Perspectives du marché de l’immobilier dans l’après Covid-19

L’expérience du confinement aura très certainement un impact sur le regard que portent les cadres et professions intermédiaires urbaines sur le logement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Work at Home By: Dejan Krsmanovic - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Perspectives du marché de l’immobilier dans l’après Covid-19

Publié le 12 mai 2020
- A +

Par Matthieu Loonis.

Ce n’est pas tant l’impact immédiat sur les transactions qui doit faire réfléchir sur les perspectives de l’immobilier suite à cette crise, mais son impact psychologique sur les ménages de la classe moyenne et supérieure.

L’impact sur les transactions

Le gel quasi-complet des transactions immobilières fait craindre une baisse immédiatement importante des prix de l’immobilier résidentiel, entre 5 % et 30 % selon les sources. Néanmoins, comme exposé dans un précédent billet, le marché français est très attentiste, les vendeurs ne baissent pas leurs prix de plus de 4 % en moyenne, préférant attendre, même longtemps.

À cela s’ajoute un point important : contrairement à la dernière grosse crise immobilière française remontant aux années 1990, à notre époque il n’y a pas de surabondance d’offres dans le neuf, nettement plus cher que l’ancien, pouvant concurrencer les vendeurs sur leur terrain.

Le nombre des décès n’est pas non plus de nature à noyer le marché sous les offres de biens, car il est similaire à celui de la grippe saisonnière sans que le marché y fût sensible un jour.

L’impact psychologique pour les ménages

L’expérience du confinement aura très certainement un impact sur le regard que portent les cadres et professions intermédiaires urbaines sur le logement. En effet, des millions de salariés se sont trouvés brutalement prisonniers de leur appartement de ville mettant en lumière des conditions de logement d’ordinaire supportées par la perspective de s’en échapper dès que possible pour profiter des divertissements citadins.

La désaffection pour les villes importantes s’explique car les logements en zones urbaines sont généralement de petites surfaces dans des environnements très minéraux, particulièrement pénibles à vivre si on ne peut s’en échapper, a fortiori avec des enfants. Ce qui se constate dans les chiffres considérables de Parisiens ayant fui vers la province juste avant l’annonce du confinement.

Ce phénomène n’est pas nouveau, déjà le White Flight (la fuite des classes moyennes blanches des villes vers la campagne et les zones péri-urbaines) est une réalité depuis plusieurs décennies en France. Le désir de nature est lui aussi très important, car pour 81 % des Français vivre à la campagne représente la vie idéale, contre 19 % préférant la vie urbaine.

Une solution au rejet de la ville

Ce rejet a une explication profonde.

D’une part, elle représente l’échec de la planification étatique (devrais-je dire municipale) sur les aspirations humaines. Les individus aspirent à la liberté, au confort matériel, à la simplicité de la vie quotidienne. Les ménages ne veulent pas vivre sous une litanie d’interdictions restreignant leur liberté de mouvement, ils ne veulent pas que le déplacement à vélo soit présenté comme une avancée technologique digne du XXIe siècle, ils ne veulent pas se poser de questions logistiques absurdes lorsqu’ils doivent se rendre d’un point A à un point B. Lorsque tout n’est que contraintes, planter des arbres, organiser des concerts de djembés, ne changeront pas une vérité incontestable : une ville qu’on aime, on ne la quitte pas au moindre RTT.

D’autre part, bon nombre de ces salariés se sont trouvés en télétravail avec le confinement. La tendance de fond était déjà présente auparavant, 29 % des salariés ayant travaillé en télétravail en 2018. Mais cette fois-ci l’expérience a été contrainte, pour les salariés comme pour les entreprises, et ce de manière prolongée. Or, le télétravail est une source importante d’économie pour les entreprises, sachant qu’une place de bureau fixe sur un lieu de travail coûte 17 000 euros par an en moyenne et ne sera occupée qu’à 60 % en raison des congés, RTT, réunions, déplacements.

