Presse française contre Google : le perdant n’est pas celui qu’on pense

La presse française aimerait bien racketter Google News. Il se pourrait au final que ses tactiques se retourne contre elle.
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Presse française contre Google : le perdant n’est pas celui qu’on pense

Publié le 17 avril 2020
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par h16

C’est en grande pompe que l’actuel locataire de l’Élysée nous l’a annoncé : la France est en guerre ! Et comme tout pays en guerre, tout le peuple s’est dressé, comme un seul homme, pour combattre l’ennemi invisible. Certains font des masques ou du gel hydroalcoolique, d’autres sauvent des vies pendant que d’autres encore restent chez eux à regarder la télé. Quelques-uns, courageusement, se sont fixé pour but d’en finir avec ce qui fonctionne encore en France.

Et en France, il y a un moyen rêvé pour saboter les entreprises qui marchent bien : le tribunal. Les lois étant innombrables, il ne sera pas dur de faire tomber celui qu’on maudit.

Pour Amazon, coupable de fournir un service public de qualité, indépendant de La Poste (dont la mission de perdage de paquets et de fermeture de guichets est amplement remplie), permettant à des myriades de petits commerces d’écouler leurs marchandises et à des millions d’individus de se faire livrer chez eux avec un minimum d’interactions humaines potentiellement contaminantes, de fiers syndicalistes sont parvenus à en faire fermer rapidement plusieurs sites. Grâce à leur action décisive, des milliers d’employés sont maintenant au chômage technique et viendront gonfler la facture de l’assurance chômage dont l’insolent bénéfice et la gestion taillée au cordeau pourront fort bien s’accommoder.

Communism : it's a party

Il ne faudrait cependant pas croire qu’une si belle victoire arrête le long travail de sape indispensable à la collectivisation intensive dans lequel le pays s’est lancée : pendant que certains assignaient Amazon en référé, Google continuait à être poursuivi par les habituelles pleureuses de la presse française.

L’histoire n’est pas neuve et mérite un petit rappel : observant les profits juteux que la firme américaine engrange chaque année et notant que le moteur de recherche californien met en avant, gratuitement et sans barguigner, les contenus que la presse propose, cette dernière a rapidement compris qu’elle pouvait attaquer le géant américain pour contrefaçon ou honteux détournement du droit d’auteur et de ses droits voisins (qui pour un titre d’article, qui pour une accroche, qui pour une photo d’illustration) et obtenir de l’infâme Google qu’il paie !

Ces éditeurs de presse, mettant une pression de plus en plus importante tant au niveau du parlement français que du parlement européen afin de pousser leur vision très particulière du droit d’auteur, finirent par obtenir gain de cause : en criminalisant l’usage du lien HTML et de la courte citation, ils pensaient avoir trouvé un moyen de forcer la firme étrangère à enfin rétribuer leur fine production que – c’est bien connu – tous les internautes s’arrachent chaque jour dans une bousculade largement monétisable.

Las ! Les choses se déroulèrent exactement comme prévu, c’est-à-dire mal pour les petits brigands lobbyistes : constatant l’obligation qui lui était faite de payer pour utiliser les contenus de la presse s’il venait à les afficher dans son Google News, la firme de Mountain View décida fourbement de n’afficher ces extraits qu’avec l’autorisation explicite des éditeurs de presse, autorisation assortie d’une exonération de tout paiement.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, devant la menace de voir disparaître tout référencement (gratuit), toute mise en avant (gratuite) et toute publicité (gratuite) que Google leur offrait pour leurs contenus, les éditeurs s’empressèrent de signer. Google News continua donc exactement comme si de rien n’était.

L’affront fut vif, la brûlure de la fessée cuisante sur les petites fesses tendres des éditeurs de presse française, vraiment pas accoutumés à ne pas recevoir la déférence obséquieuse que les pouvoirs publics et les politiciens leur offrent habituellement, gluants de concupiscence à l’égard des bénéfices médiatiques qu’ils en tirent en retour.

Les éditeurs n’en restèrent donc pas là : l’Alliance de la presse d’information générale a donc décidé d’en appeler à l’un des nombreux croupions républicains pour qu’enfin soit tranché, en sa faveur, le différend qui l’oppose au vilain moteur de recherche. En faisant appel à l’Autorité de la Concurrence, organe administratif pourtant non juridictionnel, les éditeurs de presse ne prenaient pas de risques tant ils savaient que l’étude de la plainte leur serait favorable.

Sans surprise donc, cette Autorité a donc décidé d’intimer l’ordre à Google d’enfin filer la pièce aux éditeurs qu’il présente dans son outil d’information.

