Les retraites Berezina en 2020

Le cœur de la réforme lancée par le gouvernement a toujours été le « système universel de retraite ». Une réforme politiquement bloquée, socialement impossible, économiquement condamnée.

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Les retraites Berezina en 2020

Publié le 2 décembre 2020
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Par Jacques Garello.

Cette année aura été marquée par la grande explosion du système de retraites. Certes les Français n’ont pas été très conscients de cette Berezina parce qu’ils ont été davantage concernés par la Covid et le terrorisme.

Toutefois, le rapport publié par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) la semaine dernière pourrait alerter l’opinion publique non seulement sur les déficits actuels du système mais aussi sur les perspectives de la réforme engagée avec le « projet de loi instituant un système universel de retraite » soumis à l’Assemblée nationale en mars dernier.

Cette réforme est politiquement bloquée, socialement impossible, économiquement condamnée.

L’explosion du système : la part de la conjoncture

Publié le 26 novembre, le rapport du COR n’a pu retenir que les chiffres d’octobre, et en un mois la situation du système de retraites obligatoires géré par la Sécurité sociale ne s’est certainement pas améliorée.

Il y a en effet une donnée conjoncturelle dans l’explosion du système : la baisse dramatique de l’activité économique du pays. Le PIB aura chuté de 11 ou 12 %, ce qui signifie des centaines de milliers de chômeurs en plus (les indemnités pour chômage partiel ont été exemptées de cotisation) et un effondrement du chiffre d’affaires des entreprises qui ont résisté mais ont dû réduire drastiquement leur activité.

Donc, globalement, les entrées de cotisations retraite (part salariale ou patronale, peu importe) auront diminué de plus de 5 % alors que les pensions versées n’auront pas sensiblement varié (la surmortalité a été faible et n’a frappé que des personnes très âgées). Au total le déficit du régime retraite qui atteint aujourd’hui 26 milliards d’euros se montera sans doute pour 2020 à quelque 30 milliards.

Il est intéressant de remarquer comment le déficit devrait être financé au plus pressé. Le gouvernement a fait appel à la Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES) dont le rôle théorique est de refinancer les dettes actuelles (essentiellement de la Sécurité sociale et des hôpitaux publics) en plaçant des emprunts à long terme, tout devant rentrer dans l’ordre (on ne sait par quel miracle) en 2024.

Un décret d’août 2020 a prolongé le miracle : il devra durer 9 ans de plus, soit 2033, et la somme à emprunter est déjà de 136 milliards d’euros. Le miracle serait que la CADES trouve des prêteurs à taux raisonnable pendant toute cette période, alors que vraisemblablement nos organismes sociaux continueront à creuser les déficits.

Mais il est acquis dans l’esprit des gestionnaires des finances publiques, des gouvernants, et de la plupart des politiciens, que la dette ne se rembourse pas, de sorte que je ne peux critiquer cette initiative !

Une réforme des retraites politiquement bloquée

Le cœur de la réforme lancée par le gouvernement et sa majorité a toujours été le « système universel de retraite ».

Le projet a été lancé dans des conditions difficiles : en décembre 2019 démission (forcée) de Jean Paul Delevoye en charge de la commission créée à dessein, en mars 2020 passage en force au Parlement (recours au vote bloqué, nul amendement n’est toléré). L’entrée en « guerre » contre le covid suspend toute avancée. Mais le 2 juillet, comme le veut le président, le nouveau Premier ministre Jean Castex annonce le 5 juillet vouloir régler « à court terme » le dossier des retraites et réunir les partenaires sociaux avant le 20 juillet. Lesdits partenaires n’ont aucun mal à répondre que ce n’est pas le bon moment : « ce n’est pas le sujet de l’été et de l’automne » déclare Laurent Berger (CFDT), en phase avec Geoffroy Roux de Bézieux (MEDEF) : « se précipiter cet été […] pour renégocier ne me paraît pas la bonne priorité.

