Non, les managers ne sont pas des nazis !

Mais comment se fait-il qu’il faille le rappeler ? Sur le dernier livre de Johann Chapoutot.

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Charlie Chaplin in The Great Dictator By: Cassowary Colorizations - CC BY 2.0

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Non, les managers ne sont pas des nazis !

Publié le 30 janvier 2020
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Par Olivier Sibony.

Il fut un temps où, pour critiquer le management, il suffisait de rappeler ses origines américaines. L’historien Johann Chapoutot a trouvé mieux : dans Libres d’obéir : Le management, du nazisme à aujourd’hui, il soutient que « le nazisme a été un grand moment managérial et une matrice du management moderne ». « L’étude de cas » qu’il propose à l’appui de cette thèse retrace le parcours d’un ancien officier SS, Reinhard Höhn, devenu, après-guerre, le directeur d’un centre de formation au management en RFA.

La charge se veut féroce, elle est grossière. Chapoutot prend bien, dans son introduction, quelques précautions oratoires ; mais son message est clair : il existe une continuité, voire une filiation, entre le « management » nazi et la pratique moderne du même nom. Évidemment, cette thèse néglige totalement les finalités de la pratique en question. Que le « management » soit mis au service du Reich ou de la gestion d’un supermarché semble secondaire.

Comme tout ce qui est excessif est insignifiant, on pourrait se contenter d’ignorer cet essai. Pourtant, l’accueil que lui fait la critique est (à d’heureuses exceptions près) positif, voire sans distance. Enfin, lit-on partout, la vérité éclate sur le management, non seulement utilisé, mais « inventé » par les nazis.

Le livre agit en fait comme un révélateur de plusieurs travers fréquents en France quand on parle de management. Pour cette raison, il mérite le type de critique détaillée qu’on préférerait, d’ordinaire, consacrer aux livres qu’on apprécie.

Tout et n’importe quoi

Premier problème de ce livre : la confusion.

Ce que Chapoutot nomme « management », c’est en réalité une idée élémentaire : celle de délégation de responsabilité. Il faut attendre l’épilogue du livre pour que son parti pris se révèle, mais il est limpide : le problème commence dès lors qu’« un agent X doit exécuter une tâche définie par un supérieur Y – quelles que soient les modalités de cette exécution, et quels que soient les caractères de la relation entre [eux] ». Dans toute forme de salariat, soutient donc Chapoutot, les agents en question sont « réifiés », « disciplinés et considérés comme de simples facteurs de production ».

Chapoutot est libre, bien sûr, de critiquer radicalement toutes les formes d’organisation productive apparues depuis la révolution industrielle. Ce faisant, il oublie que l’infrastructure la plus élémentaire de notre société n’existerait pas sans des organisations où « un agent X exécute des tâches définies par un supérieur Y ». Soit : il n’est, après tout, pas un historien de l’économie. Mais la généralité de sa critique ne l’autorise pas à choisir, dans la longue histoire du capitalisme, les deux points qui l’intéressent – le nazisme et le management contemporain – pour prétendre déceler une forme d’identité entre les deux.

Repeindre l’adversaire en brun pour le disqualifier

Cette confusion se révèle dans des contorsions sémantiques intéressantes. Ce que les nazis appellent Menschenführung (conduite des hommes) est pour Chapoutot une simple germanisation du concept de « management ». Cela ne saute pas aux yeux, c’est le moins qu’on puisse dire (allez voir ce qu’on enseigne dans une école de management : la « conduite des hommes » n’en constitue pas l’essentiel). En somme, Chapoutot recourt à un procédé bien connu, celui de l’épouvantail : il repeint son adversaire – le management, et plus largement le capitalisme – aux couleurs brunes de son domaine d’expertise – le nazisme.

Acharné qu’il est à discréditer le premier, il court le risque de banaliser le second. Citons par exemple le passage où Chapoutot compare longuement son personnage central à Josef Mengele : « l’un exerce ses talents et épuise son ambition en torturant des jumeaux, l’autre crée et analyse des concepts juridiques ». Le parallèle, en effet, saute aux yeux… Et puisqu’il n’est question que de la méthode et non de ses fins, cherchez le mot « extermination » : il n’apparaît pas une fois dans le livre. Par rapport à l’importance du « management » nazi, ses finalités seraient-elles un « point de détail » ?

