Serions-nous vraiment mal lotis sans hommes politiques ?

Nous approchons rapidement de l’étape de l’inversion ultime : l’étape où l’État est libre de faire ce qu’il veut, tandis que les citoyens ne peuvent agir que sur autorisation.

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Serions-nous vraiment mal lotis sans hommes politiques ?

Publié le 7 décembre 2020
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Par Marius-Joseph Marchetti.

Dans l’ère covidienne que nous traversons, il n’y a pas un politicien pour défendre une conception libérale de la société. Chaque politicien avance son programme, qui demande toujours, peu ou prou, que les individus qui composent la société civile soient moins libres, et que le pouvoir politique le soit davantage afin de faire ce qu’il souhaite.

« Nous approchons rapidement de l’étape de l’inversion ultime : l’étape où l’État est libre de faire ce qu’il veut, tandis que les citoyens ne peuvent agir que sur autorisation. » Ayn Rand

Si ces hommes diffèrent sur les fins qu’ils souhaitent atteindre, les moyens employés sont les mêmes : un plus grand usage des actes politiques violents, et une moindre existence des relations contractuelles et consenties.

« Étatistes, unissez-vous ! » C’est le cri de guerre de tous les hommes qui imaginent appliquer une direction scientiste à l’ensemble de la société, pour que les hommes ne fassent plus jamais d’erreur.

Ce serait une formidable erreur de ne pas se servir d’une bonne crise pour promouvoir cet objectif, n’est-ce pas ?12

Je reviendrai sur quelques points, de manière exhaustive, qui sont avancés pour justifier la planification partielle, ou l’esclavage partiel (Deirdre McCloskey)3.

Keynes et Lachmann : contre la théorie des ressources inutilisées

En tant que partisan de l’École autrichienne, il m’a été le plus souvent reproché de favoriser une théorie du cycle économique qui n’explique pas comment des mal-investissements4 (ce qui se produit lorsqu’une politique monétaire expansionniste a lieu) peuvent se produire lorsque le plein emploi n’est pas atteint et que les ressources restent inutilisées.

On a également pu me faire la remarque selon laquelle, même s’il y a eu un boom dans l’immobilier en Espagne et qu’ils ont construit trop de logements, ils peuvent au moins se loger pour pas cher.

Pour répondre à ces deux objections, qui sont le plus souvent émises à l’encontre des économistes autrichiens, je souhaiterais, dans cet article, rappeler la contribution d’un économiste peu mentionné : Ludwig Lachmann. Commençons donc par la première objection.

Rareté des ressources versus ressources inutilisées ou idle ressources

Les économistes keynésiens ont tendance à considérer le capital comme un fonds homogène ; si l’État souhaite atteindre une situation de plein emploi, il peut utiliser une politique expansionniste budgétaire ou monétaire dans le but d’accroître l’investissement (qui est une composante de la demande globale) et donc augmenter le revenu national.

Dans un contexte de ressources inutilisées, le risque d’inflation ou de mal-investissement saute : l’effet expansionniste n’a que pour influence l’utilisation des ressources jusqu’à présent inutilisées, et n’entraîne ni inflation, ni allocation inefficiente des ressources.

Que pourrait-on donc rétorquer à cette théorie, qui somme toute, paraît raisonnable et convaincante ? C’est un économiste autrichien, Ludwig Lachmann, qui y répondra dès les années 1930, à la suite de la lecture d’un article de Hayek (« L’investissement qui en augmente la demande en capital »).

Ludwig Lachmann mettra en avant une caractéristique fondamentale du monde réel : l’hétérogénéité du capital. Il reprochera d’ailleurs à son professeur Hayek de ne pas avoir suffisamment insisté sur ce point dans sa croisade contre Keynes.

L’hétérogénéité du capital est cette caractéristique fondamentale, qu’une locomotive ne peut être convertie en four à pizzas5, et le motive à écrire que le monde peut être décrit comme étant à la fois un monde de ressources rares et de ressources inutilisées.

