Le logement social ne sera pas efficace pour « casser les ghettos »

Emmanuelle Wargon veut « casser les ghettos » en relançant le logement social, y compris en punissant les maires récalcitrants. La méthode n’est pas forcément la meilleure pour combattre le séparatisme.

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Le logement social ne sera pas efficace pour « casser les ghettos »

Publié le 7 décembre 2020
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Par Frédéric Mas.

Dans une tribune au Journal du Dimanche, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a affirmé sa volonté de conduire une « politique ambitieuse » en matière de logement pour relancer la « mixité sociale » sur tout le territoire. Selon madame Wargon, les bases d’un « nouveau pacte solidaire et républicain » passe par deux axes principaux : d’abord il faut assurer aux « grands oubliés de la République » un accès au logement social :

« Il faut que le parc de logements sociaux accueille à la fois des ménages dans le besoin et des travailleurs prioritaires de la nation, personnels hospitaliers, enseignants, policiers, caissières et éboueurs, commerçants du quartier, dont nous avons tous constaté l’importance pendant cette période de crise. »

Ensuite, de nouveaux logements sociaux doivent être construits et la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) modifiée pour rééquilibrer la géographie des villes en fonction de cette nouvelle politique de mixité.

 

« Casser les ghettos »

Interrogée par RTL ce matin, Emmanuelle Wargon a pris un ton plus punitif à l’égard des maires qui ne respecteraient pas la volonté étatique de « casser les ghettos ».

Elle a ainsi déclaré vouloir renforcer les sanctions à l’encontre des communes qui préfèrent les amendes à la construction de nouveaux logements sociaux. Cela passera par l’augmentation des pénalités contre les mairies, et à la délivrance de permis de construire par le préfet en cas de défaillance du maire.

Encore une fois, le préfet se fait le levier essentiel de la politique publique gouvernementale. L’État n’hésite plus à recentraliser, quitte à restreindre un peu plus les libertés locales.

Le logement social est-il un instrument efficace pour favoriser la « mixité » ? Un rapport de l’Institut Sapiens de 2018 observait que ce n’était pas les plus pauvres qui bénéficiaient de l’offre locative sociale en France.

La flexibilité des critères d’attribution, et le bail à vie permettent à des ménages n’ayant pas droit au logement social d’y rester plusieurs années. 64 % des ménages français sont éligibles au logement social de manière générale, et 70 % des locataires d’un logement privé peuvent y prétendre pour seulement 4,6 millions de logements sociaux disponibles. De 20 %, la part des plus pauvres est passée à 7 % des locataires.

L’État français dépense 42 milliards par an pour le logement, dont 21 milliards au titre des APL. Ceci pèse sur des dépenses publiques comme autant d’impôts et de dette publique qui entamerait jusqu’à 2 % du PIB.

 

Concurrence déloyale ?

L’aide publique au logement a toujours été l’objet de critiques de la part du locatif privé, qui y voit de la concurrence déloyale, au point que l’UNPI porte plainte en 2013 devant la commission européenne. Les revendications de l’UNPI, à ce jour sans suite, portaient déjà sur un meilleur ciblage des subventions et des exceptions au parc locatif, et davantage de transparence dans leur attribution.

De fait, en subventionnant une partie du parc locatif contre une autre, l’État décourage la mise sur le marché de logements par les propriétaires privés, déjà passablement découragés par une législation globale très en faveur du locataire, et des mesures de plafonnement du loyer qui font peser encore plus d’obligations sur leurs épaules.

Comme le notait Jean-Philippe Delsol de l’Iref-Europe, face à la montée des prix de l’immobilier, dynamiser le secteur locatif passe par d’autres solutions qui placent l’initiative privée au centre du dispositif :

« Pour créer un choc de l’offre, comme le veut Emmanuel Macron, il faudrait aligner la fiscalité de l’immobilier sur celle des investissements mobiliers (actions, obligations…) avec suppression de l’ISF et imposition forfaitaire à 30 % des revenus. Il faudrait aussi réduire de trop nombreuses normes et contraintes qui pèsent sur les propriétaires bailleurs. Mais il faudrait encore abaisser le niveau des subventions publiques qui détruisent le marché du logement. »

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  • 42 milliards pour le logement : le moment venu, les économies de dépenses publiques, innombrables, seront faciles à trouver. D’ores et déjà, il n’y aucune raison que l’Etat soit en déficit et il n’y a aucune raison que les impôts soient aussi élevés. Dès aujourd’hui, ce sont environ 200 milliards de dépenses publiques qui peuvent être supprimées du jour au lendemain. Il ne manque que la volonté politique d’assainir la situation et de remettre enfin le pays sur de bons rails.

  • S’ils continuent sur cette pente, il faudra bien trouver quelque part le financement des logements sociaux pour les 70% du privés qui y ont droit, chassés dans le futur proche par l’explosion des taxes foncières, puisque c’est le seul levier dont disposent les communes. Le cercle infernal est toujours En Marche ™ .

  • Voilà les ghettos, il faut de la mixité.. Dans un pays se voulant communautarisme, rêve américain oblige , c’est vraiment sans espoir si on n’arrête pas d’intervenir dans la vie des gens avec des gens qui ne comprennent rien à rien en vivant en dehors du monde a l’abri de l’état.
    Dans un pays communautariste, la mixité n’existe pas, les blancs seront chasser par les noirs qui seront chassés par les gris ou l’inverse. Les jaunes aussi si ils n’y prennent garde. Est ce anormal de vivre avec des gens de même culture, non, n’est-ce pas la raison de vivre des pays ?
    Et puis, est-ce anormal d’avoir des pauvres dans un pays sensé être riche, non, bien au contraire.

