Airbnb français, un projet voué à l’échec

Un « Airbnb à la française » est une idée malavisée, qui repose sur des motivations politiques tendancieuses, reflète l’application d’une politique industrielle chauviniste, et cherche à conquérir un marché déjà saturé.

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Airbnb français, un projet voué à l’échec

Publié le 14 juin 2020
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Par Eline Chivot.

Afin de relancer les entreprises du tourisme que la crise du coronavirus a mises en péril, le gouvernement français a récemment annoncé un plan d’investissement de 1,3 milliard d’euros, piloté par la Caisse des Dépôts et BPI France.

Parmi les mesures de soutien, le gouvernement a évoqué la mise en place d’une plateforme qui serait opérée conjointement avec les professionnels du tourisme. Cette idée, bien vite surnommée « le Airbnb français » et inspirée de propositions de députés PS, est destinée aux touristes étrangers souhaitant visiter la France, mais surtout à rivaliser avec les grandes plateformes américaines, notamment Airbnb, TripAdvisor, et Booking.com.

Relativement peu commentée dans les médias, la nouvelle n’a provoqué aucun haussement de sourcil : en France, les propositions visant à nuire aux grandes entreprises américaines du web sont même généralement assez populaires, et beaucoup persistent à croire que le prochain Google serait un projet rentable, et devrait à tout prix être français. 

Airbnb français, le chauvinisme

Mais ce « Airbnb à la française » est une idée fort malavisée, qui repose sur des motivations politiques tendancieuses, reflète l’application peu judicieuse d’une politique industrielle chauviniste, et cherche à conquérir un marché déjà saturé. Le projet échouera par manque de crédibilité, et même s’il aboutissait à un lancement, son intérêt pour les usagers potentiels de la plateforme restera encore à démontrer.

Tout d’abord, nous sommes en présence d’un cas d’école de la façon dont la France gère sa politique industrielle, en créant, entretenant, et sélectionnant des « champions nationaux, » et en injectant de l’argent public, non pas dans le but de les pousser à innover, mais dans un souci de concurrencer certaines entreprises étrangères. Cette attitude n’est pas étrangère aux habitudes du gouvernement français, dont le palmarès regorge de croisades à l’encontre des géants du numérique (dérisoirement réduits à l’acronyme GAFA). Le véritable problème serait que ces entreprises menacent l’indépendance technologique de la France, ne paient pas leurs impôts, manipulent nos données, ne protègent pas assez, voire parfois trop, la vie privée de leurs utilisateurs bien qu’elles soient soumises et se conforment aux lois les plus strictes de la protection des données européennes comme le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).

Ces accusations biaisées sont à l’origine d’une multiplication de politiques publiques chauvinistes masquant à peine une volonté de favoriser l’industrie nationale. Au fond, la raison principale et quasiment assumée de ces attaques est que le gouvernement français n’aime décidément pas beaucoup les grandes entreprises de la tech, surtout si celles-ci ne sont pas françaises, mais pire encore, parce qu’elles sont américaines. Une mascarade, en somme.

Se tromper de cible

Ce nouveau projet français se trompe de cible. Aveuglé par cette obsession de souveraineté technologique —un vague tigre de papier masquant des tentations protectionnistes— le gouvernement français préfère lancer des entreprises biberonnées à la BPI à l’assaut de l’industrie du numérique américaine, un casse-pipe, plutôt que de les encourager à innover dans des domaines de l’économie où elles auraient une chance de prendre l’ascendant.

En effet, la France a pris un retard irrattrapable sur le marché des plateformes numériques de type « B to C » (d’entreprise à consommateur), dominé par les acteurs commerciaux étasuniens et chinois. 

À l’image de l’Europe, la France a raté la dernière « vague » des technologies, comme l’Internet mobile et l’informatique en nuage (cloud computing), et ce que le Commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton aime à qualifier de bataille des données personnelles.

Plutôt que de s’obstiner à essayer d’inventer le prochain Facebook ou une pâle imitation de Google, la France devrait mettre les bouchées doubles sur la commercialisation d’applications prometteuses sur des marchés à fort potentiel, par exemple en ciblant des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle, et se positionner fermement dans la course aux plateformes d’entreprise à entreprise (« B to B ») et des données industrielles.

