Énergie : 4 leçons à retenir de la pandémie

Transition énergétique : 4 leçons à retenir sur les effets du confinement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
old nuclear power plant and new wind turbine by Jeanne Menjoulet(CC BY-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Énergie : 4 leçons à retenir de la pandémie

Publié le 5 juin 2020
- A +

Par Philippe Charlez.

Inédite dans l’Histoire, la période de confinement faisant suite à la pandémie du coronavirus aura de lourdes conséquences. Conséquences économiques dramatiques avec une réduction du PIB français de plus de 10 % et des faillites en chaîne ; conséquences sociales avec une remontée considérable du chômage bien au-dessus des 10 % ; conséquences politiques avec la tentation des dérives extrémistes.

Mais le confinement aura aussi en apparence des conséquences environnementales positives avec une réduction significative des GES sur l’année 2020. En termes de transition énergétique nous en retenons quatre leçons principales.

Leçon n°1 : la décroissance ne fera plus recette

La première est l’expérimentation en vraie grandeur réelle de la société de décroissance prônée par un certain nombre d’écologistes extrémistes et collapsologues. Si la décroissance économique apparaît comme une méthode radicale pour réduire les gaz à effet de serre elle représente parallèlement davantage de pauvreté et d’inégalités ainsi qu’une restriction significative des libertés.

Même si les chiffres ne seront consolidés que dans un an on peut estimer que 1 % de récession correspond à peu près à 1 % de réduction de GES. Utiliser la décroissance comme levier de réduction c’est donc conduire l’humanité à la pauvreté absolue.

La croissance économique reste le principal levier du développement humain. Sans elle, les systèmes de sécurité, de santé et d’éducation que nous chérissons s’effondreraient. Rappelons que le Venezuela qui a subi depuis 2014 une contraction de 50 % de son PIB a vu l’espérance de vie de sa population se réduire de 15 ans. Quinze ans d’espérance de vie c’est un retour 60 ans en arrière.

Après avoir été confinés deux mois pour raisons pandémiques, les Français ne sont pas prêts à recommencer l’expérience pour raisons climatiques. Dans les années à venir la décroissance économique chère à Greta Thunberg ne fera plus recette. Et c’est une bonne chose.

Leçon n°2 : découverte de certains comportements vertueux

La seconde est la mise en pratique de certains comportements davantage vertueux sur le plan environnemental comme le télétravail. Il s’est généralisé pour plus de la moitié des Français durant la période de confinement. Le télétravail permet d’économiser une partie significative des GES émis dans les transports urbains. En allégeant les transports autour des grandes villes, il réduit aussi significativement la pollution de l’air.

Positive pour beaucoup, l’expérience présente aussi certains risques sur le plan individuel (dépressions, conflits familiaux) mais aussi économique (désertification des grands quartiers d’affaires comme La Défense). Le télétravail doit être un complément du travail au bureau et non le contraire.

Leçon n°3 : notre indépendance énergétique existe grâce au nucléaire

La troisième concerne notre mix énergétique. Si la France a manqué de masques, de gel hydro-alcoolique et de respirateurs, elle a pu compter sur l’abondance de son électricité nucléaire. Une électricité qui, il faut le rappeler, est complètement décarbonée.

Ceux qui se font aujourd’hui les chantres de la relocalisation stratégique ont souvent par le passé ouvertement encouragé la sortie du nucléaire. Avant de relocaliser évitons tout d’abord de délocaliser en sortant du nucléaire et en plongeant tête baissée dans des énergies renouvelables intermittentes fournissant de l’électricité entre 10 % et 20 % du temps et manufacturées à 80 % en Chine.

Relançons au contraire la filière nucléaire française en confirmant le plan de carénage des réacteurs existant ainsi que la construction des centrales EPR prévues au plan. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050 la France aura un grand besoin d’électricité verte. Seul le nucléaire pourra lui fournir.

Leçon n°4 : l’État ne doit pas asphyxier davantage les entreprises

Enfin, si à moyen terme la transition écologique se doit d’être intégrée à la relance, il est autodestructeur de conditionner aujourd’hui cette relance à des engagements verts notamment dans des secteurs au bord du dépôt de bilan comme l’automobile ou le transport aérien. Quand un fumeur invétéré est en insuffisance respiratoire on commence par l’intuber. C’est seulement quand il aura retrouvé ses esprits qu’on pourra faire de la pédagogie sur les méfaits du tabac.

Conditionner à la hâte les aides économiques à l’accélération de la production de voitures électriques ou à la fermeture de lignes intérieures fussent-elles rentables s’avèrera suicidaire. Des décisions purement idéologiques et politiciennes prises à la hâte sans aucune réflexion quant à leur pertinence, leur efficacité industrielle et environnementale.

