Confinement, intérêt général et libéralisme

Les libéraux acceptent difficilement voire rejettent carrément toute référence à un intérêt général. Pourquoi ?

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Confinement, intérêt général et libéralisme

Publié le 11 avril 2020
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Par Hadrien Gournay.

Aux yeux de nombreux commentateurs et hommes politiques, l’épidémie de Coronavirus qui sévit actuellement justifie des mesures sanitaires et économiques d’exception. Alors qu’elles sont pour beaucoup une nécessité, certes contraires aux bonnes habitudes économiques et à l’ordre normal des choses, mais à laquelle il faut se résoudre, même à contrecœur, on décèle chez d’autres une secrète joie à contempler et promouvoir des exceptions qu’ils verraient bien devenir la règle.

Les libéraux se partagent quant à eux entre deux tendances. La tendance majoritaire correspond à celle des commentateurs de la première espèce, complétée par la recherche de solutions de substitution aux mesures de confinement. Les plus irréductibles refusent de leur côté toute légitimation à la contrainte étatique.

Il reste que le critère de validation de ces mesures n’est pas tant leur caractère exceptionnel que leur conformité à l’intérêt général. En effet, n’importe quelle situation est exceptionnelle à un titre ou à un autre. Néanmoins, ces mesures ne sont pas adoptées en temps normal. Elles n’y sont donc pas estimées compatibles avec l’intérêt général. Le caractère exceptionnel de la situation participe par conséquent de leur conformité à ce critère.

Or, les libéraux acceptent difficilement voire rejettent carrément toute référence à un intérêt général.

Pour le comprendre, après avoir présenté l’intérêt du concept nous décrirons les difficultés associées à son maniement.

L’intérêt du concept

Après avoir précisé le concept d’intérêt général puis évoqué son champ d’application, nous présenterons les arguments favorables à une politique d’intérêt général.

Le concept

Le bien, l’utilité ou la nécessité peuvent se substituer à la notion d’intérêt et l’adjectif « commun » ou « public » peut remplacer le terme général. En théorie, l’intérêt général désigne l’intérêt de tous et il justifie des mesures contraignantes. Mais pourquoi contraindre tout un chacun à ce à quoi il a intérêt ? En poussant le raisonnement à son terme, y aurait-il une opposition entre l’intérêt de tous et l’intérêt de chacun ? Comment cela est-il possible ?

Soit deux personnes A et B confrontées à un choix auquel deux réponses C1 et C2 sont possibles. Alors qu’un résultat plus élevé est préférable, chaque réponse aura les conséquences suivantes :

A et B répondent C1 : 2 pour les 2
A et B répondent C2 : 1 pour les 2
A répond C1 B répond C2 : 0 pour A et 3 pour B
A répond C2 B répond C1 : 3 pour A et 0 pour B

La meilleure réponse pour A et pour B est C2, quelle que soit la réponse de l’autre. Pourtant, la réponse commune C1 est préférable pour eux à une réponse commune C2. C’est la configuration traditionnelle du dilemme du prisonnier ou la question des externalités. Elle conduit bien à distinguer l’intérêt de tous et l’intérêt de chacun, l’intérêt public et l’intérêt privé.

Le champ d’application

La prétention de l’État à contraindre les individus au nom de l’intérêt général s’applique à presque tous les domaines. Cependant, certains sont plus importants que d’autres.

Le plus ancien et le plus traditionnel est la défense nationale. La liberté et la vie de tous y exige le sacrifice suprême. Il en est de même du maintien de l’ordre public. De nos jours, les thèmes écologiques et plus particulièrement le réchauffement climatique servent à promulguer un intérêt général non plus national mais mondial. Avec les guerres, les épidémies sont un terrain d’élection particulièrement favorable aux mesures à la fois exceptionnelles et drastiques. Le confinement actuel fait écho à la quarantaine appliquée à Marseille au moment de la peste de 1720.

Toutefois, l’intérêt de l’individu n’est-il pas comme celui du groupe d’éviter la contamination ? Dès lors en quoi la situation épidémique justifierait-elle la contrainte ? En réalité, les intérêts s’accordent au moment du pic de l’épidémie mais il n’en est pas de même à son début.

Illustrons le phénomène par une épidémie dont nous connaissons la vitesse de progression. La population compte 70 millions d’habitants. Nous avons 70 personnes contaminées le jour J et en attendons 30 nouvelles le lendemain sans mesures spécifiques. Enfin, sans changement d’habitudes, le pic de l’épidémie se produira dans trois mois avec dix millions de cas. Ainsi, chacun n’a que très peu de risques d’être infecté demain (30 sur 70 millions).