L’exemple le plus frappant qui vient à l’esprit est un exemple typiquement français :  en France, pays caractérisé par un chômage de masse, près de 300 000 postes (boucher, divers types de métiers manuels, etc.), ne trouvent pas preneur (notre exemple concerne ici le travail, ou le capital humain, mais il reste pertinent, car il soulève la pertinence du caractère hétérogène des ressources dans l’économie)6.

Dans un contexte de chômage de masse et de capital inutilisé, une politique monétaire/budgétaire expansionniste peut toujours engendrer des mal-investissements : en situation de rareté de certains facteurs complémentaires de capital, des investissements publics ne peuvent engendrer une production plus abondante pour endiguer une crise économique.

Au contraire, dans un monde caractérisé par des ressources inutilisées ET par des ressources rares, une politique expansionniste ne pourrait que gaspiller des ressources économiques sans rien changer à la problématique de crise.

L’usage de la connaissance dans la société

Lorsque Lachmann rédige cet article, la plupart des grands travaux de Hayek (et notamment L’usage de la connaissance dans la société (1945)) n’ont pas encore été écrits. Il y a donc toute une partie de l’argumentaire contre Keynes qui n’est pas encore à sa disposition.

Une des parties des travaux qui caractérise l’œuvre de Friedrich Hayek concerne la dispersion de la connaissance dans la société. Toute la connaissance de la société n’est pas à la disposition d’un esprit unique ou d’une classe d’individus, celle des planificateurs.

Or, cette hypothèse d’une pleine connaissance à disposition du législateur fait partie du corps de pensée de Keynes et des vieux keynésiens qui reviennent en force.

Comme l’a écrit Keynes en 1936, en « réfléchissant », l’économiste est « en mesure de calculer l’efficacité marginale des biens de capital sur des vues à long terme et sur la base de l’avantage social général ».7

Lorsque Keynes demande à l’État d’augmenter la demande globale via des investissements publics sur le court terme, voire à rendre le capital si abondant que tout rentier sera « euthanasié »8 cela signifierait l’euthanasie du rentier, et par conséquent l’euthanasie du pouvoir oppressif cumulé des capitalistes pour exploiter la valeur de la rareté du capital. » Lord Keynes, General Theory, page 375-376, cité dans Roger Garrison, Time and Money.]  ; et sur le long terme, dans le but de faire basculer la société dans une forme de socialisme alternatif, qui n’est pas sans rappeler Marx9, il sous-entend que les hommes de l’État seront à même de faire les investissements les plus profitables de la société.

C’est d’ailleurs un point relativement drôle souvent soulevé par les économistes autrichiens et les théoriciens des anticipations rationnelles : si les hommes de l’État sont si clairvoyants que cela, pourquoi ne s’engagent-ils pas dans le secteur privé pour faire fortune avec leur pré-science hors du commun ? Après tout, ce ne sont pas des anges. Les hommes politiques ont des incitations comme vous et moi.10

C’est un point de divergence fondamental entre deux points de vue : celui d’un économiste qui imagine pouvoir appliquer un fondement scientifique à l’organisation sociale de la société, contre celui d’un économiste qui connaît toutes les imperfections qui caractérisent les individus.11 La méthode totaliste, de son côté, insatisfaite de la connaissance partielle de ce processus par l’intérieur, qui est tout ce que peut obtenir l’individu, fonde ses demandes d’un contrôle conscient sur l’hypothèse qu’elle peut appréhender ce processus comme un ensemble et faire usage de toute la connaissance sous une forme systématiquement intégrée. Elle conduit ainsi directement au totalisme politique. » Friedrich Hayek, Scientisme et sciences sociales, page 146-147.]

L’économie de Keynes est celle d’un législateur qui a toutes les connaissances et tous les pouvoirs à sa disposition pour réguler les marchés comme il faut, sans qu’il n’y ait de gaspillage.

