L’Europe réglemente les produits chimiques et tue l’économie

REACH est la réglementation européenne qui doit s’appliquer à toute substance chimique. Voici pourquoi cette réglementation est totalement contre-productive.

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Merit chemistry set by John Keogh(CC BY-NC 2.0)

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L’Europe réglemente les produits chimiques et tue l’économie

Publié le 20 juillet 2020
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Par Michel Negynas.

L’Europe s’est engagée dans une véritable impasse sociétale.

Communication du Parlement européen : « La commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire a adopté lundi une résolution par 65 voix pour, 1 contre et 14 abstentions. Elle appelle la Commission européenne à présenter une nouvelle stratégie pour une politique durable en matière de substances chimiques, qui garantisse réellement un niveau de protection élevé de la santé et de l’environnement et qui limite le plus possible l’exposition aux produits chimiques dangereux.

Par ailleurs, elle affirme que d’autres mesures réglementaires sont nécessaires afin de protéger de façon adéquate les groupes vulnérables tels que les enfants, les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les personnes âgées.

La nouvelle stratégie sur les substances chimiques doit refléter pleinement le principe de précaution et celui du pollueur payeur, et être plus transparente au moment du processus d’approbation. »

Comme d’habitude, le Parlement fait de la surenchère environnementale. Les députés européens sont le plus souvent hors sol : ils ont été nommés préalablement par leurs partis avant d’être élus sans véritable attache territoriale, et ainsi, ne seront jamais redevables de leurs décisions.

La Commission européenne, elle, dans l’élaboration de son « Green Deal », est quand même un peu freinée par les intérêts économiques et sociétaux des États et redevable de ses propres résultats.

On s’achemine donc vers une énième bataille entre Commission, États, Parlement, lobbies environnementaux et patronaux, sur un sujet que même les acteurs du débat, en général, ne connaissent pas vraiment, voire ne comprennent pas du tout : les règlementations sur les produits dits chimiques, en l’occurrence, et entre autres, le règlement REACH.

Qu’est-ce que REACH, « Enregistrer, Évaluer, Autoriser les substances Chimiques » ?

Jusqu’en 1981, l’Europe n’avait pas de réglementation unifiée sur la mise sur le marché des substances chimiques. À partir de cette date, tout producteur de nouvelle substance (hors secteur médical, qui a ses propres dispositions) a été soumis à un certain nombre de règles pour montrer que les risques liés à l’utilisation étaient contrôlés.

Le dossier à fournir coûte souvent plus d’un million d’euros. C’est certes un frein à l’innovation, surtout pour les PME, mais personne ne conteste que c’est indispensable. Dans le  cas d’une substance nouvelle, le dossier est assez simple, car ses utilisations, au départ, sont très ciblées.

Mais tout à coup, on a découvert que toutes les substances mises sur le marché avant 1981 n’avaient pas eu cette contrainte. Qu’à cela ne tienne, il suffisait de les aligner sur les substances nouvelles.

Premier contresens : l’initiative a été saluée car « il fallait arrêter cette explosion de la chimie dans notre vie quotidienne ». C’est faux, puisque REACH a été mis en place surtout pour des substances déjà utilisées.

Deuxième contresens : le mot « substance » (et tous les objets composés avec ces substances) doit être pris au sens large, et non pas limité, comme beaucoup le croient, aux produits « artificiels » issus de l’industrie chimique. Ainsi, tout ce qui nous entoure, et qui n’est pas « naturel » (avec toutes les interprétations possibles de la distinction entre naturel et non naturel) : métaux et tous leurs composés, béton, bois transformé, verre, est soumis au règlement REACH.

REACH est un acronyme anglais pour : Enregistrer, Évaluer, Autoriser les substances Chimiques. Les travaux ont commencé en 1998, et REACH a été mise en application progressivement à partir de  2007, mais des points fondamentaux sont encore en débat de nos jours !

L’enregistrement n’est pas qu’une simple déclaration. C’est un dossier à fournir par l’ensemble des producteurs de la substance considérée pour tous les usages possibles.