Rien qui justifie de se cloîtrer chez soi ! Cependant, si personne ne change ses habitudes, les 100 premières personnes infectées en infecteront en moyenne 100 000. Le risque mathématique d’infection pour chaque individu est donc de trois millions sur 70 millions. C’est cette discordance entre intérêt individuel et intérêt de tous qui justifie les mesures contraignantes des pouvoirs publics dans une épidémie. Bien sûr, ces probabilités et ce raisonnement ne tiennent pas compte des disparités locales.

Arguments favorables à une politique d’intérêt général

La reconnaissance de l’intérêt général constitue une forme d’arbitrage entre théories de la justice et utilitarisme ou conséquentialisme. Elle implique que même si la préférence est donnée à une théorie de la justice, une exception doit être introduite lorsqu’elle est dans l’intérêt de ceux pour lesquels une règle de justice est alléguée. Un promoteur de l’égalité réelle (de l’égalité des revenus) devrait admettre une inégalité dans l’intérêt de tous. Si l’on veut, ce raisonnement introduit une distinction entre le bénéfice formel ou nominal lié à une règle de justice et son bénéfice réel.

Certes, pour être acceptable des libéraux, les mesures d’intérêt général devraient avoir démontré non seulement leur efficacité mais aussi leur nécessité. Ainsi, elles ne devraient être prises qu’après un examen attentif des expériences d’autres pays et des solutions compatibles avec la liberté d’aller et venir.

Dans ces conditions, pourquoi les choses ne sont-elles pas si faciles ? Pourquoi le concept même d’intérêt général suscite-t-il tant de réticences de la part des libéraux ? Une première explication est historique. Le premier grand promoteur du concept, son inventeur (mais l’idée existait déjà sous le vocable bien commun) fut Jean-Jacques Rousseau qui en a donné une conception très extensive voire pré-totalitaire.

Mais leurs principales réticences tiennent probablement à la nature des choses elles-mêmes et aux difficultés du concept.

Les difficultés du concept

L’intérêt general est aussi difficile à situer dans le temps que dans le cœur de chaque individu.

À quel moment constater un intérêt général ?

L’exemple de la défense nationale permettra de vérifier cette assertion. Un ennemi implacable s’apprête à massacrer l’ensemble de la population. Seule une moitié de la population pourrait fuir dans le cas contraire mais si la défense du pays est organisée, la victoire est acquise avec une chance d’être tué estimée à 3 % pour chaque soldat. Au moment de la décision d’y recourir, la défense nationale est dans l’intérêt de chaque soldat. En revanche, à l’issue des combats, et en fonction du sort de chacun, la conclusion pourrait être toute autre. La question pourrait également se poser lors des opérations spécifiques. Les risques qu’elles font courir à chacun sont très variables.

La même analyse vaut pour des bombardements aériens destinés à délivrer une population d’un occupant ou d’un régime totalitaire mais comportant des risques pour les civils. Faut-il dégager un intérêt général au moment de décider si la campagne aura lieu ? de préciser les cibles ? ou après les frappes ?

Dans certaines situations, son caractère d’intérêt général précède le moment où une mesure doit être décidée. Il en est ainsi de la décision de mettre une ville en quarantaine lors d’une épidémie. Elle ne présente pas un caractère d’intérêt général car elle oppose une population coincée qui voudrait fuir et une population extérieure qui tient au confinement de la première. Toutefois, il est possible de se mettre d’accord sur des critères d’application d’une quarantaine avant toute épidémie. Lorsqu’elle est établie, une telle règle est conforme à l’intérêt général.

Dans la conception la plus extensive, l’intérêt général pourrait donc être constaté après l’application d’une politique, au moment de l’adopter, ou au moment de préciser à quelles conditions elle pourra l’être.

Mais à de telles conditions les défenseurs de politiques de redistribution et du modèle social-démocrate ne pourraient-ils les présenter comme au service de l’intérêt général ?

Les politiques de redistribution

Certes, une réponse affirmative exigerait certains préalables. Ainsi, la redistribution devrait être efficace. Qu’elle soit ou non de nature à réduire les quantités produites, tout un chacun opterait pour elle s’il était placé derrière le voile d’ignorance qui, imaginé par le philosophe John Rawls, lui cache sa situation personnelle.

Il existe par ailleurs des différences entre les situations.

