A-t-on livré la France à Amazon ?

Cessons de laisser croire que le e-commerce est le fossoyeur du commerce de proximité. Cessons de faire croire qu’acheter un livre en librairie, c’est de la culture mais l’acheter en ligne c’est un abrutissement.

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A-t-on livré la France à Amazon ?

Publié le 16 novembre 2020
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La deuxième vague de covid frappe la France, et violemment. Plus de cinquante mille nouveaux cas chaque jour, des hôpitaux une nouvelle fois proches de la saturation et, par voie de conséquence, le gouvernement prend la décision d’un reconfinement.

Cette fois il sera un peu moins strict afin d’éviter un choc économique dont notre pays pourrait à terme ne jamais se relever. Les écoles restent ouvertes, les services publics ne seront pas fermés, les entreprises priées de pratiquer autant que possible le télétravail.

A contrario, les étudiants sont invités à suivre les cours à distance, les bars, les restaurants et les commerces jugés non-essentiels devront rester porte close.

 

Essentiel, non essentiel : l’omniscience étatique

Mais qu’est-ce qu’un produit non essentiel ? Lors du premier confinement, la question ne s’était pas posée. Un produit essentiel était un produit permettant de répondre aux besoins impérieux de la vie, manger, boire et maintenir une hygiène correcte. Donc naturellement, les commerces permettant d’acheter ces produits essentiels restèrent ouverts, et tous les autres fermés.

Pour ce deuxième confinement, la définition de produit non essentiel semble un tantinet plus complexe et l’on découvre que les grandes surfaces et autres sites internet vendent autre chose que des produits frais. Notamment des livres, des chaussures, des chaussettes, des produits de beauté, que sais-je encore.

Les commerçants, les lobbys de tel ou tel secteur, l’exception culturelle française, tous font pression sur le gouvernement. Celui-ci ayant déjà fort à faire avec la vague sanitaire ne souhaite pas faire face à une vague poujadiste.

L’omniscience étatiste se met en place. La machine à produire des décrets est lancée. L’État va définir pour nous ce qui est essentiel ou non, ce que l’on peut acheter ou pas, et qui a le droit de vendre ou pas, avec bien entendu toutes les incohérences et les mécontentements que cela va nécessairement engendrer.

Au final, ces sont des images surréalistes de rayons entiers de supermarchés enveloppés dans du cellophane, et des forces de l’ordre vérifiant le contenu des caddies.

 

Succès du e-commerce

À cette caricature étatiste s’ajoute la caricature antilibérale, le besoin de désigner un bouc émissaire. Le capitalisme, l’actionnaire, les dividendes représentés par la grande distribution et le diable Amazon seraient les grands bénéficiaires du confinement et les responsables de tous les maux du commerce de proximité. Ségolène Royal, dans un sketch digne de Muriel Robin, déclarait sur une matinale le 10 novembre :

« Restez chez vous, regardez Netflix, fumez et abrutissez-vous parce que vous êtes interdits d’aller dans les librairies… Alors on est obligé de parler anglais, click&collect, Black Friday, ce n’est pas anodin, on a livré la France à Amazon ! »

Dans son dernier rapport sur les chiffres clés du e-commerce, la Fevad, Fédération e-commerce et vente à distance, nous rappelle que pour les particuliers en France, le commerce en ligne représente un chiffre d’affaires de plus de cent milliards d’euros, 103,4 milliards en 2019, en hausse de 11,6 % par rapport à 2018. Cette tendance ne se dément pas, c’est une croissance moyenne de 13 % par an depuis quatre ans.

Quand on regarde de plus près ces chiffres, on s’aperçoit que les ventes de produits, de biens de consommation, représentent 44 % contre 56 % pour les ventes de service qui sont elles-mêmes quasiment exclusivement tirées par le tourisme.

Le chiffre d’affaires des ventes en lignes de produits en France en 2019 s’élève par conséquent à environ 45 milliards d’euros, c’est moins de 10 % de part de marché du commerce de détail total en France, mesuré à 463,6 milliards d’euros par l’Insee (hors carburant).

