Parlez-vous la Novlangue des énergies renouvelables ?

La Novlangue permettra encore longtemps d’idéaliser les énergies renouvelables et de diaboliser le nucléaire en spoliant une population crédule… et manipulable.

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Parlez-vous la Novlangue des énergies renouvelables ?

Publié le 1 juin 2020
- A +

Par Michel Gay.

« On vit une époque formidable ! » aurait-dit l’humoriste Reiser. Certains mots changent subrepticement de sens jusqu’à exprimer l’opposé du sens initial, notamment dans le domaine des énergies renouvelables.

C’est la Novlangue de la transition énergétique, cet instrument de contrôle des esprits et de destruction intellectuelle popularisé par Georges Orwell dans son roman 1984.

Il en est ainsi, par exemple, des mots « renouvelable », « complémentaire », « parité réseau », « production variable », « énergie non carbonée ».

Renouvelable

C’est peut-être le mot le plus galvaudé et le plus mal compris en parlant d’énergie.

Aucune énergie n’est éternellement renouvelable. Rien ne se crée, tout se transforme, même le Soleil et le vent (qui dépend du Soleil). Il faudrait s’entendre sur la durée. Le Soleil cessera ses réactions nucléaires dans 5 milliards d’années et l’uranium nécessaire pour produire de l’électricité dans un réacteur nucléaire sera encore disponible sur terre dans 10 000 ans.

Pourquoi l’un serait-il appelé renouvelable et pas l’autre à l’échelle humaine ?

Les composants des panneaux solaires et des éoliennes venant essentiellement d’Asie sont-ils renouvelables ?

En revanche, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques en eux-mêmes sont… « renouvelables » car ils sont périmés tous les 20 ans, et il faudra les remplacer !

Complémentarité

Le discours officiel du gouvernement affirme qu’il y a complémentarité entre les sources d’énergies que sont le nucléaire et les renouvelables intermittentes.

La stratégie d’EDF (CAP 2030) publiée à l’automne 2016 s’inscrit dans cette ligne : « Rééquilibrer le mix de production en accélérant le développement des énergies renouvelables, en garantissant la sûreté et la performance du nucléaire existant et du nouveau nucléaire ».

Deux moyens de production sont complémentaires s’ils satisfont le même besoin et peuvent se substituer l’un à l’autre en cas de défaillance de l’un d’eux.

Ainsi les réacteurs nucléaires sont bien complémentaires les uns des autres dans la mesure où la mise à l’arrêt d’un réacteur peut être immédiatement compensée par une augmentation de la puissance fournie par le reste du parc.

De même, le nucléaire pourra faire varier sa puissance et ainsi pallier les conséquences de l’intermittence du vent et du Soleil.

En effet, la moitié du parc des réacteurs nucléaires français aujourd’hui est capable d’ajuster en 30 minutes jusqu’à 80 % de la puissance fournie, à la hausse comme à la baisse et peut donc aussi s’adapter à une consommation d’électricité variable suivant les heures de la journée.

Cette flexibilité du nucléaire français facilite l’intégration des énergies renouvelables intermittentes dans le réseau. L’Académie des sciences (confirmant ainsi des études conduites par EDF) estime que l’intégration de 30 % de renouvelables dans le mix électrique est techniquement possible. Mais elle ne dit pas un mot sur les conséquences économiques de cette intégration massive.

Mais la complémentarité ne joue que dans un sens !

Le nucléaire est effectivement complémentaire de l’éolien et du solaire, comme le sont l’hydraulique et le thermique à flamme (gaz, pétrole et charbon) pour compenser leurs productions fatales.

Mais l’éolien et le solaire ne sont en aucune manière complémentaires du nucléaire ! Ils sont « supplémentaires » (en trop) car leur production pourrait être aisément assumée par l’énergie nucléaire plus décarbonée que l’éolien et le solaire !

Les jours de grand vent et de soleil, les sources intermittentes (qui ont la priorité d’accès au réseau) peuvent conduire à une baisse de la production nucléaire décarbonée. Évoquer la complémentarité pour justifier le développement des EnRI conduit à de graves malentendus car leur production supplémentaire est inutile et ruineuse pour la collectivité.

Les EnRI représentent aujourd’hui quelque 9 % du mix électrique. Selon la programmation du gouvernement (PPE), en 2028, elles devraient représenter 15 %, et 40 % en 2035.

En Allemagne, lorsque la demande est faible et qu’il y a du vent et du soleil, les propriétaires d’éoliennes peuvent être obligés de déconnecter leurs machines tout en restant rémunérés pour l’électricité qu’ils n’ont pas produite (et donc pas pu vendre) pour éviter que les prix de marché ne deviennent négatifs.