Ainsi, la fabrication d’une batterie de voiture électrique émet l’équivalent de plusieurs dizaines de milliers de km effectués avec une voiture thermique. Et, si la voiture électrique est viable en parcours urbain et péri-urbain, elle n’a aucun avenir en tant que routière.

En agissant de la sorte, l’État procède comme un piètre stratège. À court terme il risque d’amener sur un plateau deux fleurons historiques de l’industrie française aux prédateurs étrangers. Étonnant quand on dit vouloir relocaliser.

 

Voir les commentaires (24)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (24)
  • Démonstration implacable.

    Deux bémols.

    1. Les ENR sont aussi un outil d’indépendance énergétique, ni plus ni moins que le nucléaire.

    2. « Conditionner à la hâte les aides économiques à l’accélération de la production de voitures électriques ou à la fermeture de lignes intérieures fussent-elles rentables s’avèrera suicidaire ».
    Gageons qu’il n’en sera rien. C’est de la pure gesticulation politique. De l’affichage, rien d’autre. De la même manière qu’on aidera Renault même s’il licencie, l’Etat aidera tous les autres même s’ils ne verdissent que leur logo !

    • Pour le premier point, pas vraiment. L’investissement doit être renouvelé tous les 20 ou 25 ans et représente encore aujourd’hui plus de 100% du prix du kWh produit (subventionné). Si la filière n’est pas locale, l’indépendance est virtuelle. En outre, du fait de l’intermittence fatale, l’indépendance est factice puisqu’on devient dépendant des caprices de la météo.

      On vous rejoint en revanche sur le second, le verdissement des aides étant de la pure politique de circonstance, le pouvoir craignant de se faire déborder par les verts sur sa gauche.

  • « Quinze ans d’espérance de vie c’est un retour 60 ans en arrière. » ou en avant..

    avec le nucleaire sinon avec la filière energetique tant que l’on sera dans le « nous » , »faisons », « relançons » ça signifie que les décisions seront de nature démocratique et majoritaire et selon toute vraisemblance un interventionnisme économique important..

    la filière électronucléaire française est fille de l’étatisme .ça ne change rien a ses qualités et spécificités techniques.
    mais il devrait y avoir un débat sur la production energetique ce serait les limites de l’intervention étatique plutôt que des tentatives d’explication que c’est un bon choix..

    je suis un consommateur,mon choix est le rapport qualité prix…concurrence chez les producteurs donc..pas s’en remettre à l’intelligence d’un type( ou d’une segolène) démocratiquement élu..

  • Si il y a une leçon à retenir, l’incompétence magistrale de l’état à agir avec bon sens. Il faut, je lache un gros mot, une France federale comme en Allemagne comme en Suisse.

  • si l’on arrêtait de promettre des fleuves d’argent à tout ces écolos , leurs lubies dangereuses cesseraient illico presto ;

    • On ne leurs promet pas, on leurs donne !

      • parce qu’ils amènent les compléments électoraux qui permettent de gagner une élection a gauche: voila , c’est tout

        • Malgré tout il ne faut pas oublier qu’ils ont des électeurs, donc.. Je sais, ces cancrelats ont infiltré l’éducation nationale depuis des lustres.. Mais les autres auraient pu faire de même ou faire barrage.

  • oui pourquoi faire faire un travail a distance a 300 kms , si on peut le faire faire a 10 000 kms pour dix fois moins cher?
    attention çà vous pend au nez

    • brasser du vent et du papier peut se faire en télétravail.
      et pourrait tout aussi avantageusement et encore plus avantageusement ne plus se faire.

  • « …on peut estimer que 1 % de récession correspond à peu près à 1 % de réduction de GES ».
    Selon Novethic ce n’est pas 1% mais 7,5% sur l’année :
    « Selon deux études publiées récemment, la baisse des émissions de CO2 depuis le début de l’année atteint 8,5 % par rapport à 2019. Sur l’ensemble de l’année 2020, leur diminution pourrait atteindre 7,5 %. C’est ce qu’il faudrait réaliser chaque année, d’ici 2030, pour espérer contenir le réchauffement global sous la barre des 1,5°C, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris. » (1)
    Et d’ajouter que ce n’est qu’ « une goutte d’eau » selon Carbon Brief.
    .
    Et une goutte d’eau tellement petite qu’elle est non mesurable dans les derniers relevés de CO2 dans l’air à Mauna Loa, comme l’avait déjà fait remarquer h16 dans ces colonnes.
    .
    De plus, COP21 et loi « énergie-climat » ( adoptée le 8/11/2019) obligent, il faudra faire autant de réductions de nos GES (donc de nos énergies fossiles) TOUS LES ANS pendant 10 ans.
    .
    Doit-on logiquement conclure qu’il faudra baisser notre PIB de 11% chaque année aussi pendant au moins 10 ans pour un résultat nul (goutte d’eau) et non mesurable ?
    .
    Attention les dégâts (pauvreté, chômage,… x10). Merci les « verts ».
    .
    PS: On peut aussi penser que cette théorie des GES de notre CO2 qui réchaufferait la planète et non mesurable a, pour le moins, du plomb dans l’aile.