L’économie de Hayek est celle d’un ensemble d’individus reliés par des interactions inter-indépendantes, et guidés par des processus toujours perfectibles qui leur permettent de bénéficier de la connaissance dispersée dans la société via des institutions marchandes (système de prix) et non-marchandes.

Là où l’intérêt n’est qu’une manifestation honteuse du rentier chez Keynes, le taux d’intérêt est, chez Hayek, un signal qui fournit un guide plus ou moins sûr à l’individu.

« La théorie de la production agrégée, qui est l’objet du livre suivant, peut néanmoins être beaucoup plus facilement adaptée aux conditions d’un état totalitaire que la théorie de la production et de la distribution d’une production donnée mise en avant dans des conditions de libre concurrence et d’un important degré de laissez-faire. C’est l’une des raisons qui justifient le fait que j’appelle ma théorie une théorie générale. » John Maynard Keynes12

Bien évidemment, les hommes peuvent faire des erreurs. Mais c’est dans un système de marché qu’ils sont le plus à même de découvrir ces erreurs, car ils ont à la fois à leur disposition des mécanismes leur permettant de bénéficier d’une connaissance qu’ils n’ont pas)13 et d’avoir des incitations à la résolution de ces erreurs.14

Le taux d’intérêt n’est pas une manifestation de l’oppression des capitalistes, mais un indicateur de la rareté du capital15.

Cependant, si ces signaux sont manipulés par des politiques monétaires ou réglementaires. Par exemple, ils peuvent entraîner ce que Murray Rothbard appelle des « clusters d’erreurs ».

C’est une accumulation d’erreurs qui apparaît au grand jour lorsque les politiques se trouvent forcés d’inverser leurs politiques, par peur de l’inflation par exemple, ou à cause d’un choc exogène sur l’économie.

Ces manipulations peuvent aussi être le fait de grands joueurs. Selon l’économiste Roger Koppl, les grands joueurs (les Banques centrales ou les administrations en sont, comme tout acteur qui est un monopole protégé et ne subissant pas l’influence du mécanisme de perte et de profit) forcent les individus à former des anticipations, non seulement sur les prix futurs et autres mécanismes fournisseurs d’informations, mais aussi sur la manière dont les grands joueurs vont agir à l’avenir.

Plus un grand joueur mènera une politique discrétionnaire, et plus il sera difficile aux individus de faire des anticipations correctes, et plus ils risquent de faire des erreurs16, ces mêmes erreurs qui sont reprochées à la soi-disant irrationalité des individus libres.

Comme Roger Koppl le rappelle justement, c’est l’application des politiques keynésiennes qui engendre un climat keynésien dans lequel les individus semblent agir de manière irrationnelle.

La résolution des externalités

Reprenons tout d’abord ici la définition que nous fournit Wikiberal d’une externalité :

« une externalité ou effet externe, est l’effet ou résultat qu’une activité ou transaction peut avoir sur une tierce partie qui n’est pas impliquée directement dans l’activité ou transaction en question. Une externalité peut être positive, quand elle génère un bénéfice externe, ou négative quand elle génère un coût ou détérioration externe. »

Ainsi, la pollution d’une rivière engendre des externalités négatives, et des ruches  à proximité de vergers entraînent des externalités positives. Ce sont des exemples typiques que connaissent bien les étudiants en économie.

L’économiste C.K Rowley déclara un jour : « La société pourrait être bien mieux lotie si le « problème » du coût social n’avait jamais été découvert »17. Peut-être ne savait-il pas lui-même à quel point il avait raison.

Nous devons cette découverte au philosophe John Stuart Mill, qui formula son principe de non-nuisance. Ce principe a été repris par la branche marshalienne18, pigouvienne, meadienne et jusqu’à nos jours avec les écologistes.

Et cette branche fait plus de dégâts que les marxistes, car elle semble fournir une raison raisonnable à l’intervention de l’État.

« Les implications pour la liberté individuelle ne doivent pas être ignorées lors de l’évaluation de l’argument en faveur d’une intervention étatique. La liberté implique le droit de tout individu à ne pas être contraint par un autre individu. L’existence supposée d’un « coût social » a été l’un des principaux prétextes pour lesquels cette liberté a été transgressée et par lesquels l’autorité de l’État a été étendue. »

C. K Rowley, Prologue au livre The Myth of Social Cost, page 18.

Le principe de non-nuisance est vague. Il peut fournir un motif d’intervention pour tout et n’importe quoi. Si votre voisin vend un meilleur produit que vous, il peut justifier de payer un impôt pour vous subventionner ; et dans les faits, c’est ce qui arrive dans certains secteurs, lorsque l’État subventionne des entreprises qui enregistrent des pertes et sont totalement inefficientes, au détriment des entreprises performantes.

C’est le principe de l’imposition-subvention de l’économiste Pigou. Vous taxez l’acteur qui produit une externalité négative, et vous subventionnez celui qui produit une externalité positive.

Si vous avez bien suivi la conversation ci-dessus, vous comprenez facilement que dans toute économie, que ce soit une économie de marché ou une économie planifiée, tous les actes, tous les changements d’opinion ont une influence quelconque sur autrui.

Aucun être n’est un îlot isolé mais au contraire une parcelle d’un continent. Ce principe, appliqué à son extrême limite, ramènerait l’Homme à son état initial d’être solitaire, coupé de toute coopération avec autrui et de tout lien social : il le ramènerait logiquement dans une situation où il ne risquerait plus de subir aucune influence19

« Dans un ordre tirant parti de la productivité plus élevée d’une division extensive du travail, l’individu ne peut plus savoir à quels besoins ses efforts servent ou devraient servir, ni quels seront les effets de ses actions sur les inconnus qui consomment ses produits ou les produits auxquels il a contribué ».

Friedrich Hayek, La Présomption Fatale20

Dans le cadre de l’économie pigouvienne, la résolution des externalités souffre des mêmes présupposés que l’économie keynésienne. Comme le rappelle Steven N. Cheung, rien ne permet de dire que les hommes politiques auront les connaissances et le discernement pour savoir où corriger les externalités.

De plus, comme l’ont soulevé des économistes du choix public, rien ne dit que les hommes politiques auront les incitations pour corriger ces externalités, et non à en profiter pour fournir des rentes à des groupes d’intérêt.

Les hommes de l’État et les bureaucrates sont loin d’être des eunuques pigouviens : ce ne sont pas des agents économiques cherchant simplement à maximiser le bien-être social sans vue sur leur propre utilité. Au contraire, il est plus probable que ladite « résolution des externalités » suive un calcul coût-bénéfice de ce qui serait le plus à même de faire gagner des voix à l’approche d’échéances électorales21.

« La faiblesse de l’hypothèse de l’eunuque pigouvien concernant le comportement politique est renforcée par le fait que « les bureaucrates qui gèrent les organismes d’intervention pour « corriger » les externalités du marché ont leurs propres objectifs, indépendants et distincts de ceux de leurs maîtres politiques et de l’électorat. Si, comme l’a fait valoir le professeur W. A. Niskanen , le pouvoir, le prestige et les revenus ont tendance à être liés à la taille de l’organisme, les bureaucrates sont incités à augmenter la taille de leur allocation budgétaire/agence. Cela conduira à une « correction des externalités » et à une allocation inefficace des ressources.

La formule politique Pigouvienne est donc dangereusement trop simpliste en tant que règle pour la politique gouvernementale en matière d’externalités. »

John Burton, The Myth of Social Cost, Page 81-82.

De plus, la résolution des externalités par l’État n’est pas sans coût elle non plus, au contraire de ce qui est hypothétisé par les défenseurs de l’État régulateur dans leurs modèles22.

