Pas de travail compétitif sans retraites compétitives

OPINION : la France devrait profiter de la réforme des retraites pour développer les capitalisations collectives et, ainsi, alléger le coût du travail.

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Seniors Retraités (Crédits Patrick, licence CC-BY-NC-ND 2.0)

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Pas de travail compétitif sans retraites compétitives

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 mars 2020
- A +

Par Cécile Philippe.
Un article de l’Institut économique Molinari

La flexibilité du marché du travail n’est pas le point fort de la France, malgré les réformes menées depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Notamment du fait du poids des charges sociales. Pour Cécile Philippe, présidente de l’IEM, la France devrait profiter de la réforme des retraites pour développer les capitalisations collectives et, ainsi, alléger le coût du travail. Texte d’opinion publié dans Les Échos.

La régulation du marché du travail

Connu sous le nom de Doing business, le rapport annuel de la Banque mondiale classe 190 pays en fonction de la facilité d’y faire des affaires. Le fonctionnement du marché du travail jouait à l’origine un rôle crucial dans cet indicateur.

Or sur ce plan, et en dépit des réformes engagées au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, la France occupe encore et toujours la dernière place parmi les pays de l’Union européenne. Cette réalité mériterait d’être prise en compte dans le cadre de la conférence de financement sur les retraites.

La régulation du marché du travail figure depuis l’origine dans l’indicateur Doing Business. Cependant depuis 2012, sous la pression de pays très mal classés comme la France, elle n’entre plus dans le classement final.

Comme le souligne le créateur de l’indicateur, Siméon Djankov, cette exclusion est injustifiable. Le marché du travail devrait, selon lui, être réintégré par la Banque mondiale dans le classement. En attendant, le Lithuanian Free Market Institute (LFMI) a repris le flambeau depuis 2017, en publiant un Indice de flexibilité de l’emploi avec les données de la Banque Mondiale. Dans sa 3ème édition, la France continue d’occuper la dernière place parmi les 41 pays qui y figurent, en dépit des réformes récentes.

La France, championne des charges sociales

Le taux de chômage en France n’est effectivement plus passé sous la barre des 4,5 % de la population active depuis 1978. Il atteint aujourd’hui 8,1 %. Si ce niveau est le plus faible depuis 10 ans, nous faisons pâle figure vis-à-vis de nos voisins européens car notre marché du travail reste encombré par de nombreuses rigidités, en particulier un poids des charges sociales qui surpasse tout ce qui existe au sein de l’UE.

Ainsi, la France est au global la championne des charges sociales (67 % du salaire brut). Le Président Macron a fait du poids des charges sociales sa priorité au début de son mandat. Les charges patronales ont ainsi baissé significativement de 49 % à 43 %.

Cet effort doit être souligné mais il reste modeste par rapport au reste de l’UE et aux enjeux français, si bien que les résultats n’ont pas été spectaculaires. Dans le même temps, les contrats courts sont sanctionnés (taxe forfaitaire depuis 2020 et bonus/malus prévu d’ici 2021). Cela ne va pas favoriser l’emploi dans le secteur des services, principal créateur d’emplois en France.

S’il n’a pas été possible de diminuer davantage les charges sociales, certains proposent d’augmenter les cotisations vieillesse dans le cadre de la conférence de financement des retraites. Outre le fait que les charges sociales atteignent toujours des seuils record, il y a une aberration à vouloir actionner ce levier nuisant à l’employabilité. Notre système de retraite dépend à 98 % de la répartition et ce remède risque d’être pire que le mal.

Développer les capitalisations collectives : une piste éventuelle

Par contre, envisager l’amélioration du rendement des cotisations serait une réforme à la fois universelle et progressiste. Plutôt que de flécher l’essentiel des cotisations vers la répartition, on pourrait envisager de développer les capitalisations collectives. L’expérience de l’ERAFP (Etablissement additionnel de la fonction publique) montre que placer les cotisations vieillesse permet d’augmenter les retraites en limitant le recours à la fiscalité.

Voilà une réforme qui pourrait faire d’une pierre deux coups pour améliorer le sort de tous les Français et incidemment notre place dans l’indice de flexibilité.