Mais voici que la semaine dernière Bruno Le Maire déclare que la réforme des retraites doit être une « priorité absolue » ; il pense même qu’elle est de nature à éponger la dette publique aggravée par le covid : objectif héroïque, mais on sait que notre ministre de l’Économie est un magicien. La position des partenaires sociaux est aujourd’hui la même qu’en juillet, et la ministre du Travail Elisabeth Borne leur donne raison, car de son point de vue la réforme façon Bercy n’est pas celle que le président Macron a en tête, puisqu’il désire une réforme plus sociale, plus écologique, plus solidaire, et la retraite par points, jumelée avec un recul de l’âge de départ en retraite, serait le véritable objectif.  Nous voici donc en présence de trois significations de la retraite : ajustement et équilibre (Le Maire) nouvelle société écologique et solidaire (Borne) redistributive et simplement présidentielle (Macron).

Malheureusement le cap du président n’est pas très populaire dès maintenant, et il n’y a aucune chance qu’il soit plébiscité en 2021. L’an prochain verra des élections régionales et départementales (reportées en juin sans doute), mais aussi l’ouverture de la campagne des présidentielles – et sans nul doute dès le printemps. Or, toute réforme centrée sur un système universel, comme le projet de loi le précisait, ne peut engendrer qu’une somme d’oppositions venues de tous bords. Il serait donc suicidaire pour la majorité actuelle et son leader candidat se réactiver un vain débat. Le Président a d’autres cordes à son arc, le cap véritable est celui de la réélection, et il saura naviguer adroitement, comme il a su le faire jusque là pour amener les électeurs sur un terrain où il sera plus à l’aise – il saura tirer des bords pour garder le cap.

Une réforme des retraites socialement impossible

L’idée même de système universel est un repoussoir dans un pays où depuis des décennies les retraites sont conçues comme un privilège, arraché grâce à la « lutte syndicale », comme il est de bon ton de le croire. En réalité, tout comme le droit français s’accommode de quelque 80 codes pour régler les affaires de 80 sortes, c’est-à-dire de 80 groupes sociaux différents, définis par la nature de leur activité, les retraites sont organisées dans un esprit purement corporatif ou politique – c’est la même chose.

L’exposé des motifs du projet de loi organique est bien clair : « La création d’un système universel de retraites constitue une transformation d’ampleur de notre système de protection sociale. Les conditions historiques de la construction des régimes de retraite actuels ont conduit à un paysage émietté de plus de quarante régimes obligatoires de base et complémentaire […] qui, s’il a pu avoir une justification née de la nécessité de compléter et d’approfondir les protections accordées aux assurés, n’a plus la même pertinence aujourd’hui ».

Le projet va « conforter les principes de solidarité au sein et entre les générations qui fondent nos retraites. »

Certes l’égalitarisme est la vraie conception française de la « justice sociale », mais il est heureusement corrigé par la jalousie, il est surtout évoqué quand il s’agit de spolier ceux qui ont davantage. Il y a toujours quelque argument pour justifier moralement un droit particulier : la pénibilité du travail, l’importance du service public, l’intérêt national. Droit « particulier » ne peut évidemment pas signifier mérite personnel, il va de soi que le droit du travail français se veut collectif. C’est un « droit social ».

Évidemment il ne saurait être question d’introduire dans la réforme des dispositions tenant à la gestion de l’entreprise, à sa compétitivité, à la sécurité de l’emploi. Qu’importe la concurrence locale ou mondiale ? Il suffit de rappeler que l’entreprise a désormais une « responsabilité sociale », et peu importe sa rentabilité, un objectif sans doute dépassé.

Mais les retraités privilégiés par rapport aux autres ne sont pas les seuls à s’opposer au système universel. Il y a aussi les retraités spoliés par ce système. En effet la réforme va concerner des retraites dont la gestion ne doit actuellement rien à la Sécurité sociale. C’est le sort des caisses de retraites complémentaires.

L’article 2 de la loi organique prévoit que dès 2022 la réforme les englobera « en donnant à l’État des outils de pilotage facilitant la transition vers le système universel de retraite ».