Ils doivent acquérir des informations ; ils sont tout aussi ignorants que les consommateurs qu’ils vilipendent, sans avoir, en prime, les instruments qui permettent aux individus de corriger leurs erreurs dans un système de prix libres. Ils sont ignorants des préférences des consommateurs : peut-être peuvent-ils les prendre en compte à chaque nouvelle élection, si tant est qu’on occulte les problèmes d’agrégation de l’information (théorème d’Arrow) ou l’impossibilité de comparer des utilités individuelles (Buchanan et les économistes autrichiens).

Cela reste toujours un temps excessivement très long pour corriger des erreurs qui ne seront certainement même pas corrigées.

À l’inverse de ce qu’a pu déclarer l’économiste Paul Samuelson, l’existence d’externalité n’est pas une justification suffisante pour l’intervention de l’État dans la société. Les embouteillages seraient à des niveaux socialement corrects, comme le rappela l’économiste Frank Knight en 192423, si celles-ci étaient privées et que les propriétaires pouvaient appliquer les prix limitant la congestion.

C’est d’ailleurs la fonction des prix que d’être un mécanisme permettant à la demande et l’offre de se rencontrer. Et les abeilles de James Meade ? Qui les protège à leur juste valeur, qui peut résoudre cette faillite de marché, si ce n’est l’État ? Les apiculteurs et les agriculteurs, déjà depuis bien longtemps (et sous la cécité de Meade), ont déjà noué des relations contractuelles pour résoudre ce problème24.

Il n’y a jamais de fable trop belle qui ne puisse être un motif d’intervention.

Ni les institutions de la gauche, ni le capital de la droite : le rôle des idées libérales dans le développement et l’enrichissement de l’humanité

C’est une des thèses de l’économiste Deirdre McCloskey : le grand enrichissement (Great Enrichment) n’est pas dû initialement à l’accumulation de capital, ni aux développements des institutions, mais à un changement dans les idées des individus.

La libération des esprits et la diffusion des idées libérales sont ce qui a permis le développement de l’Occident, et permis à des millions d’individus de sortir de ce cycle infernal où la population et le niveau de revenu stagnaient.

Pour McCloskey, c’est ce changement dans les esprits qui a permis l’émergence de la Révolution industrielle au début du XIXe siècle.

Ce développement n’est pas dû à une simple accumulation du capital, ou à un changement de régime politique. Ce ne sont que des conséquences d’un grand bouleversement idéologique. Ce grand enrichissement est dû à l’émergence d’une mentalité bourgeoise, marchande. Pour la première fois, les hommes pouvaient vivre pour eux.

Ce développement que nous connaissons depuis le début du XIXe siècle n’est pas un produit de la coercition de l’État. Ce grand enrichissement est dû à l’industrie de gens comme vous et moi et au fait que leur talent industriel et commercial, leur ingéniosité, étaient mieux perçus socialement.

« Vous répondrez, si vous êtes un étatiste, avec confiance, et même avec indignation, qu’au contraire c’est l’État qui nous a rendus grands et riches. Non, ce n’est pas le cas. Il est vrai que le grand enrichissement de l’économie s’est produit à peu près au même moment où l’État-Nation a vu le jour en Europe, à quelques siècles près. Mais les États nations, et leurs filiales locales, ont surtout fait obstacle à l’innovation, au profit d’intérêts existants.[…] L’étatisme dans l’ensemble nous appauvrit. Le libéralisme dans l’ensemble nous enrichit. »25

 