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  • je multiplie les entraves au travail et je me plains du chomage…

    quasiment TOUTES les mesures sont inspirées par l’idée que les riches s’enrichissent au dépens de tous…les riches ne s’enrichissent qu’a dépens de leurs concurrents disparus et ceux ci font payer plus chers les services qu’ils rendent à tous les autres…
    ce qui signifie que ce sont les riches qui permettent l’enrichissement de tous..dans ne économie libre.

  • en socialie, « performance » est un gros mot

  • ça fait presque un demi siècle que j’entend dire que les charges sociales sont trop lourdes ; un demi siècle ! et ? ça piétine , ça chipote , ça n’avance pas ou alors à la vitesse d’une limace ; et quand ça bouge , c’est pour nous coller des taxes , des prélèvements ou des impôts en plus ; mal barré ce pays ;

  • Remplacer un système de spoliation légale par répartition par un système de spoliation légale par capitalisation, bravo il fallait oser.
    La seule réflexion que m’inspire ce texte, c’est quel organisme de placement financier se cache derrière l’Institut Molinari ?

    • La France est championne du monde de spoliation légale, et dans le peloton des lâchés pour la capitalisation. Capitalisation collective ne signifie pas spoliation supplémentaire (c’est d’ailleurs bien difficile…) mais suppression de l’un des obstacles à ce que les Français participent et profitent de la croissance mondiale, sans avoir à devenir chacun trader expert. Partout ailleurs, la capitalisation est vue comme une chance d’échapper aux défauts de la répartition monopolistique décidée et organisée par l’état à des fins électoralistes. Désigner les industriels qui s’enrichissent et enrichissent ainsi chacun comme boucs émissaires n’aurait pas dû survivre à la chute du mur, comment le justifiez vous à part pour des raisons de foi communiste ?

      • Capitalisation collective = prélèvements et caisses obligatoires = spoliation légale comme pour la répartition.
        Capitalisation individuelle = choix de son niveau de cotisation et son organisme de placement.

      • « sans avoir à devenir chacun trader expert » : dans votre travail, vous déléguez librement à vos collaborateurs. Il n’y a pas de raison que pour votre retraite vous ne puissiez pas agir de même.

    • Encore un complot du grand capital? Le seul problème est que l’état considére le français comme un gamin incapable de gérer sa vie sans lui . Il n’est pas nécessaire de chercher un organisme de placement financier derrière l’institut Molinari pour comprendre que ce n’est pas à l’état de gérer les choses à votre place .

      • Mais la capitalisation collective, c’est toujours l’Etat, même si c’est une de ses excroissances financières qui agit.

        • Comment avez vus vu le mot « collectif » dans ce que j’ai écrit? Ce n’est pas à l’état de gerer les choses à votre place n’est pas assez clair? Salaire complet, histoire que chacun s’aperçoive du montant du vol étatique, et chacun libre de choisir sa solution et basta

  • Oui les cotisations sociales sont elevees en France. Mais si l auteur propose de les baisser, elle oublie un detail : il faudra baisser les prestations !
    Car si vous ne baissez pas les prestations, vous faites implement du deficit et demandez a vos enfants de payer pour votre retraite et vos soins medicaux (les 2 domaines finances par les cotisations sociales)

    L introduction de la capitalisation ne repond qu a la marge au probleme. En schematisant, vous payez moins de cotisations sociales mais vous devez epargner plus … Et surtout quid des retraites actuels ? Ils n auront pas eut le temps d epargner pour une capitalisation et si vous reduisez leurs retraites, ils vont hurler

    PS: l auteur oublie la demographie: nous faisons face a un papy boom. les classes d ages du baby boom deviennent retraitées et nous avons une augmentation massive du nombre de retraités

    • Objection recevable seulement si on considère qu’un changement ne peut pas être réalisé autrement que d’une manière non modulée dans le temps, et en plus que l’endettement créé par un changement de paradigme n’est pas un investissement de long terme .

