Le libéralisme, inépuisable source de quiproquos

Ce n’est pas le libéralisme économique qui nous tue à petit feu, contrairement à ce que les anti-libéraux tentent de faire croire, mais bel et bien l’excès d’État, d’impôt et de redistribution.

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Le libéralisme, inépuisable source de quiproquos

Publié le 27 juillet 2020
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Par Claude Robert.

Il est stupéfiant de constater combien en France le libéralisme fait l’objet des pires méprises. Existe-t-il plusieurs acceptions du terme ? De quoi la France a-t-elle vraiment besoin ? Analyse.

Comment expliquer que les citoyens favorables à la libre entreprise et à l’économie de marché accusent les gouvernements Hollande puis Macron de mener une politique étatique tandis que les électeurs de gauche reprochent à ces mêmes gouvernements de les avoir trahi avec une politique soi-disant ultra-libérale ? Parlons-nous du même libéralisme ?

Les raisons d’une étrange confusion

Certes, l’une des causes d’une perception diamétralement opposée vis-à-vis du libéralisme provient du discours fallacieux tenu par les deux derniers présidents, tous deux n’ayant eu de cesse de parler de réformes visant à la libéralisation de l’économie sans jamais les élaborer complètement, encore moins les mettre en place, tout en poursuivant par ailleurs des buts exactement opposés : recrutement de fonctionnaires, multiplication des contraintes étatiques, augmentation des prélèvements obligatoires1.

Or, chez les socialistes et les communistes, ce discours aux évocations libérales a été considéré comme s’il s’agissait de véritables réformes. Et l’échec patent de celles-ci a donc été mis sur le compte de ce libéralisme honni. Bien évidemment, une telle « condensation » (entre un discours et des faits hypothétiques) arrange parfaitement les électeurs de gauche. Elle leur permet de conserver leurs croyances intactes : non, le socialisme n’est pas en cause dans le considérable échec des gouvernements Hollande et Macron !

Il existe une autre raison, plus structurelle, à ces quiproquos continuels : la confusion entre libéralisme sociétal et libéralisme économique. En réalité, les gouvernements socialistes Hollande et Macron ont montré une véritable ambition sur le plan sociétal (mariage pour tous, défense des minorités religieuses, ethniques, sexuelles, en particulier LGBT), et sont donc clairement progressistes, c’est-à-dire libéraux, sur ce plan-là.

Mais quelles sont donc les différences entre libéralisme économique et libéralisme sociétal ? Et surtout, quel est celui dont la France a vraiment besoin de toute urgence ?

Le libéralisme sociétal, cet inconnu

En évitant volontairement toute référence philosophique ou historique, et même s’il reste assez directement lié au libéralisme économique, le libéralisme sociétal semble se nourrir des paradigmes suivants :

  • le désir de s‘affranchir des règles et contraintes héritées du passé ;
  • le désir d’accommoder les mœurs au progrès scientifique ;
  • le souci de construire l’humanité de demain.

Comme l’indique Françoise Héritier, élève et successeur de Claude Levy-Strauss au Collège de France, l’homme est totalement maître de la société humaine et la façonne dans les directions qu’il souhaite.

Ainsi, pour simplifier, le libéralisme sociétal s’intéresse à l’adaptation des règles de la société, la culture en quelque sorte (par opposition à la nature) pour les générations qui viennent. En d’autres termes, il se passionne pour la modernisation de la société, et vise en quelque sorte à l’affranchir de la mainmise religieuse et de la violence primitive qui les caractérisaient un peu partout sur la planète à leur commencement.

De ce point de vue-là, toutes les sociétés ne se situent pas au même stade d’évolution. Alors que l’égalité entre les hommes et les femmes nous semble acquise pour nous Européens, tandis que les statistiques nous montrent que les faits ne sont pas encore tout à fait à la hauteur de cette croyance (inégalités salariales, inégalités de statut), de nombreux pays refusent toujours le fait même d’imaginer qu’une femme puisse avoir la même valeur et les mêmes droits qu’un homme.

En France, le droit de vote des femmes date de 1944, ce qui semble relativement récent comparativement à d’autres pays. Il existe encore à ce jour deux pays qui n’ont pas accordé ce droit aux femmes. De même qu’en ce qui concerne l’homosexualité, de nombreux pays l’interdisent et la punissent. Idem pour la contraception, et le divorce.

Dans un autre domaine encore plus actuel, celui des recherches génétiques, les écarts entre pays ne serait-ce qu’européens sont tangibles : les expérimentations scientifiques sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires sont autorisées depuis peu en France alors qu’elles le sont depuis plus longtemps chez certains de nos voisins. De tels écarts existent tout autant en matière de gestation pour autrui.

Toutes ces questions de société, induites régulièrement par les découvertes scientifiques ou tout simplement par l’évolution des mœurs, soulèvent d’énormes questions philosophiques. Il en revient toujours à l’Homme de trancher, selon l’éternelle interrogation épistémologique : est-ce bon pour lui ou pas ? Le libéralisme sociétal tente de promouvoir certaines réponses à cette interrogation vitale puisque censée assurer le bonheur et la longévité de l’humanité.

Le libéralisme économique, ce maudit

Le libéralisme économique, au sens classique du terme, reste lui aussi porteur d’un projet de société puisqu’il vise à assurer l’égalité des chances et le respect des libertés individuelles.

Plus précisément, très à cheval sur le droit et le principe de subsidiarité2, le libéralisme cherche à prévenir l’émergence de toute centralisation du pouvoir par une dictature, et l’annexion du droit par celle-ci. La route de la servitude de F.A. Hayek constitue la bible de référence pour ce culte de la liberté individuelle et la phobie du totalitarisme que l’auteur résume ainsi : « le planisme économique implique la réglementation presque totale de notre vie ».

Sur une échelle plus économique encore, le libéralisme signifie l’allègement des contraintes et des taxes générées par un État forcément envahissant. Et c’est bien là sa principale acception chez les libéraux économiques, ainsi que le détaille  Capitalisme et liberté de Milton Friedman.

Mais qu’en est-il réellement ? Ces libéraux sont-ils illuminés ? La France a-t-elle vraiment besoin de réformes libérales ou plutôt sociétales ? Jugeons sur pièce.

La France, pays parmi les plus étatisés du monde

La France est le champion de l’OCDE de la dépense publique, de la redistribution et plus généralement, du poids de l’État. Une sentence résume à elle seule ce mal typiquement hexagonal : un pays qui ponctionne plus de 57 % de la création de richesse annuelle est tout sauf un pays libéral. La France est l’un des plus étatisés de la planète, en atteste ce tableau confondant ci-dessous (source OCDE 2017) :

La corrélation positive entre la part de l’État et le taux de chômage, ou négative entre la part de l’État et la croissance est d’ailleurs parfaitement établie et ce depuis longtemps. Cette forte relation inverse entre accroissement des dépenses de l’État et croissance économique (en atteste la forme du nuage de points) est sans appel quant à l’origine du mal français (source OCDE) :

Enfin, s’il faut convaincre les incrédules à propos des difficultés économiques de notre pays, il suffit de rappeler que celui-ci a énormément perdu de sa compétitivité. Alors qu’il représentait 7 % des parts du marché mondial industriel il y a un peu plus de 20 ans, il n’en représente plus que 3 %3. Même notre part de marché mondiale dans le domaine moins concurrentiel des services a chuté de façon significative (-20 %). Ce sont des millions de jobs qui se sont évanouis !

