100 000 euros pour un logement : Griveaux va faire monter les prix à Paris !

Le dicton boursier « Tout ce qui est soutenu a vocation à s’écrouler » s’applique aussi à l’immobilier.  Aussi, ce soutien encadré n’apportera aucune solution à la situation désastreuse du logement à Paris.

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Benjamin_Griveaux by NickK(CC BY-SA 4.0)

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100 000 euros pour un logement : Griveaux va faire monter les prix à Paris !

Publié le 10 février 2020
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Par Pascal Beuvelet.

Un des volets du projet de Benjamin Griveaux candidat à la mairie de Paris c’est le co-financement à hauteur de 100 000 euros proposé à 20 000 candidats acquéreurs de la classe moyenne, des couples avec un enfant, disposant ensemble de revenus de 6000 euros par mois.

 

Inflation par l’accentuation de l’écart entre l’offre et la demande

C’est un budget de deux milliards d’euros qui sera consommé en six ans, et dont les coûts de gestion et accompagnement des pétitionnaires à l’acquisition est totalement inconnu.

Il s’agit de générer artificiellement une demande de plus de 3300 logements par an. Or à Paris, en 2019, le nombre de ventes immobilières a été de 45 000. Dès lors, ces 3300 candidatures à l’apport personnel représentent 7,41 % de l’offre de vente. Il est indiscutable que ce déséquilibre dans un marché d’offre déjà étroit va avoir un effet inflationniste sur les prix.

Pire, cette demande strictement encadrée et élitiste va obligatoirement se porter sur la catégorie très ciblée des logements de 50 à 70 m2. En effet, avec 6000 euros de revenu net il est possible d’emprunter 443 000 euros sur 20 ans ou 513 000 euros sur 25 ans. Si vous ajoutez 100 000 euros d’apport à cette somme vous disposez d’un budget de 543 000 ou 613 000 euros hors frais de notaire et frais de garantie.

Lorsqu’on sait que le prix moyen à Paris est de 10 000 euros par mètre carré, il est clair que la cible est bien celle recherchée par le plus grand nombre, les appartements de 50 à 70 m2. Forcément leurs prix vont monter, et s’ils sont trop régulés l’opération sera un coup d’épée dans l’eau !

 

100 000 euros, une aubaine pour les vendeurs !

Ne vous y trompez pas, et c’est toujours vérifié, si l’acquéreur d’un bien dispose d’avantages financiers privilégiés, l’équilibre de l’accord entre vendeur et acheteur se fait à un prix plus élevé.

N’imaginez pas un instant qu’il puisse en être autrement.

Bien évidemment, nos champions de la réglementation/régulation fixeront des normes, des seuils, des contraintes qui, par nature, laisseront le champ libre aux passe-droits et autres arrangements ainsi qu’il a été constaté dans les attributions de logements sociaux.

 

Les incertitudes juridiques à l’acquisition

Pour pouvoir se lancer efficacement dans la recherche d’un bien, un candidat acquéreur devra nécessairement avoir obtenu un accord de financement de tout ou partie de l’apport envisagé sur la base d’un projet. En effet, j’imagine mal un vendeur contre-signant une promesse de vente avec comme condition suspensive l’obtention d’un hypothétique co-financement à hauteur de 100 000 euros. Tout ça ne promet pas d’être simple.

 

Les incertitudes à la revente

Au moment de la revente, la ville et le financeur réunis dans une foncière se rembourseront de l’apport et capteront une fraction de la plus-value qui sera plafonnée autour de 20 % du prix du bien.

Ce système de résultat envisagé positif présuppose qu’il y aura de l’inflation qui seule peut faire naître les plus-values. Toute la question se posera lorsqu’il s’agira d’acheter un logement plus grand car l’acquéreur ne disposera que de son prix de vente amputé d’une partie de la plus-value et de la totalité du co-financement initial.

Dans le même temps, les prix de tous les logements auront augmenté et je ne suis pas certain, même si les revenus augmentent, que les gains en plus-values constituent alors un apport suffisant pour équilibrer le financement d’une nouvelle acquisition. Retour au point de départ !

