Arrêt des investissements dans les énergies fossiles : une stratégie conduisant au chaos !

Blackrock a été vandalisé par des activistes en herbe qui manquent visiblement de connaissances sur le sujet des énergies fossiles.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Oil derrick by verifex(CC BY-NC 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Arrêt des investissements dans les énergies fossiles : une stratégie conduisant au chaos !

Publié le 17 février 2020
- A +

Par Philippe Charlez, expert en questions énergétiques à l’Institut Sapiens.

À l’appel des collectifs Youth for Climat et Extinction Rébellion quelques dizaines d’activistes écologistes dont certains encagoulés ont envahi puis mis à sac le siège français de l’investisseur américain BlackRock le 10 février dernier. Du mobilier et du matériel informatique ont été dégradés et des violences ont été commises à l’encontre de la responsable sécurité. Comme souvent, aux slogans écologistes « notre planète, votre crime » se sont mêlés des slogans à consonance marxiste « Écologie libérale, mensonge du capital ». 

Nous ne commenterons pas la forme utilisée par les activistes. Une forme condamnée par la plupart des autorités mais cautionnée par certains hommes politiques irresponsables comme le secrétaire d’EELV, Julien Bayou. Nous nous contenterons de discuter le fond.

L’investisseur américain s’attire les foudres des militants écologistes parce qu’il continue de financer l’exploration et le développement de nouveaux champs d’hydrocarbures. Or, selon les activistes, pour satisfaire les accords de Paris et accéder à la neutralité carbone 2050, les réserves de pétrole et de gaz en cours d’exploitation suffisent largement.

La recherche et le développement de nouveaux sites d’extraction étant inutiles, les compagnies pétrolières doivent immédiatement arrêter les investissements dévoués à de nouveaux projets et prévoir l’arrêt progressif et définitif des sites d’extraction. Cette stratégie qui de premier abord pourrait sembler cohérente a-t-elle pour autant un sens ?

Nos activistes en herbe semblent tout d’abord ignorer les tendances actuelles. Ainsi, en 2018, malgré 332 milliards de dollars investis dans les énergies renouvelables, ces dernières n’ont couvert que 18 % de l’accroissement de consommation contre 71 % pour les énergies fossiles. Tant en contenu qu’en évolution, la croissance économique continue de reposer sur les énergies fossiles. En absolu, le mix mondial augmente son contenu carbone et s’éloigne du chemin vertueux envisagé lors de la COP21.

Par ailleurs, en tamponnant sans regard critique leur scénario simpliste, ils confondent « zéro hydrocarbures » et « neutralité carbone ». Or, tous les scénarios sérieux comme le « Sustainable Development 2°C » de l’AIE conduisent en 2050 à un mix énergétique contenant encore 50 % de fossiles. Pour accéder à la neutralité carbone l’AIE mise sur le CCUS (Carbon Capture Storage & Utilization).

Mais même en admettant que par la contrainte ou la taxation nous parvenions à l’horizon 2050 à satisfaire le zéro fossile, la stratégie consistant à arrêter le développement de nouveaux champs est-elle pour autant crédible ?

Pour le pétrole, l’objectif demanderait de réduire la consommation de 4 % par an. Les réserves prouvées actuelles (1700 milliards de barils) seraient effectivement largement suffisantes pour couvrir la queue de consommation, le déclin de 4 % conduisant à une consommation cumulée de seulement 624 Gbbls entre 2017 et 2050. Le solde, soit plus de 1000 Gbbls, serait alors laissé en terre.

Mais en raisonnant de la sorte nos jeunes activistes amalgament de façon très naïve réserves et production. Ils ignorent notamment que les champs actuellement en production1 déclinent en moyenne de 6 % par an. Un déclin naturel contrôlé grâce à la découverte puis la mise en production de nouveaux champs.

Autrement dit si on se contentait aujourd’hui de vivre sur la production des champs existants et que l’on arrêtait toute exploration et tout développement un calcul simple montre qu’avec un déclin de 4 % par an nous assisterions à une rupture d’offre dès 2025.

Une rupture qui engendrerait une augmentation incontrôlée des prix avec toutes les conséquences sociétales et géopolitiques imaginables. N’en déplaise à nos jeunes activistes nous n’avons pas le choix : neutralité carbone ou pas il faudra encore investir dans l’exploration et le développement d’hydrocarbures durant de nombreuses années.

Rupture offre demande en cas d’arrêt d’exploration & de développement

  1. Son potentiel 2018 était de l’ordre de 100 millions de bbls par jour.
Voir les commentaires (22)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (22)
  • selon beaucoup d’écologistes les investisseurs doivent être stupides..
    quoi donc, le solaire et l’éolien sont moins rentables?
    quoi donc ils n’existent que parce qu’ils sont subventionnés?

    on ne doit pas tant discuter de leurs gestes que de l’écho que ces gestes ont dans les médias et sans doute parmi leur parents..

    les fossiles ne sont pas le sujet..comme la « défenses de l’environnement  » n’est pas le sujet..
    c’est l’idéologie et le pouvoir.

    quasiment rien de ce que disent les écologistes ne tient la route, rien n’est cohérent .et la majeure partie du discours est m^me dépourvu de sens.. »sauver la planete ».
    mais ils ont compris plusieurs choses..il faut être présent sur les médias diffuser en continu des informations qu vont dans le sens de la cause, et s’appuyer sur le militantisme des chercheurs et des journalistes qui ne font pas leur boulot de recherche de la vérité.
    important est la victoire politique, il faut imposer des trucs..

    l’utilisation d’adolescents permet à de lâches parents militants de ne pas assumer personnellement outrance, hypocrisie et incohérence du discours..
    greta thunberg disant que NOUS lui avons volé son enfance…

    vous n’aimez pas le pétrole… boycottez le…

  • Et nos « amis » écolos sont sans doute trop bêtes piur savoir que Blackrock investit aussi dans les ENR…

    • Ils s’en fichent, ce n’est que le prétexte. C’est le fond de retraite par capitalisation qui était l’objectif véritable! Ne pas oublier qu’ils sont en fait communistes, l’écologie n’est qu’un masque.