La plupart des indicateurs sont d‘ailleurs dans le rouge, que ce soit la balance commerciale qui est déficitaire de façon maintenant récurrente, ou le niveau de la dette de l’État qui fait courir un risque de faillite en cas de hausse des taux… Cet endettement concourt lui-même à couler notre économie, en atteste une autre étude (Reinhardt-Rogoff) :

Un chiffre résume toutefois à lui seul l’ampleur de notre déclin relatif : il s’agit de l’indice de richesse par habitant, mesuré très simplement via le PIB/habitant (ou GDP per capita). Ce chiffre que rien ne peut remplacer décroche depuis 1975 par rapport au reste des pays riches (source OCDE/Trésor) :

À force de décliner sur le plan économique, tout en vivant à crédit pour conserver le même niveau de protection sociale (ce qui fait illusion), la France est arrivée à un niveau critique : elle représente à ce jour 1 % de la population mondiale, 3 % de son industrie, mais carrément 15 % des transferts sociaux de la planète ! Un tel écart donne le vertige et augure des sérieuses difficultés à venir.

Alors, libéralisme sociétal ou économique ?

De toute évidence, les urgences de notre pays se trouvent du côté des réformes économiques et non pas en matière de mœurs. Aucune minorité sexuelle ou culturelle ne souffre actuellement le martyr en France. La comparaison avec les pays les plus avancés ne nous est pas spécialement défavorable.

À l’inverse, et cela ne semble pourtant pas mobiliser les belles âmes anti-libérales, la comparaison sur le plan du chômage et de l’appauvrissement de moins en moins marginal de la population devrait nous inciter à opter sans délai pour des remèdes radicaux. Car ce sont ces populations, les chômeurs et les pauvres que notre société génère plus que les autres, qui souffrent silencieusement. D’une double souffrance d’ailleurs : celle d’être sans ressources, à laquelle s’ajoute celle de ne pas faire partie des minorités à la mode sur lesquelles il est de bon ton de s’apitoyer…

Il est d’utilité publique de rendre chacun conscient du recul de notre économie et des priorités que cela implique. Ce n’est pas le libéralisme économique qui nous tue à petit feu, contrairement à ce que les anti-libéraux tentent de faire croire, mais bel et bien l’excès d’État, d’impôt et de redistribution. Ne nous laissons donc plus abuser par les discours politiques bisounours. Le pays a besoin de réformes forcément impopulaires, de ce « sale travail » qui est repoussé de gouvernement en gouvernement par manque de courage.

Sur le web

  1. La suppression de l’ISF par Macron ne doit pas faire illusion : le niveau des prélèvements obligatoires a continué d’augmenter (source INSEE 2018).
  2. L’État ne s’occupe que des tâches régaliennes, uniquement celles pour lesquelles le « marché » ne sait pas se débrouiller par lui-même ou n’est pas à même de le faire correctement.
  3. L’Allemagne était aux alentours des 7 % elle aussi, et s’achemine vers les 10 % !
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  • ça crève les yeux ! ( peut-être une explication de la cécité de dirigeants ;o) ). Cela pose de vrais problèmes à la démocratie , il est vrai par manque de courage des gouvernants, qui savent pourtant lire un tableau, même avec pour certains des lunettes déformantes. Sans doute aussi un peu (voire beaucoup) par électoralisme et carriérisme . « Tous ensemble – tous ensemble – Ouais ! – Ouais ! »
    On s’enfonce, mais solidairement.

  • Peut-être faudrait-il que les libéraux utilisent un vocabulaire moins clivant en remplaçant :
    – riche par créateur
    – libéralisme par société de choix
    – croissance par prospérité individuelle
    – dette d’Etat par dépense individuelle
    – inégalité sociale par aide sociale injustifiée
    – président de la république par président pour moi et mes copains
    ..