Mieux encore : comme l’affaire dure depuis un moment, elle demande à ce que Google paye les sites de presse rétroactivement au 24 octobre 2019 pour avoir montré leur contenu. La firme américaine a expliqué vouloir se conformer à la décision de l’Autorité, probablement pour récompenser cette presse française de la qualité générale des prestations fournies, son absence immaculée de fake news, son absence méticuleuse de parti pris dans la présentation des informations (notamment celles en provenance du gouvernement) et, de façon générale, pour tenir compte de l’incroyable opportunité que représentent ces articles finement ouvragés dans son petit moteur de recherche anecdotique.

Pour le moment, Google indique vouloir se conformer à la décision rendue par cette indispensable autorité administrative, républicaine, citoyenne et festive. Dans ce cadre, il n’est donc pas inimaginable que l’entreprise américaine fasse le calcul simple de ce qu’elle va devoir payer d’un côté, en plus de ses coûts de production actuels, et de ce que lui rapporte le service gratuit qu’elle fournissait ainsi gracieusement à ces éditeurs de presse.

Si l’on peut croire, comme semblent naïvement le faire ces éditeurs, que l’opération reste rentable pour Google, peut-être ce dernier lâchera-t-il quelque argent pour ces éditeurs dont, très manifestement, la compréhension de l’économie et du marché actuel ne semblent décidément pas parfaite.

Plus raisonnablement, Google va considérer que le coût devient élevé de présenter les articles de presse française dans son moteur, et que le bénéfice en termes de visites ou de publicité induite ne compense plus ce coût. Dans ce cas, Google fermera son service français, comme il l’a fait jadis, un temps court, pour la version allemande et la version espagnole.

Temps court car les éditeurs allemands et espagnols avaient très vite fermé leur clapet et arrêté de poursuivre la firme tant les bénéfices apportés par ce portail étaient importants à leur propre survie, ce que semblent avoir complètement oublié les éditeurs français, bien plus sûrs (et à raison) de leur bon droit que de leurs notions d’économie de base.

Oui, vraiment, la France est en guerre : pendant que le peuple français se débat donc dans un confinement de plus en plus mortifère, contre une collectivisation de plus en plus poussée de leur pays et contre une mise en coupe réglée de leurs activités par l’administration, la police et les politiciens, une partie de nos concitoyens a choisi d’aider l’Occupant et s’est donc juré de fusiller un peu plus les entreprises qui marchent.

Ils y parviendront, ajoutant avec application quelques dalles au pavage de l’enfer qu’ils nous construisent de leurs bonnes intentions.

Forcément, ça va bien se passer.


—-
Sur le web

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  • Nous sommes en guerre, mais on se trompe d’ennemi. As usual serais-je tenté de dire.

  • ah les brèles .. amazon a fermé ses dépôts en france grâce a la célérité de la justice pour les syndicats gauchistes de sud.. donc les intérimaires (ne comprenant aucun syndicaliste) n’ont plus de boulot , et moi je commande a amazon .DE en Allemagne et je suis livré en 3 jours..

    ah non la France a le meilleur systeme du monde, bande de cons

  • Les GAFA devraient arrêter d’opérer depuis la France. Ils devraient fermer entrepôts, bureaux, etc.

    Beaucoup de clapets d’abrutis se fermeraient alors.

    • Ils ont eu de très bons prix de l’état/région/communes pour s’installer et ils se font un CA très confortable. Difficile de se couper d’une part de marché juste pour donner une leçon.
      Mais le jugement est injuste, la Fnac, Boulanger et consorts ont le droit de vendre ce qui leur est interdit.
      Nanterre, bastion de tout ce qui est mortifère en France ?

      • @menesdred
        Bonjour,
        « ils se font un CA très confortable. »
        C.A confortable aussi pour les parasites de l’Etat/région/communes qui s’en paie une bonne tranche.

        • On ne peut pas dire que les GAFA en général soient beaux joueurs avec leurs impôts, qu’ils paient en grande partie en Irlande. Que ce soit légal, certes, mais éthique ou souhaitable j’en doute fort

          • l’éthique ne se limite pas à payer des impôts, l’éthique est aussi ce qu’on en fait, la part qui revient aux citoyens et là, l’Irlande n’a pas de leçons à recevoir de la france…

          • @Gizeus
            Bonjour,
            « On ne peut pas dire que les GAFA en général soient beaux joueurs avec leurs impôts, qu’ils paient en grande partie en Irlande. »
            – Qu’est-ce que ça peut faire ?
            – Quelle grande entreprise française, majoritairement détenue par l’Etat, a son siège social au Luxembourg ?
            – Les entreprises françaises délocalisées qui commercent avec la France paient-elles toujours leurs impôts en France d’après vous ?

            Pourquoi taper surtout sur les GAFA, Amazon en particulier, et pas sur AliExpress ou Wish lesquels sont chinois ?