Quarante millions de Français achètent sur internet, c’est quasiment 80 % des internautes, et contrairement à ce que l’on pourrait intuitivement penser, sans distinction de catégories socio-professionnelles et d’âges, de 15 à 65 ans1.

Tous déclarent que leurs achats sur internet n’ont pas d’impact sur le commerce local, ces achats se situant davantage comme une alternative à un déplacement en grande surface, ou dans un centre commercial.

Ces achats permettent de réduire considérablement les kilomètres en limitant les déplacements. Les Français n’opposent pas les canaux de distributions. Ils les utilisent tous, tirant bénéfice de chacun.

Le commerce en ligne, ce sont 200 000 emplois directs en France auxquels s’ajoutent les emplois chez les partenaires privilégiés tels que la logistique et le transport. C’est également un canal de plus en plus utilisé par les artisans. Le développement des places de marché ouvre des perspectives de développement de chiffre d’affaires en France et à l’export, des marchés qui n’étaient jusqu’alors pas exploitables.

 

Le diable Amazon ?

Quant au diable Amazon, je pose quelques chiffres. Depuis 2010, Amazon en France, ce sont 9,2 milliards d’euros investis dans l’outil industriel, la logistique et les salariés. Ce sont 9300 emplois en CDI créés. Ce sont 5,7 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2019, et une contribution de 420 millions d’euros d’impôts, taxes et autres cotisations.

50 % des produits vendus sur le site proviennent de vendeurs partenaires, 11 000 PME françaises vendent à travers les plateformes d’Amazon, et 70 % de celles-ci exportent vers des territoires qui leur étaient inaccessibles. Ces exportations représentent un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros.

Amazon est le leader en France du e-commerce mais ne représente que 10 % de celui-ci, et 1 % du commerce de détail. Pour la librairie, Amazon vend principalement du fond de rayon, 70 % de ses ventes étant des livres édités depuis plus de deux ans.

Pas de quoi déclencher l’hystérie, d’autant plus qu’Amazon n’est pas seul. Fnac.com, Cdiscount, Weepee, Leclerc pour ne citer que les premières font partie des places de marchés prépondérantes.

 

Les entreprises françaises en retard sur le numérique

La technologie est là, les Français sont prêts et pourtant, dans sa dernière étude le conseil national du numérique met en exergue la faiblesse et le retard de la France en matière de numérique pour ses PME.

Celle-ci porte sur sept pays européens : Allemagne, Irlande, Royaume-Unis, Finlande, Suède, Espagne et Italie ; et sept pays hors Europe : États-Unis, Canada, Israël, Japon, Corée du Sud, Chine et Brésil. Le tissu français des entreprises est en retard sur tous ses voisins et compétiteurs dans tous les domaines de la numérisation.

Avec 66 %, les entreprises françaises possèdent le plus faible taux de détention d’un site internet, 15 % font du commerce en ligne contre 24 % en Allemagne, 62 % en Israël et 72 % aux États-Unis.

Dans l’e-export le diagnostic est identique : la France avec 5,5 % d’entreprises exportatrices via le canal internet a le taux le plus faible. L’Allemagne est à 9 %, l’Irlande 12 % et la Chine à 22,5 %.

Du coté des grandes entreprises et de l’industrie, le tableau n’est pas plus réjouissant. L’international Federation of Robotics relève que 73 % des robots déployés dans le monde sont installés dans cinq pays : Singapour, Corée du Sud, Japon, Allemagne et Suède.

La France compte 177 robots pour 10 000 emplois industriels contre 350 en Allemagne et 980 à Singapour. Toutes les études mettent en évidence une relation de causalité inverse entre le taux d’équipement de robots et le taux de chômage.

Cessons d’opposer le commerce traditionnel au commerce en ligne. Cessons de laisser croire que le e-commerce est le fossoyeur du commerce de proximité. Cessons de faire croire qu’acheter un livre en librairie, c’est de la culture mais l’acheter en ligne c’est un abrutissement.

Cessons de croire que les robots tuent nos emplois. Cessons de pointer du doigt le capital nécessaire à l’investissement. Le numérique est un atout indispensable pour toutes les PME mais également pour l’industrie française.