      • Ne mélangez pas tout. Les communistes sont productivistes. Eux sont plutôt décroissants…

        • Les communistes sont surtout et avant toute autre chose totalitaires, leur « productivisme » (tout relatif, cf les queues en URSS ou au Venezuela) n’est qu’une excuse pour vendre au peuple la perte de sa liberté.

          • S’il s’agissait de passer de la case « écologisme » à la case « totalitarisme », c’était pas très futé de passer par la case « communisme », complètement hors-sujet, ce qui dénote une méconnaissance totale des grandes idéologies politiques du 20eme siècle.

  • La fin des hydrocarbures est une réalité, un jour où l’autre le pétrole sera inabordable…. Enfin, on a encore de longues années avant cet évènement… 20 ans 30 ans 5 ans ?

    • D’après les pétroliers 30 ans sans compter les nouvelles découvertes possibles en Arctique, mer de Chine, Alaska et Canada!

      • Plus tout ce que l’on connait et qui n’est pas exploité pour des raisons politique (Guyane, gaz et pétrole de schistes entre autres) sans compter avec le progrès des techniques d’extraction qui rendra rentable l’exploitation de sites aujourd’hui non exploités .

      • @Virgile
        Mais ça, c’était la réponse qu’on enseignait il y a 50 ans dans les écoles d’ingénieurs !

    • Il y aura les hydrocarbures de synthèse. On sait faire, et on saura de mieux en mieux le faire.
      Et c’est bien plus pratique que de transporter 2 tonnes de batteries inutiles qui ne demandent qu’à prendre feu.
      Si l’on croit à la technologie pour les batteries, pourquoi pas à la technologie pour les nouveaux carburants ❓

  • À l’université d’Oxford des activistes rouges ont sommé l’université de vendre ses investissements dans BP et Shell. La réponse de l’économe Andrew Parker fut incroyable:
    « Je ne suis pas en mesure d’organiser un désinvestissement à très court terme.
    Mais je peux faire en sorte que le chauffage central au gaz du collège soit coupé avec effet immédiat.
    Veuillez me faire savoir si vous soutenez cette proposition ». »

    .
    Certains étudiants ont parlé de « provocation », là encore la réponse fut cinglante:
    .
    « Vous avez raison de dire que je suis provocateur, mais ce que je provoque, c’est de la clarté dans une réflexion, du moins je l’espère.
    Il est trop facile de demander aux autres de faire des choses qui ne vous coûtent rien personnellement. La question est de savoir si vous et les autres êtes prêts à faire des sacrifices personnels pour atteindre les objectifs d’amélioration de l’environnement (que je soutiens en tant qu’objectif) « 

    .
    Le Wall street journal a conclut l’article au vitriol par ceci:
    .
    « Quand la plupart des gens pensent à Oxford, ce qui leur vient à l’esprit sont des images d’esprits brillants débattant de la physique quantique ou de l’existence de Dieu. Mais même les plus intelligents ont parfois besoin d’une leçon de bon sens.
    On voit ici un fil rouge chez les militants du climat, qui insistent si souvent pour que les autres changent radicalement leur mode de vie alors qu’eux-mêmes ne font rien.
    Les célébrités sont les pires dans ce genre de dialogue, prenant des avions privés à travers le monde pour dire aux autres – ceux qui ont moins de chance qu’elles – de réduire leur empreinte carbone. »

    (© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.)

  • S’il n’y avait que sur les énergies fossiles! Mais leur ignorance est générale, en particulier en matière scientifique. Et d’une totale imbécillité!

    • Ce n’est pas de l’ignorance malheureusement . Essayez e trouver le baratin de ste greta en Espagne, c’est édifiant . Ces sous merdes veulent la disparition de l’occident qui a eu l’outrecuidance de les foutre dehors, eux et leurs belles idées qui ont causé 100 millions de mort .

  • En quoi le chemin engagé par la Cop21 est-il « vertueux »?
    En tout cas, pas pour les populations.

    • Pour ceux qui s’en mettent plein les poches, sans doute 😉

    • Ni pour la planète… Des centaines de milliards sont jetés dans des « solutions » polluantes qui ne servent strictement à rien et ces sommes manquent pour faire de la vraie écologie à tous les niveaux. Technologies et sciences subissent le même gaspillage de ressources, c’est une catastrophe.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Avant l’exploitation du pétrole et de ses dérivés (1859), la production industrielle d’électricité n’existait pas (début vers 1870), … et ne pouvait pas exister.

Aujourd’hui, sans pétrole et la pétrochimie qui en découle, il serait impossible de produire de l’électricité !

Et ce sera encore le cas dans un futur lointain.

 

La poule et l’œuf

La première dynamo à courant continu date de 1871, la lampe à incandescence de 1879, et les premières centrales hydroélectriques de 1880.

Tous les composants des moy... Poursuivre la lecture

Depuis le début du mois de juillet 2023 les prix des carburants sont largement repartis à la hausse, le SP95 passant en un mois de 1,81 euro à 1,93 euro. Il se rapproche ainsi de la limite symbolique des deux euros, qui, selon toute vraisemblance, devrait être atteinte à l’automne.

La raison principale invoquée dans les médias est celle du prix du baril de pétrole qui depuis fin juin s’est réenchéri de 11 % passant de 75 dollars à 85 dollars. Cette hausse rapide est liée d’une part à une demande très soutenue des pays du sud-est asiati... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles