Le COVID-19 dévoile un système de santé américain hyper-réglementé

Dans l’esprit de beaucoup, le gouvernement devra investir pour compenser l’échec du « marché ». Cette conception repose sur l’idée préconçue qu’il y avait un marché libre et qu’il a échoué. Rien n’est plus faux.

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A sailor sanitizes medical equipment by US Indo-Pacific Command (CC BY-NC-ND 2.0)

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Le COVID-19 dévoile un système de santé américain hyper-réglementé

Publié le 17 avril 2020
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Par Josh Withrow, depuis les États-Unis.
Un article de The Foundation for Economic Education

Pas besoin de chercher très loin pour trouver des douzaines d’exemples d’entreprises privées qui se démènent pour venir en aide à nos professionnels de santé surchargés en leur apportant les équipements de protection et les outils dont ils ont désespérément besoin pour sauver des vies.

Des entreprises du textile qui produisent à plein régime des masques et des vêtements de protection pour médecins. Des constructeurs qui reconfigurent leurs chaînes d’assemblage pour produire des respirateurs. Des distilleries qui fabriquent du gel hydroalcoolique.

De nombreuses entreprises se démènent aussi d’autres façons, en imaginant comment rendre service à leur entourage et protéger leurs travailleurs du mieux qu’elles peuvent, ou en réorganisant leur production afin de réapprovisionner certains rayons de magasin complètement dégarnis par des acheteurs paniqués.

Un mépris généralisé pour les grandes entreprises

Certaines personnes, pourtant, ne semblent pas capables de dépasser leur mépris habituel pour les grandes entreprises, dont elles considèrent qu’elles ne font rien d’autre qu’exploiter le peuple pour faire du profit.

Prenez les réactions lorsque le Président Trump a invité un certain nombre des principaux PDG de grands groupes à se réunir à la Maison Blanche pour parler de la manière dont leurs entreprises travaillent à soutenir la lutte contre la pandémie. Ce tweet d’un journaliste de Vox est assez représentatif d’une réaction très répandue chez les commentateurs plutôt à gauche dans les médias sociaux :

Trump qui parade avec les dirigeants de toutes ces entreprises privées au lieu de parler des efforts de l’administration, c’est un reflet du peu d’efforts que son gouvernement fait pour réagir au coronavirus.

J’imagine que les cyniques peuvent douter des motivations de ces entreprises : sont-elles véritablement altruistes ou juste en train d’utiliser cette occasion pour mettre leur marque en avant ?

Mais en fait leurs motivations n’ont pas d’importance. Aucun de ces efforts du secteur privé pour combattre la pandémie ne devrait surprendre ceux qui comprennent ce que sont les marchés libres et comment ils fonctionnent – là où il y a de la demande, des entrepreneurs trouveront un moyen de la satisfaire, si on les laisse faire.

Peu importe que ces entreprises soient motivées par la charité ou simplement par la possibilité d’augmenter leur part de marché si le résultat final c’est que les gens obtiennent ce dont ils ont désespérément besoin aussi vite que possible.

La merveille des marchés libres

C’est la merveille des individus libres qu’on laisse entrer en relation et faire des affaires librement – le capitalisme aide à faire se rencontrer ceux qui possèdent ce que d’autres veulent ou dont ils ont besoin, sans jugement. Comme l’a affirmé sans détour Walter Williams, « le capitalisme a permis à chacun de devenir riche en servant son prochain ».

Ce n’est pas comme si toutes ces entreprises gagnaient gros en contribuant à alléger la crise ; la plupart n’en font rien. La valeur est subjective, après tout, et la plupart des PDG placent la vie de leur prochain au-dessus de l’argent.

Bien entendu, des marxistes comme le maire de New-York Bill DeBlasio voient ça, et toute crise, comme une occasion à ne pas manquer de contrôler et de piloter l’économie par eux-mêmes, à la manière soviétique. DeBlasio et d’autres ont appelé Trump à utiliser les pouvoirs étendus de l’administration pour nationaliser des entreprises et leur production dans les faits en invoquant la loi sur la production de défense (Defense Production Act – DPA).

Bien que le Président ait plutôt refusé de l’utiliser jusqu’à présent, sa nomination récente de Peter Navarro, un faucon en matière de commerce, incroyablement rétrograde sur le plan économique, pour mener la mise en application de la DPA est inquiétante, de même que son utilisation de la DPA pour tenter d’empêcher 3M d’expédier des respirateurs outre-mer.

La gesticulation de Trump avec la DPA et ses menaces de réquisition d’une usine inoccupée de GM pour produire davantage de respirateurs font de belles annonces mais une mauvaise politique, en particulier alors que, des entreprises comme Ford sont déjà engagées pour répondre précisément à ce besoin, comme mentionné précédemment.

Combien voulez-vous parier que les quelques entreprises qui produisent déjà des respirateurs volontairement ont des chances de faire mieux que celles qui se font enrôler ?

À l’avenir, il faudra prêter attention à ce que notre système de santé ait tout ce qui lui a manqué pour combattre cette maladie, et probablement bien d’autres choses. Il y aura très probablement des pressions pour mettre en place plus d’infrastructures de soin avec des fonds fédéraux. Dans l’esprit de beaucoup, le gouvernement devra investir pour compenser les échecs du marché.

Cette conception repose sur l’idée préconçue qu’il existait un marché libre et qu’il a échoué. Le moindre regard sur la réglementation et les lois qui corsètent la santé met en évidence un réseau complexe de restrictions empilées sur la pratique de la médecine, que le Dr Robert Graboyes a pertinemment surnommé « la forteresse de la santé », désignée comme telle car les murs de législation érigés tout autour empêchent tout nouveau venu d’y pénétrer sans une autorisation expresse.

Ôter les chaînes du système de santé

Pourquoi manque-t-il des lits dans tant d’hôpitaux ? Pourquoi n’ont-ils pas assez de respirateurs, de scanners tomographiques et autres équipements essentiels ? Pourquoi une pénurie de professionnels de santé et pourquoi les médecins prennent-ils leur retraite à un rythme tel qu’on ne peut les remplacer ?

Une bonne partie de la réponse se trouve dans la forteresse érigée à tous les niveaux : fédéral, étatique et local. Les lois sur le « certificat de besoin » permettent aux fournisseurs d’interdire à leurs concurrents d’acheter des infrastructures de santé dans leur région.

Les lois sur le « périmètre d’exercice » coincent des assistants médicaux et des infirmiers hautement expérimentés dans des rôles étroitement définis qui obligent les patients à attendre de rares médecins.

Les avantages fiscaux des mutuelles de santé financées par les employeurs et les restrictions au marché de l’assurance individuelle lient les services de santé aux emplois et cachent les incitations financières alors que les gens dépendent de systèmes de tiers-payants.

Les pressions réglementaires anti-concurrentielles sur le système de santé sont profondes. Tout est réglementé, depuis les professionnels de santé jusqu’à la construction de nouveaux locaux ; les prix sont manipulés et fixés par des subventions, des statuts et des tiers payeurs. La meilleure chose que l’administration puisse faire pour améliorer le système de santé est de lui ôter ses chaînes.

Libérez-le, et le marché y pourvoira – si on le laisse faire.

Traduction par Contrepoints de America’s Hyper-Regulated Health Care Industry Has Been Exposed by COVID-19

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  • la meilleure chose que puisse faire l’administration pour améliorer la santé entre autre , c’est d’arrêter d’administrer ; et tout ira mieux dans le meilleur des mondes ;

  • Bref, les US, c’est pire que la France.
    Quand je pense que les anticapitalistes français nous donnent les US pour exemple de la libéralisation du marché de la santé.
    Quels pitres… 🙂

    • Les USA sont très loin d’être l’hydre libérale tant décrié, il y a beaucoup de pays plus libéraux que les US. Certain état sont au même niveau que la France, c’est dire…

  • Il y a eu beaucoup d’annonces, mais y a t’il eut des livraisons effectives ? A part Pernod Ricard et son alcool.

  • On peut constater que les USA ne sont plus le pays de la liberté, mais gangrenés par l’administration tout comme la France!

  • Par définition le marché libre ne peut pas ne pas fonctionner. Si il y a demande il y aura offre c’est aussi certain que les grande lois de la physique. Si il ne fonctionne pas c’est que l’état l’empêche de fonctionner.

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