Cette pandémie aura agi comme un rasoir à deux lames sur le visage de la France.

La première vague a démontré que l’on peut être le pays avec le taux de prélèvements le plus élevé de l’OCDE, avoir 11 % du PIB engouffré dans les dépenses de santé et dans le même temps avoir un système de santé défaillant. Deux fois moins d’infirmières qu’en Allemagne, un personnel de santé payé entre 20 et 40 % de moins et deux fois moins de lits d’hôpital par habitant que nos voisins d’outre Rhin.

La  deuxième vague met en exergue l’autre facette de ces records de pression fiscale : le manque d’investissement. La fiscalité sur le capital et les impôts de production ont créé un déficit chronique d’investissement des entreprises françaises.

La crise du covid n’a pas été un élément déclencheur mais fut un accélérateur de tendance, pointant les faiblesses du tissu économique français et le poids exorbitant de l’État. Les politiques de tous bords possèdent bien entendu tous ces chiffres, toutes ces études, toutes les analyses.

Au lieu de tomber dans un populisme nauséabond, au lieu de jouer sur les peurs et les croyances, ils seraient plus inspirés à prendre les mesures, à travailler sur les programmes visant à accompagner l’économie vers une transition numérique pour laquelle la France est une nouvelle fois en train de prendre un retard considérable sur tous les autres pays.

Il importe que le débat public, scientifique, rationnel aide à la compréhension et à l’acceptation des nouvelles technologies et aux nécessaires réformes de l’État. La dernière projection du FMI est effrayante. À horizon 2025, l’institut voit la dette de la France à 125 % de son PIB, et celle de l’Allemagne à 60 %.

C’est la fragmentation de l’Europe qui est en jeu. Fragmentation qui serait fatale à notre pays. Mais ces incidences majeures méritent un personnel politique majeur.

  1. Source Médiamétrie : 15-24 ans 81,4 %, 25-34 ans 89 %, 35-46 ans 86 %, 50-64 ans 81 %, +65 ans 72 %. CSP+ 92 %, CSP- 82 %.
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  • Êtes vous commercial chez Amazon?

    • Si c’est un commercial d’Amazon, il risque de se faire virer pour avoir mis en évidence les zones où la France, mais surtout les entrepreneurs français et les taxateurs de Bercy, doivent agir en urgence pour atteindre,tant en local qu’à l’export, les performances des entreprise US, chinoises, européennes, asiatiques, etc.

    • le serait il..? ça vous gêne quand un petit commerçant se défend?

    • Si c’est le cas, en quoi est-ce dérangeant ?

      L’auteur n’a fait qu’énoncé des faits vérifiables (taille du marché de détails, du e-commerce, etc.), il n’a pas glorifié Amazone et la partie dédiée à cette entreprise doit représenter, grosso modo, 15/20% de l’article.
      Le reste de l’article concerne la position de la France par rapport au numérique et notre retard dans ce domaine.

    • @ petit prince
      Vous n’avez pas d’autre idiotie à nous sortir? Vous ne savez pas lire? Il vient de vous donner tous les chiffres. Et si Amazon profite c’est bien à cause des cons qui nous gouvernent puisqu’ils nous interdisent de sortir et d’acheter librement !

  • Après la France qui fume et qui roule au diesel, voici venue la critique de la France qui fume et qui achète sur Amazon !
    Ah ! Qu’elle est belle la gauche française ! Qu’elles sont fines et bienveillantes ses opinions !
    Et dire que certains s’étonnent de la mort du PS…

  • Il y a indéniablement un tropisme pour le e-commerce. Au lieu de s’étonner que les commerces de centre-ville soient désertés (merci aux politiciens anti-bagnoles !) et que Amazon et consorts rencontrent un beau succès, nos dirigeants devraient :
    – mettre un terme aux PDU anti-bagnoles, sinon le client type des librairies et autres petits commerces sera le bobo-écolo-urbain-et de gauche, se déplaçant en trotinette-fabriquée-en-Chine… un peu limitée comme clientèle…
    – faire naître des géants français de l’e-commerce en prenant enfin conscience que c’est une partie importante de notre avenir…

  • Moi, c’est « Amazon only » !

