Pas de responsabilité individuelle et collective sans tests

Nous devrions avoir en France les moyens de nous organiser pour tester davantage, soit sous la houlette de l’État, soit en le contournant.

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Pas de responsabilité individuelle et collective sans tests

Publié le 13 mai 2020
- A +

Par Cécile Philippe.
Un article de l’Institut économique Molinari

À l’issue de deux mois de confinement, la France ne s’est toujours pas dotée de capacités massives de tests. Nous restons loin derrière les autres pays européens en la matière, avec 1,3 test pour 100 habitants contre 2,8 en moyenne en Europe. Une démarche risquée qui conduit à l’irresponsabilité.

Faute d’être préparés à une possible pandémie, nombre de pays ont recouru au confinement large pour protéger leur population d’une incapacité des services de santé à les accueillir dans de bonnes conditions. Le confinement est un moyen grossier mais efficace d’isoler les personnes contaminées et ainsi éviter qu’elles n’en contaminent d’autres. C’est un moyen grossier car c’est un moyen aveugle. Quand on ne sait pas qui est contaminé et qui ne l’est pas, on confine tout le monde, à l’instar de ce que faisaient nos ancêtres du Moyen Âge.

Un confinement coûteux

C’est aussi un moyen très coûteux. Il conduit à réduire drastiquement les interactions sociales et économiques, ainsi que nos libertés. Nous ne pouvons plus sortir, nous déplacer, voyager et échanger de visu avec nos proches et moins proches sur les plans affectif, amical, social, économique. Bref, le confinement isole et appauvrit pour sauver des vies. Ceci ne peut évidemment pas durer éternellement. Aussi chaque jour aurait dû être considéré comme un jour de plus pour investir dans notre capacité à mieux traquer le virus. L’enjeu n’était pas seulement de désengorger les services de santé, il était de se doter de moyens de dépistage significatifs.

Les tests de dépistage sont incontournables à de multiples titres. Ce sont des outils de responsabilité individuelle à portée collective. Les tests, en particulier les PCR, sont indispensables pour que nous puissions agir pour le bien des autres. Comme le rappelle le président du Syndicat de l’Industrie du Médicament et diagnostic Vétérinaire, Jean-Louis Hunault, ils permettent « de se déterminer sur ce qu’on a à faire ». Ils résolvent un problème d’information nécessaire à chacun de nous. Ils indiquent si nous sommes contaminés et nous devons nous retirer du jeu collectif ou si nous pouvons poursuivre nos activités, dans le cas contraire.

Les tests intermédiaires de confiance

Les tests sont en quelque sorte des intermédiaires de confiance. Ils mettent de l’huile dans les rouages des interactions sociales en apportant la connaissance et rassurant sur le risque que chacun d’entre nous représente pour les autres.

Les tests sont les clefs pour que les entreprises puissent reprendre leurs activités, en limitant les risques encourus par leurs salariés dans le cadre de cette pandémie. Ils sont aussi indispensables aux directeurs des écoles qui doivent assurer la protection des enseignants mais aussi celle de leurs élèves.

Par une forme étrange de déni de réalité, nous attendons de ces institutions qu’elles protègent leurs salariés et les personnes qu’elles accueillent, sans leur donner les moyens d’être à la hauteur de ces attentes. Sans tests nous savons qu’elles sont myopes, mais nous refusons de les laisser s’équiper de lunettes de vue. Le risque est que le déconfinement ressemble au mois de janvier où, insouciants, nous vaquions à nos occupations sans nous rendre compte que le virus progressait à vive allure.

L’absence de masques efficaces et surtout de tests – à l’origine d’un confinement large – s’est enracinée dans la réalité française comme un obstacle infranchissable. Elle n’est pas perçue comme un investissement à faire prioritairement pour reprendre une vie la plus normale possible – dans l’attente de traitements efficaces – et éviter un désastre économique aussi bien que sanitaire.

En nous privant d’une capacité de test à grande échelle avant le déconfinement, nous nous empêchons d’être responsables individuellement et collectivement. Pas étonnant dès lors de voir le jeu pitoyable des uns et des autres se rejetant la responsabilité des contaminations futures dans les transports publics, à l’école, dans les entreprises.

Vivre ensemble selon des règles responsables

Faute de se donner les moyens d’être informés et d’agir en conséquence, nous empêchons de lutter rationnellement et efficacement contre le Covid-19. Notre société se prive des moyens permettant de vivre ensemble selon des règles responsables.

Un protocole sanitaire qui exclut les tests ou ne permet pas leur déploiement à grande échelle n’est pas un protocole qui permet aux acteurs d’être responsables. Dès lors, la recherche « de responsables » ne sera qu’une étape de plus dans un processus devenu arbitraire et infondé.

Faute d’avoir su donner au dépistage une priorité absolue, nous sommes toujours dans le flou alors que d’autres pays y voient plus clair. Nous devrions avoir en France les moyens de nous organiser pour tester davantage, soit sous la houlette de l’État, soit en le contournant. Mais dans un cas ou dans l’autre, il faudrait que le dépistage à grande échelle devienne une priorité absolue.

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  • Bravo. Les tests sont nécessaires et indispensables.

  • J’ai cru longtemps que les tests étaient Un facteur clé. Il n’en est rien

    (A 12´)
    Ils ne sont qu’un élément de contrôle qui peut compléter un examen clinique. Comme pour toute maladie, ce dernier est essentiel.
    L’inventeur des tests rtPCR a d’ailleurs indiqué qu’ils ne sauraient détecter un birus ou une bactérie.

  • Il faut déjà disposé de tests fiables, et les affaires des tests faux, inefficaces, compliquent l’affaire.
    Petit tour en Suède, pays qui n’a pas du tout imposé un confinement strict ET qui a testé très peu au début : 28.000 tests la dernière semaine. 20.000 tests par semaine ya 1 mois, et à peine 4000 tests ya 2 mois. Pour rappel, la Suède compte plus 3300 morts. Ce qui est beaucoup au regard de ces 10 millions d’habitants et son style d’habitat et de vie.
    Les USA ont lancé des tests à très grande échelle un peu tard (l’agent Orange n’a pas aidé) et on connait la catastrophe en cours.
    Tester et isoler peut-être efficace. Mais pas juste tester.
    La petite bête a raison ci-dessous !

    • Quelle catastrophe ?

      Prévalence, mortalité (par million) :
      France : 2659, 403
      Suède : 2534, 315
      USA : 4152, 250
      Allemagne : 2045, 90

      Bref, on sait où se situe la grosse catastrophe, et nulle part ailleurs. Faut arrêter de prendre ses désirs pour la réalité.

      • La plupart des gens raisonnent en effet en chiffres bruts, sans les ramener au nombre d’habitants.
        C’est comme quand on nous dit que tel travailleur d’un pays pauvre gagne 250€ par mois, sans donner d’éléments de comparaison avec nos coûts de la vie. Cette information brute est inutile du coup.

      • C’est quoi ces chiffres, mortalité par million d’habitants:
        France: 415
        Suède: 343
        USA: 257
        Allemagne: 94

        au passage, la Suède qui était 11ème au « classement » des décès par million d’habitants approche du podium à la 6ème place. Pour ceux et celles à ce moment là qui mettaient en doute le ‘modèle suédois’ c’était tout juste s’ils ne se faisaient pas traiter de trolls macroniens. SMH

    • Vous n’avez pas comptabilisé les morts qu’entraînera la grave crise économique dans laquelle le confinement généralisé va entraîner la France. Décès que la Suède (qui a moins de morts/million d’hab que la France) n’aura pas à déplorer, puisque son économie a pu continuer quasi normalement durant la crise.

      Pour les USA, vous ne pouvez pas ne pas raisonner par État, vu les pouvoirs des gouverneurs en matière de santé et de gestion de la crise. Et là, regardez bien : 78,5% des morts américains sont des habitants d’États Démocrates, alors que ces États représentent 55% de la population totale des USA.

      L’ « agent orange », comme vous dites, a été publiquement remercié par des gouverneurs Démocrates comme A. Cuomo ou le gouverneur de Californie pour sa gestion de la crise et sa réactivité pour répondre aux demandes des gouverneurs, faut-il le rappeler.
      Quant aux test aux USA, aujourd’hui c’est 52.200 tests réalisés par million d’hab, ce qui place le pays dans le peloton de tête des pays occidentaux, loin devant la France avec ses 21.200 tests par million d’hab.

    • « Tester et isoler peut-être efficace. Mais pas juste tester. » Tester et isoler EST efficace. Tester uniquement ne mène effectivement nulle part, à moins de tester tout le monde tous les jours. Certains pays ont eu une approche par clusters, en testant dans et autour de la zone identifiée. C’est d’ailleurs l’approche que la Corée du sud a eu, vu que les frappadingues de la secte évangéliste jouaient au chat et à la souris avec le gouvernement et se disséminaient ça et là, les foyers d’infection ont été multiples mais même quand ça chauffait , et que les drive-in tests ont été mis en place, ce n’était pas sur tout le pays mais dans des zones précises.

  • Cela paraît tellement évident que je me demande pourquoi tester n’est pas obligatoire! Sans aucun doute parce qu’il n’y en a pas assez, comme les masques. Alors, il est facile d’asséner qu’ils ne sont pas si fiables que ça!

    • Ce n’est pas comme une culture bactérienne. Le test ne détecte pas le virus, mais il amplifie une réponse génétique… qui peut être due à une autre cause. Donc, non, ce n’est pas évident, ce n’est qu’un élément du diagnostic.
      Le faire à l’aveugle sur des populations a priori saines, va conduire (et a déjà conduit) à de nombreux faux positifs.

      • Comment donc ont fait la Corée du Sud, l’Allemagne, l’Islande ?…

        • C’est vrai qu’avec ces 360000 + habitants (la ville de Nantes en gros) l’Islande est typiquement le genre de pays avec une situation comparable à l’Allemagne. Je vais de ce pas faire une étude croisée entre San Marino et le Brésil. Pour la Corée du Sud, le timing, à savoir une réaction prompte a été décisive, les tests ont été massifs AU DEBUT, permettant de comprendre ce qui se passait et d’isoler les malades avérés ou supposés. Depuis ils testent peu (même pas dns le Top 20 des tests par millions d’habitants). Etant une des nations la mieux équipée en imagerie médicale, les CTscans, bien plus fiables que les tests PCR ou Sero, ont pris le relais.

          • La Corée du sud, ce sont des tests faits très tôt, effectivement ciblés sur les malades avérés ou supposés, et leur mise en quarantaine stricte quand testés positifs.
            Il est tout à fait logique, dans ces conditions, que ce pays ait eu peu de tests à faire : sa stratégie a coupé les pattes de l’épidémie très tôt. Il n’empêche : le fait de base sa stratégie sur le dépistage est très payant (même si le fait de démarrer sur les chapeaux de roues est tout aussi important).

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