Langouët : l’ex-village anti-pesticides mauvais perdant aux municipales

Langouët a dit oui aux agriculteurs et à l’agriculture, et a infligé un cinglant désaveu à ce maire qui affirmait urbi et orbi avoir le soutien de la population dans sa lutte contre les pesticides.

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Langouët : l’ex-village anti-pesticides mauvais perdant aux municipales

Publié le 21 mars 2020
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Par Wackes Seppi.

L’information m’est parvenue par Le Parisien, qui a la particularité d’être aussi Aujourd’hui en France et de devoir sortir au-delà du périph’. Rien dans Le Monde… rien dans Libération… enfin, à l’heure où nous écrivons.

Le Parisien titre donc : « Municipales : le maire anti-pesticides d’Ille-et-Vilaine sanctionné », avec en chapô : « La liste des amis de Daniel Cueff, qui ne se représentait pas, a été battue à Langouët. »

Les résultats détaillés montrent que cela s’est joué à très peu de choses, le titre du Parisien n’étant pas vraiment approprié – sauf si l’on considère que le tapage anti-pesticides pour des motifs allégués de santé publique aurait dû valoir à la « liste des amis » des scores staliniens. Et comme je considère sur la foi d’un tapage qui a même permis à Langouët de figurer dans les pages du New York Times

Treize conseillers ont été élus, et il reste deux sièges à pourvoir. La liste victorieuse « Langouët dynamique, ouverte et durable » a obtenu neuf sièges.

Le Parisien relate :

« Tout le projet écologique de Langouët va s’arrêter », se désespère Daniel Cueff. Ce dernier dénonce une mainmise de la FNSEA sur la liste arrivée en tête. « Il y a eu 80 % de participation, bien plus que d’habitude. La liste où figurent des propriétaires terriens liés à la noblesse locale, des salariés de la chambre d’agriculture et des agriculteurs en intensif s’est extrêmement bien organisée. Certains candidats n’habitent même pas sur place. »

Dans « Élections municipales en Bretagne : à Langouët, la guerre des pesticides au cœur d’un vote ultra serré » de 20 Minutes, c’est :

Pour le maire sortant Daniel Cueff, ce taux de participation très élevé est à mettre au crédit d’un puissant syndicat agricole en guerre contre son arrêté municipal anti-pesticides.

« La FNSEA a placé un important propriétaire de terres de la commune sur la liste. C’est une grande famille qui a massivement voté. Ils ont même fait des procurations pour les grands-mères », attaque celui que l’on surnomme le maire anti-pesticide.

La liste « Langouët dynamique, ouverte et durable » se défendait pourtant d’avoir réuni « des habitants représentatifs de la diversité de la commune ». Elle comptait dans ses rangs quatre agriculteurs conventionnels, emmenés par une tête de liste salariée de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine. 

Seulement les « pesticides de synthèse »…

Faut-il voir dans ces propos une intolérance envers la filière agricole – et plus encore envers la FNSEA – de la part de l’auteur de Paysans, on vous aime, subitement révélée par le dépit ?

La FNSEA aurait, si l’on comprend bien, constitué la liste en y plaçant « un important propriétaire de terres », quatre agriculteurs conventionnels et une salariée de la Chambre d’Agriculture… Dans « Municipales. Les électeurs de Langouët tournent la page Daniel Cueff, le maire antipesticides », M. Jean-Luc Dubois est même qualifié de « représentant de la noblesse, plus gros propriétaire foncier de la commune ». En quelque sorte un koulak qui aurait dû être interdit de candidature…

Et qu’est-ce que ce sexisme, « des procurations pour les grands-mères » ?

Le verdict est tombé : les électeurs se sont exprimés en masse, ce qui implique la participation des pros et des antis. Si M. Daniel Cueff allègue que l’opposition à sa politique s’est mobilisée, dans une élection plébiscite, alors il faut considérer que les 20 % d’abstentionnistes n’ont pas été suffisamment motivés par la défense de sa politique.

Si la liste « Langouët dynamique, ouverte et durable » comprenait le ban et l’arrière-ban de la filière agricole, alors il faut bien admettre que cela n’a pas servi de répulsif pour une courte majorité villageoise.

Ouest-France rapporte un propos de la tête de la liste défaite, conseiller municipal sortant qui n’a pas été réélu :

On a été candide, on n’a pas pris l’ampleur de la stratégie de l’autre liste. […] Les gens n’ont pas toujours conscience que ce dont ils profitent tous les jours, c’est un combat. Ils croient que c’est naturel, parce que c’est Langouët.

Sérieux ? Alors que vous étiez opposés à la liste de la FNSEA? Et cet avis sur les gens de Langouët…

En bref, Langouët a dit oui aux agriculteurs et à l’agriculture.

Et à ce maire qui affirmait urbi et orbi avoir le soutien de la population dans sa lutte contre les pesticides (de synthèse), à tous ces activistes dont il a été la figure de proue, à tous ces journalistes qui ont pissé copie sur copie, Langouët a infligé un cinglant désaveu.

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  • Le fait est que quand le militantisme vert fera perdre les élections , les ayatollah disparaîtront de la scène politique, pour rejoindre « l’agit prop » dont ils sont issus.
    En effet , jugés a gauche comme « force d’appoint » , ils sont particulièrement choyés par les organisations affaiblies a l’affût d’alliances salvatrices au deuxième tour de scrutin.
    Quand ils auront pour effet de casser la dynamique du premier tour , çà deviendra un autre son de cloche.. il seront brûlés en place publique..

