Exception française : « Aucune politique libérale n’a jamais été menée en France »

Un entretien avec Jean-Philippe Feldman, professeur agrégé de droit, maître de conférences à Sciences-Po et avocat à la Cour de Paris. Il est l’auteur d' »Exception française », paru chez Odile Jacob (octobre 2020).

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Exception française : « Aucune politique libérale n’a jamais été menée en France »

Publié le 8 octobre 2020
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Un entretien mené par Frédéric Mas.

À en croire la plupart des journalistes et des commentateurs français, en général à gauche mais pas toujours, la France est un enfer « ultralibéral » que la classe politique a pour rôle historique d’encadrer toujours plus pour sauver le pays. Seulement pour vous, c’est essentiellement une fable qu’aucun fait historique ne semble étayer. Au contraire, la France est le pays interventionniste, antilibéral et anticapitaliste par excellence. C’est même pour vous une dynamique longue : pourquoi une telle « exception culturelle » et depuis quand ?

Le libéralisme n’est pas en odeur de sainteté en France, ce qui relève tout autant de l’évidence que d’un constat. Mais généralement, on renvoie les origines de l’antilibéralisme français à 1981, 1944 ou 1936, guère avant. L’objet de mon ouvrage, Exception française, est de montrer que, aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, les Français n’ont jamais fait preuve de libéralisme.

Pour cela, il est nécessaire de scruter les faits au-delà de la Révolution française : sous l’Ancien Régime, aux origines mêmes de notre État.

Comment expliquer cette « Exception française » ? Par un ensemble de facteurs que mon livre recense autour des douze chapitres consacrés aux disciplines les plus diverses, à commencer par l’économie, le droit, la sociologie ou encore la religion. J’en conclus qu’aucun facteur, de quelque ordre qu’il soit, n’a été favorable à l’introduction des principes libéraux en France.

Vous revenez sur un certain nombre de mythes particulièrement tenaces chez les libéraux. Certains d’entre eux cherchent dans l’Histoire du pays des moments qui pourraient en quelque sorte expliquer l’antilibéralisme comme une « sortie de route » d’un sillage finalement assez ami des libertés. Je pense en particulier à deux moments célébrés par les amis de la liberté que sont la Révolution française et l’avènement de la Troisième République. Dans le premier cas, on pense immédiatement à l’abolition de l’Ancien Régime et des privilèges comme des corporations qui lui sont associées, dans l’autre, certains célèbrent l’avènement d’une République de petits propriétaires attachés au gouvernement limité. On pense à Léon Say, qui était aux finances pour 10 gouvernements sous ce régime. Rien n’est vrai ? Le ver du socialisme français est déjà dans le fruit ?  La Cinquième République et son autoritarisme n’a-t-elle pas introduit une rupture profonde avec le légicentrisme libéral et républicain, comme l’affirme Nicolas Roussellier dans La force de gouverner ?

Non seulement aucune politique libérale n’a jamais été menée en France, mais encore les moments lors desquels les libéraux ont été au pouvoir relèvent eux-mêmes de l’exception. Qui d’ailleurs depuis Turgot au milieu des années 1770 ?

Pour ce qui concerne la Révolution française, les libéraux ont toujours été partagés, éloignés qu’ils étaient des positions tranchées de la droite et de la gauche. À certains égards, la Révolution de 1789 a été libérale : la libération de l’agriculture, la proclamation des Droits de l’Homme, l’abolition des corporations.

Mais la Révolution est empreinte d’ambiguïté depuis ses premiers instants : le protectionnisme reste pesant, les déclarations des Droits de l’Homme sont polluées par un légicentrisme permanent, la lutte contre les corporations s’accompagne de l’interdiction de ce que l’on appellera plus tard les associations. En réalité, les libéraux sont autant éloignés des thuriféraires les plus extrêmes de la Révolution que des contre-révolutionnaires. Et au lieu d’aboutir à une rupture libérale, la Révolution va accoucher d’une société plus centralisée que celle de l’Ancien Régime.

