Coronavirus : l’opération « résilience » devra vaincre la bureaucratie de l’État

C’est par l’initiative et le courage des citoyens que nous sortirons de la crise, c’est de là qu’il faut partir pour parler de résilience.

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Coronavirus : l’opération « résilience » devra vaincre la bureaucratie de l’État

Publié le 26 mars 2020
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Par Frédéric Mas.

Lors de son intervention depuis l’hôpital militaire de Mulhouse, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un plan de lutte contre le coronavirus demandant l’appui de l’armée.

L’opération militaire « Résilience » a pour objet d’aider la population face à la pandémie : il ne s’agit pas de faire respecter les règles du confinement ou de durcir les conditions de l’opération « Sentinelle », mais selon un communiqué de presse du ministère des Armées d’apporter un soutien logistique, sanitaire et de protéger les populations. Dans ce cadre, deux navires de guerre ont été mobilisés pour intervenir en Guyane en cas d’extension de la pandémie.

La résilience, qu’est-ce que c’est ?

Le choix d’invoquer la résilience pour parler de ce type d’opération militaire n’est pas neutre. En physique, la résilience est la capacité d’un matériau à absorber de l’énergie quand il se déforme sous l’effet d’un choc.

Invoquer la résilience nous en dit beaucoup sur l’ambition des pouvoirs publics, qui est de répondre à la crise en s’adaptant.

Il s’agit donc de conjurer la fragilité, que le chef de l’État a pointé à demi-mot en parlant des divisions entre Français qu’il nous faut surmonter dans l’épreuve.

Le problème de la bureaucratie étatique

Seulement, la grande fragilité face à la crise ne vient pas seulement de la division ou de l’indiscipline supposée des citoyens, elle est aussi le fait d’une bureaucratie étatique dont les lourdeurs, déjà pénibles et pénalisantes en temps normal, sont totalement inadaptées à une situation de crise qui demande agilité et décentralisation.

Le temps de réaction de l’administration face à la crise sanitaire a choqué l’opinion publique, mais rappelle la grande difficulté pour la bureaucratie à intégrer l’incertitude et à sortir des procédures qu’elle a elle-même instauré pour se garantir contre elle. Comme l’avait repéré Michel Crozier dès 1976, la sacralisation des règles qui découle de la bureaucratisation devient stérile quand elle se déconnecte de la réalité.

Mercredi 25 mars, Ouest-France signalait que le généticien Philippe Froguel, qui dirige le centre de recherche publique du CHRU de Lille, s’était vu refuser par l’administration la fabrication des tests pour dépister le Covid-19 : « Il faut « respecter les procédures », seul un biologiste médical étant officiellement habilité à lire les résultats, alors que le laboratoire de Philippe Froguel le fait depuis des années. »

Le président de la région Grand Est Jean Rottner déclarait il y a quelques jours que la réglementation RGPD entravait la distribution en urgence de millions de masques, car elle interdisait la constitution d’une liste des professionnels de santé nécessaire pour la répartition.

Au cœur de la querelle sur la chloroquine qui déchire le pays entre partisans et opposants au professeur Raoult, se trouve aussi un problème de règlement de comptes entre agences et hiérarchie qui a ralenti l’application du traitement.

Comme l’écrit Patrick de Casanove dans Contrepoints : « En France, c’est bien un pouvoir politique qui gêne la mise à disposition rapide d’hydroxychloroquine aux patients. Un comité dit « scientifique », qui conseille un gouvernement dépassé par les événements, a émis un avis déconnecté de la réalité, mais très pertinent si on le regarde avec l’éclairage du capitalisme d’État. »

Inflation de normes

Il ne s’agit pas ici de dénoncer toutes les protections et normes posées par l’administration, qui en temps normal peuvent être utiles à la protection des droits individuels sous les conditions et limites posées par la Constitution, mais d’indiquer que son inflation nuit aussi à leur efficacité. Cette nuisance en situation exceptionnelle devient elle-même exceptionnelle. Ici, elle conduit à mettre en danger très concrètement la vie de nos concitoyens.