    (1) https://www.novethic.fr/actualite/infographies/isr-rse/infographie-la-baisse-des-emissions-de-co2-due-au-covid-19-devrait-se-repeter-chaque-annee-pour-atteindre-les-objectifs-climatiques-148600.html

  • Ces trois mois d’arrêt quasiment mondial ont créé « une réduction significative des GES ». Rapporté à la France seule ces diminutions correspondent à approximativement 50 ans de zéro émission en France.
    Résultat : pour le moment l’augmentation du taux de CO2 ne donne aucun signe de ralentissement. Mais bon, la NOAA nous explique que c’est tellement faible qu’il faut attendre un an pour s’en apercevoir. La France a donc raison de vouloir baisser ses émissions de 50%, mais il faudra attendre au moins 100 ans pour voir le résultat.

    • C’est moins de 20 % sans doute 10% voir moins au niveau mondial, cela n’a aucun impact, c’est non mesurable puisque cette baisse est compensée par la nature, les voix du seigneurs sont impénétrables mais les lois physiques incontournables.

  • LEÇON N°1 : LA DÉCROISSANCE NE FERA PLUS RECETTE.
    Pas accord, La courbe de croissance des populations en regard des ressources pétrolières et autres mène dans le mur. Le sujet n’est pas : La décroissance peut-elle séduire, ça n’a aucun sens, la question est comment devront nous nous adapter aux nouvelles limites? Les choix sont nombreux et très différend. Un seul point communs, ce sera extrêmement contraignant : La boulversitude économico-organisationnelle est arrivée !

  • Point 1 : Bel optimisme ! Il n’y a qu’à lire le Vaucluse Matin d’aujourd’hui 5 juin, journée mondiale de l’environnement, pour voir que les escrolos, les collapsologues et autres hurluberlus au cerveau carbonisé n’ont pas dételé. Loin de là ! Ils en rajoutent !
    La lutte sera dure, très dure.
    Pour les autres points : De grâce ! Arrêtez avec les GES et l’économie décarbonée ! Il faut dire, répéter et démontrer que tout ça n’est qu’une vaste supercherie. Le CO2, ça fait du bien, pas du mal dans les proportions où il est dans l’atmosphère et ce qu’émet l’humanité c’est peanuts à côté de la nature. On ne se bat pas sur le terrain de l’ennemi !

  •  » Des décisions purement idéologiques et politiciennes prises à la hâte sans aucune réflexion quant à leur pertinence, leur efficacité industrielle et environnementale. » eh oui , et cela dure depuis des dizaines d’années, d’où la situation où nous sommes: désespérante.

  • Les idiots qui nous gouvernent ne son pas à une contradiction près, comme le montre Macron depuis qu’il est élu!

  • Le Roi est nu !
    Vu qu’après 3 mois de quasi inactivité (avions, industries, transports…) il n’y a aucune réduction de CO2 dans les mesures faite à Hawaï et ailleurs, c’est que nos énergies fossiles qui le produisent sont bien trop minuscules par rapport aux émissions naturelles en CO2 de la terre.
    .
    Ce CO2 anthropique, quasiment nul par rapport à la terre, est tout aussi nul pour la soi-disant augmentation des GES (gaz à effet de serre). Nul aussi est le réchauffement qui aurait du en découler.

    Point barre !
    .
    On nous a donc tous bien roulés dans la farine….

  • Qu’est ce que l’on s’en fout de « l’indépendance! »

    La richesse est crée dans la dépendance.

    Arrêtons d’utilsier des concepts débiles de nationalisme économique sur ce site.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

La nécessité de décarboner à terme notre économie, qui dépend encore à 58 % des énergies fossiles pour sa consommation d’énergie, est incontestable, pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique, et pour des raisons géopolitiques et de souveraineté liées à notre dépendance aux importations de pétrole et de gaz, la consommation de charbon étant devenue marginale en France.

Cependant, la voie à emprunter doit être pragmatique et ne doit pas mettre en danger la politique de réindustrialisation de la France, qui suppose une... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles