La retraite, on en rêve ! Et si on rêvait plutôt d’améliorer le travail ?

Plus que la retraite qu’il faudrait perfectionner pour la rendre plus supportable, c’est le travail qu’il faut promouvoir, favoriser et rémunérer à sa vraie valeur.

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La retraite, on en rêve ! Et si on rêvait plutôt d’améliorer le travail ?

Publié le 30 décembre 2019
- A +

Par Jean-Paul Laplace.

Nos malheureux concitoyens rêvent de la retraite ! En fait ils rêvent de retraite parce qu’ils sont malheureux ; parce qu’on les rend malheureux au travail, ils rêvent de ne plus travailler.

Mais en même temps, mettre fin à une activité professionnelle, c’est ne plus aller au travail, ne plus rencontrer de collègues, ne plus partager avec eux joies et difficultés. C’est bien souvent devoir se réinventer devant le vide soudain de sa vie, et découvrir que l’on n’a pas les moyens de ses rêves de retraite.

Quelle erreur de vouloir quitter la « vie active » alors que dans la plupart des cas, les pays où l’espérance de vie est maximale sont aussi ceux où l’on se retire le plus tard de la vie active. Sans doute y a-t-il un lien… une vie plus longue en bonne santé permet-elle de travailler plus longtemps, ou bien travailler dans de bonnes conditions permet-il de vivre heureux et en forme plus longtemps ? La question mérite considération.

La science et la médecine, confrontées à la montée des maladies transmissibles, démontrent aujourd’hui que la cause majeure en est la sédentarité. Cette sédentarité qui n’a rien à voir avec l’inactivité physique, mais plus couramment avec une activité immobile. Oui, la sédentarité, plus que toute autre mauvaise manière de vivre, plus qu’une alimentation désordonnée, ou encore l’excès de gras, de sucre, de sel, selon les époques, voire tout cela à la fois pour les plus sectaires des gourous.

La pénibilité… mais laquelle ?

Quel faux débat encore que celui de la pénibilité qui revêt tant de formes. Travail de nuit et perturbation des rythmes biologiques en plus du désordre de la vie sociale. Difficulté par la force physique requise et la résistance à un environnement froid, ou chaud, ou hostile de quelque autre manière ; tension nerveuse considérable liée à la vitesse, à l’étendue des responsabilités, et aux conséquences de décisions quasi instantanées ; mais aussi tout simplement la sédentarité, celle du fonctionnaire de Courteline, confronté aux piles de dossiers, aux doléances des usagers, à la vindicte de petits chefs, ou tout simplement à la grisaille et à la monotonie des jours.

Bien malin qui dira qu’une pénibilité est supérieure à une autre, face à l’interaction d’un environnement particulier et complexe avec un individu unique, avec ses capacités, ses désirs et ses faiblesses.

Quelle erreur que de toujours vouloir raisonner des carrières de façon linéaire et non modifiable. Alors qu’on nous rebat à l’envi les oreilles de l’importance de la formation pour une adaptation de l’individu à de nouvelles fonctions. Ne rêvons pas toujours de former à des métiers qui n’existent pas encore pour jouer au prophète !

Maximiser son bonheur personnel

Ne serait-il pas plus productif d’aider ceux qui sont fatigués physiquement, pour l’une ou l’autre des raisons indiquées précédemment, à poursuivre leur carrière dans une autre fonction au sein de leur monde professionnel ou en dehors, selon leur aspiration. Imagine-t-on le bénéfice humain de leur permettre de garder entière l’estime de soi, plutôt que de les mettre au rebut de la société.

L’immobilisme bien français, celui du métier pour la vie, du domicile pour la vie, sans doute est-ce confortable… un temps. Mais ne serait-il pas plus utile à la collectivité de faciliter la mobilité, de la soutenir, pour gagner en bien-être individuel, pour que chacun soit  bien dans sa peau ?

L’âge de la retraite est déterminé de fait ; par la démographie et par le bien-être ou le mal-être de chacun. Il ne saurait faire l’objet d’une bataille de notoriété et  d’arguments incomplets entre différents acteurs sociaux.

En fait, plutôt que la retraite, c’est le travail et les conditions de sa mise en œuvre qu’il nous faut réhabiliter. Au delà du fait que plus il y a d’emploi (ou moins il y a de chômage), plus il est aisé de financer les retraites, il est clair que chacun a intérêt à maximiser son bonheur personnel, son bien-être. Mais n’oublions pas : certains sont malheureux parce qu’ils n’ont pas de travail, quand d’autres sont malheureux parce que les conditions de leur travail sont parfois exécrables.

On peut réclamer un statut spécial pour pénibilité et se retrouver sédentaire, à la retraite à 50 ans ; mais on peut aussi envisager une reconversion pour faire autre chose que ce dont on est lassé, découvrir d’autres activités, d’autres amis, et ouvrir son horizon.

On peut légiférer à perte de vue en toute méconnaissance des heurts et malheurs de la vie de la multitude, s’arroger des salaires et des primes mirifiques en oubliant ses ouvriers. Mais on pourrait aussi être attentif aux autres, à des méthodes moins abruptes, pour faire du travail ce qu’il doit être : une façon de se réaliser, de servir les autres et de créer du bien-être.

Je rêve ? Allons, il n’est jamais trop tard pour espérer et croire en l’Homme. Plus que la retraite qu’il faudrait perfectionner pour la rendre plus supportable, c’est le travail qu’il faut promouvoir, favoriser et rémunérer à sa vraie valeur.

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  • Bonjour.
    J’ai tjs détesté le travail (tripalium).
    Il y a trop de choses intéressantes dans la vie pour se cantonner dans une activité spécifique.
    Il faut bien vivre, mais au bout de 10 ans d’un métier, vous vous installez dans le train-train.