Pour les substances usuelles c’est cauchemardesque. Certains dossiers ont coûté plus de 10 millions d’euros, et sont encore en débat entre les producteurs et l’Agence européenne des produits chimiques, qui est chargée d’une première évaluation. On en est à 25 000 substances enregistrées, 30 à 40 000 dossiers… c’est énorme.

Mais c’est l’étape « autorisation » évidemment qui est majeure. Dans certains cas elle conduit à l’interdiction pure et simple non seulement de la production, mais aussi de l’utilisation en Europe. Les bannissements sont décidés dans des comités de représentants désignés par les États, et qui souvent ne sont même pas des experts du sujet discuté. Les discussions y sont souvent polluées par les conflits d’intérêt entre les États, d’ailleurs. Tout cela est véritablement un déni de démocratie.

C’est lorsqu’on entre dans les détails qu’on tombe dans un véritable univers kafkaien.

La description du monde selon REACH

Comme tous les règlements liés à la toxicologie et aux normes environnementales et sanitaires, REACH est la traduction en termes juridiques de fondements plus ou moins scientifiques.

Mais la toxicologie est une science jeune et incertaine. La traduire en termes juridiques (c’est-à-dire noir ou blanc, tout ou rien) alors qu’elle est pleine d’incertitudes, est un exercice purement conventionnel. Les outils descriptifs des juristes pour nommer les choses du monde physique sont très pauvres.

Et le monde de REACH est en effet structuré  entièrement en substances (au sens très large, on l’a vu), de mélanges de substances (dont les propriétés sont l’addition des propriétés de leurs substances) et d’articles.

Le problème est que le monde réel est bien plus complexe : il y a les alliages métalliques, les verres, les émulsions, les céramiques, les polymères… tous matériaux parfois très compacts, mais dont les liaisons ne sont pas « chimiques ».

Au sens de REACH, la mayonnaise a les mêmes propriétés que l’huile, la moutarde et les œufs séparés. Le cristal, contenant du plomb, devrait être interdit (tel que c’est parti, il le sera peut être un jour).

Le classement de tel ou tel objet dans un de ces trois registres, très mal définis, fait l’objet, depuis les premières discussions, il y a presque 20 ans maintenant, de débats sans fin au sein et entre les États. En effet, les définitions sont shadockiennes. Par exemple, « qu’est-ce qu’un article » :

«  Objet auquel est donné au cours du processus de fabrication, une forme, une surface ou un dessin particuliers qui sont plus déterminants pour sa fonction que sa composition chimique »

Avec ça, on est servi ! Les débats font rage, d’autant qu’existent des enjeux de compétitivité énormes liés à l’interprétation de cette définition sybilline.

Sur la question des mélanges, comme on l’a vu pour le cristal, les conséquences peuvent être également très impactantes, et conduire à l’interdiction de fabrication d’objets très usuels. Il s’en suit des échanges absurdes entre la Commission et les producteurs et utilisateurs de ces produits.

Pire, les substances utilisées depuis des siècles sans dangers connus n’ont pas fait l’objet de ce genre d’études dans le passé. Or, démontrer qu’une substance est sans danger est impossible, sur un plan strictement épistémologique. L’Europe dépense ainsi une énergie et des ressources folles à réinventer la poudre (si l’on peut dire, car c’est un miracle si on fait encore des feux d’artifice).

L’autorisation de substances chimiques

En fait, le terme autorisation est mal choisi. Il s’agit bel et bien d’interdiction. Le processus d’interdiction d’une substance est très long, souvent conduit de manière idéologique par certains fonctionnaires. Surtout il comprend une étape de « candidature à l’interdiction » qui, on le verra, est redoutable pour l’avenir de la substance visée, quelles que soient les conclusions finales.

La liste des « interdites » et des « candidates » (et de leurs milliers de composés) s’allonge de réunion en réunion. On commence à lire dans Le Monde que 74 % des substances que nous utilisons en Europe sont dangereuses ! Près de 20 % sont considérées comme potentiellement cancérogènes, soit plusieurs milliers…

On ajoute la tarte à la crème des perturbateurs endocriniens (qu’on ne sait toujours pas définir) et de l’effet cocktail (on a déjà du mal à quantifier les effets de chaque substance, alors, identifier les effets croisés d’un mélange de cinq substances…)

Les organisations écologistes profitent de ce chaos ; elles publient elles-mêmes, à l’avance, leurs listes de substances à interdire, appelées la sin list (liste du péché) ce qui met la Commission en position de suiveuse et renverse la dialectique : en cas d’abus des ONG, elle doit démontrer pourquoi elle n’est pas d’accord. C’est suicidaire sur un plan politique.

Une formidable machine à délocaliser

Dès les premières discussions, les grands États industriels se sont émus des possibles retombées économiques. La France (son ministère de l’Industrie, à l’époque où il tentait encore d’exister) et l’Allemagne ont commandé une étude d’impact, l’une à MERCER, l’autre à A.D. Little, deux cabinets internationaux dont on ne peut mettre en doute le sérieux. Les résultats convergent : perte à terme de 1,5 point de PIB.

Il y a de nombreux effets pervers dans REACH :

  • Le coût administratif d’abord. On a vu que les dossiers d’enregistrement sont très lourds. Le règlement lui-même comprend une centaine de pages principales, mille pages d’annexes et plusieurs dizaines de guides, et même un guide pour s’y retrouver dans les guides.

Si c’est gérable pour un grand nombre de producteur et de forts volumes, c’est rédhibitoire pour une seule substance et une PME. L’entreprise pourra faire un calcul de rentabilité et s’apercevoir que le jeu n’en vaut pas la chandelle. On a déjà perdu pas mal de « spécialités » à cause de cela.

  • Les pertes de production et les coûts associés à la recherche de substituts (par les producteurs comme les utilisateurs, et même plus chez les utilisateurs). Les industriels savent innover, c’est même leur principal métier. Mais le processus est long et vise à prendre un avantage concurrentiel.

Avec REACH, le processus est subi, et parfois brutal. Ainsi, une nuance peut être « tuée » commercialement juste parce qu’elle est sur la « liste candidate » ou même la sin list, bien avant le débat réglementaire. Et les coûts induits sont beaucoup plus chez les utilisateurs de la substance que chez ses producteurs.

  • Enfin, et c’est là le plus inquiétant, car les effets se font déjà sentir, toutes les contraintes pèsent sur les « substances », et pratiquement pas sur les « articles ». Si une substance est bannie en Europe, qu’elle soit dans un produit ou utilisée dans la fabrication, même sans y être contenue en final, il suffit de fabriquer « l’article » hors d’Europe et de l’importer sous forme de produit fini.

Ces points étaient la base du calcul de Mercer et d’A.D Little. Ils n’ont pas été retenus par la Commission, car jugés spéculatifs.

Sauf que nous n’avons pratiquement plus d’usines de traitement de surface en Europe…

Une impasse sociétale

Qu’allons-nous faire des 2 à 3000 substances dangereuses que nous utilisons couramment depuis des lustres ? Nous ne pouvons vivre de l’air du temps. Et la liste va s’allonger, surtout, comme le demande le Parlement, si on se cale sur le principe de précaution et si l’on introduit des notions floues comme les perturbateurs endocriniens ou les effets cocktail…

Car en définitive, nous passons subrepticement d’une gestion des risques, raisonnée, à une gestion des dangers, avérés ou même potentiels. La machine avancera inexorablement, sans que personne ne puisse l’arrêter. On va tout s’interdire.

Selon la formule habituelle, avec REACH, nous étions déjà au bord du gouffre. Avec ce que propose le Parlement, nous ferions un grand pas en avant.

 

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  • « réellement »….

    le principe pollueur payeur, signifie m^me pour des pollutions sans impacts de santé publique,mais juste un changement.. or si vous ne savez pas mesurer l’impact humain comment chiffrer le paiement…

    une legislation qui repose sur la démonstration dun dommage chiffrage, une recherche du responsable et un dédommagement sinon une interdiction est préférable quoiqu’en pratique impossible..
    si un agriculture laboure un terrain, il doit faire en sorte que des particules de terres arables ne soient pas entraînées pas les eaux de pluie par exemple.. si vous faites un bbq..pas de particules..

    une remarque la pollution de l’air est supposée être la cause la plus importante de mortalité en france!!! alors que c’est rarement sur un avis de déces..
    il faudra donc que les pollueurs indemnisent tout le monde à hauteur de la perte d’espérance de vie!!!???? purement théorique!!

    quand va on comprendre que la victoire des écologistes est ici..avoir fait passer des idées idiotes ou utopiques comme des évidences..

    ensuite on appliquera le double standard et la législation s’applique uniquement à ceux qu’on aime pas..

  • Comment les pays peuvent ils accepter que cette commission s’acharne à pourrir la vie de tout le monde.
    Je suppose que tous les pays ont déjà une législation sur les produits chimiques, sans doute que prendre la meilleur suffit largement que de fabriquer des usines à gaz dont on a aucune idée des repercussions

    • La commission est très grosse et grasse. Elle accroche bien aux semelles. Du coup, il y en a pour tout le monde.

      • Et vu ce qui est décrit, les petites entreprises font les frais de cette réglementation.
        Ceci correspond au plan des mondialistes, élaboré lors du premier WEF en 1971: que toute l’économie mondiale soit aux mains de très grandes entreprises.

  • On comprend mieux maintenant pourquoi tous les principes actifs pharma sont fabriqués hors UE.
    REACH est, comme la baisse des émissions de CO2 dans le voitures, une brillante façon de se tirer non pas une balle mais une salve de kalach dans le pied.
    Et tout cela, la main sur le coeur pendant que l’autre appuie sur la gachette……

  • Ainsi que je ne cesse de le clamer, il n’y a pas que la France qui se suicide, c’est tout l’Occident qui est devenu fou !

  • Je suis justement en train de faire l’inventaire des produits chimiques dans mon entreprise (collecter toutes les fiches de données sécurité, mettre tout ça dans un logiciel, calculer les expositions des travailleurs, et in fine, chercher des substituts moins dangereux). Ya une tripotée de produits avec des risques avérés ou potentiels… et le « potentiel » est problématique… Faut-il PEUT-ÊTRE envoyer ad patres dans 30 ans des milliers de travailleurs exposés au nom de la pure logique économique ? Ou ne pas prendre le risque ?
    L’amiante a été suspecté très tôt (dès les années 20 je pense) d’être nocif à long terme. Son usage n’a été interdit en France qu’en 1997. Combien de morts de mésothéliome et autres ?
    On ne peut pas tout interdire, mais des substituts sont souvent possibles, avec en effet parfois des surcoûts économiques. Comme les chaussures de sécurité sur un chantier représente un coût mais sauve des pieds et des carrières.
    Exemple : le tricholoréthylène. Très réglementé en Europe, il est H350 (peut provoquer le cancer), il est juste classé « nocif » en Inde.. ben oui, économy first.
    L’auteur parle de « tarte à la crème » de l’effet cocktail… si on y réfléchit bien, il encourage dès lors le durcissement de REACH (à moins qu’il ne soit un empoisonneur dans l’âme)… Ignorer le principe de précaution serait comme prendre en continu un risque aveugle sur un placement financier : est-ce que l’auteur serait ok pour que son argent soit placé à 50% sûr, et 50% tiré au sort ?

    • Bonjour

      Mon propos n’est pas de minimiser la nécessité de protéger les populations et les travailleurs des produits toxiques.
      Je veux simplement souligner que la méthode et les outils utilisés par la Commission européenne (avec le soutien des états) conduisent à délocaliser nos productions.

      Je vous souhaite donc de ne pas trop utiliser de substances toxiques dans votre entreprise, et de ne pas avoir de concurrents indiens…

      Mon autre propos souligne que le processus, tel qu’il est engagé, n’a pas de limites, surtout sous la pression de groupes idéologiques. En ce sens cela nous mène à une impasse.

      Quant au principe de précaution, appliqué sans gestion de priorités, c’est un principe d’immobilisme. En particulier, il transfert les responsabilités des politiques vers les scientifiques. Cela pose de nombreux problèmes.
      voir https://www.contrepoints.org/2020/06/27/374620-climat-et-virus-science-pseudoscience-institutionnelle

      Votre exemple boursier à 50% n’est pas pertinent. La question serait: je place mon argent ici, est ce que j’ai l’assurance qu’en aucun cas je risque de perdre? Un des problèmes de ces réglementations est qu’elles renversent la charge de la preuve.