Le manager, c’est le diable

Deuxième problème : la diabolisation.

Chapoutot pense le management comme une méthode de domination, qui permet de soumettre la « ressource humaine » indépendamment des buts poursuivis. N’importe quel praticien du management (sans même parler des théoriciens) sait que l’adhésion à un projet est la condition de tout management, dans une entreprise comme ailleurs. Et en effet, « obtenir l’assentiment, voire susciter l’adhésion » est une préoccupation constante des nazis, note Chapoutot.

Il aurait donc été intéressant que Chapoutot nous explique à quel projet, à quelle vision adhéraient les 80 millions d’Allemands dont Hitler a acheté l’assentiment. Mais il est, sur ce point, silencieux. Pour lui, semble-t-il, il suffit, pour obtenir ce consentement, de pratiquer le « management », arme de soumission massive.

C’est ce raccourci qui lui permet de comparer très sérieusement les chefs de rayon d’Aldi, ou (dans ses interviews) les cadres de France Telecom, aux nazis. Il n’y a pas besoin d’approuver les méthodes de ces managers pour trouver qu’on perd toute mesure quand on compare Didier Lombard à Himmler.

Même logique (ou absence de logique) quand Chapoutot trouve dans le « choc de simplification » de François Hollande, autre initiative d’essence apparemment managériale, une inspiration nazie : le Führer trouvait son administration bureaucratique, « donc » toute tentative de simplifier l’administration nous renvoie au nazisme. Tout cela serait risible si on ne parlait pas d’un sujet aussi grave.

Pas besoin de comprendre, le mépris suffira

Troisième problème : l’ignorance, réelle ou feinte, de ce qu’est le management en tant que discipline scientifique.

Chapoutot affecte de croire que le centre de Bad-Harzburg, où exerce après-guerre son « héros », est un temple du management moderne. Il le compare sans hésiter à Harvard, parlant même de « synthèse entre HEC et l’INSEAD ».   

C’est, en réalité, un centre de formation continue pour cadres intermédiaires. L’auteur souligne, sans doute à juste titre, l’indigence intellectuelle des contenus pédagogiques qu’on y produit. Étrangement, cela ne l’empêche pas de prétendre que le « modèle de Bad-Harzburg » est « devenu totémique dans le monde académique ». Une telle assertion serait facile à étayer, si elle était exacte. Höhn a-t-il été traduit ? A-t-il participé à des conférences ou à des congrès hors d’Allemagne ? Ses articles sont-ils publiés dans des revues de référence ? Sont-ils cités par d’autres chercheurs ?

En management, comme dans d’autres domaines, ce sont là les clés de la reconnaissance académique. Chapoutot ne peut pas ne pas le savoir. Mais il ne répond pas à ces questions, soit parce qu’il ne les a pas étudiées, soit, sans doute, parce que la réponse affaiblirait son réquisitoire. Il présente ainsi le nombre des stagiaires de l’école (600 000) comme un gage de son rayonnement académique, plutôt que comme ce qu’il est : le signe de son médiocre niveau.

On n’imagine pas un historien de la littérature critiquant l’enseignement des humanités dans les années 1960 en passant en revue les manuels de dactylographie de l’école Pigier. Mais quand il s’agit de management, ça passe : même Le Figaro s’est laissé berner par Chapoutot, et écrit que Bad-Harzburg était « la principale école de commerce ouest-allemande ».

Quelle ignorance, et surtout quel mépris !

Tout ceci ne serait pas possible sans un dernier travers, le pire : un mépris intense, qui suinte à toutes les pages, pour le management et ceux qui le pratiquent.

Qu’ils soient coupables d’un « mensonge fondamental » ou victimes d’une « aliénation certaine », tous les managers sont, pour Chapoutot, également médiocres.

Un seul exemple : son héros, qui a eu sous le Reich une carrière assez médiocre, devient un « professeur impressionnant pour ces cadres du privé ». Comment est-ce possible ? il « avait tout pour s’imposer dans un milieu économique et managérial où les grands esprits ne forment pas la majorité de l’espèce. » Manifestement, Chapoutot estime que le niveau intellectuel était plus soutenu dans la Waffen SS. On ne peut que lui suggérer, pour ses prochains livres, de s’y cantonner.