Ces miraculeux outils de pilotage seront découverts chaque année dans le cadre de la Loi de Finances de la Sécurité Sociale (LFSS) préparée par le gouvernement et votée (servilement) par le Parlement. Voilà une disposition qui devrait nous rappeler que dans un État jacobin tout doit être public et centralisé, et seuls les mauvais citoyens ont le mauvais esprit de constater qu’à ce jour plusieurs décennies de gestion bureaucratique ont conduit à des déficits et des désordres croissants.

En réalité la « transition » imposée par la réforme n’est pas seulement arbitraire, elle est une véritable spoliation, et c’est la raison pour laquelle elle est et sera rejetée par des millions de retraités. La spoliation pénalise d’abord tous les salariés du secteur privé qui sont obligés par la loi de cotiser aux caisses de l’ARRCO et de l’AGIRC (pour les cadres). Ces caisses sont gérées paritairement par les syndicats d’employeurs et de salariés et à ce jour cette gestion a été équilibrée, de sorte que leurs réserves se montent à quelque 60 milliards d’euros. Voilà une belle tirelire, que l’État jalouse et convoite depuis des années, elle peut donner une bouffée d’oxygène au nouveau système dans les années à venir. Les intentions de l’État à l’égard de l’ARRCO et de l’AGIRC ne font aucun doute : en 2020 ces caisses ont été confrontées à des problèmes de liquidité à cause du Covid et ont demandé un prêt à l’État, mais Bercy a refusé… ce qui a été très apprécié !

Mais, si l’on peut dire, passe encore pour des complémentaires obligatoires. Car la loi organique vise aussi celles qui étaient volontaires et indépendantes : « régimes complémentaires des travailleurs indépendants, des exploitants agricoles, des professions libérales, des artistes-auteurs, des navigants, des enseignants du privé et des débitants de tabac ». La plupart de ces caisses avaient des performances satisfaisantes et ne coûtaient rien aux contribuables, elles assurent des retraites satisfaisantes pour des cotisations raisonnables et bien acceptées. Il s’agit bien de ressources privées, entre les mains de gestionnaires privés. L’atteinte au droit de propriété est donc flagrante, ce qui a déchaîné à juste titre l’hostilité des adhérents.

Ainsi, la réforme envisagée n’a fait que des mécontents, tous s’estimant lésés, qu’il s’agisse de ceux qui spoliaient les autres, ou de ceux qui s’estiment à juste titre spoliés. C’est la rançon habituelle de l’État providence, qui oppose les intérêts et dresse les uns contre les autres. Après avoir semé les déficits et la tempête, l’État se propose ensuite en arbitre protecteur et prêche la solidarité.

Une réforme économiquement condamnée

Bien que la menace sur la paix sociale soit inscrite dans la réforme des retraites, ce n’est pas à mon sens sa plus dramatique erreur. Car la cause véritable de l’explosion du système actuel ne tient ni au Covid ni à la gestion par la Sécurité sociale (pourtant deux calamités redoutables), elle est due au choix du système de répartition.

Ce choix n’a été évoqué que très rarement au sein de la Commission Delevoye, au sein du Parlement, dans le débat politique et médiatique. Le rapport du COR, même s’il a l’honnêteté de l’aborder, ne le fait que de façon très marginale. Apparemment la répartition, entrée dans les mœurs depuis le régime de Vichy (René Belin, ministre du Travail en 1942) et consacrée après la Libération par les ordonnances de 1945, fait l’unanimité. « Victoire sociale », dit Xavier Bertrand, jadis ministre du Travail et de la santé, comme si les prolétaires l’avait emporté de haute lutte sur les employeurs bourgeois. Solidarité bienvenue entre générations : les jeunes cotisent pour les vieux, leur rendant les bienfaits qu’ils en ont reçus.

La répartition se définit en effet comme un système dans lequel des actifs cotisent pour payer les pensions des retraités. Peut-être a priori sympathique et généreuse, ce système peut s’équilibrer tant que la pyramide des âges est elle-même équilibrée, mais il devient ingérable pour une population vieillissante. La proportion des cotisants par pensionnés, qui était en 1970 de 4,5 est aujourd’hui de 1,2 et ne cessera de baisser.