    • – Les riches ne sont pas tous des créateurs. En revanche ils sont des « moteurs » de l’activité économique car leur richesse repose sur des actifs générant emploi et donc richesse.
      – le libéralisme est une société de choix, mais c’est l’état naturel. Le socialisme est une société de contrainte, ce qui l’est beaucoup moins.
      – la croissance est simplement la vie. Il n’y a pas de demie-mesure : soit on est dans une tendance positive, les cellules se multiplient et se spécialisent et on grossit globalement, soit on s’étiole et on meurt.
      – la dette d’Etat est juste la partie cachée de la dette individuelle de chacun. Tout comme le patrimoine national (que l’on brade pour boucher les trous) est la partie cachée du patrimoine individuel.
      – l’inégalité sociale est une forme d’organisation qui me semble propre à tous les groupes sociaux de toutes les espèces. Elle peut être contre-productive quand elle est trop importante – mais les dérives du système de redistribution (bureaucratie, démagogie et corruption) sont également fortement contre-productives.
      – Le système royaliste (qu’on appelle présidentiel chez nous) n’est pas forcément le pire – à condition que le roi n’ait qu’une fonction de cohésion, d’apparat et de garant de la démocratie et la constitution. C’est à dire qu’il n’ait aucun pouvoir exécutif, législatif ou judiciaire.

      Et la « justice », la « solidarité », le « bien » dans tout ça me direz vous ? La première chose à faire pour les faire progresser est de ne pas aggraver les problèmes avec de fausses solutions. Allez voir votre médecin en rédigeant au préalable votre propre ordonnance : non seulement il n’a pas le droit de la signer, mais s’il a un peu plus de bon sens qu’un politicien il ne le ferait pas de toutes manière.

      • Oui bien sûr mais les définitions c’est comme les équations, à la première vous perdez 50% des lecteurs et ainsi de suite..

        • D’habitude, je dénonce la distorsion sémantique des discours et vous leur aspect relatif. Pour une fois on fait le contraire. Mais à nous deux on perd 75% des lecteurs dès la première équation.

  • De toutes évidences, on ne s’en sortira pas tant qu’on continuera de se pincer le nez à l’évocation du libéralisme « sociétal » (supposé ici de gauche, et hâtivement résumé au mariage pour tous et à la GPA) et de sanctifier le libéralisme « économique » (supposé ici de droite)…
    Le libéralisme est une philosophie politique qui ne peut supporter d’être décomposée en compartiments distincts au risque d’être à la fois détestée à la fois par la gauche (obsédée par son aspect économique) et par la droite (méprisant tout ce qui de près ou de loin évoque la propriété de soi-même).
    Le vrai libéral doit défendre et la liberté des moeurs et la liberté économique, sans préférer l’une à l’autre. Comme le faisait le philosophe Alain au début du 20ème siècle ou cet autre Alain, plus près de nous, Madelin…
    Il refuserait telle la vraie mère du jugement de Salomon, qu’on coupe son bébé en deux pour en donner la moitié à chacune des deux requérantes…

    • A Jérémy Lapurée : rien ne vous empêche de vous rendre compte que La France ne souffre pas spécialement d’un manque de libéralisme sociétal mais se trouve totalement à la rue côté libéralisme économique. A quoi servent les postures dogmatiques quand les réalités sont bien plus souples ? Le libéralisme n’a rien de monolithique, il suffit de regarder en France !

      • L’inverse étant Singapour, libéralisme économique parmi les plus avancés de la planète, et libéralisme sociétal quasi inexistant. Quand on regarde la dynamique des deux pays, il faut vraiment se crever les yeux pour prétendre que la situation française serait meilleure, y compris pour ses citoyens « minoritaires » (ouah, je peux me marier LGBTQ, mais je vis dans une prison et si je sors dans la rue avec mon époux, j’ai des sérieuses chances de me faire démonter par des individus que les « libéraux sociétaux » refusent de critiquer, encore moins sanctionner : que de la balle !)

      • Comparez donc, par exemple, les politiques en matière de (dé)pénalisation de la conso de drogues entre la France et certains de ses voisins.
        On est loin du compte en matière de libéralisme sociétal – et en l’occurrence aussi économique puisque ce secteur d’activités est purement et simplement illégal…
        On pourrait aussi évoquer le sort fait aux prostitué(e)s…
        Bref la propriété de soi-même en France reste encore une utopie.

    • Un des problèmes est que le « libéralisme sociétal » présenté par ces personnes tiens plus de la licence que de la liberté. Elle se fait au dépend du plus faible et sans envisager justement la position de celui-ci. C’est en cela que justement les choix sont particulièrement difficiles.

  • Il faut reconnaitre aux socialistes (tous les gouvernements Mitterrand jusqu’à Macron sans exception) l’intelligence de leur stratégie. En effet, comment toujours accroitre son pouvoir soit en disant aux pauvres qu’on est de leur côté, soit en séduisant ceux qui travaillent avec de beaux discours prometteur tout en continuant à faire du socialisme caviar. Donc, on ment aux deux pour garder les pauvres à sa botte, pour garder les autres au travail et on continue d’enrichir les copains et les parasites.
    Le tout étant que rien ne change parce que c’est ce système est idéal pour 20% de la population.
    Comme les autres 80% n’y comprennent plus rien, ils votent de moins en moins et le tour est joué.

  • J’ai l’impression d’une fumisterie en lisant cet article, et je vais m’en expliquer. Cela se tient dans cette affirmation: « les gouvernements socialistes Hollande et Macron ont montré une véritable ambition sur le plan sociétal […] et sont donc clairement progressistes, c’est-à-dire libéraux, sur ce plan-là. »

    Ainsi d’après l’auteur le progressisme est libéral, ce qui est aussi fort qu’affirmer que le communautarisme est individualiste. Le progressisme sociétal en tant que volonté politique est indubitablement un constructivisme, et in fine, est toujours socialiste. Ce progressisme conduit à créer des « droits à… » attribués à des minorités présentées comme opprimées, financés par les fonds publics, soit payés par le contribuable, et donc construits par la coercition de l’état. Le progressisme ne peut donc pas être plus opposé au libéralisme.

    Et je ne crois pas que ce mensonge anti-libéral placé au milieu d’un article dont le propos général est tout à fait libéral soit un hasard. C’est pour moi une façon de faire passer une vessie socialiste pour une lanterne libérale, et de conduire les lecteurs à adopter une idée fausse sans qu’ils ne s’en rendent compte. Technique de manipulation typique. Sur le site de l’auteur, rien qui puisse l’identifier, rien pour le relier à une association ou une organisation aux intentions claires, à part la référence à deux auteurs: Philippe Muray et Pierre Bourdieu. Ok…

    • Le terme progressiste, dont vous faites un pataquès, a effectivement des emplois contradictoires. Tout comme une notion comme le socialisme, a diverses acceptations, du communisme, à l’acceptation du marché. Le progressisme, entendu et développé par l’auteur, est pourtant limpide ! Vous évoquez une toute puissance de l’état à ce sujet. Et aussi le poids des taxes, qui en découle. Il ne faut pas confondre, des libertés octroyées par l’état, comme possibilité juridique, avec effectivement parfois, des inconvénients bien réels, comme le financement des PMA etc
      qui sont économiquement étatique, c’est certain. Le mariage pour tous, est « progressiste » si on veut, mais fondamentalement ce n’est qu’une libéralité. Le terme « Liberal » aux USAest différent.

      ON SAIT qu’en américain le mot « libéral » est ambigu puisqu’il s’applique aussi bien aux partisans de l’économie de marché (qu’on classe généralement « à droite ») qu’aux défenseurs des « idées nouvelles » et de la « libération des mœurs » (qui sont supposé incarner « la Gauche »). Bien entendu, cette ambiguïté frappe surtout ceux qui, refusant d’admettre « l’obsolescence du clivage Droite-Gauche », s’obstinent à croire que l’esprit du capitalisme contemporain s’accommoderait encore de l’éthique protestante ou de la défense de « l’ordre moral ».

      Or dans le texte, ce n’est que l’esprit libéral du « progressisme » qui doit être pris en compte !

      A ne pas confondre avec cet « hédonisme » libéral-libertaire que doivent perpétuellement célébrer les secteurs les plus mensongers du spectacle moderne : la publicité, le show-biz et la prétendue « information »…

      et les acceptations gauchisante, bien réelles, que sont les communautarismes qui en définitive vont clairement contre les idées d’appartenance commune libérale !

      • Je ne croit pas que le progressisme, quand on parle de politique, puisse être libéral en aucune façon. Obtenir plus de libertés peut être vu comme un progrès, mais pas comme un progressisme. Vu ce que les combats progressistes sont aujourd’hui, et considérant que l’auteur ne fait aucune des nuances que vous faites, je ne peux que disconvenir respectueusement…

        • Je rejoins, c’est bien parce que vous n’utilisez le mot progressisme que dans un sens restrictif, tel qu’il a été détourné par les nombreux mouvements politiques socialistes.

          Si on prend la définition de wikiliberal : « Le progressisme est l’idéologie du progrès perpétuel. Par extension, c’est aussi la volonté d’instaurer un progrès social, des réformes, par opposition au conservatisme. »

          En ce sens, un grand de nombre de penseurs libéraux sont bien progressistes, bien plus souvent que conservateurs.

          En somme, si toute évolution n’est pas nécessairement bonne pour un libéral, qui n’admet pas nécessairement l’idéologie du progrès perpétuel, les libéraux ont bien la volonté d’instaurer un progrès social, ils sont progressistes en ce sens.

          • Ce qui est étonnant c’est qu’on doive législativement donner « droit à » alors que tout ce qui n’est pas formellement interdit devrait être autorisé, et qu’on a des groupuscules qui prennent malin plaisir à passer des interdictions alors qu’il n’y aucun problème public à la base (GPA, mariage gay, prostitution, euthanasie…).

            • Tout à fait. Le mariage pour tous est l’exemple d’un insupportable constructivisme pseudo-progressiste alors que la position réellement libérale, c’est la suppression de la guignolade du mariage civil. Par ailleurs, la suppression du mariage civil n’empêche pas l’Etat de remplir une fonction d’enregistrement des contrats entre époux.

              • Vous avez mille fois raison!
                Quand Napoléon a fait son code, il a nationalisé le droit canon (pour ce qui regarde le droit de la famille).

                C’est donc un héritage jacobin archaïque qui amènent certains libéraux à soutenir le mariage pour tous, et d’autres, conservateurs, à le combattre.

                En Françe, on peut maintenant se marier entre personne du même sexe, mais celui qui veut se marrier selon le droit canon va en prison!

                Il faut privatiser le mariage!
                On s’en fout qu’un monsieur veuille épouser un autre monsieur, ou son chat ou se marier à quatre, du moment qu’un autre citoyen puisse continuer à se marier selon sa religion.
                En passant, il est évident, selon moi, mais je n’en sais, comme chacun des commentateurs, rien, puisque ne vous vivons effectivement pas dans des sociétés de liberté, que précisément si nous étions dans des sociétés libres, le mode de vie qui finirait par émerger serait celui du modèle familial classique, avec tout autour, toute espèce de combinaisons que personne ne nous forcerait à admirer, mais que personne ne nous autoriserait à interdire.

                •  » celui qui veut se marier selon le droit canon va en prison!  »

                  Que voulez vous dire ?

                  • que c’est regardé comme « contraire à l’ordre public », que ce mariage est nul de plein droit et que des sanctions pénales sont prévues our le curé et/ou our les mariés (j’ai bien sûr légèrement exagéré pour la prison, mais tout de même)

          • D’accord avec cet éclaircissement, mais vu la connotation fortement idéologique que porte aujourd’hui ce mot, je préférerais dire que les libéraux sont humanistes plutôt que progressistes. La nuance me paraît de taille.

    • La bien-pensance (les « élites », les media, les partis politiques …) fabriquent des mots à une telle vitesse pour se donner le beau rôle et embrouiller les gens (et ce dans toutes les langues) qu’on va bientôt devoir parler Latin pour se faire comprendre.