    Et vous ?

    En fait je m’en fous…

  • Les deux modes de commerce ont leurs raisons d’être, ils sont en temps normal complémentaires. Par contre les effets du poison dus aux dispositions liées au confinement se produit lentement et nous en percevrons les effets à la sortie quand nous ne retrouverons plus nos petits commerces que la COVID aura occis. Le champ sera alors libre pour l’e-commerce.
    Je note, par ailleurs, qu’il y a un populisme nauséabond ce qui suppose qu’il en existe un fleuri et bien odorant qui impose d’abroger la liste des causes et méfaits, établie ici, produits par le premier. Qu’attend-t-on?

  • A t-on livré la France à Microsoft ? Cette entreprise américaine a pratiquement un monopole sur tout les systèmes d’exploitation qui équipent nos ordinateurs, pareil pour les logiciels… Amazon ne « vole rien aux autres », ils ont su mettre leur intelligence au profit des consommateurs, Excellent service très fiable. Belle réussite.

  • « …Quant au diable Amazon, je pose quelques chiffres. Depuis 2010, Amazon en France, ce sont 9,2 milliards d’euros investis dans l’outil industriel, la logistique et les salariés. Ce sont 9300 emplois en CDI créés. Ce sont 5,7 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2019 et une contribution de 420 millions d’euros d’impôts, taxes et autres cotisations… »
    Tout les reste est de la littérature gauchiste !
    Merci pour cet article qui, comme les précédents sur le sujet, remettent les pendules à l’heure.
    Vous évoquez des propos tenus par Ségolène Royale ? C’est moche ! On ne se moque pas d’une folle !!

  • Pourquoi Amazon prospère ? Pourquoi les librairies font faillites ?

    L’un propose un service qui est apprécié par le consommateur. L’autre ne le fait pas.

    Il n’y a rien à dire de plus.

    • Un résumé simple et efficace !

      J’ai un petit exemple récent de l’efficacité du service client d’Amazone versus celui de Mango (magasin de vêtement).

      Ma compagne a commandé chez Amazone un panier pour nos chats, ce dernier a du retard dans la livraison, elle contacte Amazone pour demander des informations.
      Ces derniers répondent que si nous ne recevons pas le colis d’ici 3 jours (ce qui fera au total une semaine de retard), ces derniers nous rembourseront car ils considéreront le colis comme perdu. Simple et efficace.
      De l’autre côté, ma compagne commande en septembre des vêtements chez Mango, environ 30 € de marchandises. Le colis n’arrive pas et elle contacte par mail le service client, ce dernier annonce qu’ils vont enquêter pour voir où en est le colis. Je vous passe les détails, il aura fallut plus d’un mois, de multiple relance de ma compagne pour enfin obtenir le remboursement de ce colis jamais réceptionné.

      Donc oui Amazone est efficace, le service client répond bien et rapidement, la différence est là.

      • Exact. Service client hyperefficace. J’ajoute : véritable plus value pour les avis de la clientèle, quasi absente ou très pauvre sur la plupart des sites.
        A tel point qu’il m’arrive, les fois où j’achète ailleurs d’aller valider mon choix en regardant sur Amazon les avis des acheteurs !

      • Je vous donne un autre petit exemple: ma fille vient me voir un samedi en fin d’après-midi, affolée, comme quoi il fallait acheter un livre scolaire pour lundi et qu’elle avait oublié de me le dire. Jje lui commande vers 18h00, en catastrophe. Le livre a été livré le lendemain dimanche matin, à 11h00. Je répète: le dimanche matin à 11h00 !

  • Cessons de faire croire qu’acheter un livre en librairie, c’est de la culture mais l’acheter en ligne c’est un abrutissement.

    Le problème n’est absolument pas là. Il est dans ce qui ressemble beaucoup à d capitalisme de connivence, autrement dit un gouvernement favorisant une entreprise – ou un type d’entreprises, en l’occurrence : celles vivant du commerce en ligne – au détriment d’autres entreprises, en l’occurrence le petit commerce, de proximité.

    L’auteur lui aussi tombe semble-t-il dans le panneau de l’inéluctabilité de la fermeture des commerces « non essentiels », ce qui pose question en termes de libertés, et de compréhension de cette crise. Se référer aux articles d’un certain nombre d’autres auteurs de CP, dont le Dr De Casanove, par exemple. Une maladie dont la gravité est de l’ordre de grandeur de celle de la grippe saisonnière, donc gérable comme une grippe saisonnière, peu ou prou, autrement dit sans confinement et sans restrictions drastiques de nos libertés – donc sans fermeture des petits commerces soi-disant « non essentiels ».

    Je précise que je suis client d’Amazon et absolument pas gêné de sa réussite, au contraire – mais pas par de tels moyens. Le gouvernement est juste en train de tuer des centaines de milliers de petites entreprises, et de précipiter des millions de gens dans la précarité ; et c’est révoltant.

    • «Le problème n’est absolument pas là. Il est dans ce qui ressemble beaucoup à d capitalisme de connivence, autrement dit un gouvernement favorisant une entreprise… »

      Rien à voir avec du capitalisme de connivence, c’est juste un effet induit, qui plus est par une décision idiote.
      Et c’est souvent le cas avec les décisions arbitraires prises par l’état.
      Le marché a toujours une solution : raréfiez les taxis, et hop Uber, augmentez les charges, et hop travail au noir, supprimez les voitures en ville, et hop Amazon et Cie…

  • « Cessons de croire que les robots tuent nos emplois. »

    Cessons de laisser des idiots formater les esprits !

    Un robot est un outil comme un marteau, une perceuse sans fil ou un programme d’ordinateur. Des gens qui n’ont même pas encore compris l’usage du couteau en silex délirent sur les médias tantôt pour dire que ces outils vont supprimer le travail, tantôt pour dire qu’ils vont asservir l’humanité.

    La non-compréhension de ce qu’est un outil (de l’ordinateur au robot en passant par la voiture) va simplement reléguer la France au fond du classement en matière de puissance économique.

    • ben en effet…le lundi on manifeste pour le pouvoir d’achat,le mardi contre la société de consommation, le mercredi pour la réduction du temps de travail et le jeudi contre les machines qui nous volent le boulot..

  • Un article et des commentaires qui s’en tiennent trop au superficiel. Oui, en effet, Amazon est une excellente machine commerciale basée sur le numérique. Tout le monde est d’accord et les plus critiques sont aussi des clients de l’entreprise honnie. Mais l’essentiel est ailleurs. Amazon se dirige vers une situation monopolistique. Se rend-t-on compte que confier à un monopole la distribution de livres c’est ouvrir la porte au plus infame du capitalisme de connivence, celui où la profitabilité a comme contrepartie le regard de l’Etat sur la littérature distribuée ? Concernant la distribution des autres produits, on serait effaré de connaître la proportion de produits importés, Amazon est une machine qui profite de la désindustrialisation et qui l’alimente. Certes, Amazon n’est pas coupable, mais est un vecteur du mal qui nous atteint. Amazon delenda est. Mais pas en l’attaquant, en changeant le modèle économique et social (ce dernier est impitoyable pour les petites entreprises, paradisiaque pour les grandes), il serait temps de voir que l’Etat omniprésent et les entreprises dominantes complices sont les deux faces du même problème.

    • Amazon existe depuis 25 ans et les librairies n’ont pas disparu. Cessez donc d’exagérer. C’est le gouvernement qui les a obligé à fermer et va donc ainsi les faire disparaître car elles doivent quand même payer le loyer de leurs boutiques pendant ce temps là. La FNAC vend aussi des livres. Et question désindustrialisation c’est faux puisque Amazon a intérêt à se fournir sur place, si les produits français sont chers ce n’est pas sa faute mais celles de l’état qui aggrave les coûts avec ses impôts et ses taxes sur les entreprises!

      • Je n’accuse pas Amazon de désindustrialisation, je dis juste que c’en est un vecteur. Quand au local, certes le modèle économique et surtout social l’écarte des marchés, cependant la multinationale a plus vite fait de se fournir en Chine et ailleurs pour desservir tous les pays de distribution plutôt que de fouiner chez les producteurs locaux.

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