Dans ces conditions, le déséquilibre ne peut être réduit que de trois façons. J’ai coutume de dire que c’est le problème de plomberie que l’on me demandait de traiter lorsque j’étais en classe de huitième (CM1 si vous préférez). Pour maintenir le niveau de l’eau dans la baignoire il faut tenir compte du flux du robinet et du débit de la bonde. Le flux du robinet dépend du montant des cotisations (ouvrir pour empêcher que le niveau baisse). Le débit de la bonde dépend du montant des pensions (ralentir pour que le niveau monte). Augmenter les cotisations et diminuer les pensions : voilà deux façons de revenir à l’équilibre. Mais il y a une troisième façon qui est de repousser l’âge de la retraite, qui est une synthèse des deux précédentes : partant à la retraite plus tard, les actifs cotisent plus longtemps, le robinet est ouvert, et ils deviendront pensionnés pendant quelques années en moins. Voilà pourquoi les réformateurs sont persuadés que repousser l’âge de la retraite est le meilleur choix à faire, et tout le monde de comparer la France à l’étranger, pour admirer les pays qui se donnent des âges de départ à la retraite impensables chez nous.

Je fais à cette dernière approche une double critique. La première c’est qu’on feint d’ignorer que dans ces pays le système de retraite par répartition n’est pas le seul, il ne concerne seulement qu’un filet social pour lequel les cotisations sont obligatoires mais très réduites parce que les pensions ne correspondent qu’à un minimum vital, le reste des retraites étant le plus souvent en capitalisation, avec des fonds d’assurance ou de pension librement choisis par les individus, avec possibilité de concurrence permanente entre les fonds.

La deuxième critique, la plus importante, c’est que l’équilibre n’est pas le seul critère de la qualité d’un système de retraite. Il y a un critère économique d’intérêt général : que fait-on de l’argent des cotisations ?

En répartition il est immédiatement versé aux retraités. La Caisse d’Assurance Vieillesse n’est qu’un tiroir-caisse : l’argent en sort aussi vite qu’il est entré. D’ailleurs lorsqu’un ministre du Travail a demandé à cette Caisse de payer les pensions un peu plus tôt dans le mois, le président de la caisse lui a répondu que la Caisse n’a pas d’argent avant le 10 du mois, tant que les cotisations de l’URSSAF du mois précédent ne sont pas rentrées.

Il s’agit d’un véritable gaspillage, car un système de capitalisation va… capitaliser. L’argent va être placé par le gestionnaire, et rapporter des intérêts qui viennent grossir la masse des capitalisations. C’est un autre miracle appris en classe de 8ème : la loi des intérêts composés (100 euros placés à 5 % l’an deviennent environ 200 euros 20 ans plus tard). D’où vient le miracle ? De ce que le placement de l’argent aura permis d’investir dans un grand nombre d’activités dont les profits iront en partie aux bailleurs de fonds. Les fonds de pension ont des portefeuilles dont la composition permet d’assurer des rendements qui grossissent le capital que lui ont confié les épargnants futurs retraités. Les craintes de perte ont été démesurément grossies : sur le long terme il n’y a pas grand-chose à perdre, et les fonds de pension ont très bien résisté aux crises économiques les plus graves. En revanche, grâce aux investissements réalisés la croissance économique est stimulée, de façon autrement efficace que les coûteuses politiques de relance keynésienne pratiquées par les gouvernements. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays ont introduit, depuis plusieurs années, des régimes de capitalisation obligatoires ou facultatifs.