La défense du pays ou les mesures du confinement répondent à des menaces qui se réalisent de manière exceptionnelle. La redistribution des richesses corrige les inégalités de revenus que le marché produit constamment. En revanche, les quarantaines et les politiques de redistribution s’opposent à la défense nationale en ceci qu’une grande part des citoyens sait dès qu’elle est instaurée si elle sera ou non bénéficiaire de la mesure. Lors du vote d’une loi de finance, la plupart des contribuables sait qu’elle sera contributeur ou bénéficiaire net des impôts.

La question est alors de savoir si, pour les politiques de redistribution comme pour les quarantaines, il est possible de concevoir un moment antérieur où une telle mesure profiterait à tous, si bien que les individus seraient en mesure de tomber d’accord sur sa nécessité. Pour les quarantaines, cet accord pourrait se produire jusqu’à un moment très proche du commencement d’une nouvelle épidémie. Pour les politiques de redistribution, il devrait être très antérieur à l’année fiscale voire à leur naissance.

À tout le moins, la situation d’intérêt général ne devrait pas être antérieure à l’accession des individus à l’âge adulte et à la qualité de citoyen. Le voile d’ignorance est quant à lui un concept utile qui traduit une conception utilitariste et ne peut être rattaché à la notion d’intérêt général.

Comment sonder les cœurs ?

La détermination d’un intérêt général a pour préalable d’identifier l’intérêt des individus. Or, comme leur intérêt privé se distingue de leur intérêt général, beaucoup affirmeront que ce prétendu intérêt général ne les concerne pas. Une réflexion correctement menée rendra ces dénégations le plus souvent fausses, mais une incertitude demeurera toujours. Par exemple, comment distinguer l’objecteur de conscience dont les convictions interdisent le meurtre, même pour protéger sa propre vie, du planqué qui cherche simplement à tirer les bénéfices de la défense du pays sans faire les sacrifices que cette dernière impose ?

Un intérêt pas si général ? 

Un pouvoir qui respecterait toutes les règles précédentes pour identifier un intérêt général, ne pourrait jamais complètement le caractériser. Une grande population contiendra toujours un petit nombre de personnes ne trouvant pas son intérêt dans une politique donnée. De ce fait, aucune n’est vraiment d’intérêt général.

Il existe toutefois une objection raisonnable à cet argument. Lorsqu’une politique préserve une très grande majorité de maux extrêmes et soumet une minorité à des maux mineurs, les membres de la minorité en question deviendront probablement dans une autre configuration les bénéficiaires de décisions équivalentes dont le principe leur est donc finalement favorable.

Conclusion

L’intérêt général suscite la méfiance des libéraux qui craignent les possibilités de dévoiement liées à son obscurité. Il n’en a pourtant, pas toujours été ainsi.

Le premier libéralisme, celui qui a vu naître les premières constitutions modernes, a non seulement admis le concept mais l’a développé. La déclaration des droits de l’Homme de 1789 évoque « l’utilité commune » et la « nécessité publique ». La déclaration d’indépendance des États-unis mentionne le « bien public » (public good). Peut-être une recherche plus poussée montrerait-elle que l’admission ou le rejet du concept constitue le critère de distinction le plus pertinent entre libéralisme classique et libertarianisme moderne.

La question est alors de savoir si nous devons comme les classiques accepter le concept au risque de favoriser une démagogie laissant libre cours à l’interventionnisme ou le rejeter comme les libertariens au risque d’être inaudibles en situation de crise ?

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  • Les points de vue libertarien et classique, ou extrémiste et modéré, ou dogmatique et pragmatique, etc…, ne s’opposent pas, mais se complètent.
    L’un sert de repère à l’autre, et l’autre sert à appliquer au mieux les principes du premier.

  • Comme l’auteur, j’émets l’hypothèse que l’intérêt général n’existe pas. Qu’il s’agit d’une pure construction intellectuelle permettant au Pouvoir de justifier une décision au profit d’une partie seulement, plus ou moins grande, de la population.
    S’agissant du confinement, par exemple, cette mesure n’est pas destinée à sauver des vies, sinon il y a longtemps qu’elle aurait été appliquée contre la grippe qui fait 10000 morts par an. Cette mesure vise à préserver la fonction hospitalière (en particulier son maillon faible, les services de réa) en lui évitant l’engorgement et, par conséquence, en la soustrayant à l’obligation de faire un tri entre les patients à soigner…
    De nombreuses décisions dans le domaine sanitaire sont aussi prises non pour le bénéfice des citoyens – qui sont en réalité assez grands pour comprendre par eux-mêmes si on leur explique correctement – mais pour le bénéfice des statistiques (dès l’instant où celles-ci apparaissent en pleine lumière) où un trop grand nombre de morts ferait tache pour le Pouvoir. Celui-ci agit toujours sous l’influence de lobbys qui ne représentent que l’intérêt d’un groupe d’individus.
    Autre cas de figure, celui de la vaccination, qui oppose deux positions idéologiques : l’obligation et la recommandation. Au niveau européen, il est aisé de faire une comparaison entre les deux solutions, l’une libérale, l’autre coercitive, puisque chacune concerne environ un pays sur deux. Verdict : il n’y a pas de différence de couvertures vaccinales entre les deux approches ! L’obligation favorise donc le lobby sécuritaire, au détriment du libertaire, sans aucun gain pourtant, sur les résultats.
    On l’a aussi constaté sur l’obligation du port des gants pour les motards, pure gesticulation politique, puisque la quasi totalité des motards n’ont pas attendu cette nouvelle réglementation pour en porter. Les quelques autres, sans doute ignorants du danger, auraient certainement fini d’être convaincus par une campagne ciblée.
    Etc.
    Bref, l’intérêt général, c’est toujours l’habillage sémantique d’un choix arbitraire (= lié au dirigeant du jeu) entre différentes parties de la population dont les positions sont antagonistes. L’Intérêt général n’est que l’autre nom du Fait du prince.

    • D’accord avec vous sauf sur ce point:
      « par conséquence, en la soustrayant à l’obligation de faire un tri entre les patients à soigner… »
      Mais les réanimateurs font le tri car ils ne peuvent mettre tout le monde en Réa par manque de place et parce que le passage en Réa dure longtemps avec le covid-19.
      Les réanimateurs font toujours le tri, depuis longtemps, même en-dehors de l’épidémie de covid…

      • De toute façon, je ne pense pas que 15 jours de réa soit profitable pour une personne de + de 90 ans. La mortalité doit être catastrophique et pour sortir très diminué. Cela ne veut pas dire que l’on fait rien, de l’oxygène, des soins de confort.

    • Dans le dilemme du prisonnier, celui qui pose la question gagne à tous les coups, et c’est le contribuable qui finance la construction des éventuelles prisons…

  • Prendre exemple d’une armée pour expliquer que l’intérêt général n’existe pas est étonnant.
    N’importe quel général tentera une diversion, enverra des soldats en mission risquée, sacrifiera même une unité pour aller faire sauter le pont de la rivière Kwaï afin de stopper une colonne de char prêt à débouler dans un secteur vulnérable. Tout comme dans une partie d’échec, on sacrifie une pièce soit pour en sauver une autre, soit pour atteindre l’objectif : gagner.
    Quand quelqu’un fait un détour de 4 kilomètres en voiture pour aller chercher un copain pour aller rejoindre d’autres amis, il y a une contrainte personnelle (volontaire) qui permet au groupe (intérêt général) de profiter de la présence de tous.
    Dans un couple, le besoin d’intimité est une forme d’intérêt général à deux.
    Près de chez moi ont été construits deux bassins d’orages de 2 ou 3 hectares. Ils serviront lors de crues fréquentes. C’est de l’intérêt général : des maisons non inondées (propriété privée), des champs non inondées (moyens de production), des voies de communications (propriété publique). Une crue n’étant pas l’autre, il y a des années où 2km2 étaient touchés, d’autres où 10km2 étaient sous eau.
    Construire un barrage hydroélectrique, modifier profondément le paysage, exproprier des terres, des maisons, des champs, sont nécessaires à l’intérêt général.
    Construire une centrale nucléaire qui, bien que extrêmement sécurisée (pas par la bonne volonté de l’exploitant/constructeur), représente un risque pour des centaines de millier de personnes est une nécessité d’intérêt général.
    Au travers de ces quelques exemples réels, la notion d’intérêt général est donc parfaitement démontrée comme existante (comment est-il possible d’en douter…) et nécessaire.