  • Déja virer tout ceux qui y sont logés et qui n’y ont pas ou plus droit,à commencer par lés élus de touts bords,associatifs bien pensants,ap hp ….et autres profiteurs même si ils payent un léger surloyer qui n’est pas souvent appliqué dans les règles et qu’ils aillent se confronter à la réalité du logement privé ça les occupera et les calmera.

  • « « nouveau pacte solidaire et républicain » »

    Que dire…
    Éclater de rire ? Secouer tristement la tête ?

  • C’est cocasse de lire un tweet qui dénonce le manque de volonté de ne pas combattre les ghettos… de villes qui n’ont pas de ghettos… 😀

    • Ben voyons, il s’agit, à l’instar des villes, d’installer les ghettos à la campagne !

      Et tout sera réglé…

      • Les pauvres ex-urbains remplacent progressivement les paysans pauvres (dont le nombre diminue simplement parce que le nombre de paysans diminue, pas qu’ils s’enrichiraient!) . Ils migrent vers des loyers moins chers et une vie plus douce avec des prestations sociales équivalentes. L’emploi n’étant pas un problème quand on vit d’assistance.

        • Casser les ghettos, en cassant les ZUP ZAC.. en attribuant des chèques logement !
          En cassant la carte scolaires en distribuant le CHEQUE SCOLAIRE
          En changeant la règle d’attribution des logements pour contrebalancer la rente de vote gauchiste que constituent les ghettos.

  • Il faut que le parc de logements sociaux accueille à la fois des ménages dans le besoin et des travailleurs prioritaires de la nation, personnels hospitaliers, enseignants, policiers, caissières et éboueurs, commerçants du quartier, dont nous avons tous constaté l’importance pendant cette période de crise. »

    les travailleurs prioritaires de la nation (circulez pour les autres) ont peut-être envie d’habiter ailleurs ???

  • La politique du logement social n’a pas les résultats voulus, il faut donc plus de logements sociaux. Encore un flacon d’aspirine pour cette jambe de bois!

  • Je propose de loger quelques miséreux à l’Élysée. Mixité sociale, etc. 🙂

    Sinon, il doit bien y avoir quelques terrains/maisons à vendre sur l’avenue Saint-Jean au Touquet-Paris-Plage. 🙂

    • Je propose de bétonner le Parc des Pins au Touquet-Paris-Plage. On pourrait y construire quelques immeubles ; du R+9 par exemple ; pour miséreux et nouveaux français. 🙂

      En plus, les vilains habitants du Touquet n’ont que 12% de HLM. Il faut vite déghettoïser ce territoire de la République. 🙂

    • On me dit également que Bormes-les-Mimosas n’est qu’à 2% de HLM !!! Comment est-ce possible ?

      Mais rendez-vous compte ! Tous ces miséreux qu’on pourrait pourtant loger dans un fameux fort qui ne sert que quelques semaines par an ! Il y a un véritable crime « socialicide » qui se joue ici !

  • Un autre aspect du logement dit social est sa mise aux normes les plus récentes : un responsable wallon se vantait de réaliser des habitations sociales dites passives ayant l’aspect des maisons unifamiliales privées. Autrement dit, offrir à ceux qui n’ont pas de travail des logements que 85 % de ceux qui travaillent ne peuvent pas s’offrir.
    En France, en outre, le logement social devient de plus en plus un logement de fonction, réservé à tous ceux qui ne travaillent ni dans l’industrie ni dans l’agriculture ( « travailleurs prioritaires de la nation, personnels hospitaliers, enseignants, policiers, caissières et éboueurs, commerçants du quartier » )
    Dans le genre, j’avais, jeune ingénieur célibataire, dans l’Algérie des années ’70, en pleine crise du logement, un appartement de fonction avec trois chambres à coucher et deux salles de bains ( mais, comme mobilier, rien qu’une table, une chaise, un sommier avec matelas et une table à dessin )

  • Punir les maires, la dernière élucubration de Mme Wargon? Qui a envie de vivre dans un pays où les édiles sont considérés comme des enfants récalcitrants et irresponsables?

  • Punir les maires qui signent des permis de construire en zone inondable ou partiellement inondable et advienne que pourra oui il serait temps, trop facile de s’en remettre à la solidarité nationale au travers des primes d’assurance et autres taxes catastrophes naturelles sans jamais être inquiété.Voir encore les photos des dernières inondations ou les parties anciennes des villages étaient épargnées alors que tout ce qui était récent était emporté.

  • Je dirais même mieux : Le logement social est un des instruments essentiel de la Ghettoïsation !
    Le principal étant l’immigration systémique Massive de millions de personnes dont le seul bagage est l’enfermement dans une idéologie mortifère.

  • « Il faut que le parc de logements sociaux accueille à la fois des ménages dans le besoin et des travailleurs prioritaires de la nation, personnels hospitaliers, enseignants, policiers, caissières et éboueurs, commerçants du quartier,… »
    Comment peut-elle s’autoriser à penser que ces personnes ont envie d’habiter dans les logements sociaux ?Insupportable, ce genre de ministre qui croit « casser la baraque » et veut donner des leçons … laissez les gens habiter où ils le désirent. On a déjà mis beaucoup trop d’impôts dans ces programmes ! Finalement, ces logements facilitent l’immigration (faites la sortie des écoles !) et sont fuis par beaucoup.

  • Les commentaires sont fermés.

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