 

Conclusion

Le dicton boursier « Tout ce qui est soutenu a vocation à s’écrouler » s’applique aussi à l’immobilier. Aussi, ce soutien encadré n’apportera aucune solution à la situation désastreuse du logement à Paris où seuls 33,1 % des ménages sont propriétaires, alors qu’ils sont 57, 6 % pour la France entière.

Cette proposition strictement opportuniste est purement électoraliste. Une élection, c’est en définitive un marché de dupes entre des voix fournies et des biens et avantages promis en échange. Un système de ventes aux enchères par avance de droits et biens à disposer !

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  • et avec la disparition des impots locaux , ce sont les contribuables de toute la france qui vont payer?

  • Et de toute façon, ce ne sont pas les acheteurs qui manquent mais les vendeurs ….

  • Si Griveaux cherche les voix de ceux qui ont un appartement à vendre à Paris, c’est sans doute une bonne méthode. Entre un crétin qui m’assure 100 000 € de plus sur la vente de mon appartement, une illuminée qui veut bannir mon 4×4 diesel avec pare-buffle en inox et un mathématicien sympathique mais un peu à l’ouest, le choix est vite fait…

    • Vous avez un appartement à vendre, un 4×4 avec pare-buffle et une réticence envers l’ouest… et vous vous croyez représentatif de l’électorat parisien ?

    • Effectivement le Pare-Buffle et les quatre roues motrices sont essentiels pour rouler en première dans un bouchon organisés par quelques greveux professionnels qui défendent leurs privilèges.
      Le Parigot et les autres ont ce qu’ils méritent.

      • Donc, si on habite en ville on doit enlever le pare-buffle pour vous faire plaisir? Vous êtes décidemment un vrai libéral . Doit-on aussi enlever l’attelage?

        • Effectivement le Pare Buffle peut servir d’attelage si on est « En Marche » Arrière,
          En outre il peut servir a Renverser les « Pas- libéraux » et autres qui traversent hors des clous , il est donc très utile aux Parisiens. Habitant a la campagne, ça m’avait échappé ,toutes mes excuses.

      • En France le pare-buffle n’est pas un luxe vue le nombre de veaux…

  • Une élection en France c’est : donne moi un Euro, je te prêterai un Euro.
    6600 électeurs potentiels, voire bien plus du coté des pigeons, le tour de magie est savamment exécuté.
    Quant à l’acheteur, il n’est pas certain qu’une banque lui prêtera pour acheter un appartement plus grand quand il aura plus de 50 ans.

  • On peut aussi laisser l’offre et la demande jouer librement dans un marché aussi peu réglementé que possible. Sans subventions et sans taxes abusives. Mais bien entendu pas en France.

  • Rassurez vous , c’est Dati qui va passer. A moins que le parquet financier, lui fasse le même coup qu’ a F Fillon. C’est sur que Macron y travaille, la méthode commence a être rodée.

    • En soit Dati serait un moindre mal par rapport aux autres candidats. Je crois que c’est la seule qui a parlé de réduire la dette de la ville, son déficit et de ses problèmes de sécurité. Même si ce ne sont que des déclarations, elles sont moins racoleuses et insensés que celles de Griveaux, Hidalgo et compagnie.

  • Donner à des copains 100000 euros d’argent volé dans les « territoires » sous forme de taxes carbones va ressusciter les Gilets jaunes jusqu’à envoyer le siège du gouvernement en province. Ce qui réglera comme par miracle tous les problèmes que posent Paris et que la France n’est plus du tout en état de supporter plus longtemps… Ce n’est pas si compliqué?

  • Ce ne sont jamais eux qui payent la note. Griveaux, c’est de la grivèlerie ?

  • Comment des socialistes peuvent venir nous parler de justice sociale d’un coté et subventionner des gens qui gagne 6000 €/mois me dépasse mais avec ce gens là tout et son contraire est possible, il ne vivent pas dans le monde réel.

    • Le socialisme est une idéologie de gens riches qui se battent pour maintenir leurs rentes, si possible en faisant payer les autres.

  • Vingt milliards, c’est aussi ce que la folle de la mairie propose de claquer.

  • Les commentaires sont fermés.

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