Par Pierrette Morin.
Un article d’Entrepreneurs pour la France
Le danger imminent, que nous voyons arriver actuellement, est celui qui consiste à profiter de cette transformation des retraites pour y inclure une multitude d’autres changements qui sont, dit-on, indispensables, et qui vont changer la vie des gens.
Mais qui vont surtout inclure des avantages pour certains, qu’on mettra des décennies à éliminer.
- traiter la pénibilité
- introduire davantage d’égalité pour le traitement des femmes
- réformer la rémunération des personnels soignants, voire changer l’hôpital
- augmenter le traitement des enseignants du secteur public
La pénibilité
Elle n’a pourtant rien à voir avec les retraites.
Un travail pénible doit être négocié entre l’employeur et le salarié dès le contrat d’embauche et rémunéré comme tel.
Le supplément obtenu pour cause de pénibilité, sous forme salariale ou sous forme de repos compensateur par exemple, doit être obtenu pendant la vie active et non pas juste durant les dix dernières années de la vie.
Si l’on ne procède pas de cette manière, comment peut-on imaginer qu’un jour nos entreprises se transformeront sur ce plan important de l’amélioration des conditions de travail ?
Les investissements destinés à améliorer l’ergonomie de certains postes de travail seront toujours détournés ou passés au second plan s’il est notoire que l’affaire sera réglée à la retraite, par le système des retraites.
Les retraites des femmes
Elles sont notoirement plus faibles que celles des hommes. Voici un sujet terriblement complexe, qui dépend de multiples facteurs : l’éducation des filles et des garçons dans les familles, à l’école, au travail.
L’équilibre du couple des parents lui-même est en jeu à plusieurs occasions lorsque des décisions majeures doivent être prises.
Pouvons-nous sérieusement penser que ceci peut être traité en même temps que les retraites ? À elle seule, cette question mériterait des réflexions aussi complexes que celles qui ont été faites en traitant le système des retraites.
Persévérer à traiter ce sujet comme un additif secondaire en parallèle des retraites, c’est condamner notre société tout entière à rester victime d’opinions et de préjugés vieillots qui seront des entraves à notre développement national pendant encore des décennies.
Nous avons besoin de travailleurs dans des domaines scientifiques d’avant-garde, et il en manque ? Pourquoi ne pas puiser parmi toutes ces jeunes filles qui ont fait de bonnes études, mais qui ont peur du domaine scientifique (à moins que ce ne soit les familles qui soient inquiètes).
Un rééquilibrage des carrières des femmes, débarrassées de tout a priori, ferait avancer notre société vers le futur. Alors on se rendrait compte qu’il n’y a pas lieu de traiter cette question au sein du système des retraites.
Mais à l’opposé les retraites des femmes sont plus longues que celles ces hommes, font remarquer certains…
Est-il nécessaire de corriger cette spécificité au niveau des retraites ? D’autres corporations ont elles aussi des retraites plus longues que la moyenne ; vont-elles être corrigées également ?
Des études doivent d’abord être faites sur ce sujet avant de se lancer dans des corrections, peut-être à courte vue.
Les enseignants sont-ils réellement insuffisamment payés ?
Ce qui est intéressant, et même troublant, c’est qu’on le découvre justement maintenant !
L’Éducation nationale et la fonction publique ne disposent-elles pas d’instances chargées de comparer les jours de travail, les heures de présence dans les établissements, devant les élèves, etc. entre le public et le privé, entre la France et les autres pays d’Europe ?
Est-ce que ce ne serait pas plutôt cette histoire de primes qui ne seraient pas aussi nombreuses à l’Éducation nationale qu’ailleurs dans la fonction publique et qui désavantageraient les enseignants ?
Et quid des autres professions qui se retrouveront également dans le même système de retraites ? Ont-elles suffisamment de primes ?
Tout cela n’est vraiment pas sérieux !
Et je n’aborde pas d’autres sujets annexes qui viennent se greffer sur les retraites…
Le nombre d’enfants, dont les allocations familiales ont pourtant tenu compte tout au long de la vie ; les retraites de réversion, qui pourraient plutôt être considérées comme un contrat privé à établir spontanément entre les deux conjoints, plutôt qu’être liées au système de retraite, etc.
Si on laisse le système de retraite par points enfler en tolérant que des sujets arrivent de tous côtés, ce sera bientôt l’anarchie, une véritable curée.
Pour gérer ce système boursouflé, il faudra une armée gigantesque d’administratifs pour s’occuper de chaque individu.
Si nous attendions de ce nouveau système qu’il fasse appel au sens des responsabilités et à l’autonomie des citoyens, ou au moins qu’il participe à des économies tant attendues dans l’administration de l’État, c’est raté…
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Simplicité n’est pas dans le vocabulaire de nos gouvernements.
C’était pourtant tellement simple d’avoir une retraite par point pour le privé et ce qu’ils veulent pour le public.et dans le privé pas besoin d’universalité a chacun sa solution en fonction par exemple des conventions collectives.
Mais..l’état a un problème ,déficit ,trop d’impôts et taxes ,il fallait des gogos .pour payer ses dépenses de retraite qu’il est incapable de freiner.
Le qualificatif de « catastrophe industrielle » (choisi par JM Daniel pour cette réforme qui au départ était reconnue comme positive par beaucoup de personnes y compris des libéraux), est assez bien choisi puisqu’il estime les dégâts pour l’instant à 3 macrons (1 macron = 17 milliards), alors que celle de la SNCF n’avait coûté que 2 macrons, et les gilets jaunes 1 macron.
Tant que l’état gérera les retraites le système restera bancal et surtout déficitaire !
Si c’était simple tout le monde s’apercevait que l’état nous exploite pour son propre compte. Cette réforme aurait pu être simple mais l’état pouvait il nous dire que pour maintenir la retraite du public il fallait baiser tous les autres retraités ?
Oui, et s’il n’en avait pas le courage, il pouvait le faire dire par d’autres. Du coup, la réforme aurait eu toutes les chances d’aller dans le bon sens et, pourvu qu’on lui adjoigne des manières de résorber les problèmes du public sans pour autant taper sur le privé, même de réussir.
le probleme vient du fait qu’on fait du « social » avec les retraites , et que l’etat ne paye pas ses cotisations employeur.. donc les fonctionnaires d’aujourd’hui pèseront su le budget de demain..
de ce fait le contribuable de demain va le sentir passer
Il faut développer la Préfon !
Vous avez dit l’essentiel ! L’objectif était, est de donner à l’état le pouvoir de tout contrôler et de tout régenter (le système par point) et la possibilité de reporter sur le privé le coût des privilèges de la fonction publique.
La pénibilité n’a pas à être imputée aux régimes de retraite, c’est un risque professionnel à assumer uniquement par l’entreprise. Il est sidérant que le syndicat jaune promeuve une fois de plus, les intérêts financiers du patronat.
Merci Pierrette Morin pour votre article plein de bon sens
J’apprécie votre réflexion ci-dessus et j’aurais bien aimé lire aussi votre analyse sur le point n°3 réformer la rémunération des personnels soignants, voire changer l’hôpital
j’ajouterai la retraite minimum à 1000 € qui là encore n’a rien à faire dans le régime des retraites
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