Qu’est-ce, en vérité, que le « management », à part un épouvantail auquel quelques journaux sont heureux de voir Chapoutot accrocher des épaulettes à croix gammée ? Ce n’est, évidemment, ni une création du IIIème Reich, ni l’invention de quelques formateurs dans la RFA mal dénazifiée des années 1960. En revanche, même si certains choisissent de l’ignorer, c’est bien une discipline scientifique qui mobilise des milliers d’enseignants-chercheurs dans le monde.

Et c’est, surtout, une pratique quotidienne pour des millions d’hommes et de femmes, justement fiers de ce que des méthodes managériales leur permettent chaque jour d’accomplir, dans le secteur public comme dans le secteur privé, au service de causes importantes. Rien d’important, ni dans une grande entreprise, ni dans une administration, ni dans une ONG, ne s’accomplit sans management.

Il y a certainement, parmi celles et ceux qui « managent », des maladroits, des imbéciles, et des brebis galeuses. Mais des nazis ? Non. Et dans leur immense majorité, ils méritent le respect. Il est assez navrant, en France et en 2020, qu’il faille le rappeler.

Johan Chapoutot, Libres d’obéir : Le management, du nazisme à aujourd’hui, Gallimard, 2020.

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  • c’est l’éternel arbre a singe
     » le chef des singe siège en haut de l’arbre , vue de là
    tous les autres singes sont des incapables ils ne savent pas grimper..
    tous les singes qui sont dessous quand ils regardent vers le haut ils ne voient qu’un trou du cul »
    proverbe africain

  • ça participe au « bagage » des gauchistes qui sont incapables de répondre à une question simple mais vous dirige vers un bouquin ou un autre …

    ça les rassure…

  • une cible de plus de la déconstruction en cours : le manager . business as usual chez les extrême gauchistes, qui bien sûr installeraient une bonne vielle dictature s’ils en avaient l’occasion , mais chut c’est le camp du bien

    • le gauchistes quand ils tâteront du « commissaire politique » en lieu et place de leur manager…verront la difference

    • Vous oubliez les libertariens (de droite et de gauche) :-).

      Pour la dictature, nous pouvons nous tourner vers Saint Friedrich Hayek qui a écrit : « As long term institutions, I am totally against dictatorships. But a dictatorship may be a necessary system for a transitional period. […] Personally I prefer a liberal dictatorship to democratic government devoid of liberalism. My personal impression – and this is valid for South America – is that in Chile, for example, we will witness a transition from a dictatorial government to a liberal government ».

      Sinon sur l’article en lui-même, ben euh… j’aurais préféré un article qui parle d’un bon livre plutôt qu’une critique d’un livre lambda dont on se fout.

      • la démocratie sans limite est vite une tyrannie..

        donc oui on peut mettre en balance sinon dans le même panier dictature libérale et démocratie non libérale..

        une démocratie illibérale peut juger sans principe et littéralement lyncher;..elle peut spolier sans honte elle peut tout..

  • on reconnait les managers dans les commentaires, ils se défendent rapidement ^^ ……..un constat simple d’un simple éxécutant ,beaucoup de managers sont des charlots, des petites gens qui aiment détenir un pouvoir sur leurs équipes et qui abusent de celui ci …je ne parle même pas de la fonction publique ou ces managers sont de vrais trouillards et qu’ils participent activement à cette haine étatique des libéraux.

    • @dekkard attaque ad hominem sans aucun élément de preuve. Oui il y a de mauvais managers et il y a aussi de mauvais « managés » . Une fois dit ça le manager est une nécessité. Regardez l’eau chaude couler dans vos robinets tous les jours que dieu fait, sans interruption, à qualité égale pour vous en convaincre, on ne réfléchit pas assez le miracle quotidien de bonne collaboration humaine que cela représente; miracle que sont incapables de produire les pays moins efficients. Le problème délicat est de sélectionner les « bons » managers , ceux qui sont leaders et apportent une valeur ajoutée (organisation, sens, protection) et pas les « petits chefs » qui tirent jouissance de leur pouvoir aux dépends des « managés ».