  1. Ceci est une référence au conseiller de l’ancien président Obama, Rahm Emanuel, qui avait déclaré « ne pas laisser une bonne crise se gâcher » ; pour promouvoir un programme, s’entend. cf McCloskey, Deirdre ; Mingardi, Alberto. The Myth of the Entrepreneurial State (p. 151). American Institute for Economic Research. Édition du Kindle.
  2. L’économiste et historien Robert Higgs a baptisé cela le Ratchet effect. En période de crise, la taille et le champ d’action des États augmentent considérablement, comme pendant les guerres mondiales ou les différentes crises économiques. Une fois la crise passée, le gouvernement se réduit, mais jamais au niveau d’avant la crise. En conséquence, le Léviathan (ou État omnipotent) se développe au fil des décennies, sautant d’une crise à l’autre.
  3. « Il s’agit, répétons-le, d’un socialisme partiel et, sous un autre nom, d’un esclavage partiel. » McCloskey, Deirdre ; Mingardi, Alberto. ibid, page 23.
  4. Le terme mal-investissement vient de Rothbard, pour éviter la confusion avec le terme de surproduction ou surinvestissement, comme le caractérise souvent à tort l’économie autrichienne.
  5. C’est l’analogie utilisée par Ludwig Lachmann dans son ouvrage Capital and Its Structure.
  6. Sur une approche autrichienne de la notion de capital humain, cf Capital in Disequilibrium : The Role of Capital in a Changing World, de Peter Lewin
  7. John Maynard Keynes, General Theory, page 164.
  8. « Je suis sûr que… il ne serait pas difficile d’augmenter le stock de capital jusqu’à un point où son efficience marginale serait tombée à un chiffre très bas. […
  9. « Je vois… l’aspect rentier du capitalisme comme une phase de transition qui disparaîtra quand il aura fait son travail. Et avec la disparition de son aspect rentier, beaucoup d’autres aspects subiront un changement radical. Ce sera d’ailleurs un grand avantage de l’ordre des événements que je préconise, que l’euthanasie du rentier, de l’investisseur sans fonction, ne soit rien de soudain, simplement une continuation graduelle mais prolongée de ce que nous avons vu récemment en Grande-Bretagne, et n’ait pas besoin de révolution.» Keynes, ibid, page 376.
  10. « Mais les fonctionnaires sont des humains, et du bois tordu. D’une part, comme le soulignent les économistes autrichiens et les économistes des anticipations rationnelles, si une telle prévoyance était si facile, n’importe quel fonctionnaire de l’État en charge pourrait devenir riche sur le plan privé. Acheter une île des Caraïbes. Mazzucato suppose que des billets de 100 dollars traînent, facilement ramassés pour le bien commun par nos seigneurs suprêmes qui, pour une raison ou une autre, ne les ramassent pas eux-mêmes. Ce sont peut-être des anges. Mais comme l’a noté James Madison dans Federalist 51, ‘Si les hommes étaient des anges, aucun État ne serait nécessaire’. » McCloskey, Deirdre ; Mingardi, Alberto. The Myth of the Entrepreneurial State (p. 100). American Institute for Economic Research. Édition du Kindle.
  11. « L’approche individualiste, en pleine connaissance des limitations qui tiennent à la constitution de l’esprit individuel, essaie de montrer comment l’homme vivant en société peut utiliser diverses résultantes du processus social pour accroître ses pouvoirs à l’aide de la connaissance qui y est implicite et dont il ne s’est jamais informé […
  12. Cf John Maynard Keynes, General Theory, Préface à l’édition allemande. Cette citation nous force à nous interroger sur la préservation de l’individualisme, cher à Keynes, dans un système économique plus facilement réalisable dans une société totalitaire que dans une société libre.