    • Vous avez parfaitement décrit la situation et la fausse position libérale de l’auteur en matière « sociétale ». J’ai d’ailleurs tiqué à au moins deux reprises en lisant des phrases telles que :

      « le libéralisme sociétal semble se nourrir des paradigmes suivants :
      – le désir d’accommoder les mœurs au progrès scientifique ;
      – le souci de construire l’humanité de demain »
      —> accommoder, construire l’humanité : quoi de libéral là-dedans ? Tout au contraire indique l’interventionnisme étatique, la prééminence du collectif sur l’individuel… ce n’est pas un hasard si tous les régimes totalitaires ambitionnent de « fabriquer un homme nouveau » et autres délires dont l’Histoire nous a montré combien souvent ils se traduisent par des mesures criminelles…
      Même malaise avec cette autre phrase de l’auteur :
      « est-ce bon pour lui [l’homme] ou pas ? Le libéralisme sociétal tente de promouvoir certaines réponses à cette interrogation vitale puisque censée assurer le bonheur et la longévité de l’humanité. »

  • Entre autres bizarreries, je note avec intérêt:
    – Le postulat que la recherche sur l »embryon humain est d’essence libérale.
    Cette affirmation suppose ni plus ni moins qu’un État décide à quel stade de la vie l’on est réputé humain et peut jouir des droits naturels.
    – La notion de « progressisme » assimilé à la liberté. Empiriquement, ceux qui militent pour des changements artificiels de la société se comportent de façon totalitaire, en criminalisant la contradiction et en se livrant souvent à la violence.
    Intellectuellement, ce sont des constructivistes qui poursuivent des chimères d’essence égalitariste au mépris des droits et des faits naturels. Exemple: éducation non genrée. Dans les faits il ne s’agit pas de garantir la liberté de vivre sa vie selon ses choix (laissez les garçons jouer au foot et les filles jouer à la marelle, ou l’inverse pour ceux qui le veulent), mais l’obligation de se conformer à des normes qui conduisent à créer un ordre social artificiel (non non non les garçons jouant au foot ça dévalorise les petites filles et les non binaires! Oh mon Dieu ils occupent 58,33% de la cour de récré AU MEURTRE!)

  • Moult contresens dans cet article : accoler des adjectifs au substantif libéralisme constitue un premier dévoiement sémantique. Le libéralisme n’est ni économique ni sociétal. Les zélateurs du libéralisme économique ne sont là que pour faire progresser le capitalisme de connivence et ceux du libéralisme sociétal pour promouvoir les discriminations positives et le communautarisme.
    Le libéralisme est une philosophie du droit et rien d’autre qui dispose que tous les individus sont égaux devant la loi et que le rôle de l’état est de garantir les droits naturels (liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression) qui sont antérieurs et supérieurs à l’état. Tout le reste n’est que dérives et détournements.

  • « De toute évidence, les urgences de notre pays se trouvent du côté des réformes économiques et non pas en matière de mœurs. Aucune minorité sexuelle ou culturelle ne souffre actuellement le martyr en France. »

    Bien que cela soit vrai, le « libéralisme politique » ce n’est pas la défense des droits des minorités, c’est la protection des droits et libertés de chaque individu.

    Ce n’est pas parce que des libertés sont également réduites ou supprimées pour tous les individus qu’il n’y a pas de raison de s’émouvoir, bien au contraire.

    Vous commettez cette erreur ancestrale de penser que les libertés politiques et les libertés économiques sont dissociables, alors que les unes ne peuvent exister sans les autres.

    Oui l’urgence de notre pays est économique, c’est précisément pour ça qu’il faut protéger chacune de nos libertés avec la même vigueur, y compris nos libertés politiques.

  • « Inépuisable source de quiproquos » en effet ! Et cet article ne fait qu’en rajouter.

    Le libéralisme, c’est pourtant simple (désolé de me citer) :

    https://www.contrepoints.org/2017/08/19/150897-qu-est-ce-que-le-liberalisme

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