Supprimer l’école à la maison est techniquement impossible

L’Éducation nationale n’est plus en mesure de mettre les professeurs nécessaires en face des élèves. Lui rajouter 50 000 élèves à la rentrée prochaine est impossible.

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Supprimer l’école à la maison est techniquement impossible

Publié le 17 octobre 2020
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Par Jean-Baptiste Noé.

La décision d’interdire l’école à la maison est une atteinte profonde à la liberté éducative et aux droits des parents d’instruire leurs enfants. C’est une mesure inutile pour lutter contre l’islamisation des jeunes puisque, jusqu’à présent, 100% des terroristes sont passés par l’école publique. Mais c’est aussi une mesure impossible à appliquer compte tenu de son coût et des besoins humains qu’elle nécessite.

L’école à la maison aurait-elle plus de succès que l’on croit ?

L’État a toujours dissimulé le nombre d’enfants scolarisés à domicile pour camoufler la défiance des parents à l’égard de l’Éducation nationale. On ne pouvait accéder à ses données qu’en croisant plusieurs rapports et en recoupant les remontées d’association.

Voilà qu’Emmanuel Macron, tout affairé à la lutte contre le séparatisme, a annoncé que 50 000 enfants étaient scolarisés à domicile, ce chiffre étant de 35 000 il y a cinq ans. C’est un terrible désaveu de l’école républicaine et laïque qui n’est plus capable d’instruire correctement les enfants.

La plupart des parents qui choisissent l’école à la maison le font pour des raisons de commodités organisationnelles et pour permettre à leurs enfants de recevoir une instruction de qualité.

Interdire l’école à la maison, c’est donc intégrer en septembre 2021 50 000 enfants supplémentaires dans l’école d’État. C’est techniquement impossible, car jamais le ministère ne pourra en supporter le coût financier et répondre aux besoins humains que cela suppose.

Les classes ayant en moyenne 30 élèves, 50 000 élèves en plus à l’école représentent près de 1600 classes à créer. Soit autant d’instituteurs à embaucher. Ne connaissant pas l’âge de ces élèves il n’est pas possible de savoir lesquels iront à l’école et lesquels iront au collège.

S’ils vont au collège, il faudra recruter encore plus de professeurs, en langues, en mathématiques, en physique, etc. des disciplines où la pénurie est forte. Confrontée au double phénomène d’un accroissement des démissions et d’une absence de candidats aux concours, l’Éducation nationale n’est plus en mesure de mettre les professeurs nécessaires en face des élèves. Lui ajouter 50 000 élèves à la rentrée prochaine, c’est accroître encore davantage une machine qui est déjà très fortement sous tension.

Impossible de créer les classes nécessaires

Une centaine d’établissements scolaires correspond à 1600 classes, étant bien entendu que les élèves scolarisés à domicile ne sont pas répartis de façon égale sur le territoire. Toujours est-il que pour les intégrer dans le système national d’éducation il va falloir créer de nouveaux établissements.

Donc, trouver des terrains à bâtir et investir dans de nouvelles écoles. Recruter des chefs d’établissement, des administratifs, du personnel d’entretien, des surveillants, etc. Le coût d’investissement est colossal et ne pourra jamais être mobilisé d’ici septembre 2021. Quand bien même l’État disposerait des moyens financiers, il n’aura jamais le temps de construire ces établissements d’ici la rentrée prochaine.

À cela s’ajoutent les coûts de fonctionnement. Le coût moyen d’un élève du primaire est de 6200 euros annuel, celui d’un collégien de 8600 euros. Intégrer 50 000 élèves dans l’école publique représente donc une dépense annuelle de près de 400 millions d’euros. Jamais l’État ne trouvera l’argent nécessaire pour supporter et l’investissement et le fonctionnement généré par une telle décision.

Souvenons-nous d’une promesse de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron : le dédoublement des classes de ZEP pour passer de 26 à 13 élèves par classe. Outre que cette mesure est inutile sur le plan pédagogique elle était impossible à réaliser sur le plan technique : dédoubler les classes signifie multiplier leur nombre par deux, donc d’instituteurs et d’établissements. Cette mesure n’a jamais été appliquée. Jean-Michel Blanquer a fait quelques dédoublements en Seine-Saint-Denis, pour donner le change et faire croire à son application, et tout s’est arrêté.

Il en ira de même pour cette mesure. Les parents qui instruisent leurs enfants à la maison font réaliser d’importantes économies à la collectivité nationale : ils payent pour un service qu’ils ne consomment pas.

Attendons donc les mois à venir et voyons comment le ministère de Grenelle va se dépatouiller de cette idée qui ne pourra pas aller plus loin que le papier.

Maj le 22/10/2020 : une erreur de calcul a été corrigée

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  • C’est encore une fois s’attaquer à un problème qui n’existe pas. Si quelques ismamistes font du lavage de cerveau au lieu d’envoyer leurs enfants à l’école, il faut casser les pieds à ces islamistes : vérification du niveau des enfants, renvoi en classe sinon suppression des allocs (on pourrait d’ailleurs imposer le même contrôle aux gamins qui vont à l’école…). Mais évidemment, c’est « stigmatisant ».
    S’attaquer à de faux problèmes permet à l’Etat d’avoir l’air d’agir et de cacher son incompétence dans la gestion des domaines dont il est responsable. Les prisons sont remplies, non pas d’enfants scolarisés à domicile mais de ceux confiés à « l’Aide sociale à l’enfance ».

