Médicaments : les bénéfices de l’innovation pharmaceutique

Au lieu de s’ingérer encore plus dans le marché du médicament, le gouvernement serait plus avisé d’alléger la sur-réglementation canadienne, qui augmente inutilement les coûts de recherche.

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scary vintage medicines by Nata Luna Sans(CC BY-NC 2.0)

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Médicaments : les bénéfices de l’innovation pharmaceutique

Publié le 8 février 2020
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Par Peter Saint-Onge et Germain Belzile.
Un article de L’Institut Economique de Montréal

Ottawa a le prix des médicaments dans sa mire.

D’une part, des modifications ont été apportées à la méthode de calcul du prix plafond des médicaments vendus au pays. D’autre part, l’idée d’une assurance gouvernementale nationale visant à remplacer les régimes mixtes provinciaux est toujours dans l’air.

Ces politiques publiques malavisées pourraient en fait entraîner une augmentation des dépenses de santé, tout en mettant en péril l’accès des Canadiens aux meilleurs traitements disponibles pour les soigner, montre une publication de l’IEDM lancée aujourd’hui.

Des études réalisées au Canada et aux États-Unis ont montré que les sommes dépensées en nouveaux médicaments engendrent des économies de quatre à cinq fois plus élevées dans les autres dépenses médicales.

« Une augmentation des dépenses en médicaments réduit en fait le total des dépenses de santé en comparaison de ce qu’elles auraient été, par exemple en raison du vieillissement de la population », note Peter St. Onge, auteur de la publication et économiste senior à l’IEDM. « Cependant, le prix du nouveau médicament est plus visible, et il devient une cible attrayante pour les bureaucrates et les politiciens ».

« La contribution de l’innovation pharmaceutique à la santé et au bien-être dans le monde moderne est considérable », rappelle Peter St. Onge. « Une étude de 30 pays portant sur la période de 2000 à 2009 a conclu que l’innovation pharmaceutique est responsable de 73 % de l’augmentation de l’espérance de vie pendant cette période, soit un gain de 1,27 année en seulement dix ans. C’est énorme ! »

Les prix élevés des nouveaux médicaments s’expliquent d’ailleurs par le coût énorme de la recherche. Selon une étude récente, le développement et la mise en marché d’un nouveau médicament peuvent prendre quinze ans et coûter près de trois milliards de dollars américains. De plus, de nombreux médicaments soumis à des essais cliniques ne sont jamais commercialisés : seulement 12 % d’entre eux sont approuvés pour la commercialisation, soit un sur huit.

« Si sept médicaments sur huit ne se rendent pas sur le marché, ces sept échecs doivent être payés par les profits du seul médicament qui y arrive. Malgré les accusations faciles de prix abusifs, ces médicaments demeurent précieux pour les patients qui en font usage et qui voient leur vie améliorée », souligne de son côté Germain Belzile, chercheur associé senior à l’IEDM et collaborateur à la publication.

La recherche pharmaceutique est particulièrement sensible à la baisse des prix. Une étude récente estime qu’une baisse de 100 dollars des revenus des fabricants de médicaments est associée à une baisse de 58 dollars des dépenses de recherche. Étant donné que la recherche accapare 18,7 % des revenus des fabricants de médicaments, une telle relation suggère qu’une baisse des prix de seulement 16 % pourrait réduire de moitié la recherche pharmaceutique, tandis qu’une baisse du tiers pourrait – du moins en théorie – l’effacer complètement.

« Au lieu de s’ingérer encore plus dans le marché du médicament, le gouvernement serait plus avisé d’alléger la sur-réglementation canadienne, qui augmente inutilement les coûts de recherche. Au minimum, Ottawa doit s’abstenir d’aggraver la situation, ce qu’il ferait en nationalisant l’assurance médicaments ou en empêchant davantage les prix canadiens de refléter la réalité de ce marché essentiel pour notre bien-être à tous », conclut Peter St. Onge.

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  • Le probleme de la recherche pharmaceutique c’est la durée du brevet sur une molécule…
    Au final peu de molécules sont véritablement « innovantes ».. dans la plupart des cas il s’agit de spécialités réaménagées ou re associées a d’autres principes actifs afin de renouveler les brevets..
    Il serait plus intelligent de considérer les molécules nouvelles aux résultats significatifs , de leur conférer une protection brevetée plus étendue dans la durée de façon a étaler le coût de la recherche..

    Tout le probleme reste la définition de « résultats significatifs » et des instances capables de les déterminer , genre FDA aux usa..
    et çà..

    • Moui… mais… une molécule détournée, réaménagée, ou administrée conjointement avec autre chose, de manière différente, autre dosage, etc, peut donner des résultats tout à fait supérieurs. De même que certains médicaments dont l’efficacité était faible, mais rentable, ont été abandonné dans le cadre de leur but premier pour devenir médicament contre autre chose en exploitant leurs effets secondaires !
      Et comme vous dites, « résultats significatifs » est délicat à définir. Pas besoin par contre d’aller chercher la FDA, nos instances européennes et nationales font très bien le boulot.
      Pour rappel, aux USA, le prix des médicaments sont beaucoup plus élevés que en Europe, et le budget santé du gouvernement américain engloutit 17% du PIB contre une moyenne de 9% dans l’OCDE.
      Et dernière chose, on parlait dernièrement de loi du marché dans le cadre des masques, favorisant l’entrée de nouveaux acteurs et in fine faisant baisser les prix. Je me demande pourquoi l’insuline, qui coûte 3X rien dans nos pays coûte au contraire des centaines de dollars aux USA.

      •  » nos instances européennes et nationales font très bien le boulot. »
        oui les procès Servier , Sanofi en attestent..
        mouarff

      • ce’st quand la drire fois ue vous etes allé aux USA?

        • « derniere fois que »

          • Pour Servier et Sanofi, ils ont fraudés, c’est pas pareil.
            Les instances de régulation du médicament font du bon boulot en Europe, bien sûr elles pourraient être plus strictes en remontant les seuils d’acceptabilité dans le cadre du principe de précaution (parallèle intéressant à faire avec le principe de précaution dans d’autres domaines, non ?). Pas sûr que les tenants du marché libre à tout crin s’en réjouissent. Certains voudraient que le consommateur lambda ait fait 7 ans de médecine et 10 ans de spécialisation pour décider soi-même de ce qui est bon pour lui.
            Concernant, les USA, j’y ai été en 2011, à San Francisco
            Et concernant les USA et l’industrie pharmaceutique, un article intéressant : https://www.lefigaro.fr/flash-actu/usa-4-geants-pharmaceutiques-evitent-un-proces-historique-sur-les-opiaces-20191021

            • non les labos ont fait des études incomplètes ou des résultats ont étés occultés..
              en ce qui concerne la FDA , celle ci se concentre sur les études depuis la phase un , jusqu’à l’AMM sur dossier, elle controle les résultats pendant toute les études et participe a l’élaboration des protocoles..
              rien de tel en france ou en europe , ou les résultats sont certifiés par le pharmacien de l’entreprise..

              pour les opiacés l’usage en a été détourné, mais on sait que les procès aux usa finissent toujours par des sommes fabuleuses engraissant les cabinets d’avocats habile a faire valoir leurs arguments..avec une justice spectacle..
              St francisco est une ville fabuleuse , ne pas oublier Sausalito, et nappa valley ;)) ou les « shrimps in a bucket » au pier 39 fischerman warf
              ;))

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