      • Vu le marché sur lequel mon entreprise est, pas de crainte de concurrents indiens ou tunisiens ou chinois. Et on utilise des vernis, solvants, colles, etc comme dans bon nombre d’entreprises. S’assurer que les travailleurs ne respirent pas n’importe quoi (par ignorance, par incompétence ou par stupidité) est une de mes missions. Et nos clients business sont ravis de savoir qu’on prend soin des travailleurs et de l’environnement (c’est un critère de sélection dans certains appels d’offre). Bref.
        Pour la responsabilité des politiques : ben heureusement ils se basent /suivent les recommandations d’experts dans le domaine.. on les critique assez pour légiférer sur des matières qu’ils ne connaissent pas (« députés européens hors-sol » dans l’article présent). Heureusement que la science a voix au chapitre dans ce genre de discussion. Et si certains sont plus prudents (trop prudents ? ça dépend des points de vue), c’est aussi à cause du principe de responsabilités. Quand on voit des scientifiques italiens trainés en justice pour ne pas avoir su/pu prédire un tremblement de terre, ça laisse rêveur.
        Pour l’exemple boursier, ce n’est pas un exemple boursier en fait, juste un placement lambda type compte à terme. Je vais prendre une autre image : produit A, effets connus et avérés dans 80% des utilisations, 20% des utilisations donnent des effets inconnus ou incertains. On le mélange avec un produit B qui a également un 80/20. Et on ajoute encore un produit C avec 80/20. Hop, effet cocktail. Quel est le résultat ? Impossible à dire :-).
        Oseriez-vous boire un poison pour insecte dont la toxicité n’a jamais été testé sur un mammifère ? Le risque 0 n’existe pas et n’est pas souhaitable. Mais quand des faisceaux de preuve existent, c’est pas bête d’en tenir compte. Et puis, ça peut jouer dans les deux sens : les seuils de toxicité sont réévalués selon l’avancement des connaissances.

        • « Vu le marché sur lequel mon entreprise est, pas de crainte de concurrents indiens ou tunisiens ou chinois. Et on utilise des vernis, solvants, colles, etc comme dans bon nombre d’entreprises. »
          Tant mieux pour vous si vous n’avez pas de concurrents étrangers.

          « S’assurer que les travailleurs ne respirent pas n’importe quoi (par ignorance, par incompétence ou par stupidité) est une de mes missions. Et nos clients business sont ravis de savoir qu’on prend soin des travailleurs et de l’environnement (c’est un critère de sélection dans certains appels d’offre). Bref. »

          C’est le propre de tout chef d’entreprise, la question n’est pas là.

          Vous ne savez probablement pas comment on déduit les réglementations que vous appliquez des connaissances scientifiques; les règles sont purement conventionnelles et contiennent une part importante d’arbitraire. La toxicologie est une science encore peu mature.

          Si vous utilisez des colles et des vernis, je vous souhaite bonne chance à l’avenir pour vos appels d’offre….

          « Pour la responsabilité des politiques : ben heureusement ils se basent /suivent les recommandations d’experts dans le domaine..  »

          On a vu ce que ça a donné pendant la pandémie….

          Je ne doute pas que vous équipiez vos opérateurs et l’environnement de ce qu’il faut pour les protéger. J’ai été dans l’industrie moi même et j’ai fait la même chose.
          Le problème de la dérive que nous connaissons est que nous passons d’une gestion des risques (ce que vous faites, apparemment, et c’est la moindre des choses) à une règlementation basée sur le danger. Pour les substances dangereuses, cela signifie le bannissement, et non plus des préconisations d’emploi.

          Vos vernis, dans le futur, vous aurez du mal à les acheter…la machine infernale est en route, ce n’est qu’une question de temps.

          « Quand on voit des scientifiques italiens trainés en justice pour ne pas avoir su/pu prédire un tremblement de terre, ça laisse rêveur. »

          C’est bien ça le problème avec le principe de précaution et sa judiciarisation!

