobilier ET la construction sont peu réglementés (en gros les zones non côtières) le prix de l’immobilier est effarant tant il est bas. Dans les coins où c’est réglementé (pour « protéger les locataires, l’environnement, les autres résidents », toussa) il est haut, même pour des Français qui vivent pourtant dans un régime d’immobilier d’Etat où le propriétaire n’est qu’un nom (il ne peut faire ce qu’il veut de sa propriété, ne peut y construire, ne peut faire appliquer ses contrats, etc.).

        • Avec le principe d’offre et demande (solvable) la région de Palo Alto et autre auraient des immeubles moins jolis que les villas mignonnes de style mexicain, mais les gens pourraient se loger facilement et n’auraient pas pour certains à parcourir près de 100km quotidien en voiture pour travailler dans « la valley ».

  • Tout ce que cet article dit sur la Californie me rappelle furieusement quelques chose du même genre ailleurs…

  • Là où le socialisme passe, liberté et prospérité trépassent !

  • Donc finalement, la France arrive à s’exporter aux Etats-Unis !

  • Eh oui l’idéologie bien-pensante socialo-écolo-gauchiste se répand, et alors qu’on voit ce qu’il arrive en Californie, l’Etat le plus proche de ce que sont les pays européens notamment la France, on va voir maintenant comment Biden va essayer de transformer le reste des Etats-Unis en Californie … je dis bien essayer parce que, heureusement, beaucoup de citoyens américains résisteront, les électeurs de Trump qui ont le sentiment qu’on leur a volé l’élection …

  • Ecolo et socialo bobo =Enfer
    Macron nous y conduit tout droit par incompétence, manque de réflexion, et ego surdimensionné.

    • C’est clair ! Aider les plus faibles et ne pas détruire notre environnement, quels idées grotesques !

      • La Californie est, malgré le racket organisé par son gouvernement, l’état où il y a le plus grand nombre de SDF, plus de 150.000, car le prix des logements et de l’énergie ne permet pas aux pauvres dz s’en payer! Quant à l’environnement, la profusion d’éoliennes, le refus de nettoyer les sous bois provoquant les incendies qu’on connaît, avec la destruction de milliards de biens et la mort de personnes tous les ans, quelles idées grotesques! Où donc passe tout l’argent spolié à la population? Puisque les plus faibles ne sont absolument PAS aidés et que l’environnement est quand même saccagé! Les dems sont des idéologues qui pratiquent des politiques qui produisent les résultats inverses de ce qui est souhaité.

      • Depuis qu’on a décidé d’aider les pauvres il y en a toujours autant. On a taxé les riches à tour de bras mais les pauvres vont-ils mieux ? Non. Depuis qu’on couine à propos de l’environement, va-t-il mieux ? Non, les Allemands en sont une preuve éclatante : pour sauver la nature ils ont fermé leurs centrales nucléaires et fait la leçon aux autres pays de l’Union. Et sont devenus les plus gros émetteurs de CO2 grace à ça (il faut bien des centrales à charbon pour palier l’intermittence des moulins à vent)

  • C’est exactement ça et c’est dramatique, pas seulement pour les Californiens mais pour le message qui est transmis urbi et orbi concernant les incendies dont sont responsables non les prétendus alea climatiques imputables aux malheureux humains qui les subissent mais à une gestion écologique totalement inepte et incapable.

  • Les commentaires sont fermés.

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