Quant aux républicains des débuts de la Troisième République, ils témoignent du fait que le républicanisme est très éloigné à beaucoup d’égards des principes du libéralisme. Ainsi, Jules Ferry, le chantre de l’école laïque et obligatoire, le héraut du colonialisme, a-t-il toujours combattu le libéralisme dans sa dimension économique. Même Léon Say, attaché à une orthodoxie financière douce aux yeux des libéraux, verse dans le conservatisme. Un mouvement qui sera accusé par des penseurs comme Paul Leroy-Beaulieu, lequel sombrera dans la défense du bon colonialisme français face au mauvais impérialisme américain.

La Cinquième République est plus en continuité qu’en rupture avec les régimes précédents. Certes, la Constitution nouvelle dans sa pratique détonne par rapport au « régime d’assemblée » de sa devancière, mais la France avait déjà connu des régimes à exécutif fort dans son histoire et l’on n’a pas manqué de tracer un parallèle entre le césarisme et le bonapartisme.

Lorsque l’on lit certains discours du général de Gaulle des années 1960, on ne peut qu’être frappé par les points communs qu’ils recèlent avec certains textes de l’Ancien Régime, notamment sous Louis XV. La pression fiscale et le « harcèlement textuel » n’ont rien non plus de vraiment novateur sous la Constitution de 1958.

Ce qui est frappant, c’est l’évolution parallèle entre les pays de langue anglaise et le modèle français. Les premiers semblent avoir adopté presque naturellement le libéralisme comme une seconde peau, tandis que le modèle politique français s’enferre dans un modèle ultradirigiste qui deviendra vite une prison fiscale pour ses habitants. Qu’est-ce que les Anglo-saxons ont que nous n’avons pas ? Sont-ce les racines profondes du gouvernement représentatif à l’anglaise qui expliquent cet éloignement ?

C’est un grand classique du comparatisme que de confronter la France à l’Angleterre et, plus largement, au monde anglo-saxon. Mais opposer une France antilibérale à un monde anglo-saxon libéral serait plus que caricatural. N’oublions pas que les États-Unis ont toujours été très attirés par le protectionnisme.

Quant à l’Angleterre, si elle a été plutôt libérale à l’intérieur de ses frontières à compter du XVIIe siècle, elle s’est affichée comme protectionniste dans le domaine industriel jusqu’aux années 1810 incluses et dans le domaine agricole jusqu’aux années 1840, alors que le rapport de la France au protectionnisme était plus ambigu jusqu’à la Révolution française.

Je consacre deux chapitres à la comparaison France/Angleterre et France/États-Unis. Quant aux États-Unis, j’insiste sur les différences profondes en matière constitutionnelle et j’en conclus que les Français n’ont que trop rarement compris ce qu’était le constitutionnalisme.

Quant à l’Angleterre, les différences sont évidemment plus anciennes, mais également plus nombreuses. L’Angleterre, ne l’oublions pas cependant, était aussi centralisée que la France originellement. Mais les luttes entre la monarchie, la noblesse et le reste de la population ont évolué différemment Outre-manche.

Et paradoxalement, la centralisation anglaise a conduit à un développement des libertés locales, tandis que celui-ci a été rapidement combattu de manière victorieuse par la monarchie en France. Surtout les pays anglo-saxons -ceci dit superficiellement- témoignent d’un respect de la propriété et de l’égalité juridique qui n’existe pas au même degré hélas en France !

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  • Un autre entretien avec Jean-Philippe Feldman :

    Dur, dur …

    • Le contradicteur de M. Feldman dit à un moment que la privatisation est une spoliation des citoyens. On croit rêver ! Mais il incarne tout à fait les principes rousseauiste qui fondent notre république : « Les fruits sont à tous, et la terre n’est à personne. » (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes).

      •  » Le contradicteur de M. Feldman dit à un moment que la privatisation est une spoliation des citoyens. On croit rêver !  »

        Oui la fameuse rhétorique gauchiste et libertaire qui dit que la privatisation c’est le vol. Ils devraient relire l’histoire et d’arrêter leur cécité volontaire car les pus grands des voleurs ce sont les états. Les romains par exemple ne sont pas emparés de la Gaule en signant un contrat de vente avec les gaulois. Et c’est juste un exemple. Les états dans leur ensemble se sont formés essentiellement par des guerres et des invasions. La spoliation par la violence.

        Alors que la privatisation c’est un acte contractuel entre individus ou groupes d’individus et l’état. Le citoyen n’est donc pas spolié au contraire; il est allégé du fardeaux que lui pèse le fisc.

