Laissez les prix monter pour lutter contre le coronavirus

Le processus de formation des prix tient compte des préférences de millions de consommateurs et de la vaste gamme de contraintes qui pèsent sur les producteurs, sans avoir besoin d’une supervision dirigiste.

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Laissez les prix monter pour lutter contre le coronavirus

Publié le 18 mars 2020
- A +

Par Mitchell Harvey.
Un article de Foundation For Economic Education

Face à la menace imminente du coronavirus, les Australiens et les Français commencent à paniquer. Les supermarchés sont à court de stock, la demande en produits de base augmente. Sans intervention extérieure au marché, nous devrions assister à une augmentation à court terme des prix.

Cependant, le Code du commerce australien décourage ce genre de pratique.

Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une pratique illégale de prix abusifs.

Juste prix et concurrence

Cette pratique consiste à établir des prix considérés déraisonnables ou injustes comme lors d’une catastrophe naturelle. Selon l’Australian Competition and Consumer Commission, elle peut être interprétée comme un sur-profit immoral, de l’exploitation moralement condamnable à laquelle il convient de mettre fin.

Toutefois, se protéger de ces prix abusifs serait une erreur.

D’une manière générale, le marché permet une allocation optimale des ressources. Les profits récompensent les entreprises qui produisent efficacement ce que nous voulons, tandis que les pertes sanctionnent celles qui gaspillent ou produisent des biens non désirés. Tant que les entrepreneurs auront la possibilité d’aller et venir sur les marchés, ils auront tendance à se placer sur les secteurs profitables en fuyant ceux générant des pertes, le tout en minimisant les gaspillages.

Ce processus concurrentiel repose simultanément sur des prix pertinents et sur la garantie que les prix s’ajustent. Si un magasin fixe ses prix trop hauts, il n’aura pas de clients. S’ils sont trop bas, les pertes s’accumuleront et le stock sera épuisé. Dans un marché libre, une entreprise pratiquant des prix élevés voit arriver des concurrents qui la copient à des prix plus bas.

Ainsi, quand survient un changement soudain de la demande, il est important que nous laissions les prix s’ajuster.

Pourquoi ?

Laisser faire l’augmentation des prix

Parce que la hausse des prix encourage les supermarchés à augmenter les ventes et à s’assurer que les stocks soient réapprovisionnés. Il est crucial de récompenser les supermarchés qui restent ouverts alors que les chaînes d’approvisionnement internationales sont gravement désorganisées par le coronavirus. De plus, la perturbation du commerce provoque l’augmentation des coûts qui doivent être incorporés aux prix. La hausse des prix encourage ainsi les entreprises à produire les biens que nous voulons et dont nous avons besoin dès maintenant.

L’augmentation du prix est également importante pour s’assurer que les consommateurs se comportent efficacement : l’augmentation du prix des conserves incite le consommateur à les stocker et les économiser plutôt que de faire un repas généreux et d’en jeter éventuellement une partie ; si votre baguette de pain coûte dix fois plus cher, vous vous abstiendrez d’en distribuer les restes aux pigeons ; l’augmentation du prix du papier essuie-tout vous incitera à n’utiliser qu’une feuille au lieu de trois.

La beauté de la formation des prix fait que toute cette gestion des ressources se passe automatiquement. Aucun fonctionnaire zélé n’a besoin de trouver un plan, aucun politicien maladroit n’a à s’impliquer, aucune intervention musclée n’est nécessaire.

Beaucoup de gens ne veulent pas tenir compte de ce raisonnement : « Sur le papier ça marche mais la réalité est bien plus complexe ! »

Le monde réel est bien plus compliqué

Tellement compliqué, en fait, que nos efforts pour réguler humainement le système de prix mènent inévitablement à la catastrophe.

Les lois sur le salaire minimum paupérisent une partie de la population en l’excluant du marché du travail. Le contrôle des loyers crée les crises du logement. Les prix plafonnés entraînent des pénuries de produits de première nécessité, comme nous le montre la pénurie actuelle de gel hydroalcoolique.

Avons-nous oublié l’impact du contrôle des prix sur la pénurie d’essence aux États-Unis dans les années 1970 lors du choc pétrolier ? Le processus de formation des prix peut tenir compte de millions de consommateurs et de la vaste gamme de contraintes qui pèsent sur les producteurs, sans avoir besoin d’une supervision de l’État.

Si les lois sur les prix abusifs bloquent leur hausse, nous risquons de voir durer les pénuries de produits de première nécessité, provoquant files d’attente et rationnement. C’est non seulement du gaspillage mais cela encourage le marché noir accompagné de criminalité et de violence.

Bien que le contrôle des prix soit mis en œuvre au nom de la protection des pauvres et des personnes vulnérables, ses dommages collatéraux impactent de façon disproportionnée ces populations déjà fragilisées.