  • bon oui quand les écologistes disent que tout le monde est d’accord avec eux..ils se mettent le doigt dans l »oeil, les gens sont d’accord avec les idées floues des écologistes, moins avec le concret..
    ceci dit il ya aura des communes antipesticides avec des cantines bios alimentées par des agriculteurs fonctionnaires locaux..plus cher et sans effet sensible sur la santé des gosses. les autres agriculteurs y seront harassés sans aucune preuve pour étayer ce dont on les accuse..qui se soucie de cela désormais..

  • Enfin un coup d’arrêt à l’idéologie écolo-fachiste. J’espère que nos politiques comprendront que leur démagogie les a poussés franchement trop loin.

    • « J’espère que nos politiques comprendront que leur démagogie les a poussés franchement trop loin. »

      J’aimerais que vous ayez raison, mais l’expérience montre que les échecs ne servent jamais de leçon aux écolo-bobo-gauchos. Au contraire, ils pensent qu’ils n’ont pas suffisamment bien expliqué les choses, que les gens ne sont pas « prêts », ou pas assez intelligents, ou qu’ils n’en ont pas fait assez, qu’il faudrait un projet radical, et tant pis pour les opposants, tant pis même pour la démocratie, comme le disent par exemple les tenants du réchauffement-climatique-catastrophique-d’origine-humaine, sauver la planète passe avant tout ; le maire et le conseiller sortants ne sont d’ailleurs pas loin de tenir ce discours ; Encore un peu, et les « déplorables » d’Hillary Clinton étaient de sortie.
      Hélas, le combat idéologique (de rétablissement de la vérité) n’est pas près d’être terminé face à des gens qui rêvent du Grand Soir Écologique vendu matin, midi et soir par les médias militants, suivis par des politiques et des industriels complaisants.

  • Je vous trouve optimistes. Ces olibrius ne sont, hélas, pas en voie de disparition, si l’on en juge par les modes  » bio  » tous azimuts.
    Mais le vote Langouët risuqe de faire jurisprudence…

    • Le bio comme le voient les mecs a dreadlocks et la nana en bas de lin tricoté est mort.

      A partir du moment où, et les pubs télé le montrent, la grande distribution (Leclerc, Carrefour,etc) ainsi que les industriels comme Unilever, Nestlé ou Danone se sont emparés de la mode bio, tout sera ‘bio’ et rien ne le sera plus vraiment.

      Pour eux, il y a suffisamment de ‘bio’ non exploité* dans la nature pour faire du fric, après lucrative transformation …

      * 5,972 × 10^24 kg, environ…

  • Au bout du bout, les individus vont se constituer en « Communautés » ou Colonies », librement gérées par un Règlement voté et accepté par tous … et donc n’accepteront pas les nouveaux entrants non « conformes »…

    • Ce genre de comportement communautaire est légitime dans l’espace privé. Il est tout aussi légitimement réprimé dans l’espace public, espace que nul ne peut prétendre s’approprier à des fins privées.

  • Bienfait des élections, bienfait des référendums, pour contrer la prétendue opinion publique monopolisée par les activistes éhontés à grande gueule, et autres manipulateurs d’informations falsifiées et de sondages dûment trafiqués.

    • Malgré toutes les grandes déclarations de façade sur l’attachement de nos gouvernants au respect de la voix du peuple, sur les référendums, démocratie participative et tutti quanti, nos politiques se méfient du peuple. Cela va encore moins les encourager à demander l’avis des électeurs au sujet de tous ces coûteux projets faits soi-disant pour le bien du dit peuple.

  • Cinglant désaveu oui mais ce qu’il faut retenir c’est que les mauvais perdants reprennent la ritournelle habituelle des dictatures progressistes avancées à savoir qu’elles œuvrent pour le bonheur de tous et que les électeurs se trompent !!!! La conclusion tombe toute seule il faut supprimer le droit de vote à tous ces gens et ne le laisser qu’à ceux que l’on aura trié en fonction de leur orientation !!!!!

    • @robin 35 : bien vu !

      Au passage, cela rappelle l’attitude des européistes que l’idée – pourtant élémentaire en démocratie – de consulter les nations sur leur « beaux projets » rend fous furieux : il suffit par exemple de se rappeler les propos de ces gens-là, à commencer par les hiérarques de l’UE – lors des référendums de 1992 et de 2005 et leur indécents accents de triomphe en 2007 après que M. Sarkozy ait volé aux Français le résultat de leur vote net et massif rejetant la soi-disant « constitution européenne » …

      Dans les deux cas, on a affaire à des messianistes fanatiques qui savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui : au lendemain du référendum de 2005, certains auraient bien aimé « dissoudre le peuple », comme l’évoqua amèrement Brecht après les émeutes de juin 1953 à Berlin-Est : « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a “trahi la confiance du régime” et “devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités”. Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »

      Cordialement,

  • Enfin une bonne nouvelle dans ce monde décidément bien triste ! Désormais quand un politique prendra la parole pour défendre telle ou telle mesure en disant « Nous avons le soutien d’une majorité des Français », j’espère que les Français en question comprendront un peu mieux qu’on se fout de leur gueule.

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