Convention citoyenne pour le climat : la dictature du peuple ?

À vouloir trop manier la démagogie, Emmanuel Macron s’est soumis de manière inconséquente à la dictature du peuple.

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ouths for climate by Bruno Kestemont(CC BY-NC 2.0)

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Convention citoyenne pour le climat : la dictature du peuple ?

Publié le 19 juin 2020
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Par Johan Rivalland.

Nous avions déjà des représentants du peuple, à travers un Parlement (qui ne nous représentait plus suffisamment ?). Nous avions cette liste impressionnante de ministères, de secrétariats d’État, d’organismes spécialisés de toutes sortes. Nous avions, bien sûr, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), chargé de conseiller le gouvernement et le Parlement sur l’élaboration des lois.

Nous avions, à chaque nouveau problème réel ou présumé, la création d’une ou plusieurs commissions, chargées d’étudier le problème en question et d’y proposer des solutions au gouvernement.

Et la liste de toutes les belles inventions qui se juxtaposent à celle-ci serait sans doute encore à compléter. Il faut dire qu’il y a du beau monde à occuper ou à récompenser avec l’argent public qui coule à flots ; et permet de caser les copains et les coquins ?

Comme si cela ne suffisait pas, pour mieux donner le sentiment d’avoir entendu « le peuple », en pleine crise des Gilets jaunes, notre Président avait pris l’initiative de nous concocter une nouvelle invention typiquement française : la Convention citoyenne pour le climat, s’inspirant sans doute en cela des idées lumineuses de Ségolène Royal sur la démocratie participative.

Il faut dire que l’écologie a le vent en poupe, dopée par toutes les démagogies du moment. Et n’était-il pas opportun politiquement de s’appuyer sur cette préoccupation très en vogue pour donner le sentiment qu’on écoutait « le peuple », directement et sans intermédiaires (à la confiance entachée ?).

C’est pourquoi quelqu’un avait glissé à l’oreille du Président (à moins qu’il n’en ait eu l’idée « géniale » lui-même) de créer cette nouvelle représentation. Était-elle d’ailleurs aussi représentative qu’on aurait pu le penser ?

Les propositions ubuesques de la Convention pour le climat

Après avoir été repoussée de quelques mois en raison de l’épisode malheureux de la Covid-19, voici que la présentation des propositions de cette Convention citoyenne voit enfin le jour. Elles sont au nombre de 150.

Pour la plupart complètement irréalistes et en décalage avec les réalités. Et ressemblant à ce que l’on pourrait trouver dans un programme politique d’un parti que l’on pourrait situer quelque part entre la gauche et l’extrême gauche (quoique les autres partis politiques de l’échiquier français ne soient pas toujours si éloignés) : semaine des 28 heures, taxe sur les dividendes, taxes diverses supposées financer des mesures écologiques, etc.

Ce qui frappe surtout est la liste impressionnante des « Interdictions ». Je vous laisse la découvrir. Elle est tout bonnement stupéfiante.

Mais elle révèle surtout ce que l’on pouvait craindre : au-delà du catalogue de propositions irréalistes et dénuées de toute expertise qui s’assimilent davantage à une liste de cadeaux du Père Noël qu’à autre chose, on perçoit que si on laisse monsieur et madame Tout-le-monde proposer des mesures, sans compétences particulières ou surtout en souffrant de quelques biais préoccupants, on tombe de manière classique dans un système répressif incroyable.

Un peu comme dans une salle de classe : demandez à des élèves ce qu’ils pourraient imaginer pour amener davantage de discipline et vous serez surpris. Ils vous sortiront un arsenal militaire qu’eux-mêmes n’auraient pas accepté en temps ordinaire. Et si l’on se réfère maintenant plutôt au vocabulaire marxien, on pourrait parler de « dictature du peuple ».

Comment le Président va-t-il gérer la situation ?

Le problème immédiat – et on ne pouvait que s’en douter dès le départ – est que le Président est maintenant coincé. Certes, il était prévu de soumettre ces propositions, ou certaines d’entre elles, à référendum ou au Parlement.