Les investissements de la France et de l’Union européenne devraient être destinés à soutenir l’innovation dans leurs secteurs industriels d’excellence, comme la robotique, les systèmes autonomes, l’Internet des objets, et les solutions de calcul haute performance, ainsi qu’au renforcement de domaines d’applications où elles se distinguent déjà : les grilles intelligentes (smart grids), les villes intelligentes et connectées (smart cities), l’administration électronique (e-gouvernement), et l’e-santé. La France est après tout un pôle concentrateur d’entreprises de classe mondiale à la pointe de la technologie, comme Atos ou Schneider Electric.

Si le gouvernement veut aider ces entreprises à tirer leur épingle du jeu, il doit également montrer l’exemple, faire en sorte d’être lui-même un acteur à l’avant-garde du numérique, notamment en développant une culture technophile et en poursuivant une transformation digitale audacieuse des infrastructures du secteur public, qui pêche encore par son illettrisme numérique.

Un airbnb français peu viable économiquement

Par ailleurs, un « Airbnb à la française » a peu de chance de proposer un modèle commercial crédible, viable, exportable, et susceptible d’être suivi par les professionnels du secteur du tourisme et les investisseurs potentiels. Monter une plateforme de toutes pièces, sans calendrier précis, et dont la qualité, pour convaincre les usagers, devrait être au moins à la hauteur des interfaces fluides et parfaitement intégrées de Airbnb et Booking.com, est un pari risqué.

Selon Éric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts, le projet ne verrait le jour qu’au bout de plusieurs mois—pas avant 2021, alors que ce dont l’industrie du tourisme a besoin est un appui efficace et sans délai.

De plus, alors que le pays peut compter sur quelques « champions du numérique » tels que Atos et OVH, aucune plateforme d’origine française n’a réellement pu atteindre une expansion l’ayant dotée d’une notoriété au-delà des frontières de l’Hexagone.

Un passé jalonné d’échecs numériques

La France a également un passé davantage jalonné d’échecs que de succès en la matière, parmi eux, l’expérience malheureuse de Quaero, abondamment présenté comme le « tueur de Google, » ou la noyade des « challengers du cloud » Numergy et Cloudwatt.

À cette liste s’ajoute Qwant, qui sept ans après son lancement, est loin de faire trembler Google Search : le moteur de recherche plafonne à 0,73 % de part de marché, sous perfusion de l’État, et, ironie du sort, dépend principalement de l’Américain Microsoft Bing.

La France a beau avoir perdu des millions d’euros avec ces multiples initiatives chimériques, qu’à cela ne tienne, le gouvernement persiste à appliquer les mêmes recettes et à parier sur le mauvais cheval.

D’autant plus que ce Airbnb « made in France » n’est pas un cas isolé. Salto, le Netflix français qui aurait dû être lancé en 2018, connaît de nouveaux retards et les investissements dont il devrait bénéficier seront loin de faire le poids face à ses homologues américains.

Les Français seront sans doute les seuls à jamais entendre parler de ce fameux Airbnb national, mais comme une nouvelle illustration de l’art du gaspillage d’argent public par leurs gouvernants. 

La plus grande réussite du projet sera sans doute de réinventer la roue et de compliquer la vie du touriste consommateur. Pour justifier l’utilité de la plateforme, Éric Lombard prend l’exemple de ce « touriste allemand qui arrive à Colmar doit savoir où sont les brasseries, ou à quelle heure ouvre le musée d’Issenheim. »

C’est ignorer trop vite que ce touriste allemand utilise déjà d’autres sites tels que TripAdvisor, Expedia, ou Trivago, qui proposent des hébergements, idées d’excursions ou bonnes adresses, et répertorient les avis de millions d’autres touristes tout aussi avisés. Quelle serait donc pour lui la valeur ajoutée d’une plateforme supplémentaire ?

Dans un contexte économique qui s’annonce éprouvant, un Airbnb français ne rendrait pas service à l’industrie du tourisme et aux contribuables, si tant est qu’il ne leur soit pas préjudiciable, et son utilité pour les consommateurs pose question.

Les idées fixes anti-Big Tech du gouvernement sont mauvaises conseillères. À la source de campagnes gouvernementales contreproductives et de tentatives avortées et bien amères, elles détournent l’économie française de solutions efficaces et nécessaires qui pourraient enfin et réellement stimuler la capacité concurrentielle de son industrie à l’ère du digital. 