Mais ce bon sens n’a jamais pénétré l’esprit des réformateurs français. Pour sa part le président Macron a été séduit par un système à points, rendant la retraite proportionnelle au nombre de points accumulés par le retraité. Il est certain que ce système a un côté positif, puisqu’il donne à l’assuré la possibilité d’abonder son capital point et lui permet de savoir à tout moment où en est sa situation personnelle, et de l’améliorer s’il le désire. Mais d’une part la valeur du point est inconnue au moment où il prendra sa retraite, et le fait qu’il soit établi avec la participation des partenaires sociaux crée une incertitude totale ; le danger est d’autant plus grand que la durée de cotisation obligatoire sur les comptes d’épargne retraite peut être fixée par les autorités publiques et dépendre d’un « âge pivot » dont les adversaires de la réforme ont à juste titre montré qu’il est la porte ouverte à l’arbitraire et peut seulement masquer un accroissement de l’âge ou du nombre de trimestres de la retraite à taux plein. Enfin et surtout, le système par points ainsi conçu est toujours dans la logique de la répartition puisque ce sont les cotisations du moment qui financent les pensions du moment. Mais qui pourrait enfin faire savoir aux Français que l’argent qui est versé sur leur compte n’est pas mis de côté et qu’ils en demeurent les propriétaires ?

En conclusion, la réforme des retraites, même avec l’introduction des points, n’a aucune logique économique, et tout est à reprendre en vue de passer de la répartition à la capitalisation. Certes la transition est difficile à gérer, parce qu’il ne faut en aucun cas annuler les droits à la retraite déjà acquis par les cotisations des actifs actuels. Leur masse actuelle représente environ 4 PIB. Plusieurs procédures peuvent être utilisées pour honorer cette dette tout en amorçant des comptes de capitalisation. Il faudra certainement attendre 2022 pour reprendre le travail sur cette question, et rien ne pourra se faire d’ici là sur la base de la loi organique lancée en 2020. En revanche, une information sincère des Français sur le choix systémique devrait enfin les éclairer et peut-être aussi éclairer leurs votes – dans la mesure où des candidats (Macron en tête) voudraient dire la vérité. Pour l’instant la Bérézina de 2020 annonce la disparition de la Grande Armée des magiciens.

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  • entre les employés pléthoriques et sur-payés des caisses de retraites, les faux ayants droits y compris les plus que centenaires du Maghreb, les ponctions de l’état ( du genre SeuNeuCeuFeu et autres entités: on va piocher dans le régime général ) et autres régimes votés par des députés félon depuis des décennies . . . .

  • « les pensions versées n’auront pas sensiblement varié (la surmortalité a été faible et n’a frappé que des personnes très âgées) »

    J’ai un doute : les morts du coronavirus sont pour 97 % des plus de 65 ans, tous pensionnés donc. Et, contrairement à l’opinion générale d’un décès anticipé de quelques mois, il semble que le consensus actuel soit que la moyenne de raccourcissement de vie est supérieur à dix ans. ( cette différence vient sans doute, en bonne partie, de ce que les gens confondent souvent l’espérance de vie à l’âge X et l’espérance de vie à la naissance – l’espérance de vie d’une personne de 70 ans est de plus de dix-sept ans, soit cinq ans de plus que l’espérance de vie à la naissance )

    • C’est vrai que l’on ne voit pas de sous mortalité après le pic mars-avril 2020, sous mortalité que l’on devrait voir si l’hypothèse de décès anticipé de qq mois. Déjà en 2003 il a fallu un an pour voir une sous mortalité (-45000 en 2004) et les pics de surmortalité d’épidémie de grippe se constatent tous les 2-3 hivers, 2017 et rien en 2018 et 2019. Comme si il fallait 2-3 ans pour que la population de personnes âgées fragiles se reconstitue.

      • La sous-mortalité est plus difficile à repérer car elle s’étale sur un à deux ans, souvent noyée dans le bruit de la série chronologique.

    • Il serait très étonnant que la perte soit collectivement supérieure à 10 ans. Mais pourquoi pas. Si vous pouviez nous indiquer votre source, ce serait intéressant pour alimenter la discussion. Par ailleurs, il faut tenir compte des pathologies associées pour déterminer la perte potentielle individuelle. Un individu avec un cancer du pancréas n’a pas la même espérance de vie (moins de 10% de survie à 5 ans) qu’un individu indemne de ce cancer.

    • 50 000 décès par rapport à 15 millions de retraités, c’est très peu, c’est 0,3 % de pensions versées en moins, il faut une loupe pour distinguer l’épaisseur du trait.

  • Le plus désespérant en France, c’est quand vous prévenez des trentenaires ( mes filles et mes gendres) bien insérés dans le monde du travail, qu’ils doivent se préoccuper de leur retraite et si possible hors du monopole de la sécu ( ils ont la double nationalité franco-suisse), à part investir dans de l’immobilier locatif dont la rentabilité à long terme est problématique, ils n’envisagent aucunement de sortir du système monopolistique français qui leur coûte une blinde en cotisations!
    Et vu l’accident « covid » est ses conséquences prévisibles et inévitables ( sauf miracle?), on peut, sans crainte de se tromper, penser que ça va mal finir!

    • Je suis trentenaire, et j’ai totalement conscience du gros problème retraite à venir.
      Le problème n’est pas tant de sortir du modèle monopolistique, mais plutôt avec quel argent?? Je gagne plutôt bien ma vie, mais quand sur mon brut il est indiqué un peu plus de 7000€, mon net après impôt descend déjà à 3000€.
      Ensuite, il me reste la vie d’un trentenaire à financer: maison à payer, factures en tout genre, les écoles, les plaisirs… Vous payez tout plein but puisque vous êtes riches.
      Mais quand on fait les comptes à la fin, il ne reste pas grand chose à capitaliser pour le futur… Et en France, où capitaliser sans craindre que l’Etat nounou vienne un jour nous le racketter au nom du principe de solidarité?

      Franchement, je réfléchis de plus en plus à quitter le pays, car la tournure quasi soviétique que cela prend est inquiétante.

      • hélas il n’y a pas d’autre choix…

      • De même pour moi, je suis trentenaire, mais après avoir perçu mon salaire net (la seule chose qui compte), il faut que je paye dessus la remboursement de l’emprunt immobilier, charges et taxes. Puis reste se nourrir, payer les vacances et vivre un peu. Eh bien depuis que je suis propriétaire, difficile de mettre des sous de coté (hors amortissement du capital), la seule époque où j’ai pu épargner de façon non négligeable fût lorsque je vivais chez mes parents (le logement est une véritable vache à lait pour l’état).
        Et les sommes necéssaires pour préparer sa retraite sont considérables, à part l’héritage je ne vois pas, mais l’état s’y intéresse aussi fortement…
        Le système par répartition appauvrit suffisamment les actifs pour qu’ils n’aient pas d’autre choix que d’y adhérer.

      • En fait, vous n’êtes pas riche, vous le déclarez d’ailleurs.
        Comportez vous comme les pauvres et capitalisez à l’étranger, hors des doigts gras et boudinés de l’état français. Cela vous sera rendu plus tard au centuple. De plus, vous les mettrez sous pression.

    • A ce niveau là, il faut qu’elles renoncent à la part suisse de leur nationalité…
      Mais je ne peux m’empêcher de penser : à quel moment vous avez oublier de leur ouvrir les yeux ?

      Hopp Schwiiz !

  • C’est mal barré avec le chacun pour soi mais surtout avec nos gouvernants injustes, incapables de bien gérer et de prévoir, incapables de nous rassembler et de nous expliquer la réalité de la situation. Ils ne savent que dépenser notre argent public et que vivre confortablement toute leur vie sur notre dos sans jamais réussir quelque chose de correct.

  • « 100 euros placés à 5 % l’an deviennent environ 200 euros 20 ans plus tard »

    Plus précisément, ~265 euros, il suffit d’attendre ~14 ans pour doubler la mise.

    • sauf qu’avec des taux négatifs…

      • Les taux négatifs traduisent l’incapacité des Etats à fournir un intérêt significatif. Mais l’incapacité des Etats ne signifie en rien que d’autres, privés, ne puissent pas offrir des rendements nettement positifs. Prenez un business de père de famille comme l’Air Liquide, et les 5% redeviennent « normaux », même en période de taux négatifs.

