Stefan Molyneux banni : coup dur pour la liberté d’expression

Opinion : plaidoyer pour un indéfendable. Après YouTube, Twitter vient de désactiver le compte de Stefan Molyneux.

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Stefan Molyneux banni : coup dur pour la liberté d’expression

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juillet 2020
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Après YouTube, Twitter vient de désactiver le compte de Stefan Molyneux. Le public francophone ne le connaît probablement pas, mais je vais tenter ici d’expliquer pourquoi cette affaire doit tous nous concerner.

 

Qui est Stefan Molyneux ?

Stefan Molyneux est un philosophe canadien. Je n’ai pas parcouru l’ensemble de sa gigantesque production, mais à mon humble avis c’est un libéral de tendance anarcho-capitaliste qui avance des thèses controversées sur le quotient intellectuel, les ethnies et l’immigration.

Notez que ces sujets ne représentent même pas la majorité de son œuvre, mais c’est là-dessus que de multiples accusations se sont portées contre lui : « suprémaciste blanc », « néo-nazi », « militant d’extrême droite ».

Ces accusations sont absurdes pour quiconque a vu ses vidéos. Ses travaux sont sourcés et il a des entretiens et des débats avec des personnalités très diverses : scientifiques, philosophes, économistes, policiers, etc. Si on peut douter de ses interprétations et de ses conclusions, on ne peut qu’être impressionné par l’ampleur et la profondeur de ses recherches.

Je dois avouer que je ne ne m’étais pas élevé contre l’éjection du conspirationniste américain Alex Jones des mêmes médias. C’était une erreur, car c’est une question de principe : il n’y a de débat possible que si toutes les opinions ont la parole, même les plus farfelues.

 

Qui seront les prochains ?

Si la disparition de Molyneux de Twitter et YouTube vous laisse indifférent, ayez conscience que vos Twittos et YouTubeurs préférés peuvent être les prochains sur la liste, si leurs thèses sont un tant soit peu controversées, aujourd’hui ou demain.

Au sens strict, la liberté d’expression n’est pas ici en jeu car Stefan Molyneux est libre de s’exprimer sur d’autres médias. YouTube exerce simplement son droit éditorial sur les contenus qui sont hébergés sur sa plateforme.

Seulement, comment ne pas voir un lien entre la désactivation de ces comptes avec le politiquement correct du moment. Cela devrait nous inquiéter…

Heureusement, des solutions existent : je pense à des plateformes alternatives telles que BitChute, LBRY, Parler ou encore Mastodon. Internet a permis à Twitter et YouTube d’exister, ouvrant la voie à de nouveaux modes d’expression. Abusant de leur position dominante, ces plateformes se font maintenant concurrencer par de nouvelles, plus respectueuses du débat public.

Espérons que ces nouvelles venues gagnent en visibilité.

« Il existe des technologies incroyables que nous pouvons utiliser pour approfondir la discussion rationnelle et philosophique des problèmes de ce monde : je vous en supplie, restez dans le débat. »

Quelles que soient nos opinions, tâchons de répondre à cet appel.

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  • Comme je l’ai déjà dit lors de la suppression des chaînes YouTube d’Alain Soral et de Dieudonné, la liberté d’expression n’est pas tronçonnable. Si vous commencez à vouloir décider qui a le droit de parler et qui ne l’a pas, vous ouvrez la boite de Pandore de la censure. Or, une boîte de Pandore ne se referme jamais.
    Plus généralement, à l’occasion des élections américaines et de la crise du Covid, on observe que les positions se radicalisent: les opposants au « camp du bien » autoproclamé se font de plus en plus brutalement cibler et réduire au silence.

    • La liberté d’expression et la censure sont des notions institutionnelles.
      YouTube et Twitter sont des entreprises privées qui peuvent accepter ou refuser qui bon leur semble. Elles n’ont de compte à rendre à personne.
      Je pourrais trouver, en tant que libéral, un peu fort de café qu’on vienne dire à ces entreprises qu’elles doivent continuer de donner une visibilité à des gens dont elles ne veulent plus…
      S’il y a un marché important pour ces idéologies typées White Power, elles trouveront sans difficultés d’autres supports de communication. Mais libre à YouTube et à Twitter d’en faire ce qu’elles veulent : promotion ou poubelle !