  13. Imaginez la connaissance qu’il vous faudrait si, au lieu de simplement prendre connaissance des prix, vous deviez vous intéresser à toutes les conditions objectives de production, de temps, de lieu, de disponibilité, etc. qui caractérisent un bien. « Si, au lieu d’utiliser cette information sous la forme abrégée que lui rapporte le système des prix, il (l’ingénieur) devait s’efforcer dans tous les cas de revenir aux faits objectifs et de les prendre consciemment en considération, cela reviendrait pour lui à se priver de la seule méthode qui lui permette de se limiter aux circonstances immédiates, et à lui substituer une méthode qui exige que toute cette connaissance soit rassemblée dans un centre et incorporée de façon explicite et consciente dans un plan unique. » Friedrich Hayek, ibid, page 158.
  14. Cf notre précédent article sur le rôle de la déréglementation dans la découverte de vaccin.
  15. « … l’idéal de l’ingénieur se fonde sur la méconnaissance du fait économique qui détermine toujours notre situation : la rareté du capital. Le taux d’intérêt n’est que l’un de ces prix – en fait le moins compris et le moins apprécié – qui agissent comme des guides impersonnels auxquels doit se soumettre l’ingénieur s’il veut intégrer ses plans au réseau d’activités de la société dans son ensemble et contre lesquels il s’irrite parce qu’il y voit des freins constitués par des forces dont il ne peut comprendre le principe. » Friedrich Hayek, ibid, page 157-158.
  16. Sur ce sujet, nous conseillons aux lecteurs la lecture du livre Big Players and The Theory of Expectations, de Roger Koppl.
  17. cf C. K Rowley, The Myth of Social Cost, page 13.
  18. Marshall parle d’abord d’économie et de déséconomie externe. Le terme d’externalité sera introduit par l’économiste Pigou.
  19. « La simple formule politique pigouvienne, portée à l’extrême logique, implique que le gouvernement devrait intervenir, à chaque seconde de notre vie, pour corriger ces myriades d’externalités qui nous entourent en permanence.
    Cette implication ne cadre pas trop avec le bon sens. Si les gouvernements intervenaient pour corriger chaque externalité, l’ensemble de l’effort national serait maintes fois absorbé par des interventions consommatrices de ressources et il n’y aurait plus d’activités de marché à « corriger » ! La vieille jument grise de l’économie s’effondrerait sous ce poids.
    Le bon sens suggère qu’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais dans la simple formule politique Pigouvienne ». John Burton, Épilogue à The Myth of Social Cost, page 74-75.
  20. « In an order taking advantage of the higher productivity of extensive division of labour, the individual can no longer know whose needs his efforts do or ought to serve, or what will be the effects of his actions on those unknown persons who do consume his products or products to which he has contributed. »Cité dans McCloskey, Deirdre ; Mingardi, Alberto. The Myth of the Entrepreneurial State (p. 151). American Institute for Economic Research. Édition du Kindle.
  21. John Burton, ibid, page 81.
  22. « Il est de plus en plus évident que les interventions du secteur public sont elles-mêmes excessivement coûteuses. La bureaucratie qui impose nécessairement la volonté politique à la population a toujours un « coût d’opportunité » dans les activités auxquelles elle renonce et qui auraient pu bénéficier au public. Mais les récents développements dans l’économie de la bureaucratie suggèrent que ces coûts sont naturellement amenés à augmenter une fois que les bureaucrates affirment leur influence indépendante. Les coûts d’intervention seront souvent supérieurs aux bénéfices. » C. K Rowley, Prologue au livre The Myth of Social Cost, Page 17-18.
  23. Frank H. Knight, Some Fallacies in the Interpretation of Social Cost, The Quarterly Journal of Economics 38 (4), 1924, pp. 582-606.
  24. Cf The Fable of the Bees : An Economic Investigation, de Steven N Cheung.
  25. Cf McCloskey, Deirdre ; Mingardi, Alberto. The Myth of the Entrepreneurial State, page 27-28.
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  • les hommes politiques ….il y en a tellement  » qui sont non essentiels  » à la bonne marche de la société ; leur disparition ne seraient pas une grande perte ;