Mais de deux choses l’une : ou bien ces propositions irréalistes sont rejetées, dans lequel cas Emmanuel Macron sera accusé d’avoir cherché à embobiner tout le monde avec la création d’une nouvelle structure dont on savait à l’avance qu’elle ne servirait à rien (ou à ne reprendre que les quelques propositions qui étaient déjà plus ou moins dans les projets du gouvernement) ; ou bien ces propositions sont reprises et on porte un coup de plus à la déliquescence déjà bien avancée de notre économie et de notre société, avec notamment une liste d’interdits qui s’ajoutent à tous ceux qui déjà nous empoisonnent au quotidien.

Sans doute l’idée était-elle de ne reprendre que les propositions dans l’air du temps, celles qui étaient plus ou moins dans l’éventail de celles auxquelles songeait plus ou moins le gouvernement ou que les divers organismes, comités ou conseillers avaient déjà imaginées.

Mais voilà : déjà certaines voix s’élèvent pour réclamer que ces propositions « soient prises comme un tout », et ne soient nullement tronçonnées au gré de ce que le Président pourrait juger compatible avec ce qu’il pourrait consentir, histoire de paraître aller dans le sens de l’écologie sans trop nuire à notre société et à notre économie.

Autrement dit, Emmanuel Macron est attendu au tournant… Reste à voir comment il va se dépêtrer de cette situation et comment il va faire pour limiter la casse.

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  • Le but inavoué est de montrer que l’état, c’est quelque chose indispensable et qu’ils prend toujours les bonnes décisions.. Le peuple…. Taisez vous, on est pas au bar du commerce… C’est vrai en plus mais l’état devrait aussi abandonner le popcorn devant la télé, même ne plus regarder sa télé ni lire ses journaux… Il pourrait réfléchir par lui même au lieu d’attendre la parution du le monde pour prendre une mauvaise décision et rire de soi même en lisant le canard enchaîné.

  • « Reste à voir comment il va se dépêtrer de cette situation et comment il va faire pour limiter la casse »
    Voyons, il va nommer une Commission chargée d’examiner les propositions de la Convention, puis une Commission chargée de mettre en forme les propositions de la première Commission, puis une Commission chargée de chiffrer les propositions de le 2e Commission, enfin une 4e commission chargée de pondre les Cerfa nécessaires.
    Ça va l’amener en 2022 et on oubliera car il y aura des choses beaucoup plus importantes. Comme une élection, peut-être ?
    D’ici là, c’est juste encore un peu plus de pognon foutu en l’air. Mais de cela, on a l’habitude.

  • Je vois que la plupart des propositions de cette convention sont sans rapport avec la mission étroite qui lui était confiée, à savoir réduire les émissions de CO2 d’une manière aussi indolore que possible.
    Il me semble qu’il n’est pas très difficile d’écarter ou différer poliment tout ce qui est hors sujet.

  • J’avoue que la proposition « Réduire le temps de travail sans perte de salaire dans un objectif de sobriété et de réduction de gaz à effet de serre » est à se tordre de rire 😀
    D’autant plus que la majorité des propositions existent déjà sous forme d’organismes ou autre…
    Et n’oublions pas que l’immense majorité des propositions demandent juste de mettre encore plus d’argent publique sur la table… Même ma grand mère aurait fait des propositions plus logiques et constructives…

  • Navigation à vue entre dictature bureaucratique corrompue (la gestion du Covid) et démagogie écolo-gauchiste débridée.
    On est mal, patron. On est mal…

  • On peut difficilement faire plus populiste que cette « convention citoyenne » macroniste. Et dire que ce sont les partis d’extrême droite et d’extrême gauche qui sont accusés de populisme…

    •  » et d’extrême gauche qui sont accusés de populisme…  » A l’origine ça vient bien de l’extrême gauche ( vert-écolo-marxiste ) tout ces délires sur le climat y compris cette nouvelle lubie citoyenne.

  • L’émotion, pas le « peuple » !

  • Si il y en a bien un qui se fout royalement de toutes ces conneries de  » convention citoyenne du climat, de l’urgence climatique etc…  » c’est bien le climat lui-même qui en fera qu’ à sa tête jusqu’ à perpét.

  • Au-delà de la gouvernance évidemment orientée et des compétences des membres de la convention, croyez-vous vraiment que les 150 ont réellement été tirés au sort et qu’ils pouvaient s’exprimer librement, pour finalement devoir pondre un projet diamétralement opposé aux revendications des GJ ?