    • La pièce sacrifiée aux échecs n’a certainement pas la même approche de l’intérêt général que le joueur. De même que l’habitant du village noyé lors de l’érection du barrage hydroélectrique.
      Ce que l’on nomme intérêt général n’est souvent que l’intérêt du plus grand nombre ou parfois l’intérêt de la classe ou de l’idéologie dominante. Lesquels sont passablement volatils.
      Intérêt général dans les années 70, le nucléaire n’a plus la cote aujourd’hui. Aujourd’hui, ce sont les ENR qui jouent ce rôle.
      Le réchauffement climatique est lui un très bon exemple de l’idéologie dominante présentée comme intérêt général. En réalité une faible partie de l’humanité y sera durement confronté (au RC). Principalement les habitants des régions côtières. Mais les mesures qu’on s’apprête à prendre sur la restriction des énergies carbonées aura un impact significatif sur la plus grande partie de la population. L’intérêt général (cad du plus grand nombre) imposerait de ne rien faire. Mais l’idéologie réchauffiste est tellement partagée par la population que celle-ci en conçoit que l’intérêt général est d’agir. L’intérêt réel majoritaire de la population est ici complètement dévoyé par un biais idéologique. On a réussi à lui faire passer pour intérêt général ce qui est en réalité l’intérêt d’une partie minoritaire de la population mondiale.
      L’intérêt général est une vue de l’esprit, dépendante des circonstances et soumise aux caprices du Pouvoir.
      L’exemple des barrages est révélateur. La construction en a souvent été fort houleuse. Elle a toujours rencontrée l’opposition des populations concernées, bien qu’elles en tirent profit du point de vue énergétique. Aujourd’hui la perception des barrages a profondément changé, notamment parce que les berges des plans d’eau sont devenues des attractions touristiques. Ils sont également perçus comme une source d’energie propre, ce qui était loin d’être le cas quand les camions s’affairaient pour détruire une vallée !
      Peut-être que le jour où un barrage cédera et fera des dizaines de milliers de morts dans le lit aval, la perception mutera à nouveau. Qui sait ? C’est ce qui s’est passé après Tchernobyl et après Fukushima…

      • Autrement dit, vous niez l’existence même de la société, et vous rejetez tout principe démocratique. Vous refusez d’admettre la nécessaire existence de structures systémiques.
        Avec votre vision, nous ne serions pas sortis de l’âge de pierre.
        Pas de chemins de fer, pas de mines de charbons, pas d’autoroutes, pas de bassins d’orages, SAUF dans un seul cas 🙂 : si la propriété privée n’existe pas. Vu que toute activité est susceptible de porter atteinte à la propriété de quelqu’un, le seul moyen que cela n’arrive pas (donc que l’intérêt de plusieurs ne soit déclarés plus important que celui d’une seule personne) est d’abolir la propriété privée.
        Je ne sais pas comment vous pouvez croire un instant que votre théorie tient debout, mais les quelques millénaires de l’histoire de l’humanité me donnent raison.

        • Je ne nie pas la nécessaire existence de ce qui fait société, je prétends seulement que cela ne mérite pas le qualificatif de « intérêt general ». Il ne faut pas être dupe. L’intérêt général, c’est la morale de la classe/idéologie dominante ou de la majorité. Qd c’est la majorité qui en tire profit, c’est un moindre mal. Mais n’oublions pas non plus que l’avenir sera juge.

          • En effet, « général » signifie la majorité, comme dans l’expression « en général ».
            En étant un peu taquin, votre phrase « L’intérêt général, c’est la morale de la classe/idéologie dominante ou de la majorité » pourrait provenir d’un manifeste de gauche.
            Est-ce qu’il était de l’intérêt uniquement d’une classe ou idéologie dominante que l’usine de Lubrizol / AZF / Tchernobyl ne parte pas en fumée ou était-ce de l’intérêt général ?
            Vous vous posez en observateur extérieur à l’intérêt général, or au quotidien, vous en êtes malgré vous :-). Votre eau potabilisée répond à besoin général, que le réseau soit bien entretenu, performant est de l’intérêt général.
            L’intérêt général n’est pas comme une loi, une décision qui est votée périodiquement, c’est un fond commun, un socle dont on ne perçoit pas les limites, et qui se confond avec nos intérêts individuels.
            Et dernier point : il est de l’intérêt général que la propriété privée soit respectée :-). Il n’est pas possible de faire du respect de la propriété privée une condition de bien-être économique ou sociale s’il n’y a pas d’intérêt général.
            Je tourne en rond, c’est sûr. Comme démontrer que l’air existe, on ne vient à dire des évidences.