      • L’un des grands drames des libéraux/libertariens contemporains, c’est que la plupart d’entre eux ne connaissent pas les classiques de la tradition libérale. On voit ça aussi quand, dès qu’il y a une polémique sur de la censure faite par des compagnies privées comme Twitter, ils se mettent à répéter comme des demeurés que ce n’est pas un problème tant que ça ne vient pas du gouvernement, alors que les auteurs libéraux classiques étaient très clairs sur le fait que, non seulement la question de la liberté d’expression ne pouvait se limiter à la censure d’État, mais qu’en fait c’était même loin d’être l’obstacle le plus préoccupant à la liberté d’expression. (Tocqueville dans De la démocratie en Amérique sur l’uniformité de pensée dans une démocratie et Mill dans On Liberty.)
        La réprobation sociale peut être encore bien plus efficace que la censure d’État, même accompagnée de violence.

  • (Je note aussi que même sur un site qui s’affiche « libéral », la présence de certains noms dans un post le catalogue d’emblée comme « soumis à modération », A PRIORI, alors que sinon le post est immédiatement publié. Il m’est d’ailleurs arrivé d’avoir un post non publié, alors qu’il ne faisait que rappeler un FAIT.)
    Je le redis une fois de plus : la liberté d’expression est entière, ou elle n’est pas.

    • Ne pas confondre la liberté d’expression avec le « droit à » publier ce qu’on veut où on veut. Un site qui s’affiche « libéral » est un média privé qui peut parfaitement refuser de publier un commentaire. Cela n’empêche aucunement le commentateur de s’exprimer ailleurs. Chacun peut créer son propre blog en quelques clics au besoin.

    • Il me semble qu’à Contrepoints, la « modération » consiste surtout à vérifier que la publication du post n’expose pas le site à des poursuites. Ne pointez pas le site quant à la liberté d’expression, mais ceux qui engageraient éventuellement ces poursuites.

  • « Youtube exerce simplement son droit éditorial sur les contenus qui sont hébergés sur sa plateforme »

    Cette phrase est ambiguë: Elle suggère que YT est Éditeur ET Hébergeur, or il me semble que cela ne relève pas des mêmes droits et devoirs.

    YT bénéficie semble -t- il d’une législation qui la protège contre les attaques sur les contenus qu’elle diffuse, parce qu’elle ne serait pas l’émetteur mais un « tuyau ».

    Pourtant, on ne peut nier un rôle actif de YT sur ses publications, qu’elle trie ou propose, ou rejette avec des différences statistiques significatives sur des raisons floues.

    • Excellente remarque !
      YouTube comme Twitter sont en effet des tuyaux. Ces entreprises bénéficient d’une législation plus favorable que l’édition. En gros, elles ne sont pas responsables des contenus. Contrairement à un journal par exemple avec une ligne éditoriale et un directeur de publication qui engage sa responsabilité.
      YouTube et Twitter sont bien des tuyaux, mais filtrer les contenus ne leur est pas interdit (il est même possible que ça leur soit vital dans certains pays). En revanche, lorsque Twitter a voulu « defaker » un twitt de Trump, en le commentant et en renvoyant à d’autres sources, elle a clairement franchi la limite de ce qui est autorisé à un « tuyau »…
      Bref, un tuyau peut filtrer (ou ne pas avaler quand c’est trop gros !) mais pas commenter…

    • Tout-à-fait. Dans une affaire pendante devant la CJUE, les conclusions formulées par le rapporteur vont plutôt dans ce sens.

      https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2020-07/cp200096fr.pdf

    • C’est la stratégie de Trump.
      Ça me semble possible si la dichotomie reste claire entre les deux fonctions (diffuseur/émetteur) et ne devient pas une simple barrière à l’entrée si l’on agglomère les 2 fonctions.

  • Je vous aime bien, mais on parle quand même d’un suprématiste blanc là…

    • Ah oui donc la liberté d’expression, c’est seulement pour les gens qui disent un truc cool. Ok.

      • Même les gens cool n’y ont pas forcément droit, même ici. J’ai un post qui était l’expression même de la coolitude dont j’attends toujours la publication sous l’article « semences paysannes »…

    • Et alors? 13 types l’écoutent et ce sont des gens aux mêmes opinions, donc il ne gêne personne! La liberté d’expression est indivisible et garanti par la Constitution!