  • La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, un des piliers de notre bloc constitutionnel, est pourtant un sommet de liberalisme !
    Faut croire que, comme dit l’autre, la France n’est pas le pays des droits de l’homme, juste celui de sa Déclaration.

    • quand on enlève la gueule, il ne reste plus que les chaussures !

    • Bien sûr puisque ces droits de l’homme, d’ailleurs copiés sur ceux des USA, furent bafoués aussitôt par les révolutionnaires, les massacres de la terreur et en Vendée les suivant aussitôt!

      • Ceux des Anglais furent par ailleurs écrits un siècle plus tôt, en 1689, avec le fameux Bill of Rights. La France n’a donc aucun titre à usurper le titre de « pays des droits de l’homme ».

    •  » la France n’est pas le pays des droits de l’homme, juste celui de sa Déclaration.  »

      Tout est relatif. Tout dépend à qui on la compare.

  • Ah enfin quelqu’un qui semble voir clair ! et qui ne range pas tous nos problèmes dans le tiroir du socialisme doctrinaire. C’est commode mais notre commode nationale a plus d’un tiroir.

    #corruptissima republica plurimæ leges#

  • Ce livre aborde un thème passionant.
    Le problème est maintenant devenu européen, hélas.
    Tout cuistrerie mise à part, lorsque L XIV déclare « l’état c’est moi », il consacre la dérive centralisatrice de la monarchie capétienne, en cours depuis des siècles, et qui était basée sur le « qui t’a fait roi, qui t’a fait comte ». En nommant « l’état », qui existe dès lors, « à côté » du roi, il condamne sa dynastie à terme. Quatre-vingt ans après sa mort, effectivement, lors de la première crise « proto soviétique » de l’état obèse monarchique et de la société bloquée, les capétiens sont remplacés d’abord par des courtisants suicidaires, ensuite par des jacobins et finalement par le plus fort d’entr’eux, Napoléon. Celui-ci transmet le virus jacobin -vrai virus inguérissable celui-là- à l’ensemble de l’Europe, qui se débarasse du personnage à Waterloo, mais garde précieusement ses idées à Vienne.
    Celles-ci vont mener à la création, au cours du XIXeme siècle, de super états dans toute l’Europe et aux USA et à la deuxième vague d’un colonialisme beaucoup moins commercant et beaucoup plus conquérant.
    La suite est connue: au XXeme, deux guerres mondiales, et maintenant, on remet cela avec le super état européen, le remake de la guerre froide etc.
    La suite au XXIeme. Accrochez vous à vos chaines, cher amis.

    • Louis XIV n’a jamais dit « l’Etat c’est moi » ! Ou bien, s’il l’aurait bien dit, ce cher Pierre-Édouard Lemontey aurait eu un énorme coup de chance digne de la révélation divine pour lui avoir prêter cette formule 103 ans après la mort du Roi Soleil !

  • Les principes républicains, rousseauistes et jacobins, sont de par leurs natures, incompatible avec les principes libéraux !

    • Pas évident ! Les républicains partagent une vision de la liberté loin d’être incompatible, Rousseau est resté ambigü sur le droit naturel/conventionnel. C’est plutôt la lecture sélective de certains comme les jacobins qui en font un courant moins libéral. Les jacobins sont clairement les plus éloignés du libéralisme.

      Finalement si on supprime ce fichu centralisme on aura fait un grand pas sans la nécessité d’être exclusif.

  • Le libéralisme… Est une philosophie à ne surtout pas appliquer si vous voulez survivre dans un monde de fous. Honnêtement, on ne peut pas accepter la liberté des autres à vous nuire… La France est donc liberale, elle accepte tout des forts et se venge sur le faibles…… Je vais me faire tuer numériquement parlant mais le libéralisme est un bisounourserie de droite, vous n’acceptez pas le protectionnisme, vous refusez le œil pour œil et dent pour dent, vous refusez le trumpisme.

    • Dans une société libérale (ce que la France n’est pas), vous avez le droit de vous défendre contre les fous qui cherche à vous nuire, à vous spolier, vous blesser ou vous tuer. C’est pour ça que les libéraux sont d’ardents défenseurs du port d’arme. Ce qui n’est pas vraiment une « bisounourserie de droite ».
      Attendre que le gouvernement organise et soi garant de votre sécurité, ça c’est une bisounourserie ! La première condition de la sécurité publique, ce sont des citoyens armés ; ensuite, une police à qui on laisse faire son travail, et enfin, une justice qui applique les lois.