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  • Tiens, à propos de projets foireux, qu’est devenu le « clavier français » destiné à remplacer le bon vieil azerty ?

  • L’innovation ne peut provenir que de la tête d’un énarque et si par pur hasard elle provenait d’un entrepreneur privé, on peut compter sur les administrations pour l’empêcher de prospérer.

  • Pour amortir leur milliard il va falloir prendre une très grosse part du marché… Ça paraît totalement impossible, ils arrivent trop tard, le touriste a ses petites habitudes comme confier son sort aux tours opérateurs classiques présent dans tous les pays, les gros machins américains, bof. Ça donne une idée de prix d’ailleurs ce ne sont que des Googles spécialisés voyages….. Ils recyclent notre tête chercheuse française, qwant ?

  • Il est toujours difficile de gagner la course quand on démarre en retard et dans la mauvaise direction. Le problème est le dirigisme d’état qui s’obstine à marginaliser, brider ou interdire les recherches qui ne sont pas à la mode. Parce que chez nous, pour se lancer il faut convaincre des comités très consensuels et … visqueux

    • [je n’avais pas fini]
      L’inertie de la clientèle fait le reste: quand on a ses habitudes il est très fatigant d’adopter un autre fournisseur même s’il est meilleur. Windows pourtant payant et bugué domine Linux gratuit et fiable.
      Google pourtant retardataire et indiscret domine Qwant et Duckcuckgo.
      Rien ne sert de courir, il faut partir plus vite.

    • Pour déboulonner un fournisseur « en place », il faut surtout proposer beaucoup mieux et ne pas le copier bêtement.

      Et il ne faut pas tenter de proposer plus – mais plutôt moins – en éliminant les impasses de conception et ce qui est inutile et pesant. Il faut faire autrement.

      Il est bien évident que les comités « consensuels » (sans même parler des administrations) ne savent pas innover car ils sont formatés mentalement par ce qui existe. Seule la liberté d’échange d’idées peut faire naître des solutions. C’est le principe du développement d’Internet : « Request For Comment ». Il est bien évident que ce principe est antinomique avec le dirigisme et la « volonté politique ».

      • « il faut surtout proposer beaucoup mieux »

        … et avoir les mains libres face à une concurrence qui a les moyens de vous faire taire, face à un état qui sait mieux que vous ce qu’il faut ou ne faut pas faire, face à une clientèle confinée dans ses réflexes acquis.

        Là où on n’a pas le droit d’avoir raison trop tôt, il ne faut pas s’étonner de ne récupérer que les miettes moisies.

        • Avoir raison n’est suffisant. D’un point de vue « commercial » et concurrentiel, il faut « surprendre ».

          Microsoft a essayé de s’opposer à Internet il y a 30 ans. Mais il a été surpris, car l’idée du « personal computer » n’était évidemment pas centrée sur l’information distribuée. Idem avec les « smartphones », qui sont plus des « terminaux » que des « calculateurs ».

          Il faut avoir l’idée avant de se doter des moyens de la réaliser. Imaginez le WEB : il repose sur l’hyperlien. C’est simplement l’association de l’information « utile » (un mot dans un document) avec l’action au sens large (récupérer plus d’information ailleurs). Simplissime mais il fallait y penser. Encore une fois, Microsoft a été surpris car cela ne rentrait pas dans son modèle. (Et son business centré sur la production de paperasse).

          Linux est dans une impasse : le noyau (sans être le meilleur) est solide et performant. Les interfaces utilisateur qui singent Microsoft ne peuvent rivaliser. Apple et Google l’ont compris. Pas les développeurs et distributeurs Linux.

  •  » le touriste allemand qui arrive à Colmar doit savoir où sont les brasseries, ou à quelle heure ouvre le musée d’Issenheim.  »

    Le plus facile, et je connais le sujet Colmar (bien entendu valable dans toutes les villes du monde), est Google Maps :
    en demandant ‘restaurants’, non seulement vous les avez tous, en restant dessus vous savez les horaires et les avis clients, et avec ‘itinéraire’ il vous y emmène a pied, vélo ou voiture en vous indiquant le parking le plus proche…

    Elle est pas belle la vie, même sans ‘french tech’ ?