    • Ce qui est bien avec l’intérêt général, c’est qu’il permet à celui qui y fait appel de faire croire qu’il connait l’avenir.
      Le général sacrifie quelques soldats ici pour gagner la-bas, les survivants dissertent sur l’intérêt général… mais si l’opération foire … ?
      Je passe prendre machin, on va bien rigoler … machin est un pisse-froid et tout le monde passe une mauvaise soirée… etc…

    • « Construire une centrale nucléaire qui, bien que extrêmement sécurisée (pas par la bonne volonté de l’exploitant/constructeur), représente un risque pour des centaines de millier de personnes est une nécessité d’intérêt général »
      Tchernobyl à montré que décréter l’intérêt général n’est pas synonyme de réalité.
      A tout vos exemples ont peut opposer des choix qui laisserait la liberté d’action aux individus et qui ne serait pas moins bon au final. Pour la guerre il y a la guérilla par exemple qui est très efficace, souvent plus que l’affrontement frontal. une centrale nucléaire? pourquoi faire? quel est l’intérêt supérieur à une central au gaz ou au pétrole? qui décide? les lobbies dans 100% des cas donc le fameux (et mythique) intérêt général est parfaitement absent, il y a juste une demande d’énergie et une offre à concilier

      • Les arguments opposés le sont à l’encontre de tout réalisme, de toute réalité, de toute rationalité.
        Sans vouloir vous offenser, savez-vous qu’une centrale au gaz, c’est grand ? Qu’il faut creuser des kilomètres de gazoduc ? Et que ce n’est pas joli ? (Impact sur le prix de l’immobilier à proximité).
        Allez construire une autoroute ou une ligne de chemin de fer SANS porter atteinte d’une manière ou d’une autre à la propriété privée de quelqu’un. C’est impossible.
        Sauf dans une microstructure de quelques individus épars. Bienvenue en l’an -1.000.000.

  • Les tests ne coûtaient pas bien cher au regard non seulement des vies épargnées mais aussi des sommes gigantesques englouties pour les malades en deuxième phase au lieu que ce soit à l’origine de l’affection. Le confinement est l’exemple d’un sommet d’imbécilité à tous points de vue, psy, économique, atteinte aux libertés etc …, et coûte déjà des sommes vertigineuses qui vont continuer à grimper au delà de toute raison !

  • Vous êtes un brillant théoricien. Mais qui se soucie encore de doctrine ? Qui prendra en considération vos développements pour décider ?
    Personne évidemment.
    Cette théorisation ne pèse plus très lourd. Elle fait irrésistiblement penser à la littérature politique des siècles passés. C’est une réflexion hors sol, qui n’a aucun rapport avec notre société.
    Avec des dépenses publiques oscillant entre 40 et 60% du PIB, dans tous les pays riches, il faut évidemment revisiter entièrement le concept même de libéralisme. Sinon, le risque de radotage passéiste est grand.

    • La Corée du sud? 25% de prélevement obligatoire, et le Covid contrôlé.

      • N’importe quoi ! Les dépenses coréennes des administrations publiques sont déjà de 30% du PIB.

        • OCDE prélevement obligatoire 28.42% (2018) pour la Corée. France 46.09%.

          • Le chiffre que vous citez correspond aux seules recettes fiscales er non à la totalité des prélèvements obligatoires !
            Lisez correctement les chiffres de l’OCDE.

            • « Les recettes fiscales désignent les recettes provenant des impôts sur le revenu et les bénéfices, des cotisations de sécurité sociale, des taxes prélevées sur les biens et les services, des prélèvements sur les salaires, des impôts sur le patrimoine et des droits de mutation, ainsi que d’autres impôts et taxes.  »
              Je sais il existe des recettes de l’état qui ne sont pas des prélèvements obligatoires comme la redevance audiovisuelle. Vous pinaillez, la difference entre la Coree et la France est de +18%. Une paille.

  • Depuis le début de l’humanité la notion et la priorisation de l’intérêt général a certainement été une condition cine qua non de survie.
    Merci à eux sinon nous ne serions pas là à disserter sur nos libertés individuelles

    • C’est la prise en compte des intérêts particuliers qui a permit l’essor de la civilisation moderne . toute les communauté qui font passer le groupe avant l’individue on soit périclité soit stagné dans la pauvreté.

      • Oui et Non, tout dépend déjà de ce qu’on met dans « prise en compte des intérêts particuliers » et d’autre part des réactions lors des différents périls auxquels la civilisation moderne a du faire face.
        Quand il n’y a pas de périls en vu, les libertés individuelles se développent et se restreignent à leurs approches, C’est typiquement ce que nous vivons actuellement.
        C’est cette liberté à géométrie variable et la gestion de l’intéret général qui ont permis aux civilisations modernes (ou pas) de se développer.

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