      • on est d’accord, et je n’ai jamais dit qu’il n’en fallait pas ..et pour ce qui est des éléments de preuve, j’ai travaillé et je travaille entouré de managers …et malheureusement j’ai connu plus de mauvais que de bons, mais je vous rassure j’en ai connu quelques uns que je respectais

    • Un constat tout aussi simple d’un simple exécutant qui a été manager et n’a pas tout aimé dans le job : des managers sont des charlots. Ceux-là, dans le privé, à moins d’exceptionnelles compétences politiques (ça existe aussi), ils se font griller assez vite.
      Et d’autres ne le sont absolument pas et ont de vraies qualités humaines qui font que c’est un plaisir de travailler avec eux (et certainement pas « pour eux », quand on est adulte on ne travaille pas « pour » un manager ou un autre, on travaille ensemble).

      • je ne suis pas sûr que les mauvais soient systématiquement évincés, pour preuve mon licenciement économique..(il y a fort à parier que leur incompétence n’est pas pour rien dans nombre de liquidations d’entreprises)

      • Non c’est le problème très français en société privée ou publique, on ne sait pas facilement se débarrasser des mauvais managers. Le droit du travail les protège beaucoup trop. Déjà même la détection du mauvais manager est pas si facile que ça. A haut niveau, cela empire en création de baronnies qui peuvent tuer une boite (exemple Alcatel ou encore l’Education Nationale).

    • @dekkard
      « manager » en france c’est un gros mot.. « petit chef » a la rigueur.. et encore

      • manager c’est un métier, çà s’apprend.. pas comme en France ou on fait avec d’excellents techniciens de mauvais « managers »
        le management , nécessite un savoir ajouté a des qualités humaines évidentes , çà commence dans la cour de recréation , ou il y en a un qui dit a quoi on va jouer et tous les autres le suivent.. c’est d’abord celui là qu’il faut détecter et former..
        au début on vous paye pour ce que vous savez faire
        un jour on vous paye pour qui vous savez etre..
        c’est celui là le manager

        • je suis d’accord avec vous , je pense foncièrement qu’en France on forme de mauvais managers, ou alors ils sont bien formés mais subissent eux-mêmes une sorte de lavage de cerveau qui les rend moins performants , trop d’Etat? trop d’influences de directions ? à creuser.

          • le probleme est celui que j’évoque maladroitement peut etre , mais faire du management impose des capacité naturelles que tout le monde n’a pas et qui ne sont pas le fait de diplômes , mais de la complexité de l’être, dont le leadership naturel ..la présence etc..
            tous les hommes ne naissent pas égaux ,

        • Il y a le principe de Peter pour les techniciens qui passent manager qui joue beaucoup, mais les gens qui sortent d’école de management c’est souvent bien pire en fait car hors sol, souvent formé à la mode américaine ou anglaise sans être adapté à un pays aux moeurs différents.

    • Peut-être, mais la bêtise est très bien distribuée parmi … nous tous et donc parmi les managers. Quelques managers incompétents ne rendent pas le management inutile ou pervers. Raison de plus pour étudier et améliorer le sujet.
      Un principe n’est jamais abordé, il est pourtant central dans ce sujet : le respect. Le manager doit s’imposer et mettre en place une logique de respect mutuel. Ce n’est pas une faiblesse, mais une condition sine qua none pour que plusieurs personnes acceptent de travailler intelligemment ensemble.
      C’est une valeur toute simple, à la portée de chacun et dont la puissance est énorme voire suffisante. Le reste est du domaine du réglage.

      • c’est vrai le respect ‘est un point essentiel du management…mais comment peut on respecter un manager qui ne sait même pas ce que ses subordonnés font ( ou savent faire) ? à approfondir aussi ..

  • Un pur produit du conditionnement Marxiste universitaire des sciences sociales qui ne se reproduisent qu’entre eux
    Pas beaucoup de diversité dans ce monde de diplômés et diplômants en bolchevisme…
    C’est certainement un qui a eu les meilleures notes aux cours de haine du secteur privé, et auourd’hui ce type transfère son Marxisme aux futurs profs universitaires…..

    • Tout à fait exact. Les nuls qui ont eu leur bac de justesse se tournent tous vers des études de sociologie et autres sinécures de même genre, qui ne sont pas de la science puisque, comme le prouve ce rigolo marxiste, permettent de dire n’importe quoi, et trouve des imbéciles pour trouver cela valable! Piketty en est un autre exemple! Le monde réel a démontré que le socialisme est une ineptie, ce qui ne l’empêche pas de prétendre le contraire!