    • Et sinon, pour Rowling, vous suggérez le pal ou le bûcher ?

    • j’ai vu certaines de ces vidéos, ce n’est pas si simple, pour moi il fait parfois un pas trop loin mais la majeure partie du temps, il reste dans les clous..
      en fait , il se produit ce qui se produit quand on décide que les groupes raciaux sont pertinents, nécessairement le discours sonne raciste

      • « quand on décide que les groupes raciaux sont pertinents »

        Et qu’on peut prouver que tous ses ancêtres proviennent du Mayflower, sinon le discours peut sonner idiot.

        Mais si on interdit de dire des conneries, où va-t’on.

  • « Youtube exerce simplement son droit éditorial sur les contenus qui sont hébergés sur sa plateforme. »

    C’est là où le bât blesse… Youtube ne peut pas avoir de « droit éditorial » s’il est une plateforme (un peu comme une compagnie de téléphone ne peut pas contrôler ni être tenu pour responsable de ce que vous dites via ses services). Mais s’il est un éditeur, alors il peut être tenu pour responsable légalement de tout. Y compris pour les appels au meurtres de policiers par « Black Lives Matter » ou au pillage et à l’insurrection violente par les « Anti-Fa » ou les incitations à la violation de la propriété privée par les groupes marxistes etc.
    Bref pour l’instant ils (tous les « reseau sociaux » ont le beurre et l’argent du beurre, mais ça ne va pas pouvoir durer longtemps sinon le précédent risque d’être terrible ! Imaginez que votre banque vous supprime votre compte parce que vous avez acheté un truc qu’ils n’aiment pas (genre soutenu contrepoints), que votre opérateur de téléphonie vous interdise de réseau parce qu’au téléphone vous avez un jour soutenu que « la taxation c’est du vol », que l’opérateur d’eau potable vous coupe l’approvisionnement car vous avez servi un verre à un « dangereux négationniste du changement climatique »…
    Que Youtube ou Twitter (qui se présentait comme la branche active de la liberté d’expression mais laisse passer certaines opinions mais pas d’autres, toutes étant légales qui plus est) choisissent qui peut ou ne peut pas utiliser leurs services pour s’exprimer c’est donner à toutes les entreprises de « plateforme de service » le même droit. Exorbitant d’autant que ces plateformes ne sont jamais poursuivies pour les contenus qui y sont présentés. Et que les réseaux sociaux « déplatforment » des gens parfois pour des messages ou opinions qui n’ont même pas été exprimés sur le réseau en question !!!
    Vite, retour à la concurrence absolue et à l’égalité de tous (les particuliers) devant le loi, les entreprises n’ayant aucun « droits » en tant que tel.

    • @Franz
      Bonjour,
      « Imaginez que votre banque vous supprime votre compte parce que vous avez acheté un truc qu’ils n’aiment pas »
      C’est presqu’arrivé.
      Plusieurs Youtubeurs ont vu leurs comptes Paypal supprimés. Il leur était impossible de recevoir de l’argent de leurs abonnés.
      Bloquer l’accès au compte en banque des pro armes, par exemple, est une des idées lumineuses des anti armes. Dans cette idée, les banques récalcitrantes devraient être sévèrement punies.
      Youtube démonétise déjà pas mal de Youtubeurs aux opinions pas très bisounours et incompatible avec le camp du bien.
      (Je rappelle que le Joueur du Grenier, qui n’a pas de contenu politique, a fait l’objet d’un strike… le Joueur du Grenier !)

      Ce que vous écrivez comme hypothèse peut très bien se réaliser en France, vu que les opérateurs téléphoniques et les livraisons d’eau sont détenus par l’Etat français.

  • « à mon humble avis c’est un libéral de tendance anarcho-capitaliste »
    C’est comme cela qu’il se voit mais je crois qu’on ferait une mauvaise affaire à l’acheter pour ce qu’il croit être et à le revendre pour ce qu’il est…

  • moi je pense que le vrai problème ne peut être que législatif..

    si you tube cesse de diffuser les vidéos de gens qui avait des millions de vues, je présume que les autres sites seront heureux de les récupérer..

    ça a été une erreur de produire des lois sur l’homophobie l’antisémitisme ou autre.. on a criminalisé les opinions..

    la liberté d’expression n’existe déjà plus.

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