      • Comment voulez vous moduler ?
        Deja la demographie fait que meme si vous n augmentez pas les pensions, le montant global a payer augmente (plus de retraités qui en plus touchent des pensions plus elevees (les retraites qui decedent sont en generla plus pauvre))
        Apres si vous voulez que le systeme soit accepté, il faut que ca soit sensible sur la feuille de paie. si vous baissez les taxes de 1 € personne ne va changer quoique ce soit
        donc si vous baissez sensiblement les taxes et que de l autre cote le nombre de retraités augmente, je vois pas comment vous allez maintenir le montant des pensions. Vous aurez a choisir entre les vieux (maintenir les pensions en taxant plus ou faire du deficit) ou les jeunes (baisser les pensions)
        Vu le poids electoral des retraités, pas difficile de dire ce qui sera choisit

    • La transition n’est pas forcément simple, mais la capitalisation permet de sortir du mythe de la conservation des euros. Un euro épargné, s’il n’est pas fiscalement matraqué, donne dans les 2.5 euros, voire plus, au moment de la retraite vu la croissance « intrinsèque » des fonds capitalisés. Donc, si vous épargnez 1 euro chaque mois d’une carrière de 40 ans, vous pourrez toucher 2.5 euros chaque mois d’une retraite de 40 ans. En fait, plus encore vu que la capital continue à fructifier. Le problème est de payer les retraites de ceux qui n’auront pas eu le temps de profiter de cette multiplication faute d’être sortis du monopole de la répartition. Quant à la démographie, raison de plus pour cesser de mettre une trop grande part des retraites à la charge des actifs par la répartition.

      • pas faux, mais comment faire si comme vous l ecrivez il faut attendre 40 ans … Ce qui veut dire qu il faudra pendant 40 ans taxer fortements les actifs afin de payer les pensions de ceux qui n ont pas capitalisés. Comment les actifs actuels vont pouvoir capitaliser si l etat doit les ponctionner massivement pour payer les pensions des retraites de 2020 ?

        • Pour en sortir, il faut séparer la part « vitale » de la retraite, qu’on laisse à la répartition, et tout ce qui est complémentaire pour lequel on offre une possibilité de capitalisation. Il faut aussi jouer sur l’assurance-vie, en offrant plus de facilités pour passer son assurance-vie en rente viagère personnelle. A noter aussi que les jeunes travailleurs ne sont pas ceux qui paient les plus grosses charges, leurs revenus étant encore modestes, et que leur offrir une possibilité de capitalisation ne compromet pas tant que cela le régime actuel.

    • Et accessoirement peut-être remettre plus de gens au travail…des cotisations moins élevées avec plus de monde au travail ça revient au même ,voir surement mieux,que des charges élevées sur peu de monde au travail …on pourrait essayer ,mais c’est trop simple .

      • vous allez faire comment pour remettre plus de gens au travail ?
        Une partie des emplois sont parti a l etranger et ne reviendront pas (trop cher ici, on parle pas de 10-20 % mais de 50 % en plus)
        Une partie des emplois n existent simplement plus : qui a encore besoin de dactylo en 2020 ?
        Une partie des emplois n ets plus viable car tout le reseau de sous traitant a disparu. c est probablement le pire cas. A quoi bon par ex monter une usine ici si toutes les pieces viennent de chine. Vous avez non seulement les couts francais mais en plus les inconvenients de la distance. Votre concurrent chinois peut se faire reaprovisionner dans la journee. Vous, il vous faut attendre 1 mois (le temps d envoyer un container)

    • Ils n auront pas eut le temps d epargner pour une capitalisation et si vous reduisez leurs retraites, ils vont hurler

      Quoi que l’on fasse, cela va hurler. Mais bien plus encore avec la répartition. La transition peut être progressive. Et rien n’empêcherait de commencer dès aujourd’hui, sans attendre une seconde.
      L’obstacle, ce sont les individus au pouvoir.
      Et rien n’oblige à tout chambouler et de mettre 90% des retraités au minimum vieillesse du jour au lendemain.
      Un bon système est un système avec 3 piliers, dont un assurantiel et un autre strictement privé.
      Mais voilà, ce pays adore mettre des fêtards queutards au pouvoir plutôt que des gens efficaces.

  • La véritable capitalisation n’est pas collective.

  • et se séparer d’un à deux millions de fonctionnaires*, malgré toute la peine que cela nous procurerait ? Ce serait 10 fois le poids des charges sociales mal fagotées, il en resterait même un peu pour diminuer voire effacer notre dette.
    Seuls les « régaliens » resteraient en poste . . .
    Ceux qui croient que les « riches » rapporteraient plus se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude !
    *à 3,6 millions d’€uros en moyenne pour l’ensemble de leur carrière.

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