  • à l’usine ou je travaillais en mes vertes années , les ouvriers les appelez  » les lèches culs « ….par jalousie ou par dérision ? point ne le sait ;

    • « les appelaient » ..;)

    • les gens ont toujours eu un problème avec l’autorité ou la hiérarchie ça date pas d’hier.

    • Peut-être par simple réalisme… On retombe sur la question du respect et de la manière dont le manager remplit sa tâche et de celle dont il a obtenu et conserve son poste. Et pour grimper, il vaut mieux bien trop souvent se consacrer à l’image qu’on donne de soi à ses « supérieurs » qu’aux résultats qu’on peut obtenir avec son équipe. C’est sans issue, parce que si on passe trop de temps à faire marcher son équipe, d’autres plus carriéristes auront le champ libre pour prétendre que c’est grâce à eux qu’elle marche…

      • Le mode de promotion joue pas mal aussi. On voit des managers faire déraper leurs projets de +200% et se vanter du coût final lors d’entretiens d’embauche, je vois très peu de CV avec le gain pour l’entreprise.

  • J’ai écouté un peu l’interview de Chapoutot sur France Culture.
    Consternant de parti-pris et de jésuitisme (« non je ne dis pas que les managers sont des nazis mais je le dis quand même »).
    J’ai arrêté d’écouter quand il a dit que les nazis voulaient détruire l’Etat !!!!
    Voilà donc un « spécialiste » qui n’a pas compris ce qu’est le totalitarisme.
    Le niveau baisse !

    • @blondin oui très drôle ! Le postulat de tout gauchisme est « l etat est bon » l etat ne peut être mauvais, s il est mauvais c est qu il est détruit. Le gauchisme a effacé les divinités et a mis l etat à leur place. Il ne s en rendent pas compte . C est tordant.

      • Ouch… Val, svp, un peu de sérieux : vous mettez toute la gauche dans le panier « socialisme étatique », or une multitude de socialisme sont opposés à l’idée d’Etat (Bakounine et Marx notamment).
        La gauche est devenue étatique quand elle a cédé aux sirènes du productivisme.

        • @Pantone désolée j’ignorais . Je ne parlais que des exemplaires que nous avons chez nous . Pouvez vous me dire si ces gauchistes ont eu un existence notoire et tangible dans le vaste monde ?

    • Vu qu’on ne leur apprend plus grand chose à l’école, ils ignorent ce qu’est le Nazisme, qu’ils confondent avec l’anarchisme et l’extrême droite! Chapoutot est un de ces ânes!

  • Rarement lu un tel ramassis de stupidités (le livre, pas le commentaire).

    La gestion des ressources humaines (militaires à l’origine) a toujours fait cogiter les hommes, de Sun Tzu à Napoléon, en passant par Jules César, Genghis Kan ou Charlemagne.
    Rockfeller au XIXème a beaucoup écrit sur la façon de diriger les hommes…

    Seul le mot ‘management’ est moderne.

    Mon ami Artur (sans h), cadre retraité d’une multinationale suisse, a coutume de dire :

     » Führungstalent nennt man die Gabe, den Menschen zu zeigen, daß ihr Bestes etwas ganz anderes ist, als sie gedacht haben.  »

    On appelle ‘talent de manager’ le don de montrer aux gens que ce qu’il y a de meilleur pour eux est totalement différent de ce qu’il pensaient…

    • Tiens, puisque je parlais de Rockfeller:

       » En ce qui me concerne, je paye plus pour la capacité de traiter correctement les gens que pour n’importe quelle autre talent au monde.  »

      Et Theodore Roosevelt (1858 – 1919):

       » Si vous voulez être à la hauteur de votre rôle de dirigeant, vous devez avoir suffisamment de jugeote pour déléguer les tâches aux bonnes personnes – et autant de discipline pour éviter de vous en mêler.  »

      Mais ça n’intéresse peut être pas le Chapoutot, puisque les managers selon lui ne peuvent être que semblables à des « Totenkopf SS  » (J’ai rajouté « Totenkopf » parce que ça fait plus méchant encore; Brrr…)

  • Mise au point indispensable .. pour ceux qui n’ont pas lu le livre.
    Le dogme pousse ceux qui le défendent à se cacher sous une étiquette d' »intellectuel » et donc se permettent tous les raccourcis en trouvant un écho facile parmi les incultes.
    Une autre manière de faire de la fake news et d’alimenter la déconstruction de tout ce qui n’est pas de gauche dogmatique.