          « Hop, effet cocktail. Quel est le résultat ? Impossible à dire :-). »

          C’est bien là le problème. Les perturbateurs endocriniens et l’effet cocktail vont nous conduire à tout nous interdire…

          « Oseriez-vous boire un poison pour insecte dont la toxicité n’a jamais été testé sur un mammifère ? »

          Le problème de la représentativité des tests sur animaux pour en tirer des enseignements quantifiés pour l’homme est au coeur du débat.

          « Le risque 0 n’existe pas et n’est pas souhaitable. »
          En légiférant sur le danger au lieu du risque (c’est à dire en bannissant des substances plutôt que de gérer les risques liés à ces substances) on vise le risque zéro.

          « Et puis, ça peut jouer dans les deux sens : les seuils de toxicité sont réévalués selon l’avancement des connaissances. »
          Non, c’est un cliquet, on ne revient jamais en arrière, même contre toute évidence.

          Si vous voulez approfondir, lisez « Chroniques d’un monde écofantasmé » e book en vente sur toute les librairies internet. Et vous pouvez poursuivre cette discussion avec moi par mail via contrepoints si vous voulez.

          • Nous avons des concurrents français, allemands, néerlandais, italien, etc. qui ne peuvent pas utiliser d’autres produits que nous, vu que c’est l’UE. Sans compter les différents labels que tous les secteurs se targuent d’avoir et qui contiennent déjà diverses limitations.
            Ya des chefs d’entreprises qui s’en contrefoutent royalement de la santé et du bien-être de leurs travailleurs, qui ignorent leurs responsabilités en la matière ou qui (souvent) ne connaissent/comprennent pas du tous les risques auxquels sont exposés les travailleurs. Et font passer tout ça au 5ème plan des priorités de l’entreprise.
            Pour la toxicologie, en effet, les seuils sont différents selon les pays pour nombre de substances : les experts ne sont pas d’accord, on applique des règles style « seuil supposé +10% de marge de sécu ou 20%, etc ». C’est justement parce qu’on est pas sûr qu’on a le principe de précaution. Pendant ce temps, les recherches continuent. Et des substances ont bougé de classification au fil des années.
            Et si l’UE interdit l’importation de produits contenant des substances X ou Y, ben la Chine ou l’Inde peuvent continuer à les employer, mais se ferment notre espace économique.

            • « Pour la toxicologie, en effet, les seuils sont différents selon les pays pour nombre de substances : les experts ne sont pas d’accord, on applique des règles style « seuil supposé +10% de marge de sécu ou 20%, etc ». »

              Les coefficients de sécurité appliqués aux calculs vont de division par 30 à 1000, tant on est peu sûr de la science!

              « Ya des chefs d’entreprises qui s’en contrefoutent royalement de la santé et du bien-être de leurs travailleurs, qui ignorent leurs responsabilités en la matière ou qui (souvent) ne…  »

              Accusation grave… en outre, en France, il y a des contrôles.

              « Et si l’UE interdit l’importation de produits contenant des substances X ou Y, ben la Chine ou l’Inde peuvent continuer à les employer, mais se ferment notre espace économique.  »

              Non justement, c’est tout l’objet de mon article. Dans REACH, il n’y a pas les mêmes contraintes sur les substances qui composent les produits finis et les produits finis eux mêmes.
              Et votre réflexion ne concerne pas les substances interdites en Europe, qui servent à fabriquer les produits mais qui ne sont pas en final sur les produits.

              • Ce n’est pas une accusation grave envers les chefs d’entreprise, juste une constatation :-). Malgré ma courte expérience dans le domaine de la sécurité en entreprise, j’ai déjà une flopée d’exemples. En Belgique aussi il y a des contrôles. Et pourtant…
                Pour REACH et votre image de la mayonnaise, je ne sais pas bien j’avoue, je vois les choses principalement sous l’angle CLP et FDS où la présence d’une substance par exemple H350 dans un mélange n’implique pas que ce mélange soit H350.
                Les industriels ont aussi des responsabilités à prendre : analyse de cycle de vie, cahier des charges restrictifs sur les procédés et substances.
                Je refuse que sous prétexte que le voisin se donne d’utiliser tout et n’importe quoi sans tenir compte de la santé, la sécurité et l’environnement, l’Europe fasse de même.

