Faut-il un confinement chaque année pour satisfaire les prophètes de la décroissance ?

La pandémie nous a appris que l’on ne pouvait pas tirer un trait sur notre appareil de production fonctionnant avec une grande part d’énergie fossile abondante et bon marché.

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Faut-il un confinement chaque année pour satisfaire les prophètes de la décroissance ?

Publié le 25 mai 2020
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Par Loïk Le Floch-Prigent.

À lire les différentes revues militantes de la lutte contre le changement climatique on constate une grande satisfaction face à la chute brutale de l’activité humaine, mobilités et industrie, qui ont conduit à un abaissement de quelques pour cent des gaz à effet de serre.

La décroissance en échec

Inutile d’ergoter sur les chiffres, ils sont faibles, de l’ordre de 8 à 9 %. C’est-à-dire que cette décroissance involontaire n’a pas eu l’influence déterminante souhaitée. Ces deux mois qui ont mis l’économie de nombreux pays par terre n’ont donc pas  sauvé la planète, l’activité humaine et plus simplement la vie de plus de 7 milliards d’individus a continué à émettre le CO2, le CH4 et les particules fines ; dans les principales métropoles confinées, et donc à l’arrêt, il a même été constaté un maintien de ces fameuses émissions de particules fines susceptibles de provoquer des problèmes respiratoires.

Le confinement vient donc de démontrer que la théorie de la décroissance salvatrice de la planète n’était pas vérifiée. Il renforce celle de la nécessité de contenir une démographie galopante, ce qui n’est pas très encourageant pour tous ceux souhaitant que nous nous tournions à grande vitesse vers une civilisation nouvelle à base de bateaux à voile, de fermes éoliennes ou solaires.

Mais la vérification en grandeur réelle de la faiblesse d’une théorie fait partie de la vie scientifique et il ne leur reste plus qu’à s’incliner.

On voit que ce n’est pas le cas et que pétition sur pétition nous demandent de faire pénitence et de freiner nos consommations inutiles et impies. Nous savons que le déni de réalité va se poursuivre avec l’aide de vedettes du grand et du petit écran, de la chanson… n’utilisant ni les voitures, ni les avions, à l’alimentation frugale et à l’habitat ni chauffé ni climatisé.

Pollution urbaine et sauvetage de la planète

Tout d’abord cette période nous a montré la nécessité de ne pas confondre la pollution des villes avec les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le gaz carbonique n’est pas un polluant, et c’est lui qui est le coupable de la carbonation activement combattue par les directives des GIEC, Commission européenne et politiques « vertes » diverses.

La disparition quasi complète de la circulation des automobiles en ville a par contre fait diminuer drastiquement les oxydes d’azote, rendant l’atmosphère plus respirable pour les humains comme pour les petits oiseaux.

Le « bilan carbone » des alternatives au véhicule thermique est loin d’être encore satisfaisant, tandis que les moteurs essence et diesel sont de plus en plus performants en matière d’émissions de GES. Mais il est clair que pour les métropoles concentrées on obtient des gains de pollution importants avec les véhicules électriques ou à hydrogène.

Cela devrait conduire les responsables des grandes agglomérations à cesser de présenter leurs politiques anti-pollution comme celles de « défenseurs de la planète ». Nous y gagnerions en clarté et en honnêteté.

Mais si la décroissance involontaire de la moitié de la planète, celle qui produit le plus, n’a pas eu les effets escomptés, cela doit faire revenir sur les hypothèses de départ comme sur les mesures correctives proposées.

Énergies fossiles et nucléaire

Les hypothèses considérées comme des certitudes, c’est que l’action prédatrice de l’Homme sur Terre conduit à des transformations mortifères. Les coupables sont les humains, bien sûr, mais aussi l’utilisation désordonnée de toutes les ressources naturelles et surtout fossiles (charbon, pétrole et gaz) utilisées en priorité pour l’énergie.

Aujourd’hui 85 % de l’énergie consommée par le monde est d’origine fossile, et beaucoup de pays n’ont pas encore atteint la satisfaction de leurs populations avec une énergie abondante et bon marché. La conséquence est que si des économies se font d’un côté, celui des nantis, de l’autre, celui des pauvres, la consommation s’accélère, y compris celle du charbon dont les émissions sont considérées comme les plus nocives.

Les objectifs préconisés par les experts mondiaux qui verraient décroître de manière sensible l’utilisation des fossiles à des fins énergétiques apparaissent donc inatteignables. Seul le recours à la multiplication des centrales nucléaires permettrait un progrès significatif, mais celui-ci continue à être combattu par les actions militantes dans de nombreuses régions. Les vœux du GIEC et des différentes COP dont celle de Paris paraissent donc inatteignables.

La volonté de certains pays européens, dont la France, de maintenir le cap dans « un seul pays » ou « une seule région du monde » apparait dérisoire. La France compte pour UN pour cent des émissions, elle est déjà exemplaire avec sa production d’électricité nucléaire, et son influence sur des contrées qui ont faim d’énergie sera dérisoire. Si les objectifs apparaissent illusoires, à quoi bon entretenir l’illusion dans UN pour cent de la population mondiale ?

La pandémie nous ayant appris que l’on ne pouvait pas tirer un trait sur notre appareil de production fonctionnant avec une grande part d’énergie fossile abondante et bon marché, si nous voulons être cohérents et ne pas faire disparaître en même temps l’Homme et ses civilisations, il nous faut revenir sur les données de base, la politique de surconsommation et les gaspillages.

Une politique réaliste et rentable d’économie d’énergie

Les déperditions d’énergie à l’échelle des pays comme de la planète sont considérables, dans l’habitat tout d’abord et ensuite dans les transports. La recherche sur l’isolation et les rendements n’est jamais terminée, et c’est là que réside la rentabilité.

Plutôt que de poursuivre la politique conflictuelle absurde des sources d’énergie où finalement chaque pays, chaque région va avoir raison pour eux contre tous les autres, regardons ce que voudrait dire une réelle politique d’économie d’énergie et de maintenance calculée des matériels à la fois domestiques et industriels.

Les montagnes d’appareils électroniques impossibles à recycler et en train de s’ériger en Afrique, l’enfouissement des pales d’éoliennes à la fin de leur utilisation -une quinzaine d’années-, la multiplication de cimetières de matériels de quelques années, c’est cela le véritable cancer qui nous ronge.

Les solutions ne sont pas simples puisque nous sommes attirés par le moderne, le dernier modèle, l’innovation, et que ce sera toujours le cas. Mais le numérique, l’intelligence artificielle, peuvent venir à notre secours pour inventer de nouvelles façons de concevoir et d’évoluer, de modifier, de conserver, de transformer.

Si une nouvelle civilisation plus technique nous attend, elle ne sera pas basée sur la décroissance et la pénurie, pas non plus sur le loisir universel comme le revenu, homo sapiens a envie et besoin de travailler, de faire, de construire, de modifier. Il ne trouvera pas non plus dans le télétravail la possibilité de s’épanouir, car il est un être social, il se définit dans sa relation avec l’autre et a besoin de vivre et travailler en société.

Inutile donc de chercher dans ces deux mois de confinement, à trop prouver que l’on avait raison, réjouissons-nous d’avoir pu retrouver des jolis oiseaux dans nos villes et de visiter dans les prochains un beau pays, la France.

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  • La religion verte , n’est en France que le faux nez des théories d’un socialisme recyclé. Le GIEC n’a que faire des faits scientifiques ils veulent des « croyants » qui « disent » le bien et descendent de la montagne avec les tables de la loi tel Le Nicolas Hulot « auréolé « ou la « Bernadette Soubirou » du grand nord..
    Point de réflexion scientifique la dedans, le fléchage des fonds publics vers la nouvelle église suffira!
    La pollution des villes , n’affecte que les villes, que ne prend on pas des mesures spécifiques pour ces lieux ! au lieu de faire braire tout le monde!
    si les métropoles décidaient de bannir les voitures ou/et le chauffage aux énergies fossiles ,
    çà résoudrait leur probleme LOCAL et ce serait bien suffisant,, pourquoi nous contraindre dans les regions? ou nous n’avons pas ce probleme..
    La france n’a pas de probleme d’écologie, elle a un probleme d’idéologie , et çà va nécessairement mal se terminer

    • Il semblerait que la pollution dans les villes ne soit pas que d’origine citadine : https://www.g-on.fr/baisse-de-la-pollution-de-lair-et-confinement-vont-ils-de-pair/

      Donc c’est un problème local mais d’origine plus large d’ou l’inefficacité de certaines mesures. De fait les décroissants devraient suspendre toutes les activités humaines et proner le retour à l’âge de pierre (encore que les amoncellements de taille de pierre devaient constituer pour leurs ancêtre une pollution qui leur faisait dire qu’on devait retourner dans les arbres). Ils avaient raison et vive la société moderne !

  • pour « satisfaire » les prophètes de la décroissance… je crois que RIEN ne pourrais les satisfaire.

  • C’est embêtant tout ça, le, co2 humain ne change rien, les nox, bah en fait ce n’est pas aussi mauvais que ça pour la santé et pour les particules fines, bah, même sans voiture elles sont la…. Pas d’inquiétude il reste les plastiques les pesticides l’industrie pharmaceutique et sans doute le nucléaire pour que les verts nous pourrissent la vie encore de longues années…. Un bon point pour le confinement, nos ong favorites ont du mal à faire de bonnes récoltes d’argent frais… Elles licencient, n’est ce pas une bonne nouvelle ça ?

    • à mon opinion, ce sont des problèmes…mais ils sont toujours de second ordre..

      le vrai monde c’est faire au mieux…c’est pas faire parfait. se passer des pesticides impliquent de voir diminuer les rendements agricoles, sans doute défricher davantage..
      bannir les plastiques, il faudra les remplacer sauf penser qu’ils ne servent à rien etc etc…

      il faut donc mentir…les energies propres..les voitures propres..

      • Dans l’un des stades d’une ville de la région Parisienne depuis la semaine dernière un gars, seul, avec sa bouteille de gaz désherbe. La productivité est phénoménale et puisqu’il s’agit de gaz qui est naturel…

        • le désherbage thermique tot ou tard c’est ..un incendie..mieux… désherber à la main dans les caniveaux, pour la santé des agents bien sur, déjections de rats de chiens, tout et n’importe quoi..
          pire et plus cher…

          conneries..

  • Toute la famille Ecolo est en admiration et montre à tout le monde la petite Greta qui tape sur son jouet pour faire entrer le cube vert dans le rond.

    Le jouet vient de se fendre, mais c’est pas grave, on va emprunter pour lui en payer un neuf. Elle mourra idiote bien sur car dans sa famille il ne faut surtout pas perturber la créativité des enfants.

  • Dommage qu’il n’y ait pas un mot sur le fait que les moteurs diesel récents possèdent un SCR (Selective Catalytic Reduction) qui élimine la (vraie) pollution aux NOx (divers oxydes d’azote) de nos voitures. [2]
    .
    Malgré la diminution du CO2 des humains en 2019 sur la planète et surtout malgré une grande diminution pendant 2 mois du CO2 émis par les transports, les avions etc. pendant la pandémie, le CO2 mesuré (officiellement) à Mauna Loa et ailleurs a continué d’augmenter au même rythme qu’auparavant…[1] Bizarre !
    L’apport de CO2 humain est donc indécelable par rapport aux phénomènes naturels qui en produisent. Un très gros caillou dans la chaussure de ceux qui nous assomment avec une « variation climatique » qui serait la faute des CO2 humains…
    [1] https://www.co2.earth/daily-co2
    [2] https://www.automobile-magazine.fr/lexique/44-piege-a-nox-scr

  • Le CO2 fait pousser les plantes. Plus il y en a plus la planète est verte. D’ailleurs les horticulteurs en injectent dans leurs serres. Mais il paraît que c’est un gaz nocif.

    • L’ignorance scientifique et écologique de nos écolos-gauchistes se révèle à chaque fois qu’ils communiquent. A cela j’y ajoute la bêtise, comme le disait Einstein!

    • Il y en a dans la bière et tous les sodas à bulles. J’aimerai bien qu’ils expliquent qu’il faut des boissons plates pour arrêter le réchauffement.

  • « Faut-il un confinement chaque année pour satisfaire les prophètes de la décroissance ?  »
    NON ! 2020 Suffira.
    La France vient de rentrer dans la « Déconfitude Perpétuelle » . Elle n’en sortira jamais indemne. Bien malin qui pourrait dire ce qu’elle va devenir ?
    Le pays des nouveaux Khmers verts ?
    Une colonie Allemande ou chinoise ?
    Une république islamique sous protectorat Qatari ?
    Va Savoir ?

    • Vous découvrez les joies de vivre en URSS, zéro pollution, zéro surconsommation, zéro chômeur, beaucoup de russes et habitants de leurs satellites regrettent ce temps béni. (béni n’est pas le bon mot puisque la religion est interdire). Je rigole mais ne plus voir autant de voitures et de gens débiles( on ne regarde pas la télé en URSS) , c’est divin, même les quémandeurs d’isolation gratuite se sont tués…. Et zéro avenir, j.’oubliais.. Et c’ est pourquoi nos anciens, les survivants, encensent le passé.

  • Les 32 heures étalées sur 6 jours de la semaine feraient le même effet ? Et je ne vous parle pas de innombrables autres bienfaits : utilisation optimale des infrastructures , éducation des enfants, relance de toute l’industrie du tourisme, fin des burn outs de beaucoup de gens, baisse considérable du chômage (en attendant les prochaines vagues dues à la robotisation et à l’IA.
    Mais bon, je rêve !

  • Bientôt couverte d’éoliennes car Macron a décidé d’en intensifier la construction!

  • Le confinement a fait diminuer la production de CO², mais n’a pas arrêté le réchauffement climatique. Car la responsabilité anthropique est minime. Si on supprimait toute vie humaine sur la planète, le réchauffement ne s’arrêterait pas, comme il a déjà existé des millénaires avant nous. Le seul vrai problème que doit se poser notre civilisation est comment nourrir 7 milliards d ’individus (voire bientôt 9 Mds) lorsque les énergies fossiles seront épuisées. Ce n’est pas le CO² qui pose problème, qui n’est qu’un des éléments majeurs de notre alimentation (CO²+eau+soleil+photosynthèse = hydrates de carbone nourriciers), mais le retour à une production nourricière sans pétrole, sans machines, sans intrants, sans phytos. Cela revient à envisager une gigantesque famine où à une diminution drastique de la population du globe… Bref, une régulation naturelle de l’espèce !

  • Certes, notre pays, la France, fut un beau pays. Mais il est de plus en plus défiguré par les usines éoliennes, qui massacrent les sites, l’avifaune et ont des effets nocifs sur la santé publique (infrasons). Avec la complicité de nos gouvernants qui, summum du délire, accordent des avantages déraisonnables aux promoteurs de l’éolien, qui sont des gens sans foi ni loi et ce sont les ménages qui en payent le prix douloureux.

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