Le rationnement tend à favoriser les riches par le biais du marché noir, les plus informés ou ceux qui ont la chance de connaître les bonnes personnes. Mieux vaut que nous mettions fin à la pénurie rapidement par la hausse des prix au lieu d’étendre la misère avec des pénuries prolongées. Sans des prix plus élevés, les entrepreneurs ne seront pas incités à produire.

Une meilleure approche consisterait en des subventions ponctuelles pour les plus démunis tout en laissant les prix augmenter plutôt que d’entraver leur hausse. L’évolution des prix génère le changement dans le comportement des producteurs et c’est ce que nous devons voir se produire.

Traduction Contrepoints.

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  • Article à envoyer au clown du ministère de l’économie, avec un peu de chance, il aura peut-être un éclair de lucidité . On peut toujours rêver… même de l’impossible

  • « Il est crucial de récompenser les supermarchés qui restent ouverts »
    En France, tous les supermarchés restent ouverts…
    Par ailleurs, la demande n’est plus libre puisque nous sommes appelés à limiter nos déplacements et donc à nous y rendre le moins souvent possible…

    « l’augmentation du prix des conserves incite le consommateur à les stocker »
    Justement ce qu’il ne faut pas faire pour éviter des ruptures alimentaires lors des rares sorties que nous sommes censés faire…

    Bref face à la discipline réclamée par les citoyens pour respecter le confinement (au besoin par la sanction) les supermarchés (et autres commerces alimentaires) doivent de leur côté respecter une discipline sur les prix pour éviter d’alourdir la crise sanitaire par une crise alimentaire (au besoin par la sanction).

    Dans des temps troublés où la demande n’est plus libre, il n’y a aucune raison que l’offre le reste totalement.

    Par ailleurs, je conçois assez mal que les entreprises qui profiteraient de la crise pour augmenter leurs prix (donc leurs marges puisque les coûts restent identiques) soient gagnantes à long terme ; les consommateurs n’ont pas une mémoire de poisson rouge. Elles seraient fatalement sanctionnées au sortir de la crise par le consommateur lui-même. Je fais confiance à leurs vertus morales, ainsi qu’à la peur d’une mauvaise image si elles s’aventuraient sur ce chemin.
    L’augmentation des prix n’a ainsi aucune justification classique parce que le marché n’a plus rien de classique.

    • « l’augmentation du prix des conserves incite le consommateur à les stocker » Non, le prix élevé (alors que l’on sait que le prix habituel est plus bas) va limité les achats en quantité (quitte à stocker à un meilleur prix plus tard).
      « (donc leurs marges puisque les coûts restent identiques) » Les couts restent identiques les premiers jours (écoulement des stocks antérieurs éventuellement), les coûts augmentent ensuite (heures supplémentaires, augmentation des prix des matières premières) avant que justement le marché ne régule à un prix plus « moyen ».

      • Restons sérieux. Dans la mesure où toutes les filières alimentaires restent opérationnelles, rien ne change par rapport à la situation normale. Pas d’HS à prévoir (à part peut être le dimanche pour les boulangeries, mais c’est parfaitement gérable sans augmentation du prix du pain, je parle en connaissance de cause). Pas d’augmentation du coût des matières premières non plus. Et au contraire, le prix du transport est orienté à la baisse (prix du pétrole en chute libre).
        Rien dans les lois économiques classiques ne peut justifier une augmentation du prix de l’alimentation en supermarché…

        • Ca c’est pour l’instant, logiquement non, mais quand le gouvernement dit qu’il ne va pas y avoir de pénurie…

      • Non l’augmentation des prix entraine la spéculation. Des gens achètent des gros stocks pour créer de la pénurie et tenter de revendre les biens au marché noir a un prix très élevé.
        L’offre n’est pas extensible car les travailleurs sont limités dans leur déplacement et la production réduite. Le marché a besoin de temps pour converger.

  • Bon rappel que l’augmentation du prix est le meilleur moyen de gérer la pénurie. Les biens vont à ceux qui en ont le plus besoin, c’est à dire ceux qui sont prêt à payer le plus. De même ceux qui produisent ces même biens réalisent l’importance de ces biens, et redoublent d’efforts pour les produire. Un prix, c’est un échange d’information entre les vendeurs et les acheteurs.

    • De quelle pénurie parlez-vous ? Il n’y aucune pénurie dans les rayons des supermarchés autre que celle, totalement provisoire, causée par les anxieux qui ont acheté plus que nécessaire et qui vivront ensuite sur leurs stocks, pendant que ceux des SM seront vite réapprovisionnés.
      Une fois absorbé le choc psychologique du confinement, et quand les gens verront qu’ils peuvent toujours tout acheter sans difficulté, le marché de l’alimentation restera totalement identique à ce qu’il était la semaine dernière.
      L’information aujourd’hui c’est qu’aucune pénurie durable ne se profile à l’horizon et donc le marché n’a aucune raison de voir se modifier les prix.

  • Les commentaires sont fermés.

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