Les contre-pouvoirs se réveilleraient-ils enfin ?

Commerçants, élus locaux, juristes, médecins : il est temps de s’interroger sur la pertinence des mesures de l’exécutif face à la crise sanitaire.

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Les contre-pouvoirs se réveilleraient-ils enfin ?

Publié le 28 septembre 2020
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Par Frédéric Mas.

Les commerçants sont à bout et commencent à donner de la voix partout en France. Dans le viseur, les nouvelles restrictions sanitaires qui signent pour beaucoup l’arrêt de mort de leur activité. Dès vendredi, à Marseille, les restaurateurs, cafetiers, propriétaires de discothèques, commerçants se sont retrouvés dans la rue pour contester le reconfinement momentané de la ville.

À Paris, le collectif « Restons ouverts » appelait à manifester dimanche aux Invalides pour protester contre la fermeture à 22 heures des bars dans la capitale. « Ne laissons pas mourir nos libertés ni nos métiers, soyons forts, soyons unis », clame le tract diffusé par le Groupement national des indépendants hôtellerie et restauration.

La pauvreté et la précarisation pour des milliers de personnes

La colère est grande devant des mesures qui tombent comme un couperet et vont condamner des milliers de personnes à la pauvreté et à la précarisation. On parle de « désobéissance civile », et les décisions de l’exécutif sont désormais clairement contestées, quelle que soit leur justification.

Pire encore, c’est la parole des experts sanitaires qui est progressivement démonétisée pour des citoyens excédés par la cacophonie entre bureaucraties, querelles d’experts, indicateurs changeants et restrictions de liberté sans fondements clairs.

Face à la colère des commerçants, certains élus locaux commencent à bouger pour s’en faire écho. À Marseille, l’adjoint au maire Samia Ghali a déclaré que la police municipale de la ville ne verbaliserait pas les restaurants ou les bars restant ouverts malgré l’interdiction.

Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, a quant à lui annoncé le dépôt d’un référé liberté en justice. À Nice, Marseille, Aix-en-Provence, certains pouvoirs locaux se réveillent et commencent à contester timidement les pleins pouvoirs donnés au Préfet en régions.

Tous protestent contre des mesures jugées autoritaires et aveugles : tous les commerçants ont fait des efforts d’adaptation devant la crise, efforts jugés insuffisants par l’administration, qui en demande toujours plus pour répondre au risque zéro.

Mais la pression bureaucratique n’est pas seulement en train de porter un coup mortel aux commerces locaux. Elle est en train de grignoter sérieusement nos libertés publiques. Mais là aussi, de nouvelles voix s’élèvent, cette fois-ci en provenance des professionnels du droit.

Les juristes montent au créneau

Dans une tribune récente, une cinquantaine de juristes alerte sur la réponse disproportionnée de l’administration face à la menace épidémique :

« Les données sur la mortalité doivent inciter à davantage réfléchir sur la proportionnalité et la nécessité des mesures de police administrative qui ont suspendu et restreint, et restreignent encore, des libertés aussi fondamentales que la liberté d’aller et venir, le droit de chacun au respect de sa liberté personnelle, les libertés de réunion et de manifestation, la liberté du commerce et de l’industrie, etc. ».

L’état de sidération de l’opinion face à la crise sanitaire a donné à l’exécutif le champ libre pour imposer ses mesures au nom de l’urgence sanitaire, et cela au détriment des libertés publiques sous toutes leurs formes.

Les contre-pouvoirs traditionnels ont jusqu’à présent été totalement silencieux, inefficaces, pris de cours par une administration qui pouvait couper court à toute discussion en arguant de l’urgence de la situation et la supériorité supposée de son expertise scientifique.

Les médias, le parlement, la justice, les élus locaux se sont faits l’écho des initiatives de l’exécutif sans oser les évaluer ou interroger leur pertinence. Aujourd’hui, on reconfine, on ferme des commerces, on change la législation d’une semaine sur l’autre et on déploie des milliers de fonctionnaires pour contrôler des citoyens apeurés. Mais les intimidations des auxiliaires de l’exécutif ne marchent plus.

Sommes-nous en train d’assister au réveil par le bas des contre-pouvoirs nécessaires à la protection des libertés individuelles ? Commerçants, élus locaux, juristes, indépendants assumeront-ils leur rôle de lanceur collectif d’alerte pour protéger les libertés publiques et refonder les contre-pouvoirs qui font tant défaut dans notre pays ?

Les élections sénatoriales sont passées, c’est aussi le bon moment pour que la chambre haute se réveille aussi et se fasse l’écho d’une société civile qui réclame de la liberté. Ce sont là d’excellentes nouvelles.

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  • C’est plutôt optimiste comme point de vue…

    • À Toulouse, les gilets jaunes sont rentrés dans leur niche depuis deux semaines après que le préfet a un peu aboye. Ouaf Ouaf.

      • En même temps, les gilets jaunes actuels n’ont plus rien à voir avec les gilets jaunes originels. Au début c’était un mouvement essentiellement de droite demandant moins de taxes et surtout demandant que l’Etat « foute la paix aux français »…ce mouvement a été depuis assez longtemps récupéré par la gauche syndiquée et fonctionnarisée demandant plus de taxes et moins de travail.

        Et pour ce qui est de rentrer à la niche, je constate que Manu n’est jamais en France quand la situation sociale commence à s’envenimer…sans doute a-t-il peur d’un arrêt un peu trop prolongé à Varennes

        • Au début c’était un mouvement essentiellement de droite demandant moins de taxes et surtout demandant que l’état « foute la paix aux français »…ce mouvement était apolitique bientôt gauchisé grâce aux black bloc et qu’aucun politique n’a voulu conseiller dans leur mouvement .

  • C’est quand le pain vient à manquer que la révolte gronde, et il n’y a pas à chercher plus loin. Même si on peut réjouir que cela profite à la liberté, la motivation des restaurateurs n’est pas de défendre la liberté en général, mais de défendre leur gagne-pain. Et c’est légitime! Mais c’est prématuré d’y voir un signe de libéralisation des consciences.

    • Vous n’avez pas tort sur le fond. Mais de base, ce qui est décrit ici, ce n’est autre que ce qui a été décrit au XVIIIe siècle avec les mots suivants :
      « en cela, comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions »
      Ils ne se battent pas pour la liberté de tout le monde, ils se battent pour leur liberté. Mais le fait qu’il le fassent pourra profiter à tous.

  • Sans parler de la majorité silencieuse qui pratique dans les faits le bon sens depuis un moment et partout où c’est possible. Fera t-elle le point de bascule..

    • La majorité silencieuse est en générale peu conflictuelle, si on lui montre régulièrement des télé trottoirs où l’on voit des allumés demander encore plus de restrictions elle se sent en minorité.

  • Peuple de france.. j’ai entendu ton appel et c’est pour ça que j’ai décidé de verser une prime exceptionnelle…

    ne les sous estimez pas…

  • Espérons que ce ne sera pas qu’un feu de paille bien vite éteint par une police obéissante aux mêmes individus qui sabotent notre économie.

  • l’appel de JD. Michel à la démission de Véran :

  • Le contre pouvoir le plus puissant c’est la somme des individus qui décident de vivre librement et de manière responsable.

  • Ce « contre-pouvoir » va vite faire ses demandes de taxations des riches, plus de crédit d’impôts et plus d’allocs…

  • Il serait plus que temps que la sacro-sainte parole des virusocrates, cette caste auto-proclamée qui exerce un pouvoir démesuré sous couvert de lutte contre l’épidémie, soit enfin remise en cause et leurs décisions contestées.

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