    • Du temps de Giscard il y avait environ 350 députés, les 3/4 actuels des représentants du peuple devraient passer à la trappe !

  • En effet ils sont nombreux et nous coûtent un pognon de dingue,620 000
    mandats électifs en France contre 110 000 en Allemagne et 15 000 en Grande Bretagne.Cela explique beaucoup de choses,c’est la première réforme à faire.

    • Plus il y a de politiciens et plus il y a de fonctionnaires, et vice versa ; et plus le système est lourd, compliqué, coûteux, inefficace, corrompu.
      Seule solution : réduire drastiquement le périmètre de l’État – donc le nombre de politiciens.
      Mais il faut admettre que c’est extraordinairement difficile, parce que pour tous ces gens, la soupe est bonne, et qu’ils finissent par constituer une force (de nuisance) considérable, à la fois par leurs votes et par leur capacité de blocage du pays.
      Faire comprendre aux gens, aux citoyens et électeurs, que leur intérêt, sur le long terme, est d’user de leurs libertés en assumant leurs responsabilités, donc de se passer de l’État-providence hormis bien sûr concernant le régalien, est la priorité.

  • Article très intéressant, auquel j’apporterais une conclusion un peu différente. Ce ne sont pas seulement les idéologie/mentalité/perception qui sont à la base de notre développement.
    Mais d’abord et surtout les institutions politiques et économiques des pays où les nouvelles idées industrielles ont vu le jour.
    Dans les pays qui autorisaient le progrès technologique et la destruction créatrice, la révolution industrielle s’est répandue comme une traînée de poudre. Ce n’est pas un hasard qu’elle soit apparue d’abord en Angleterre.
    D’une certaine manière, le rôle de l’Etat a donc été décisif, en… s’effaçant devant l’innovation technologique. Au contraire, dans les pays où les Etats ont tenté de sauvegarder les monopoles ou les fortunes déjà constituées, le développement économique et technologique a été freiné.

    • Exact. Lorsqu’on regarde les pays qui se sont le plus vite industrialisés il y a également la Suisse et la Belgique. Tandis que la France a longtemps rechigné.

  •  » L’État pèse sur l’individu d’un poids chaque jour plus écrasant, plus intolérable.
    De l’homme qu’il énerve et qu’il abrutit, il ne fait qu’un paquet de chair à impôts. Sa seule mission est de vivre de lui, comme un pou vit de la bête sur laquelle il a posé ses suçoirs.
    L’État prend à l’homme son argent, misérablement gagné dans ce bagne : le travail ; il lui filoute sa liberté, à toute minute entravée par les lois ; dès sa naissance, il tue ses facultés individuelles, administrativement, ou il les fausse, ce qui revient au même.  »

    Octave Mirbeau, La grève des électeurs

  • Le problème ne vient-il pas de ce que nos hommes politiques sont des hommes de l’Etat, mais pas des hommes d’Etat (espèce en voie de disparition…)

  • « Dans l’ère covidienne que nous traversons, il n’y a pas un politicien pour défendre une conception libérale de la société.  »

    Le libéralisme, n’est-ce pas justement réduire la place des politiciens dans la vie de chacun de nous? Comment voudrait-on alors qu’une vision libérale de la société émerge de l’esprit d’un politicien? N’ont-ils pas tous été éduqués dans l’idée que leur rôle, c’est de s’occuper de la vie des gens?

  • ah oui que les hommes politiques et en ce moment en particulier les écolos nous montrent autrement que par des lois et règlements comment vivre selon leurs principes !!! Au lieu de vivre à nos crochets qu’ils démontrent par la pratique le bienfondé de leur théorie ; autrement dit qu’ils retroussent leurs manches et se mettent au boulot et si le résultat est probant nous sommes assez futés pour les copier ; à l’inverse nous éviterons leur piège en cas d’échecs mais pour cela il faut admettre que nous sommes des citoyens libres et non des sujets corvéables à merci !!!!

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L'auteur : Éric Pichet est professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier, Kedge Business School.

 

La dernière étude du cabinet de conseil EY sur l’attractivité des pays européens confirme la primauté de la France pour la quatrième année consécutive. En 2022, le pays comptait plus de 1250 projets d’investissements industriels ou technologiques annoncés, soit plus que le Royaume-Uni (900) et l’Allemagne (800), destinations longtemps privilégiées. Le journal Der Spiegel va même jusqu’à titrer en Une, da... Poursuivre la lecture

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