    Hoppla !

  • Vous avez raison;
    mais pourquoi ?
    j’ai passé ma vie entre l’Europe et le nouveau monde, et aujourd’hui à près de 70 ans je n’entrevois même pas ce qui amène cela, les conditions de vie étant similaires en occident…

    Parlant la plupart des langues de cet occident, j’ai parfois le sentiment diffus que c’est la structure même de la langue qui induit cela, mais de là a dire si la langue a produit la pensée ou le contraire (la poule avant l’oeuf), aucune idée.

    Mon constat a été un jour lorsque je me suis rendu compte qu’une réunion sur un sujet précis se déroule différemment si elle se tient en français, allemand ou anglais…

    Chez les Allemands le sujet est clos, les Anglais assignent à certains partcipants d’approfondir les questions en suspens (parking lot), les Français prennent note de la date de la prochaine réunion sur le même sujet…

    Je caricature un peu, mais à peine…

    • Le français est la langue du royaume, il n’y a plus de royaume de France par conséquent cette langue n’est pas adaptée à la France . On pense aujourd’hui comme il y a 3 siècles, en effet la langue forme la pensée. Voir le Québec avec son vieux François, c’est assez minable la bas.

    • @Leipreachan
      Il m’est venu la même idée il y a quelques années. Depuis que j’ai découvert la facilité qu’il y a à travailler avec des anglophones ou avec des germanophones, je soupçonne la langue française de rendre ses locuteurs bornés. Finalement, à l’usage, c’est une langue trop limitante. Vu le résultat sur la mentalité française, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence qu’il y a à garder une langue qui semble vouée à un registre toujours plus bêtifiant et infantilisant. Ronsard aurait mieux fait de laisser cet argot de légionnaire romain dans le caniveau où il l’avait trouvé, il n’y avait rien à en tirer.

    • La vie réelle et surtout la technique n’ont que faire des subtilités de la langue française.

      • Et puis pour rattraper notre retard en informatique, il serait temps que nos informaticiens apprennent l’anglais. C’est surement pas prévu dans les projets de l’état.

  • Le seul avantage qu’on pourrait y trouver est que des villes comme Paris arrêteraient de mettre des bâtons dans les roues des loueurs – actuellement il est interdit pour un particulier de louer son bien plus de 120 jours par an – histoire de ne pas nuire à ce « fleuron » français… Qui n’a bien évidemment aucune chance de prospérer à grande échelle, s’il n’est pas déjà mort né !

  • La france n’invente plus rien depuis 40 ans!
    Forcement elle copie ce qu’elle peut et quand c’est l’etat qui s’en mêle c’est le fiasco garanti

  • « Plutôt que de s’obstiner à essayer d’inventer le prochain Facebook ou une pâle imitation de Google, la France devrait mettre les bouchées doubles sur la commercialisation d’applications »

    « La France » ne devrait surtout plus rien faire et laisser leur fric et leurs libertés aux Français.

    • Les français sont parfaitement capable d’inventer. Mais inventer ce qui est pensé par un énarque n’est à la portée de personne.

      Cela peut sembler évident sauf pour ceux qui croient en BLM and Co. (Et ça fait beaucoup trop pour motiver l’innovation française).

  • L’article est très bon, mais encore trop empreint du rêve de trouver enfin le « prince charmant » bureaucratique qui fera enfin une « bonne » allocation des resources qu’il a collectées par la violence.

    Nous devons tous le savoir maintenant: JAMAIS l’état ne sera un bon allocataire de ressources, jamais! punto basta.

  • Préparer la dernière guerre, c’est pas nouveau

  • L’ironie de l’histoire c’est que les anglo-saxons utilisent un terme français pour désigner celui qui entreprend: « entrepreneur »…

  • Donc une entreprise privée qui se positionne sur ce domaine d’activité n’a pas le droit de faire, mais l’état aurait le droit ? J’espère qu’ils appliqueront les mêmes lois qu’ils ont voté contre l’entreprise privée citée… On va bien se marrer ! 😀

  • Haine de l’argent ? Ah non pas de celui des autres !

  • Article très perspicace et juste.

  • Les commentaires sont fermés.

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