Face à l’incertitude, la réponse doit être décentralisée. Mobiliser l’armée pour aider les populations peut participer à la résilience si elle est capable d’encourager l’exploration individuelle des solutions et les stratégies innovantes.

C’est ce qu’elle fit lors de la bataille de la Marne en 1914, comme le rappelle Philippe Silberzahn dans un article récent : « […] depuis de nombreuses années, l’institution militaire tolérait des expérimentations locales sur à peu près tout, même lorsqu’elle les désapprouvait, notamment les nouvelles technologies. Si elle aborde la guerre très mal préparée, bloquée par des modèles mentaux obsolètes, elle a en réserve les innovations les plus en pointe. Il faudra la catastrophe du feu pour que ces innovations soient mobilisées. »

C’est par l’initiative et le courage des citoyens que nous sortirons de la crise, c’est de là qu’il faut partir pour parler de résilience.

 

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  • On attend le décret qui ordonnera la résilience des citoyens!

  • Le salut est dans la désobéissance.

    • Hélas, la désobéissance n’est qu’un des nombreux facteurs du salut, et les autres ont peu de chances d’apparaître spontanément si on se contente de désobéir.

  • Le peuple sera sans pitié.

    Que justice soit rendu !

    • Que justice soit rendue !

    • le peuple? quel peuple? les français sont des veaux.

      • Se faire traiter de « veaux » par un « bourrin » n’est pas bien grave.

        • je sais la vérité fait mal..mais que dire d’un peuple qui se laisse tondre depuis des décennies, qui élit des branques à chaque élection, qui continue de faire ce qu’on lui dit même si tout lui indique qu’on va dans le mur ?? qui n’a jamais envie de se battre contre ce système et qui ne cherche pas les vrais coupables ? moi j’appelle ça des veaux ou des moutons, choisissez.

          • « Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien.
            Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera.
            Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois.
            Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »

            Octave Mirbeau, La Grève des électeurs

        • c’est une réponse facile, à la française, i.e. inutile.

    • Mais où sont donc les gilets jaunes qui serinaient toutes les semaines qu’ils ne lâcheraient rien ?

      • Les premiers sont rentrés chez eux, ceux d’après sont retournés chez LFI, et autres marxistes,il n’y avait plus rien à casser . Ce que je trouve étonnant c’est qu’il y ait encore des gens qui écoutent ce que le minus de l’elysée a encore à dire . A moins d’être un peu maso, un menteur pathologique n’a pas à être cru . Il ne lui restera plus qu’à se réincarner en éolienne et à brasser du vent, il se sera entrainé toute sa vie, ce serait dommage que ce soit pour rien

    • La résilience, ça se mesure avec un mouton Charpy ; la différence de hauteur sur le retour de balancier donne la résilience de l’échantillon…
      Nous sommes l’échantillon, notre bien aimée président compte sur notre résilience pour que le retour de balancier ne soit pas trop fort…

    • A breizh.
      Merci pour la référence vidéo : Buzyn-Véran même pourriture !
      Sans aucun complexe, les politicards répètent inlassablement les mêmes crimes…
      Depuis plus de 100 ans, rien à changé ! Ils sont toujours prêts… à envoyer les gens au « casse pipe ». L’Histoire de France connaît bien la formule du « nous sommes prêts ! »
      En 1870, « Nous sommes prêts, il ne manque pas un bouton de guêtre… « , le massacre de Reischoffen, de Froeschwiller, puis la débâcle de Sedan !
      En 1914, « Nous sommes prêts… », le manque de matériel impose des réquisitions partout en France !
      En 1940, « Nous sommes prêts, nous avons la ligne Maginot… » L’invasion allemande par la Belgique et peu après jusqu’aux Pyrénées !
      En 2020 « Nous sommes prêts … » l’épidémie est galopante, les protections élémentaires manquent !
      No comment !

  • Les veaux , les moutons peu importe ne voient pas arriver les graves difficultés économiques . La fonction publique et son statut se regarde le nombril. La cgt territoriale déponse un préavis de grève de 30 jours pour avril. On croit têver.

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