            • Ya des chefs d’entreprises qui s’en contrefoutent royalement de la santé et du bien-être de leurs travailleurs

              Mais posez vous donc la question pourquoi ces individus persistent.
              Nous, on ose pas virer un malade bidon parce que plus de 20 ans de boite.
              Tous les patrons ne sont pas des ordures comme vous le laissez entendre.

              • Hum… je vais répéter ma phrase :  » IL Y A DES chefs d’entreprises… ». Ce qui veut dire que, sur l’ensemble des chefs d’entreprises, il y a DES ordures. Et des gens biens. Faut lire hein…
                Histoire vraie racontée par une amie de l’inspection du travail français : une employée a portée plainte contre son employeur parce que pendant 3 ans celui-ci l’envoyait uriner dans le champ à-côté car pas de WC femme.
                Histoire vraie : une société dont la centrale incendie est HS depuis 4 ans. Bien que la société a toujours été bénéficiaire, celle-ci ne juge pas bon de débloquer un budget pour la remplacer.
                Histoire vraie : une société de transport force ses camionneurs à poser des jours de congé quand ils sont malades.
                Histoire vraie : certains employeurs trafiquent les rapports d’accidents pour ne pas qu’ils soient classés « graves » pour ne pas impacter leur prime d’assurance.
                Etc etc..
                Tous les patrons ne sont pas des ordures : en effet, et je ne l’ai jamais dit :-).

                • « la présence d’une substance par exemple H350 dans un mélange n’implique pas que ce mélange soit H350. »

                  Je vous conseille de vous faire assister dans votre démarche d’inventaire sans quoi vous risquez d’aller vers de graves ennuis.

                  « IL Y A DES chefs d’entreprises… ». Ce qui veut dire que, sur l’ensemble des chefs d’entreprises, il y a DES ordures. Et des gens biens. Faut lire hein… »

                  Concernant les chefs d’entreprise, on peut évidemment toujours trouver des exemples. Votre formulation laisse place à l’amalgame. Quel pourcentage? C’est cela qu’il est important de savoir…

            • mais se ferment notre espace économique.

              Ne prenez pas ces gens là pour des arriérés. Ils nous rendront la monnaie de notre pièce. Vous ne leur vendrez plus rien.
              Exit Airbus. FUCKED. Juste un exemple.

          • C’est le propre de tout chef d’entreprise

            Attention, vous le flattez là…

    • Vous avez déjà lu une notices de médicaments? La rubrique effets secondaires possible devrait vous inciter fortement à ne jamais vous soigner…La plupart des effets indiqués sur les produits chimiques sont des effets résultant de tests de haute dose sur des animaux donc ils ne représentent en rien la véritable toxicité de ces substances pour les être humain. de plus la forme d’utilisation de ces substances est capital. par exemple un pigments au plomb ou au cadmium peut avoir une action sous sa forme pulvérulente mais dès lors qu’il est incorporé à une peinture sa nocivité disparait mais la peinture est tout de même classée comme nocive ce qui est complétement idiot.
      Je terminerais par dire que l’être humain s’est toujours développé en prenant des risques. rien n’est gratuit dans ce bas monde et la sécurité est toujours une histoire de sacrifice. Le premier homme qui a tenté d’utiliser le feu est sans doute mort brulé, ceux qui ont essayé de manger des champignons aussi, marie currie est morte suite a ses recherches sur le radium, les premiers chimistes utilisaient leur gouts pour caractérisé les produits de leur expériences faute d’autre outils…REACH n’est rien d’autre qu’un avatar de cette lubie du risque zéro qui à envahi les cerveaux malade des occidentaux. Il ne peut rien sortir de bon d’une idéologie extrême et peut importe que les prémisses soient louables, la réalité n’a que faire de l’aspiration des hommes à l’absolue.

      • Il devrait prendre du paracétamol (para c’est ta mort) à haute dose s’il choppe le COVID19, parce que l’HCQ n’a pas été testée… (en double aveugle)

      • Les médicaments sont un bon exemple. Ils ont tous des effets secondaires néfastes à haute dose voire mortels pour certains.
        Bref un médicament est potentiellement DANGEREUX.
        Si la législation des médicaments avait été basée sur leur dangerosité, ils auraient été interdits dans leur immense majorité pour répondre au fameux principe de précaution. La gestion des médicaments est un exemple particulier de gestion du risque pour pouvoir utiliser les éléments positifs de l’action d’un produit potentiellement dangereux (le médicament).