  • Ceux qui utilisent le plus « l’école à la maison » sont les enseignants eux-mêmes :
    d’une part en encadrant quasiment toutes les activités de leurs enfants pour que, EN PLUS des heures à l’école, tout soit éducatif, enseignant, et « au programme cette année ». Ce n’est ni bien ni mal.
    D’autre part ils sont un certain nombre, mais là je n’ai pas de chiffres, à sortir leurs propres enfants du système éducatif où eux-mêmes travaillent.
    En fait, ce sont là encore des mesures envisagées -et l’auteur pointe bien leur inadaptation dans la pratique- pour soi-disant « protéger » des élèves musulmans de certaines dérives religieuses, mais dont par ricochet tout le monde risque de pâtir. Quoique atteindre ainsi l’école à la maison de parents catholiques, par exemple, n’est pas pour gêner ce gouvernement.

  • En résumé, nous ne pourrons pas appliquer cette décision politique (valable ou non, là n’est pas le sujet) parce que l’intendance ne suivra pas ?
    Et pour la même raison :
    – nous n’appliquons pas les peines de justice. (pas assez de places en prison)
    – nous subissons des mesures liberticides (pas assez de lits et de personnel à l’hôpital)
    – etc etc.
    ZUT à la fin ! Qui dirige ce pays ? Des politiques ou des technocrates ?

  • c’est ce qui s’appelle mettre la charrue avant les bœufs ; entre  » je vais faire ça  » et le mettre en pratique , surtout quand les moyens notamment financiers ne suivent pas , il y a un gouffre ; si tout ces politiciens voulaient créer une entreprise , elle ne ferai pas long feu ; l’école à domicile a de long jour devant elle et c’est tant mieux ;

  • En plus sur les 50000 enfants non scolarisés, sans doute que 90% ont des raisons tout à fait valable, maladie chronique, parents travailleurs internationaux en mutation etc.. Il faudrait plutôt cibler les écoles islamiques non déclarées, et encore..

  • Etrange… l’auteur défend-il ou non l’instruction à la maison ? Et défend-il ou non l’instruction publique ?
    Quand il écrit « C’est un terrible désaveu de l’école républicaine et laïque qui n’est plus capable d’instruire correctement les enfants. », on peut lire qu’il soutient l’éducation publique en demandant qu’elle soit de meilleure qualité pour que les parents ne décident pas d’en sortir leurs enfants.
    Donc vu d’un côté, ce serait de la défiance vs l’éducation nationale, de l’autre ce serait de la liberté. Sans doute un mélange des deux.
    Tiens, pour info, aux USA, grand pays libéral, il y a environ 850.000 enfants scolarisés à domicile. Sans doute parce que le système privé est trop cher et que l’école publique pas assez de bonne qualité.
    Et pour info, en Suisse, pays très libéral, 16 cantons sur 26 permettent cette pratique (ce qui veut dire que 10 cantons l’interdisent).

    •  » l’auteur défend-il ou non l’instruction à la maison ? Et défend-il ou non l’instruction publique ? »
      il ne défend pas, il constate !
      les parents étant les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, il est légitime qu’ils souhaitent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants (l’école à la maison en étant une parmi d’autres, la mieux adapté pour un certain nombre de cas).

      • Non, l’école a la maison n’est pas le mieux pour des enfants sauf à vouloir en faire des enfants à part appartenant à une caste, une communauté.

  • Pardon, mais 50,000 x 8,600, cela donne à peu près 430 millions et non 4 milliards.

  • Comme d’habitude, une communication théâtrale pour une décision saugrenue et parfaitement inutile.

  • 50 000 élèves en plus, c’est 0,5% d’effectifs en plus.
    Quelle organisation n’est pas capable d’absorber cela ?
    La contestation pour la contestation, vous devenez pathétiques.

    Par contre, le nombre d’enseignants depuis l’année 2000 a-t-il baissé a du proportions des effectifs : NON
    Comment expliquer que le niveau des élèves baisse alors qu’il y a par élève plus de moyens ?

    • Toute organisation collectiviste comporte les gènes de son auto-destruction. L’école publique n’échappe bien évidemment pas à cette loi d’airain socio-économique.

      PRI-VA-TI-SA-TION !

    • « Comment expliquer que le niveau des élèves baisse alors qu’il y a par élève plus de moyens ? »
      Parce que, pour des raisons politiques, idéologiques et électorales, le niveau d’exigence a diminué.

      Si vous voulez augmenter le niveau de connaissances/qualifications d’une population, vous pouvez:
      1/réorganiser le système d’enseignement vers plus d’efficacité, une meilleure adéquation vis-à-vis des populations visées et tenir un discours de vérité sur les capacités de chacun en encourageant la valeur ‘travail’: c’est long, difficile, potentiellement couteux et électoralement incertain car cela passe par ne pas forcement dire à la population ce qu’elle veut entendre. Entre autres que leurs enfants ne sont pas tous des génies.
      2/abaisser progressivement le niveau d’exigence et enlever tout ce qui peut poser des difficultés intellectuelles: c’est facile, peu couteux, électoralement intéressant (dans un 1er temps), les conséquences négatives étant très tardives (en dehors des échéances électorales).

  • L’école a la maison.., c’est du temps des nobles et des gueux….. Ça n’a pas de sens alors que les femmes ont obtenu leur liberté. Qui peut se permettre de faire l’école à la maison ? Faut du pognon, bcp de pognon.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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