  • A noter que le l’association caricature – diabolisation – ignorance – mépris intolérable est typique de la gauche en général.
    C’est pour cette raison qu’elle ne peut avoir raison que par la force.
    La dissociation fascisme/socialisme est par ailleurs parfaitement artificielle.

  • Déjà le terme « management » est utilisé pour ne pas prononcer le mot « commandement », qui est sa signification originale. En France, le gauchisme qui abhorre l’ Armée, les militaires et toute forme de commandement est à l’origine de la mise en place de ce terme anglo-saxon. Il est piquant de constater que les milieux économiques utilisent ce terme, ce qui montre leurs aplatissement devant le gauchisme politiquement correct.

    • Je ne suis pas d’accord, management en anglais ne signifie pas commandement, c’est plutôt gestion!

      • Complètement d’accord. Ici en Suisse romande dans les cours de « management » on prend le sens du mot comme « ménage »
        Ok, ça faite vielle France, peut-être un lien avec nos racines franco provencales mais c’est tout à fait dans l’esprit de gestion !

  • Il y a beaucoup trop d’escrocs dans ce pays qui racontent n’importe quoi dans les media, ou écrivent tel Piketty, à des journalistes totalement ignorants et politisés.

  • Vos socialistes anti-étatiques ont encore plus rarement été au pouvoir que les authentiques libéraux, ce qui les rend anecdotiques.
    Les gens de gauche que je côtoie, et ils sont fort nombreux en salle des profs, ont une grande angoisse, la privatisation des services publics. Or si les choses ne sont pas dans le giron des entreprises privées, où peuvent-elles bien être sinon dans celui de l’Etat ?
    Par contre je vous accorde que l’étatisme n’est nullement une exclusivité de la gauche.

  • Quand on voit avec quel cynisme les préceptes managériaux sont appliqués aujourd’hui dans le monde de l’entreprise, il est difficile de résister à la tentation de dresser un parallèle avec le nazisme. Les sociopathes formés à la pensée managériale qui ont poussé au suicide les salariés de France Télécom ont plus de points commun avec un cadre de la waffen ss qu’avec une personne attachée à la dignité humaine.

    • d’un autre coté quand on connait la couche d’inertie et l’incapacité d’adaptation des personnels sous statut
      a un moment il faut bien devenir exigeant au risque de fermer la boite

      • Dans le cas de France Telecom, l’objectif n’était pas de pousser les salariés à s’adapter aux nouvelles conditions de travail ,mais de les briser psychologiquement pour réduire les effectifs. Leur souffrance psychologique a été occasionnée par le fait qu’on leur a cyniquement imposé des objectifs impossible à réaliser. C’est pour cette raison là que les dirigeants de France Telecom ont du rendre des comptes devant la justice.

        • Pourquoi ça s’appelait « France Télécom » ? Rappelez-moi comment on devenait « manager » à France Télécom… En faisant une école de commerce puis ses preuves en obtenant avec ses équipes de bons contrats à l’export ?

        • désolé mais j’ai été consultant externe chez france Telecom (5 ans).. il a fallu presque doubler les effectifs avec des gens du privé .. pour pouvoir faire face a l’absentéisme , aux vacances aux RTT et aux départs a 17h sans parler de je-m’en-foutisme général..
          c’était çà ou couler orange

          • Si les cadres dirigeants d’une entreprises utilisent des moyens illégaux pour dégraisser le personnel ,ils doivent assumer leurs responsabilités sur le plan pénal , point à la ligne. Les chefs d’entreprise ne sont pas au dessus des lois.

            • Si les citoyens pèsent sur les corps intermédiaires pour faire voter des lois idiotes qui se substituent aux bonnes pratiques managériales, ils pourraient au moins avoir ensuite la décence de trouver d’autres arguments que le respect des milliers de pages de textes de ces lois… Qu’ils ne le fassent pas est inquiétant, parce que ça pourrait être soit le signe que ces autres arguments n’existeraient pas, soit le reflet d’autres ambitions de leur part que celles affichées.