        Maintenant, en France, même dans le domaine du médicament, les tenants du principe de précaution avancent leurs pions avec des conséquences futures sur la disponibilité de certains produits.
        Mais le monde est vaste, les Sociétés et cultures moins averses au Danger continueront à progresser tandis que la France (et l’Europe dans une moindre mesure) sera à la traîne en perdant de plus leurs industries chimiques et pharmaceutiques qui s’expatrieront vers des cieux plus cléments en matière de législations ajoutant ainsi un motif supplémentaire à la délocalisation (en plus de la fiscalité, du coût et de la réglementation du travail).
        Les concurrents de l’Europe n’en demandaient pas tant… 🙂

        • Bonjour Cyde.
          C’est parce que la méthode basée sur la dangerosité n’est pas adaptée aux médicaments qu’elle n’est pas utilisée. C’est une analyse coûts/bénéfices qui est faite. Analyse qui est périodiquement réévaluée car certains médicaments, après utilisation sur des années et un grand nombre de patients, s’avèrent provoquer plus de soucis qu’autre chose. Certains médicaments sont même abandonnés pour leur rôle premier, et ils sont utilisés pour les effets secondaires qui deviennent traitement (comme le cas du Viagra par exemple).
          A la différence des médicaments, les substances chimiques en utilisation industrielle n’ont pas vocation à soigner.
          Mais perso, vivre dans une société libre et non-soumise à des impératifs purement financiers plait plus que devoir vivre en combinaison de protection parce que money is money. (oui, c’est une image, une caricature, une métaphore).

          • Chaque substance elle aussi devrait faire l’objet d’une étude coût bénéfice si on projette son interdiction.
            – Dans la majorité des cas, les alternatives qu’on leur trouve présentent autant de risques que la substance elle même.
            – si une substance est utilisée massivement depuis longtemps, c’est bien qu’il y a un bénéfice (y compris social, et même environnemental) à l’utiliser.

            Il n’y a donc aucune raison à légiférer sur le danger. Les cas des substances et des médicaments sont donc similaires, sauf que pour les médicaments, on a peu de moyens d’éliminer les risques.

    • ce n’est JAMAIS économie first les gens qui descendaient dans la mine savaient…

      déjà avec l’augmentation de l’espérance de vie les inquiétudes changent..

      la seule chose qui importe est la quantification des effets; si ce n’est pas possible on est dans de la gesticulation et on prend des mesures qui peuvent être contre productives..

      l ‘appreciation du risque supportable reste de nature profondément individuelle..

      il SUFFIT que le travailleur le sache et négocie contre salaire ou m^me renoncement, remplacer cela par des considerations arbitraires réglementaire pose d’autres problèmes..

      bon un bateau de pêche peut couler..

      une réglementation peut empêcher un type d’aller pécher et de gagner sa vie.. pour sauver sa santé ..

      la bureaucratie on peut s’y noyer, on perd l’essentiel, que le travailleur et le patron se soient mis d’accord…

  • on n’a pas encore été assez ruinés avec le Covid, et il faut encore plus délocaliser, au cas ou…
    Que va devenir le Plan Velo si l’on ne peut plus utiliser de l’huile pour graisser la chaine ?
    Enfin, j’attends que l’Europe protège la santé des ses citoyens en interdisant enfin la substance la plus dangereuse au monde, à savoir le monoxyde de dihydrogène.

  • Avec ce que propose le Parlement, nous ferions un grand pas en avant.

    Même un Grand Bond en Avant à la chinoise. On ne va pas chinoiser hein? Ou bien un pas en arrière, le dos tourné vers le vide, et un joyeux salto arrière sans filet.
    Ces tarés auront inventé le Grand Bond en Arrière. Les Chinois n’ont qu’à bien se tenir, ils ont une grande concurrence.

    L’Europe s’abandonne à Pachamama…

  • Ce n’est pas pour critiquer mais « chimiques » nous le sommes tous plus ou moins, toxiques aussi d’ailleurs. Sauf le Parlement Européen qui est seulement inutile.

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