  • le gouvernement a pris les devants ; il a fait passer en douce un décret concernant les CDD ; exemple : une personne qui se fait embaucher en CDD pour travailler dans l’informatique se verra obligé , si besoin est ,d’effectuer des taches ménagères ou autres taches qui n’ont rien à voir avec son travail…..c’est le CDD Multi taches qu’ils ont inventé en macronie …..ce qui permet à l’employeur de ne pas embaucher un agent d’entretien …….

    • Ben il signe pas. Ne vous inquiétez pas pour les informaticiens, ils n’ont pas de problèmes de boulot. En revanche le multi tâches peut être pour un serveur qui se verra obligé de faire la plonge si pas de clients en salle. Demandez-lui s’il préfère ça ou être viré (mais qu’on embauche un commis de cuisine…).

  • quand on est a la retraite on est vieux! comme objectif je trouve çà nul..
    Vivre sans etre obligé de travailler c’est l’objectif.. de beaucoup qui s’emmerdent au travail..mais attendre d’etre vieux çà montre qu’on a mal évalué sa trajectoire.
    d’autres s’amusent au travail , ou créent une entreprise type start-up dans le move concurrentiel, la revendent 20 millions d’euros et vont trouver un Hotel de luxe a diriger qq part sur la planete.. çà c’est du projet!!

    Bonne année a tout le monde

    • Ouais ,le final , je te le laisse ,je préfère la chaise longue de nombreux hôtels dans le monde que diriger un panier de crabes toujours prêt à te pourrir la vie…et un pied a terre entre mer et montagne , la côte d’azur 🙂

      • ouais mais quand t’a retraite est a 35 ans.. hein

        • A 35 ans , vaut mieux les jeunes poulettes de la grande ville pleine de rêves que les vieilles dindes de bord de mer…les poulettes n’arrivent qu’aux vacances et repartent …a 35 ans on ne pense charentaises qu’avec des jupons !

      • en plus la cote d’azur est un mouroir embouteillé et pollué en diable

        • Les embouteillages n’abusent que de ta patience , à la retraite ! Et la pollution,…c’est quoi ça a part le parisien estival ..si t’habite chez les pauvres tu pars chez les riches

          • vous croyez que les riches sont sur la cote d’azur?
            vous rigolez c’est pourri de pauvres là bas

            • C’est ça, oui ! Là pour le coup, vous avez tout faux cher Claude Henry. La Côte d’Azur, c’est de St Raphaël je crois à Menton, ne confondez pas avec Marseille La Seyne sur Mer, là sont les pauvres mais ce n’est pas la Côte d’Azur. Après oui les vrais riches sont encore plus au sud lol.
              Quant à la pollution, non non, croyez-moi l’air est pur, grâce à l’air de la mer qui balaie bien comme il faut (parfois un peu trop mais bon)

          • ben oui la cote d’azur , c’est la zone.. regardez grasse
            le nord de Nice , Vallauris, cagnes sur mer , st Laurent du var etc..vous pensez qu’il y a des riches la dedans?
            vous avez quelques riches dans des sites bien particuliers , st jean cap ferrât, le hauts de cannes ,S paul de vence, le cap d’Antibes, Beaulieu etc.. tout le reste c’est la zone

  • L’immobilisme bien français et voulu surtout par l’état.
    Je regardais hier une émission sur l’histoire et les barbares (rt france)
    Les barbares adorent les sédentaires ,toutes les conquêtes ce sont faites sur le dos des sédentaires ,des moutons faciles à tondre et a asservir…

    • la définition du barbare est assez sujette à discussion…et des tas de barbares furent soumis par des empires..de cultivateurs..

      et que peut conquérir un barbare nomade? les huns sont passés..

  • «  » »Mais… mettre fin à une activité professionnelle, c’est ne plus aller au travail, ne plus rencontrer de collègues, ne plus partager avec eux joies et difficultés. » » »
    … Parfois, quand on ne veut plus rencontrer de c.ns, on est bien obligés…

  • Très bon article qui pour une fois essaie de traiter de la raison pour laquelle le sujet des retraites est explosif.

    Mais bon, ceux qu’il faut convaincre ce sont plutôt les managers publics comme privés qui décrètent que l’on est trop vieux passé 30 ans pour être engagé ou pour passer des concours, qu’il faut impérativement des diplômes pour exercer, qu’il faut déjà avoir de l’expérience alors que justement on débute…

    • Un senior de 50 ans a des exigences salariales. Il a de l’expérience, mais elle ne compense plus la perte de performance due à l’âge. Si on pouvait les embaucher pour pas cher, ou leur proposer des temps partiels. Encore mieux, pour ceux qui sont retraités, pouvoir les embaucher à temps partiel (avec un rabais sur les cotisations employeur!).
      Il y a des aménagements possibles, mais ils sont socialement inacceptables en France je pense.

      • Vous oubliez une chose, le carnet d’adresse !

        Selon la fonction, le senior a tissé des liens particuliers avec des clients, des fournisseurs, des administrations ou des politiques…

        Pour un patron malin ça n’a pas de prix.

        Quand j’ai pris ma retraite a 61 ans pour soigner mon épouse malade, j’ai été rappelé par mon employeur quelques jours par mois à titre de consultant pendant deux ans, chaque jour faisant individuellement l’objet d’un contrat et d’un paiement.

        D’accord, ce n’était pas en France, où j’ai cessé toute activité après mon service militaire en 1971…

  • Puisqu’on ne peut plus vivre décemment avec un salaire, au moins que cela nous assure une retraite décente.

  • Les commentaires sont fermés.

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