          • Il y avait aussi une frange de salariés fragiles (problème psy) qui étaient plus ou moins la BA de FT : on leur donnait des petits boulots. Ils ont très mal vécu le passage au privé.
            Surtout que les locomotives de la boite étaient partis à la concurrence dès la dérégulation et qu’il restait des fonctionnaires assis sur leurs privilèges pas très efficaces. Un choc des cultures comme on en voit peu.

  • Il faut faire le buzz pour qu’on parle de soi !Quitte à proférer des imbécillités et des contre-vérités. J’ai enseigné pendant trente ans ce principe premier de Sun-Tsé : « commander, c’est aimer ses hommes et savoir les organiser ». Les moyens modernes permettent une meilleure prise en compte des aspirations et des talents des hommes, y compris dans les armées !, et c’est tant mieux. Ce qui n’empêche pas d’étudier « Soumission librement consentie » et autres ouvrages sur la manipulation, la propagande et la publicité, qui sont, elles, explicitement des outils de privation de liberté. La légitimité du chef, nous dit la sociodynamique repose sur trois pieds : le statut, la compétence et le charisme (capacité à inspirer la confiance). M. Chapoutot me semble un aigri et un charlatan.

    • « commander, c’est aimer ses hommes et savoir les organiser » . Les fonds de private equity qui imposent une réorganisation féroce aux entreprises qu’ils achètent pour dégager le maximum de cash possible , vous croyez sincèrement que leurs méthodes de management se caractérisent par l’amour des salariés ?

      • Comment qualifier alors les 65% de charges totales sur les PME organisée par l’état français socialiste ?
        L’état bouffe presque les deux tiers des 60 heures de travail d’un petit patron dont un sur deux fait faillite dans les 5 ans sans avoir droit au chômage et sans pouvoir payer correctement ses employés quand il ose en engager tellement l’état les as rendu dangereux pour l’entreprise.
        .
        Et les 5.5 millions de chômeurs qui découlent de cette violence systémique qui raréfie l’entreprise et les emplois ?
        .
        Vous vous trompez de cible et de combat, ce ne sont pas les « private equity » qui appauvrissent des millions de gens , ce ne sont pas les « private equity » qui font payer un rein pour des trains qui ne roulent pas, une justice médiocre et une sécurité de plus en plus aléatoire et ce n’est pas à cause des « private equity » que les salaires sont minable en France.

  • Cet article semble assez peu nuancé. Je viens tout juste de commencer le livre de M Chapoutot et le prologue prend toutes les précautions nécessaires, expliquant bien que le management n’est pas du tout une « création » nazie et qu’il entend suivre une étude historique.
    C’est toujours compliqué d’évaluer la part d’honnêteté intellectuelle de ce genre de critiques à sens unique. Monsieur Sibony est chercheur et professeur à HEC, école qui enseigne le management…
    Pour travailler depuis 20 ans dans des grands groupes aux structures diverses et avoir étudié de façon approfondie le système nazi lors de mes études, j’y avais déjà décelé des similitudes dans des dérives managériales assez fréquentes, notamment en période de réorganisation.
    Je suis curieux de lire l’ouvrage en entier et de pouvoir juger sur pièce si M Sibony voit juste où s’il est aveuglé par son activité propre. A bientôt donc.

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Un jour les Israéliens seront à nouveau en paix avec leurs voisins palestiniens. Ils auront, on l’espère, exercé dans les bornes les plus strictes leur droit à la légitime défense, et employé avec mesure le dangereux appareil de la guerre. Mais la paix est un idéal négatif, qui n’évoque qu’un monde sans violence. Ne peut-on pas au surplus se respecter, s’e... Poursuivre la lecture

En France, le langage est un produit réglementé, et si l’on en croit les discussions actuelles autour de l’écriture inclusive, il semble appelé à l’être de plus en plus. Peut-être faudrait-il d’abord demander si toute cette réglementation est légitime.

Le langage est le véhicule de la pensée. C’est un outil, et il peut être plus ou moins bien adapté à l’état social du groupe qui le parle.

La langue a d’abord commencé par être un cri, le fruit d’une émotion vive, le plus inintelligent des signes. Mais, à mesure que la civilisatio... Poursuivre la lecture

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