        • Non. La BCE imprime des billets qui descendent dans les banques qui les investissent. Si d’autres peuvent fournir un intérêt sans risque supérieur à celui de la BCE, alors les banques emprunteront à la BCE pour les placer ainsi. La différence entre le taux BCE et le rendement d’un actif correspond au spread qui est censé représenter le risque du placement.
          Lorsque la BCE baisse d’1% ses taux, le taux de rendement moyen des placements baisse aussi d’1% à moins que le spread moyen augmente, c’est à dire que les gens ont plus peur de l’avenir. C’est ce qu’il se passe, et du coup la BCE baisse encore plus pour compenser.
          Vos « beaux » rendements sont liés au fait qu’il y a de moins en moins de gens qui investissent car ils ont peur, ce qui compense (partiellement) les injections monétaires. C’est inquiétant car l’état contrôle indirectement de plus en plus l’économie sensée être « privée ». Regardez toutes ces pubs pour la BPI, j’en vois de plus en plus…

          • Votre vision est macro-économique et dirigiste. Mais les rendements dépendent d’abord des capacités des individus à innover, créer, commercer, produire. Quand on crée un business, qu’il est opportun et qu’on est un peu doué, il rapportera 5% net en euros constants. Si on met ses sous dans ce business, ils fructifieront à 5%, point. Alors, si l’argent est bon marché, nous sommes d’accord qu’il va apparaître plein de business qui paraîtront plus sûrs et tout aussi rentables, et qui solliciteront votre épargne. Mais l’investissement n’est pas un éventail de choix, c’est à chaque fois une opportunité qu’on décide de soutenir avant de savoir si et à quelle hauteur on pourra la financer. C’est comme l’agriculture, on décide de planter un arbre parce qu’on veut des fruits et qu’on a calculé que c’était un bon plan, on ne le fait pas parce qu’il y avait à la jardinerie une promo sur les plants de poiriers et qu’on avait justement ce montant à dépenser.

            • Et ça rejoint l’intérêt que chacun sache, dès l’entrée dans la vie active, planter des arbres plutôt que de laisser l’Etat s’en charger et lui vanter — l’écran ne refuse pas la pub — le bénéfice des fruits qu’il se chargera de lui fournir à vie, dit-il.

  • Que l’état s’inspire d’abord des régimes complémentaires des salariés du privé pour gérer le régime des fonctionnaires et des régimes spéciaux . Ces derniers existaient avant 1945 et c’est pourquoi ils ont été conservés par le CNR car plus avantageux et corporatifs. Extirper l’argent des régimes mieux gérés est plus facile que de régler la gabgie universelle.

  • Article qui résume parfaitement la situation. Le simple bon sens nous pousse vers le report de l’âge de la retraite et la capitalisation. Mais le bon sens n’a pas cours chez nos gouvernants.

    • je rappelle que la retraite à 60 ans, mise en œuvre idéologique de la gauche, ne remonte qu’aux années 80. Les Français ont la mémoire très courte. Et il était évident à l’époque, avec seulement 2 sous de bon sens que c’était un non-sens économique, qui mènerait automatiquement à une catastrophe. Il faut aussi avoir à l’esprit qu’une majorité de gens s’imaginent que ce qu’ils ont cotisé durant leur vie leur est reversé à leur retraite. Bien peu en fait savent que leurs cotisations servent à payer les pensions des retraités. Ils sont opposés au système par capitalisation, alors même qu’ils s’imaginent en bénéficier…

      • presque tout le monde à applaudi des 2 mains cette réforme qui a plombé le systeme 5 ans après, c’est la ou on a instauré les 25 meilleurs années pour le privé, tout en conservant les 6 derniers mois pour le public.

      • Eh oui cela s’appelle un système de Ponzi ou avion ,cela a fonctionné pendant les trentes glorieuses quand i l y avait beaucoup de passager(les cotisants) et peu d’équipage (les retraités) maintenant il n’ y a plus assez de passagers et trop d’équipage et trop de vieux commandants de bord qui coûtent une blinde.
        Dans le civil cela s’appelle une arnaque financière frauduleuse condamnable cf Maddoff,mais pas pour l’Etat!