La parité réseau

Le coût de production de l’électricité éolienne et solaire, bien qu’encore plus élevé que la production nucléaire, baisse de façon spectaculaire en étant parti de très haut.

Les promoteurs de ces énergies proclament ainsi qu’elles ont atteint la « parité réseau », c’est-à-dire qu’elles sont au même prix que l’électricité vendue sur le réseau… transport et taxes inclus. Et bien sûr, sans prendre en compte les coûts importants de l’intermittence (stockages, centrales thermiques pilotables de secours,…) !

Mais cette expression de la Novlangue veut faire croire que ces énergies renouvelables seraient au même prix que le nucléaire et que, par conséquent, elles seraient économiquement prêtes à prendre la relève… ce qui est faux !

Production « variable »

La production de sources intermittentes d’électricité est effectivement « variable », comme l’est la demande. Mais les promoteurs des énergies renouvelables affirment que les gestionnaires de réseaux ont déjà l’expérience de gestion de l’intermittence.

Par conséquent, l’injection aléatoire d’électricité dans le réseau ne devrait pas leur poser de problème particulier…

En fait, la tricherie intellectuelle vient de ce que les ordres de grandeur ne sont pas du tout les mêmes !

Les variations de la production intermittente sont beaucoup plus intenses, brutales et aléatoires que celles de la consommation, ce qui complique beaucoup la gestion jusqu’à la rendre parfois impossible.

Cette intermittence (ou production fortement variable…) est le plus souvent ignorée par les journalistes qui lors de l’inauguration d’un parc éolien ou d’une ferme solaire, annoncent sans sourciller le nombre de ménages « alimentés » en divisant la production totale annuelle (incluant des absences de productions) par  la consommation moyenne des ménages.

Ainsi, « tel parc éolien alimentera une ville de 25.000 habitants »…

Et même le jour où des moyens de stockage de l’électricité seront développés à l’échelle des  problèmes et à des coûts raisonnables, les arguments ci-dessus resteront encore valables car ces coûts viendront s’ajouter à une production déjà deux à trois fois plus chères.

Énergie non carbonée

L’Union européenne préfère parler d’une électricité « renouvelable » ou « verte », termes qui ne veulent rien dire, plutôt que « non carbonée »… car ce terme pourrait favoriser le nucléaire.

Pourtant, même le Groupement international d’experts sur le climat (le GIEC est une émanation de l’Organisation des Nations unies) confirme dans son nouveau rapport du 6 octobre 2018 (le fameux « résumé pour les décideurs ») que le nucléaire fait partie de la solution pour limiter le réchauffement climatique. Il l’avait déjà écrit dans son précédent rapport présenté le 27 septembre 2014.

La Novlangue permettra encore longtemps d’idéaliser les énergies renouvelables et de diaboliser le nucléaire, spoliant une population crédule… et manipulable.

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  • renouvelables …donc à renouveler , racheter , redépenser , avec l’argent des contribuables , une manne inépuisable pour ceux qui s’accrochent à  » une énergie verte » ;

  • Le manque d’intelligence écologique , vous connaissez ? Non il serait peut être temps de vous renseigner sur ces solutions plus qu’éphémères.

  • Ah!!! La richesse et les subtilités de notre langue. Vous avez raisons en déclinant le sens des mots ils arrivent à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. L’art de la sémantique copieusement enseigné notamment à l’ENA est devenu un socle de communication. Cela permet de dire des choses sans que le fond de l’idée énoncée soit comprise par le bon peuple.
    Et puis tout ce qui marche dans une démonstration au tableau noir ne fonctionne pas forcément dans la vie réelle.
    Souvent nous oublions d’intégrer dans les raisonnements le hasard et pourtant nous venons d’en vivre les effets et les conséquences avec le COVID.
    Imaginons, que vent arrière, nous ayons arrêté nos centrales et réussi à leur substituer les énergies dites renouvelables. Le hasard brutalement s’invite sous la forme de l’éruption simultanée des quatre plus grand volcans de la planète.
    La conséquence pourrait entre autre déclencher une brutale glaciation. Les énergies alternatives pourraient elles répondre aux besoins? J’en doute et nous nous trouverions dans une situation où nous ne serions pas plus préparés à faire face aux besoins que nous ne l’avons été pour le COVID.

    • Hypothèse de Baudoin DF : « éruption simultanée des quatre plus grand volcans de la planète ; conséquence pourrait entre autre déclencher une brutale glaciation. »
      Nous aurions d’autres problèmes que l’énergie vous ne croyez pas ? Par exemple la production agricole.