      • Ne mélangeons pas tout.
        Vous faites intervenir plusieurs notions :
        1. le port des armes
        2. la détention d’armes
        3. le droit de s’en servir

        Remarquons d’abord que même en France, la détention d’armes est autorisée… certes sous le respect de conditions bien plus strictes qu’aux USA.
        Le port d’armes dans l’espace public est, semble-t-il, autorisé, aux USA.
        S’agissant maintenant du droit de s’en servir : dès l’instant où les libéraux, dans leur grande majorité, exigent un Etat minimal, comprenant notamment une police, donc disposant du monopole de la violence légitime, les individus ne peuvent être autorisés à faire usage de leurs armes que de manière proportionnée, dans le cadre de la légitime défense.
        Etablir une bijection entre libéralisme et port d’armes est un contresens.

    • Le libéralisme, dans son acception la plus générale, et en tant que philosophie politique n’est pas réductible à la droite.
      En France, le libéralisme dont on parle volontiers est plutôt de nature économique et souvent l’apanage de la droite. C’est là qu’on va trouver les défenseurs d’une fiscalité réduite.
      Mais le libéralisme sociétal est plutôt, lui, une caractéristique de la gauche. La libre consommation de drogues en fait partie, par exemple. Sur ce plan-là, les gens de gauche sont bien plus libéraux que ceux de droite, mais ils ne revendiqueront jamais le vocable de « libéral », tant, en France, ce vocable est connoté à droite.
      Voilà pour des exemples simples. Mais les lignes sont en constante évolution. Sur la liberté de prostitution (et de clientèle), une affaire économique comme une autre, droite et et gauche se sont plutôt bien entendues pour tenter d’y mettre fin, par ordre moral d’un côté et lutte contre un pseudo-esclavagisme de l’autre.
      Bref, ne confondons pas la définition française du libéralisme, en gros une tendance « libéral-conservateur » (un oxymore dans une société aussi sclérosée et aussi peu libérale que la nôtre) avec ce qu’est vraiment le libéralisme, une ode à la liberté de soi, dans la seule limite du respect d’autrui.

    • « la liberté des autres à vous nuire »

      …repose entièrement sur l’état.
      Sans une loi, aucune personne d’un groupe quelconque, ne peut se servir grassement dans vos poches sans votre consentement (ex: syndicats, EDF, SNCF ou les associations qui coûtent la bagatelle de 60 milliards par année).
      Sans un droit et une justice corrompue et dévoyée, personne ne peut vous frapper, vous voler, occuper votre bien et s’en sortir sans rien.
      .
      Un état réellement libéral, c’est avant tout un état de droit qui sanctionne judiciairement tout mal directe fait à autrui ou non-respect d’un contrat passé librement et qui laisse faire tout le reste.

  • En France, pour l’économie et le chomage, on a tout essayé, dixit de nombreux politiques, 1er ministres et présidents.
    TOUT, sauf la LIBERTE

  •  » Exception française, est de montrer que, aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, les Français n’ont jamais fait preuve de libéralisme.  »

    Pas tout à fait d’accord. Le droit de coalition faite pour les ouvriers qui leur était interdit et le droit à ces ouvriers ouvrier de constituer des syndicats en tant que personnalité civile qui leurs étaient également interdit sous l’impulsion des libéraux du 19ème siècle. Il s’agit clairement de réformes libérales mettant fin à des lois liberticides.

    Dans la France contemporaine; il y en a eu également. Comme dans le domaine de l’audio-visuel. Mitterrand a mis fin au monopole des radios publiques. Bon en même temps il n’avait pas trop le choix, avec le nombre de radios pirates qui augmentaient de façon exponentielle dans toute la France, il eu aurait été impossible d’y mettre fin.

    Il y a eu aussi le fin des monopoles des télécommunications ou de la distribution du courrier. Mais là ce surtout fut due au directives européennes bien plus que la volonté des politiques françaises.

    Suite à ça je n’ai pas d’autres exemples. Je pense que la libéralisations des moeurs post mai 68 peut-être aussi considérée comme des politiques libérales.

    Je conçois bien que La France n’est pas actuellement une référence libérale. C’est une sociale-démocratie avec une droite aristocratique adepte du capitalisme de connivence avec certains grands groupes industriels.

    La France ne figure même pas dans le top 20 des économies les plus libres et encore moins dans le classement des pays les plus compétitif. Et pour cause; trop de lois, de bureaucratie de manque de réformes comme l’abolition des privilèges des syndicaux de la fonction publique et les abus du droit de grève qui prend en otage ceux qui paient leurs salaires.

  • Interview intéressante en ce qu’elle montre que le libéralisme, comme toute pensée politique ou économique, ne peut être que tout à fait relatif en pratique. Les institutions des pays anglo-saxons, pas plus que celles de la France, ne sont de simples mises œuvre des principes théoriques du libéralisme.
    Mais les adeptes des doctrines ont toujours adoré se lamenter de la distance entre la théorie et la pratique. Les militants marxistes se sont ridiculisés de cette manière. On retrouve souvent dans Contrepoints ces lamentations sur l’absence de libéralisme au pays de Voltaire.
    La réalité a toujours raison et c’est en agissant sur elle avec pragmatisme que l’on avance. Les grandes tirades sur le libéralisme ou le socialisme permettent aux politiciens de manipuler les électeurs en leur faisant miroiter un idéal qui n’existe que dans les livres.

  • L’Angleterre a été une nation de commerçants pour lesquels la liberté économique et la justice sont des nécessités vitales.
    Les Anglais étaient très procéduriers et les codes, entre autres de propriété, ont commencé à se libéraliser dès le 16ème siècle quand le commerce a pris une place de plus en plus importante dans l’économie.
    La France a été essentiellement une nation de paysans. Attachés à la terre, on s’arrangeait localement avec les potentats du cru et on échangeait informellement dans un rayon assez restreint entre gens du même terroir.
    La France était libérale économiquement par l’arrangement et la combine, les problèmes sont arrivés quand elle s’est bureaucratisée et que l’administration est devenue assez efficace pour tout contrôler, fin 17ème même si on était très loin des niveaux actuels.

    • La géographie est pour beaucoup, elle agit en fond dans l’histoire humaine on l’oublie trop souvent.

      • C’est effectivement l’élément déterminant.
        La pluvieuse île anglaise, la douce France fertile, les âpres montagnes suisses.
        Plus l’environnement était dur, plus les peuples étaient rigoureux, c’était une question de survie avant le pétrole. Elle déterminait aussi les échanges et les migrations.

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Par Antoine-Baptiste Filippi[1. Antoine-Baptiste Filippi est chercheur au Labiana, CNRS- LISA ; CNRS-ISTA, laboratoire de philologie du politique. Auteur de La Corse, terre de droit ou Essai sur le libéralisme latin (Mimésis philosophie, Prix Morris Ghezzi 2019). Co-auteur de l’ouvrage Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur (édition Giovanangeli / l’Artilleur), à paraître en juin.].

Napoléon est-il un anti-modèle pour le libéralisme ? Dirigiste jacobin, dictateur, voire militariste, les qualificatifs qui désignent l’Empereur... Poursuivre la lecture

Vous pouvez lire cet article en anglais en cliquant sur ce lien.

Bonne nouvelle pour les partisans du bipartisme : malgré le contexte politique hyperchargé, un nombre sans cesse croissant de personnes de part et d'autre du spectre politique s'accordent sur un point ! Malheureusement, il s'agit d'une notion qui, mal comprise, pourrait saper les politiques et les institutions qui constituent le fondement même du monde moderne.

Ce point d'accord, c'est l'idée que le capitalisme, la mondialisation et le libre-marché ont échoué.

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You can read this article in French here.

Good news for fans of bipartisanship: even in today’s hypercharged political environment, an increasing number of people on both sides of the aisle agree on something! Unfortunately, it’s a notion that, if incorrect, could undermine the policies and institutions that form the very foundation of the modern world. The newfound area of agreement is the idea that capitalism, globalization, and free markets have failed.

Indeed many of the ideas expressed by Karl Marx and Friedrich Engels in t... Poursuivre la lecture

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