    Avec ce gadget pseudo démocratique, insulte au bon sens, caricature de démocratie directe, le pays s’enfonce un peu plus.

    • H16 dirait : c’est un beau foutage de gueule (et j’ajouterai : un de plus). Macron est dans son rôle : provocateur en chef.

  • Un excellent film sur la dérive autoritaire du peuple : l’expérience (der experiment).
    Mais tout ceci était prévisible, Si vous tirer au sort 100 Français vous aurez 70 socialistes et 30 communistes

  • Comment un Président a t’il pu se faire embarquer dans une affaire pareille et imaginer que 150 braves types tirés au sort pourraient accoucher de propositions sérieuses?
    Ça s’avère être un exercice de démagogie pure sucre dans lequel toutes les stupidités imaginées par nos écolos décérébrés sont reprises avec le risque d’être validée pour des raisons plus électorales que scientifiques.
    D’ailleurs, pour permettre à leurs délires d’être mieux entendus, nous désarmons aussi notre Police, de tel manière qu’ils puissent hurler et casser en toute impunité.
    Et on voudrait nous laisser croire que notre pays est gouverné ???
    A ce rythme nous courrons au naufrage …

    • Pas tirés au sort, mais minutieusement choisis, et surtout encadrés par une clique de copains ecolo-gaucho-anticapitalistes fort opportunément nommés à la tête de cette farce, qui va se retourner contre son auteur: révolte de citoyens déjà assommés par taxes et contraintes, entreprises lessives par la crise, et un bon tsunami d’argent public et de dépenses supplémentaires imbéciles, comme si le colis n’était déjà pas suffisant

    • Vous oubliez qu’au-delà du tirage au sort, le cadre et l’objectif de cette « commission » étaient étroitement fixés : réduction des GES de 40% – avec les présupposés qui fondent cet objectif, à savoir une vision catastrophiste de l’activité humaine – , ce qui est antidémocratique dès le départ. Seuls les gens en accord avec cet objectif ont accepté d’y travailler. Cette commission ne représente pas les Français, c’est un simulacre de démocratie, une escroquerie dès le départ.

    • Le problème… c’est qu’il n’est pas vraiment président… Pensez-vous vraiment que a France est dirigée par ceux qui ont été élus?

  • Il est clairement établi que compte tenu de la masse de CO2 présente et de l’inertie de la Planète en matière de CO2 , l’arrêt de toute production de CO2 immédiate, Chose rigoureusement impossible a moins d’empêcher certain de respirer, n’aurait d’effet que dans trente ans.On a donc largement le temps de réfléchir a des évolutions non brutales et efficaces, et faire taire les écolos agités du bocal qui pensent résoudre le problème avec les 28 heures en France quand les esclaves en Indes fabricants nos produits travaillent 60 heures !

  • Voilà le résultat d’un président de la République descendu faire des débats sans fin et inutile dont nous attendons toujours le résultat.
    Ce sera un plaisir de voir macron se prendre les pieds dans le filet.
    Mais quel désastre pour la France.

  • Quand j’entends le mot « écologie », je planque mon porte-monnaie !

  • Nous sommes passés de la démocratie dont Tocqueville pointait le risque de dictature de la majorité à une dictature de minorités. Par le jeu de la propagande médiatique, la majorité ne sait plus qu’elle est majoritaire et n’ose plus s’exprimer…

  • La constitution de la V ème république, en concentrant tous les pouvoirs aux mains d’un seul individu , est par nature même totalement démagogique. Pour se faire élire l’individu en question est prêt à toutes les concessions, à toutes les flatteries aux minorités qui font cette élection, laquelle se joue au premier tour à 1 ou 2 %. La succession de ces démagogies depuis 40 ans explique où nous en sommes.

  • Pris à son propre piège. Voilà que ses amis écolos marxistes ont fabriqué un programme en rapport alors qu’il attendait d’eux plus de mesure. Il va devoir rétropédaler sérieusement. On avait vu la même chose avec Raoult, l’anti-Raoultisme avait tellement déferlé parmi ses plus zélateurs qu’il avait du faire le voyage de Marseille. Béria était pire que son maître.

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