Le télétravail sera donc plébiscité également après la fin du confinement, ne serait-ce que dans un objectif de pure économie. Il en résulte que le salarié qui était limité par la distance entre son lieu de travail et son domicile va pouvoir habiter plus loin, n’ayant plus besoin de se rendre aussi souvent là où il travaille.

En cela, le télétravail ouvre la voie à une reconfiguration du territoire français qui devrait soulager les zones tendues en matière de logements résidentiels, mais aussi impacter négativement le marché de l’immobilier professionnel déjà en mauvaise forme.

Voir les commentaires (39)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (39)
  • personnellement je ne comprend pas que l’espace de vie ne tienne pas compte de l’irruption des nouvelles technologies dans la façon dont le travail et l’éducation sont organisés.
    A quoi servent les concentrations urbaines? Puisqu’un cadre peut aujourd’hui travailler dans une entreprise a distance!
    un étudiant pareil!
    alors bien sur dans la foulée pourquoi ne pas faire faire le boulot
    depuis la Tchéquie ou l’inde pour des raisons de coûts?
    ben çà vient! lentement mais çà va accélérer !

    le « trend » c’est de vivre a la campagne dans un cadre naturel et de travailler a distance dans une grande entreprise.. vous allez voir le prix des belles propriétés s’envoler car aujourd’hui elles coûtent le prix d’un 2 pièces a Paris!

    • @claude cela se fait de plus en plus souvent. Je connais des jeunes qui bossent à distance dans un pays différent. Une fois dit ça beaucoup de personnes ont besoin de développer des relations avec leurs collègues et ne les voir qu’une fois tous les 4 matins ne suffit pas. L’isolement le manque de camaraderie au quotidien leur pèse. Il est tres fréquent de se faire de bons amis parmi les relations de travail. Et ces bonnes relations développées sont bénéfiques pour l efficacité du travail.

      • certes , mais a quel prix pour le travailleur en terme de transports et pour l’entreprise en terme de loyers?

        • Prix vs relations humaines…

        • Au prix que nous constatons, suite à la confrontation plus ou moins libre quand même de l’offre et de la demande.

          • C’est marrant, mais tout le monde a raison sur ce fil. La régulation devrait se faire de manière libérale en fonction des cas individuels rapportés aux secteurs d’activité et aux cultures d’entreprise. Je pense que tout ça va se stabiliser dans un point milieu entre un maximum de télétravail et de minimum.

    • A quoi servent les concentrations urbaines?

      Fastoche : à avoir des gourdes rigolotes dans le genre de l’Âne Hildalgote. Se faire mousser sec pour être réélue. La concentration des habitants rend le pouvoir des polytocards plus fort. À la fin, ils sont les Kapos du camp de concentration géant qu’ils ont construit, la preuve par les événements récents.
      M’est avis que les parisiens vont avoir du rabiot de rat bio. Allez allez veauthé les gogos de Paris.

  • J’ai du mal avec les 17.000 € / an pour un bureau, cité par France Culture. A Paris, le loyer moyen est du côté des 470 €/m³/an, à Bruxelles de 300 €/ m²/an, nettement moins dans les villes de province. Les frais annexes sont estimés à 2/3 des loyers. http://www.louer-bureaux.be/bureaux.html
    15 m² coûteraient donc moins de 12.000 € dans la ville la plus chère de France

  • ayant fuit -> ayant fui. Beaucoup font cette erreur, mais ça reste une erreur.

  • Le télétravail est la grande illusion de l’année. A moins, évidemment, de l’accompagner par des discussions de télémachine à café, des bruits de télécouloir, des télédragues de collègues de télébureau, suivis de télérendez-vous dans des téléboites de nuit, de téléfornications, de télégrossesses et de téléenfants qui iront dans des télécrèches, puis à la télégrandeécole.
    L’habitat va certainement évoluer, mais le télétravail sera loin d’être si déterminant que ça dans cette évolution…

    • oui quand j’étais jeune , on m’objectais que travailler devant un écran était une stupidité.. comme aujourd’hui quand je prédis que l’éducation en classe c’est voué a disparaître ou qu’un salaire d’ingénieur en télé travail se trouvera augmenté au prorata de la valeur du loyer de son ‘bureau’, pour travailler dans sa maison dans la campagne de son choix..

      • Vous avez une expérience d’enseignement?

        • j’ai enseigné , mais pas dans l’éducation nationale , je ne suis pas éducateur , l’éducation c’est un autre métier… vous savez que vous pouvez suivre des cours Harvard diplômants depuis chez vous?

      • Vous avez une expérience d’ingénieur ?
        L’essentiel de la productivité de l’ingénieur vient de la discussion avec les collègues, le « Je suis coincé avec la fonction machin dans l’application truc, comment fais-tu, toi, pour t’en sortir dans ce cas-là ? »
        C’est mon expérience d’une carrière largement devant des écrans, et où l’écran à la maison complète harmonieusement celui au boulot. Personne ne m’a jamais objecté que c’était une voie stupide, mais je reconnais que je l’aurais accueilli avec une telle bonne grâce que c’est peut-être faute d’avoir osé me le dire…

        • je suis ingenieur..informaticien et pour moi l’essentiel de la productivité d’un ingenieur c’est de mettre en oeuvre un projet , pas de discuter avec ses collègues  » je suis coincé dans telle fonction? j’initie un chat avec la personne supposée etre en état de me renseigner, si ce n’est pas suffisant je lance une demande de support collective
          et basta!
          Tous ceux qui travaillent a l’international sont formés pour travailler a distance

    • Ah ah, vous oubliez la télé-transportation 😉

  • Tous les salariés en télétravail n’ont pas apprécié cette expérience. Il y en a même qui commencent une dépression. Il faut croire que le contact humain, c’est important. Quoi qu’on en dise.

  • Sauf que notre bien aimé gros sac étatique s’en mêle une fois de plus.

    Exemple: beaucoup de citoyens européens ( pour des raisons de circulation UE, mais aussi des Suisses) se sont installés dans le sud du Haut Rhin pour travailler en Suisse dans une de ces multinationales qui abondent là bas
    (Il y a même des trams transfrontaliers).

    Il payent taxes et impôts en France, mais sont soumis aux lois du travail suisse et assurés maladie en Suisse.

    Seulement voilà, au delà d’un certain nombres d’heures (20%, corrigez moi si je me trompe), le télétravail a partir de notre territoire est considéré comme travailler en France, du coup ils se retrouvent affiliés d’office à la sécu obligatoire, avec CSG-RDS en prime, alors qu’ils sont déjà assurés LAMAL, avec un niveau de soins inimaginable pour qui connait l’hôpital de Mulhouse …

  • Cette crise met un terme définitif au délire écologiste visant à contraindre les familles à s’entasser en centre-ville au prétexte de la lutte contre l’étalement urbain. De même, les entreprises n’auront plus de raison de gâcher leurs ressources en concentrant leurs sièges sociaux dans des quartiers hors de prix, et encore moins si les locaux professionnels sont rendus inaccessibles par l’obsession pathologique anti-bagnole.

    Pour les villes très denses, cela signifie une perte de ressources fiscales précieuses, un endettement qui va monter en flèche, une chute des investissements d’entretien avec dégradation de l’environnement et finalement une forte hausse des impôts locaux qui va réduire encore plus leur attractivité, soit le cercle vicieux de la collectivisation (qui vaut bien un bombardement).

    Les ménages restants en centre-ville vont subir un effet ciseau avec la baisse de la valeur de leur patrimoine et la dégradation de leur environnement d’une part, et la hausse de leur charge fiscale d’autre part, accélérant leur fuite.

    • Pouvez-vous nous dire où vous avez vu que les écolo souhaitaient des villes très densément peuplées, coupées de la nature ?
      Et les sièges qui s’installent en centre-ville, ça date juste de .. oh.. disons 2000 ans, au pif. Comme les ambassades sont concentrées dans les beaux quartiers de prestige, j’imagine mal L’Oreal à Maubeuge. Le 93 se développe justement pour les entreprises, certaines zones peu chères deviennent des microcosmes (ghettos ?) pour cadres sup). Arrêtez de paranoter 2 minute sur les écolos.

      • Tiens ? Le cuistre, vexé, vient déverser son fiel.

      • On panique pour son petit investissement dans l’immobilier ?

        • Intérêt de ces deux commentaires ? Un argument peut-être ? Un truc un tant soit peu construit sur lequel discuter ? Non, bien sûr que non. Attaque ad personam uniquement. (avec, notons-le, l’utilisation pour la 3ème fois du mot « cuistre », c’est intéressant). Une phrase dont le sens m’échappe sur « un petit investissement immobilier » alors que le Général Cavaignac ne sait rien de ma vie, de mon habitat et de mon patrimoine. Bref, on quitte de nouveau le fond de la discussion…

          • Puisque vous n’hésitez pas à vous inventer une vie virtuelle, on peut broder à l’infini.

            • Une vie virtuelle ? En somme, vous dites que je mens quand je dis faire du vélo, être libéral, être Belge, être euh.. ben quoi d’autre d’ailleurs ?
              Amusant :-).
              Vous me faites penser à ces gens qui font mine d’avoir un grooos dossier sur quelqu’un, qui font « je dis ça mais je dis rien. Non non, chut, allez au revoir », juste pour qu’on quémande leurs infos.
              Et.. j’avoue être curieux :-). Curieux de savoir quelle construction déliro-paranoïque vous avez dans votre tête. Quels mensonges vous êtes prêts à dire pour tenter de me nuire.
              Général Cavaignac, tirez le premier !

      • Méfiez vous. Le clair de lune à Maubeuge est très agréable.
        Dans la Creuse, il existe d’excellents restaurants, ce qui pourrait fort bien convenir à cet encadrement de haut niveau, tout comme au clients.
        Et puis sécher son linge au cul des vaches, quel luxe, loin des rats bio de Paris.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le gouvernement a été cette semaine confronté à un nouveau psychodrame : la fin programmée au 1er janvier 2024 de la dérogation permettant d’acheter n’importe quel produit alimentaire avec un titre-restaurant.

En effet, Bercy n’avait pas prévu de reconduire cette dérogation, adoptée durant la crise liée au Covid-19 alors que les restaurants étaient fermés : bronca immédiate parmi l’ensemble des partis d’opposition et des salariés maintenant habitués à faire leurs achats alimentaires quotidiens avec ces chèques subventionnés. Le gouvern... Poursuivre la lecture

Initiée par un économiste danois qui voulait vérifier si, oui ou non, le confinement à la chinoise avait sauvé beaucoup de vies, une étude vient de paraître à Londres. Exploitant un large corpus de données internationales, ses conclusions sont tranchées :

nulle part, le confinement du printemps 2020 n'a eu d'influence majeure sur la mortalité induite par la Covid-19 ; en revanche, les confinements ont eu un effet désastreux sur l'économie, et perturbent durablement les populations concernées.

 

Les auteurs en déduisent ... Poursuivre la lecture

La dégradation de la note de la dette publique française par l’agence Fitch illustre des décennies d’irresponsabilité budgétaire. L’État français supporte ainsi la troisième dette la plus élevée en proportion du revenu national parmi les grandes économies. Et n’a pas équilibré ses comptes une seule fois en 48 ans, un record historique.

« C’est quand la marée se retire qu’on voit qui se baignait sans maillot ».

L’expression prêtée à l’investisseur Warren Buffet s’applique aussi aux États endettés en période de remontée des taux d... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles