La CGT : un État dans l’État ?

Forte de son considérable pouvoir, consciente de la passivité de la population, la CGT en vient une fois de plus à menacer le gouvernement, piétinant allégrement son autorité.

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Manif fonction publique 22 mars 2018 by Jeanne Menjoulet (CC BY-ND 2.0)

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La CGT : un État dans l’État ?

Publié le 9 janvier 2020
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Par Claude Robert.

Contre toute attente, mi-décembre, une majorité de Français soutenait les manifestants lors du blocage des transports.

L’un des sondages a même fait état de 62 % d’avis en faveur des grévistes, alors que ces derniers bénéficient pourtant de conditions de retraites clairement exceptionnelles en comparaison du reste de la population.

Qu’on en juge :

  • 3705 euros de retraite moyenne pour la RATP
  • 3505 euros pour EDF/GDF (ancienne appellation)
  • 2636 euros pour la SNCF,
  • 2206 euros pour les fonctionnaires de l’État
  • 1904 euros pour les hôpitaux
  • 1496 euros pour la moyenne des Français !

On peut certes en déduire qu’une bonne partie de la population est peu informée, voire carrément manipulée sur le plan idéologique. Mais il ne faut pas sous-estimer pour autant le (mauvais) génie du syndicalisme à la française !

Celui-ci n’a-t-il pas réussi l’incroyable exploit de se faire défendre par les propres victimes de ses débordements corporatistes ?

Obtenir l’assentiment de plus de la moitié de la population malgré des blocages particulièrement insanes au beau milieu des fêtes de fin d’année constitue en effet une écrasante victoire symbolique.

Une victoire qui, ne l’oublions jamais, se joue contre l’intérêt général. Une victoire qui s’est construite au mépris de la morale la plus élémentaire. Un scandaleux pied de nez aux notions de liberté individuelle et de « service public ».

Car faut-il le rappeler, un fonctionnaire, civil servant en anglais, est avant tout au service du public, en retour d’une rémunération que celui-ci lui alloue via des impôts dont on sait tous combien ils sont confiscatoires dans l’Hexagone.

À la pointe de ce syndicalisme d’un autre âge, mais particulièrement aguerri et passé maître en manipulation, se trouve la CGT, bastion d’extrême gauche dont le pouvoir de nuisance est tout simplement devenu l’un des handicaps majeurs de notre pays.

La CGT, combien de divisions ?

Seulement 11 % des Français sont syndiqués, mais la situation est très variable du fait d’un taux de cotisants respectivement de 20 % dans le public et de 9 % dans le privé !

Ce qui permet de résumer ainsi, et qui est tout simplement renversant :

plus la situation des salariés est précaire, moins le taux de syndicalisation est fort

La CGT a été créée en 1895 et a régné seule jusqu’en 1919, date de l’arrivée de la CFDT.

À la différence de cette dernière, la CGT incarne encore aujourd’hui le syndicalisme de combat de ses débuts :

La Confédération générale du Travail (CGT) […] a favorisé le syndicalisme de lutte et a marqué au fer blanc l’identité syndicale française. Les occupations d’usines pendant les évènements du Front populaire de 1936, la libération en 1945 et l’instauration d’un système de protection sociale très favorable, les évènements de mai 1968 et les lois Auroux de 1982 en sont quelques illustrations.

Si l’on en croit leurs propres sources, avec ses 664 350 cotisants (2016), la CGT conserverait encore la tête devant les 623 802 de la CFDT (2017). Elle ne représente ainsi que 2,34 % de la population active hexagonale, parmi laquelle, sans surprise, une surpondération d’agents de l’État !

D’ailleurs, au-delà de sa très faible représentativité numérique globale, la sociologie des adhérents de la CGT est une véritable insulte à la démocratie !

La CGT, un syndicalisme taillé sur mesure

En effet, ces 2,34 % de la population active ne sont même pas représentatifs de la population des travailleurs.

En 2013 (dernière statistique disponible), seulement 58,4 % de ses adhérents exercent dans le privé alors qu’ils sont environ 80 % dans la société active. Surtout, ces 58,4 % se retrouvent gérés par des fédérations qui relèvent à 54 % du public, parmi lesquelles les « puissantes organisations des services publics, cheminots et santé ».

On comprend très vite pourquoi la mission de ce syndicat reste ontologiquement corporatiste. Ce qui ne l’empêche pas de revendiquer une légitimité au-dessus de tout soupçon.

Et d’en profiter pour imposer son diktat sur l’ensemble du pays…

La CGT, un Léviathan qui menace l’État

Forte de son considérable pouvoir, consciente de la passivité si ce n’est de l’assentiment de la population, la CGT en vient une fois de plus à menacer le gouvernement.

Elle s’adresse naturellement à lui d’égal à égal, faisant fi des processus démocratiques, piétinant allégrement son autorité.

Fin décembre Thierry Defresne, délégué syndical de la fédération de la chimie a déclaré :

Ce gouvernement n’entend rien, il faut mettre davantage de pression

Et de poursuivre :

Nous verrons ensuite, au vu de la mobilisation à la rentrée du lundi 6 janvier à la SNCF et à la RATP, au vu aussi du caractère massif ou non des manifestations de la journée interprofessionnelle du 9 janvier, s’il faut aller au-delà et mettre les installations à l’arrêt […]. Il s’agit cette fois de faire en sorte qu’aucune expédition de produit ne sorte du 7 au 10 janvier tous ensemble.

Ainsi, le programme des réjouissances est claironné à l’avance. Il sera comme d’habitude respecté, au grand dam de la liberté individuelle des Français.

Depuis ce mardi 7 janvier déjà, la liberté de circuler en train, en métro ou en voiture est de nouveau bafouée. Un préavis de grève est déposé pour ce jeudi 9 janvier, et une journée de manifestation générale est encore prévue ce samedi 11 janvier.

Une fois de plus, le pays est pris en otage.

La CGT, ou la contestation de l’État de droit

Qu’est-ce que « l’État de droit » ? C’est une notion qui « est solidement ancrée dans l’histoire des concepts politico-juridiques : c’est ontologiquement la forme juridique du libéralisme politique. C’est un mode de limitation du pouvoir (qui vise à éviter l’arbitraire), là où la démocratie est un mode d’organisation du pouvoir (qui gouverne) »

Il est clair qu’en décrétant quand ça lui chante l’occupation des dépôts de carburant et la confiscation de tout ou partie des transports publics, la CGT se trouve en opposition frontale avec l’État de droit.

En envahissant une partie du territoire et en bloquant à sa guise la circulation des biens et des personnes, elle se comporte exactement comme une organisation terroriste (à la seule différence qu’elle casse mais ne tue pas) ou comme une force armée étrangère qui tente de paralyser notre pays.

Un tel chaos est d’autant plus irréel qu’il se produit régulièrement, selon le bon vouloir de cette centrale syndicale, sous l’œil complaisant de la sphère médiatique, le tout sur fond d’impuissance publique avérée.

Tandis que le gouvernement a été démocratiquement élu et que chaque Français est tenu de respecter le droit, les troupes de la CGT envahissent notre quotidien devant un État tout aussi incapable d’expliquer la nécessité d’une réforme que de montrer l’exemple de la solidarité en réalisant lui-même les efforts nécessaires, que de faire preuve de capacité d’écoute et, plus grave encore, que d’imposer le respect des règles de la démocratie.

Ainsi, parce qu’il n’a plus les moyens de faire autrement, l’État a abandonné une partie de son pouvoir à la CGT, qui en profite en toute impunité.

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  • Une solution : leur couper les vivres.
    Par exemple en les écartant de la gestion de la formation, des organismes sociaux, des retraites.

    • Et en supprimant les 5 G€ de subventions publiques aux syndicats, le 1% de chaque facture EDF alloué au CE de l’entreprise (0,5 G€ de budget annuel), en supprimant le droit de grève pour les agents ayant le statut de la fonction publique etc…

    • Au vu de leur comportement, incluant notamment les coupures « ciblées » d’électricité, l’intimidation de ceux qui veulent travailler ou des appels à l’insurrection populaire il faudrait être beaucoup plus radical que ça : dissolution immédiate et inscription sur la liste des organisations terroristes.
      Et bon débarras.

  • L’état de droit en france n’existe pas plus que la democratie..
    c’est l’administration qui gouverne et l’administration est syndiquée a gauche point,( y compris la justice chargée d’appliquer la loi… donc ne cherchez plus)
    Puisque a la suite de l’élection de macron la CGT appuie sur le fait que ce gvt ne représenterait que 21% du corps électoral du 1 er tour et que la majorité du second tour n’a été obtenue que grâce au FN …et au abstentionnistes .. ce qui n’est pas totalement faux..

    Et çà çà dure depuis Chirac élu a 86%….grâce a ce stratagème mis en place par Mitterrand..et le scrutin uninominal a 2 tours que personne ne veut reformer et pour cause..
    Par ailleurs il ne faut pas compter sur l’opinion publique cornaquée par des médias entièrement assujettis a la doxa socialiste depuis longtemps , pour émettre un avis éclairé..
    il ne manque jamais un couillon au micro pour absoudre les grévistes a priori , alors qu’il galère dans une gare..
    La bêtise de l’électeur est a ce stade essentielle a l’exercice du pouvoir qu’il soit syndical ou gouvernemental..
    Le peuple est con !que voulez vous qu’on y fasse

  • il faudrait vraiment demander aux gens qui soutiennent le mouvement ce qu’ils entendent pas là..

    une très grande majorité de gens dans notre pays pensent.. »qu’il y a du pognon »… et c’est là l’alpha et l’oméga de toute demande..puisque « des gens » ont de l’argent ( « trop »)..l’etat peut financer tout et n’importe quoi en prenant ce pognon..
    et ils arrêtent leur réflexion à ce niveau…

  • Bah , ils pratiquent le terrorisme économique comme au temps de la guerre froide et avant , ce sont des cocos , traître un jour traître toujours…il y a des lois contre ces gens là il suffit de les appliquer mais ils contrôlent tout …..y a plus que les barbouzes pour les déloger…..a moins que ,l’état se satisfasse de leurs actions ,pratique pour éviter de réformer et ce la couler douce dans les palais de la République et nous faire avaler des couleuvres tout au long des années qui passent. Que pense la CGT du réchauffement climatique et des taxes supportées uniquement par les « travailleurs » ?

  • « elle se comporte exactement comme une organisation terroriste (à la seule différence qu’elle casse mais ne tue pas) »… Je ne serais pas aussi affirmatif que vous : notre ami H16 a fort justement fait remarquer que les blocages générés par ces terroristes ont déjà provoqué des morts ; accidents de 2 roues en forte augmentation (morts+blessés), coupures sauvages d’électricité dans les hopitaux pendant une intervention chirurgicale, etc, etc…
    La seule chose que j’espère, c’est qu’il y aura quand même des victimes qui porteront plainte contre ses syndicats terroristes.
    Et je ne vois en effet qu’une solution : couper tout financement public de la CGT, et supprimer la gestion « paritaire » de la formation, du chômage, pour la confier à des personnes compétentes, avec obligations de résultats.

  • Ok pour le constat CGT. Mais que dire de l’attitude du gouvernement envers la CFDT, car depuis 3 semaines c’est l’âge pivot qui a fait couler l’économie des commerces de fêtes.
    CGtT ou gouvernement: même plaie économique.

    • L’âge pivot est un leurre destiné a permettre une sortie tout en appliquant une réforme néfaste pour la majorité de la population.
      L’âge pivot va sauter , c’est une certitude ,c’est inutile puisque la valeur du point obligera a une sortie a 65 ans voir plus

      • Exact, l’âge pivot est une stratégie pour casser l’opposition à cette réforme. Ce n’est absolument pas l’important, mais cela va servir pour afficher une « concession essentielle ».
        Ce gouvernement est expert en communication-manipulation.

        • Non, l’âge pivot était très probablement vu comme un moyen plus discret de rétablir les régimes spéciaux. L’âge pivot à 42 ans pour les danseurs de l’opéra serait passé comme une fleur, tandis que là on voit bien qu’on leur préserve un régime spécial.

      • D’ailleurs, ils commencent à parler de durée de cotisation… Ce qui revient au même…

        • en principe si c’était VRAIMENT une reforme a points
          il n’y aurait aucun age limite imposé.. mais on a bien compris quand meme que points ou pas points il va falloir casquer pour les fonctionnaires de toutes façon, puisqu’ils sont payés par le budget (en activité ou pas) donc par vos taxes et impots

  • la nuisance de la CGT n’existe que parce que le pouvoir politique laisse faire.
    C’est un numéro de théâtre à deux pour enfumer les français et permettre aux dirigeants des deux de s’en mettre plein les poches au détriment de ceux qui travaillent.

  • La majorité de la population n’est pas pour les grévistes, mais contre la réforme. Les sondages (à dessein orientés?) entretiennent la confusion. Ainsi est rendue invisible une opposition non idéologique et fondée sur d’autres arguments que des intérêts catégoriels.
    En réalité, le gouvernement continue à compter sur l’opposition aux régimes spéciaux pour faire passer une réforme globale qui garantit encore moins qu’actuellement les futures pensions.
    En focalisant sur la CGT, on contribue en réalité à cette stratégie du gouvernement.

  • Excellent article, tant sur le fond que sur la forme : merci !

  • Ce qui prouve la faiblesse de l’état et la lâcheté des politiciens, Macron en premier qui joue les Matamores mais se dégonfle devant les syndicats et les islamistes!

  • En 1947, les cegetistes ont provoqué la mort de 20 personnes. Ça aurait justifiait l’interdiction définitive de cette organisation de voyous.

  • L’état ce sont des individus regroupés en factions rivales pour le pouvoir et le partage du butin. La GGT est l’une de ces factions. On remarquera au passage que l’état lui même est anarchiquement gouverné par la loi du plus fort.

  • N’oublions pas que pour la CGT. (organisme Lénino-Staliino-Soviètque) nous sommes perçus comme les « Koulav Ukrainiens » que Staline a fait littéralement crever.

  • Tribunal pour cette mafia,euh syndicat qui ruine la France depuis des années et a été le bras armé de l’URSS à la grande époque !

  • Et marre de ce concept fumeux de grève par procuration,relayé par les médias,comme le montre les chiffres avancés en début d’article c’est une grève de nantis!Que ces chiffres soient annoncés à la grand messe des gauchistes le 20h de France 2 !

  • Une version particulière du syndrome de Stockholm, c’est le syndrome de la CGT …

  • « L’un des sondages a même fait état de 62 % d’avis en faveur des grévistes. » Le détail du sondage indique tout autre chose. En réalité, les sondés se positionnent contre Macron et son gouvernement mais certainement pas en faveur des grévistes.

    Pour preuve, dans le détail, le 11 décembre :
    – 70% des sondés étaient favorables ou indifférents à la suppression des régimes spéciaux
    – 53% des sondés étaient favorables ou indifférents à l’instauration de l’âge d’équilibre à 64 ans
    – 68% des sondés exigeaient une interruption du mouvement lors des congés de fin d’année

    Le sondage aurait été complet si on avait demandé aux sondés s’ils acceptaient de payer plus pour financer les retraites. On peut inférer des résultats précédents qu’ils auraient été plus des deux-tiers à refuser de voir leurs salaires baisser au profit des parasites.

    Au fond, les sondés détestent les grévistes au moins autant que Macron. Les Français sont beaucoup plus intelligents que les sondeurs veulent le faire croire. Le temps est venu de soumettre à référendum d’abord la question de la suppression des régimes spéciaux, puis celle de la démission de Macron.

    • Un référendum sur la fin des régimes spéciaux…..c’est le seul point positif du système actuel..enfin si vous êtes fonctionnaire , médecin ,avocat , etc.
      Les seuls qui aiment la répartition a la française ont un régime spécial ! Disons que les serviettes sont heureuses de ne pas se mélanger avec les torchons

  • On ne tuera pas les syndicats et on ne leur coupera les vivres …Inutile de …Sachant que nous avons besoin de syndicats (négociation, contrepouvoir etc ), la question est pourquoi n’avons nous pas réussi à faire émerger de « vrais » syndicats axés sur la défense des travailleurs, salariés qu’elle que soit grosso modo leur étiquette politique ? comme en Allemagne etc Pourquoi la Droite, le Centre, le Medef et même les socialistes n’ont pas réussi ou essayé de faire émerger doucement mais surement un contrepouvoir qui, en plus, aurait largement dépassé les quelques adhérents des « centrales » existantes ?

  • CGT=Confédération Générale du TRAVAIL !!
    Alors qu’ils font tout pour le flinguer.

  • Les commentaires sont fermés.

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