      • Je regarde sur le site https://www.agirc-arrco.fr/particuliers/comprendre-retraite-complementaire/cotisations-retraite/
        où ils sont sensé expliquer le fonctionnement de la retraite, jamais ils ne disent que c’est à fonds perdus…
        Il y a même la phrase « Ces points se cumulent sur un compte ouvert à votre nom au début de votre carrière » qui suggère que c’est une sorte de capitalisation…

      • Si si, les Français sont très conscients qu’il acquièrent des droits et non du capital. Et comme disposer de droits sur les autres est leur rêve, tandis que disposer de capital serait un cauchemar, ça leur convient très bien.

  • Bérézina créée par le gouvernement actuel, faut-il le rappeler.
    Ces pompiers pyromanes saisissent toutes les occasions…
    La capitalisation réclamée par l’auteur se réalisera peut-être si le magot des cotisations sera géré par BlackRock. Reste à savoir si ce sera dans l’intérêt des Français…

  • Je doute que la retraite par capitalisation soit la panacée, pas plus d’ailleurs que cédé ne l’est la répartition. Le fond du problème est qu’il faut que nouvelles générations prennent en charges les anciennes, sur ce point rien n’a changé depuis la nuit des temps. Le procédé technique, qui va de l’hébergement chez soi des anciens comme jadis aux fonds de pension est de peu d’importance. Et si l’espérance de vie augmente, il n’y a que deux solutions, soit on consomme moins (et il reste à répartir la pénurie sous forme monétaire), soit on produit plus et il reste à répartir la charge de travail supplémentaire.

    • Vous faites une erreur d’analyse. Le fond de pension est rémunéré en fonction du service qu’il apporte, en fonction des capitaux qu’il met à disposition de l’activité économique. Dans le système par capitalisation, les jeunes n’ont plus à prendre en charge les anciens. Ces derniers non seulement s’assument par leur effort d’épargne antérieur mais encore contribuent à la création de richesse en finançant sainement l’économie. Le retraité par capitalisation est productif jusqu’à son dernier souffle. Il crée constamment des richesses contrairement au retraité par répartition qui se contente de les détruire sans jamais produire.

      Le paramètre de l’espérance de vie n’entre pas en ligne de compte dans la capitalisation dès lors que l’effort d’épargne préalable a été suffisant. En effet, à partir d’un certain niveau d’épargne, vous pouvez vivre éternellement des intérêts perçus sans jamais toucher au capital investi dans l’économie. Pouvoir vivre de ses intérêts est d’ailleurs une des rares définitions intelligibles de la richesse. Autrement dit, la capitalisation est un cercle vertueux qui enrichit la population contrairement à la répartition qui est un système pervers appauvrissant tout le monde, jeunes comme anciens. L’espérance de vie est un paramètre déterminant pour la répartition, mais elle est indifférente pour la capitalisation.

  • Bravo et merci cher Professeur pour cet éclairage.
    Michel Albouy, professeur émérite des universités

  • Le système de répartition n’est en fait qu’une vaste pyramide de Ponzi avec une échelle de temps couvrant des générations. On peut d’ailleurs en dire à peu près autant mutatis mutandis de la sécurité sociale. Il y a une logique perverse dans le socialisme: consciemment ou inconsciemment, les édiles socialistes choisiront toujours une solution allant dans le sens de l’appauvrissement du plus grand nombre avec à la clef une plus grande dépendance des assujettis et un renforcement du pouvoir étatique.

  • prophète de malheur…
    l’état a pensé à tout
    ils vont vacciner d’abord les + de 65 ans
    si cela se passe mal, tout bénéf pour les retraites futures
    ( à noter que les labos ne seront en aucun cas responsables)
    si ils survivent, on pourra vacciner et reprendre une croissance économique fulgurante grâce au grand green deal

    et voilà voilà

  • Excellent article qui explique bien le problème. On voit bien qu’avec le refus obstiné de la capitalisation, l’Etat « nounou » jacobin français s’enfonce de plus en plus dans le socialisme qui interdit aux citoyens de chercher à se débrouiller sans lui. C’est quoi le but ultime ? Tous fonctionnaires et tous pauvres, sauf la nomenklatura.

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