  • Le français a fait encore mieux en traduisant de travers (et volontairement) l’intitulé exact de ce machin de l’ONU, appelé IPCC (International Panel on Climate Change). Un « panel » en anglais est une sorte de commission qui rassemble les avis d’autres personnes, éventuellement compétentes. Traduire « panel » par « groupe d’experts » est un contre-sens volontaire pour donner l’impression que, lorsque l’IPCC parle ou écrit, ce sont des « experts » qui parlent, alors que pour l’essentiel, ce sont des politiques.
    Tout à fait comme le WHO (OMS en français).

  • Rien à ajouter, tout est clairement exprimé. Merci, Monsieur Gay. Je pense quand même que l’arnaque des « renouvelables » commence à émerger lentement. La France était pionnière dans le nucléaire et il serait vraiment stupide qu’elle gâche bêtement cet atout!

  • « LA PARITÉ RÉSEAU »

    Il faut les prendre au mot. Puisque la parité réseau est atteinte, rien ne justifie qu’on accorde la priorité aux prétendus renouvelables sur les réseaux.

  • L’avenir de l’humanité passe par l’énergie nucléaire.

  • C’est curieux on ne parle plus, ni de la COP, ni de la petite Greta

    • Si, si , Greta va lutter contre le cocoronavirus avec ses petits bras musclés. Encore une bonne occasion de faire le tour de la planète en avion au lieu d’aller sagement à l’école, pour une dépense en CO2 infiniment moindre.

    • Je ne comprend pas pourquoi elle ne se balade pas avec son tuyau de recyclage du méthane dans le cul. Qu’elle donne l’exemple.

  • Ces énergies sont surtout … aléatoires. Et elles devraient être nommées ainsi : EnAl

  • le nucleaire n’est pas écologique..pourquoi ? parce que les gens qui se qualifient d’écologistes sont antinucléaires..

    l’ecologie politique n’a rien à voir avec l’environnement ce sont des gens qui veulent des trucs..

  • @Michel Gay
    D’accord avec vos écrits, mais vous sous-estimez encore le « nucléaire » : car il peut se passer d’uranium, en utilisant d’autres corps fissiles (Thorium notamment) et surtout, ce qui est sa vocation, passer à la fusion qui comme le soleil est « renouvelable » au moins à l’échelle de l’humanité !

  • @Michel Gay
    Vous avez raison de vous indigner sur la pseudo « complémentarité » entre nucléaire et renouvelables intermittents (Ri).
    Physiquement et économiquement, le nucléaire peut tout à fait se passer des Ri : on a vécu d’ailleurs 25 ans avec le nucléaire seul.
    Inversement, les Ri ont besoin du nucléaire pour compenser leur absence, plus fréquente que leur présence ; et même quand ils sont présents, ils peuvent importuner (cas de l’éolien lors de coups de vent par ex.), obligeant le nucléaire à s’effacer « poliment » pour éviter l’effondrement du réseau.
    Et surtout : physiquement, au delà d’une limite de 30 à 40 % de Ri le réseau devient instable (cf. l’Australie du Sud) au point de s’écrouler fréquemment, situation dramatique pour les consommateurs, notamment les plus faibles.
    Pire, au delà de 15 % les Ri font « osciller » les prix du kWh sur le marché, qui perd alors tout son sens ; et de 15 % à 30 %, le prix « spot » s’écroule au point de devenir négatif. Le client peut trouver cela super, sauf que les producteurs mettent alors la clef sous la porte, sauf à être subventionnés, ce qui n’est plus super pour le consommateur !.
    C’est ce qui commence à se passer au Portugal, où EDP (un équivalent d’EDF) a choisi d’abandonner les moyens non subventionnés (l’hydraulique, énergie noble s’il en est) pour se gaver de solaire subventionné – mais qui ne fonctionne que 15 % du temps.
    Enfin pour revenir à la France, EDF est contraint par un ministère de la « transition Ecologique  » (!) à promouvoir les Ri, au point que la com. d’Entreprise en est réduite à parler du « nucléaire qui est complémentaire des Ei » : le monde à l’envers !
    Pauvre France qui a perdu son sens critique : où est le siècle des lumières (non intermittentes ?)

  • a quand un président d’EDF qui ne sera pas une carpette et osera dénoncer les dérives mortelles que notre Etat stratège inflige à notre indépendance énergétique ? La crise sanitaire ne leur à pas ouvert les yeux à tous ?

    • Dans le Figaro du jour il y a quatre pages de couverture d’EDF pour
      vanter son programme de réduction de CO2. Sachant que l’électricité produite par EDF est décarbonée à 95 %, combien aura coûté cette pub à cette entreprise en faillite ? Jusqu’où, comme vous dites peut aller le léchage de carpette ? EDF: des dirigeants d’entreprise ou des larbins ?

      • et meme si j’ai bien entendu ..on a désormais des producteurs qui sont prêts à vous aider pour que vous diminuiez votre consommation..

  • Les commentaires sont fermés.

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