            « Que ce soit légal, certes, mais éthique ou souhaitable j’en doute fort. »
            Le commerce internationnal existe depuis l’Antiquité.
            L’éthique d’une entreprise est d’être rentable. Si elle ne l’est pas, elle fait faillite, ferme et ses employés sont au chômage. C’est ainsi depuis l’Antiquité. Quand elle n’est pas rentable et que l’Etat la renfloue avec l’argent pris aux contribuables, elle devient une charge pour la Société.
            Depuis la même Antiquité, les gouvernements n’ont eu de cesse de se procurer, de s’octroyer, les richesses produites par autrui (particulier ou entreprise).
            Depuis l’Antiquité, les gouvenements n’ont eu de cesse de dilapider ces richesses dans la démonstration de leur « grandeur ».

  • Syndicats + juges rouges : le cocoronavirus franchouillard.

  • GAFA petits commerces mon coeur est de proximité mais je ne suis pas d’accord avec les jugements rendus, les syndicats ont trop de pouvoir en France… Et ces gros du web font aussi vivre nos petits commerces. Un peu de raison et de sérénité en ces temps serait bienvenu. La terre est un petit village.

  • Google pourrait également prendre le chemin de Apple pour sa page News en France. Et hop: on vous construit un beau paywall pour vos articles, MAIS de tous les revenus générés, on garde 30%.

  • Nos symphatiques journalistes officiels ne doutent vraiment de rien, Habitués qu’ils sont a prendre les gens du peuple pour anes, Ils estiment que cela doit être institutionnalisé par des taxes et impôts. Suprême officialisation.

  • Autant je partage le point de vue de l’article sur Google News, autant le cas d’Amazon me semble plus problématique. Une entreprise a le devoir de protéger ses salariés, et c’est ce qui lui était reproché

    En revanche c’est une connerie de se limiter aux « produits essentiels ». Qui doit dicter ce qui est essentiel ?

    • Euh, la biologie ?…
      Enfin, disons que pour l’instant la biologie n’est pas tout à fait raccord avec la théorie de la valeur subjective ! mais si vous avez le temps avant d’épuiser toutes les ressources, vous allez bien finir par l’adapter au modèle libéral, non ?

  • Quel est le monde merveilleux que vous habitez dans lequel on pourrait penser une seconde que Google ou Amazon sortirait perdant d’une confrontation avec la presse ou la justice d’un pays démocratique ?
    C’est où ? Je veux y aller !
    Vous êtes des sacrés caliméros quand même… Même les fieffés libéraux à qui on doit internet l’ont reconnu : ils pensaient inventer un libéralisme neuf, théorique, qui partirait sur des bases saines, sans trusts, et ils se retrouvent avec la plus grande centralisation de pouvoir économique de toute l’histoire de l’homme.
    Là où on avait, bon an mal an, un tissu de commerces plus ou moins autonomes, on a une interdépendance jamais vue, pilotée d’un seul et même endroit.
    Qui peut croire une seconde que ça crée plus d’emplois ? À quel moment magique de l’histoire la centralisation a-t-elle fourni plus d’emploi que l’autonomie ? Rappelez-moi : depuis quand parle-t-on de chômage dans nos sociétés ?
    Si vous voulez défendre cela, essayez-donc, mais travaillez vos arguments un minimum : vous allez en avoir bien besoin dans les décennies à venir. Parce qu’à chaque fois qu’un virus caché au fin fond de la dernière des jungles pourra l’avion ou la 4G pour mettre à genoux 7 milliards de personnes, votre défense des « entreprises qui marchent » deviendra un peu plus difficile…

    • « les fieffés libéraux à qui on doit internet »

      La théorie du complot touche aussi Internet (avec un I majuscule – ne vous déplaise) …

      Peut-être faudrait-il arrêter de voir Belzébuth un peu partout. Google ou Amazon n’ont sans aucun doute pas pour vocation de créer un monde idéal (de bisounours ?). Mais de la à les accuser d’être responsable de nos propres errements, il y a un pas.

      Depuis Adolf, on sait pourtant qu’il faut se méfier des bouc-émissaires …

      • Lol, je ne parle pas d’un quelconque complot : internet, Saint-Internet, si ça vous chante, a été imaginé et designé par des informaticiens libertaires, généralement d’anciens hippies, qui croyaient mettre en place une utopie libérale débarrassé des trusts, et qui ont tous fait leur mea culpa ces vingt dernières années.
        Regardez n’importe quelle interview récente du créateur du web, Tim Berners-Lee, par exemple…
        En fait, c’est dans tous les livres d’Histoire, toutes les encyclopédies, et tous les journaux que vous souhaitez. Il y a quantité d’ouvrages sur le sujet, dans les bibliothèques proches de chez vous, n’hésitez pas à vous y rendre de temps à autre.
        Mais, j’avoue, c’est sans doute plus marrant de me parler du troisième Reich… Sacré vous !

  • Quand on n’aura plus Google, au moins on aura Quant ! C’est français ça , Monsieur !

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