Noël, une fête capitaliste ? Tant mieux !

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Noël, une fête capitaliste ? Tant mieux !

Publié le 24 décembre 2019
- A +

Par Baptiste Créteur.

Les traditions évoluent, et Noël n’échappe pas à la règle. Les crèches sont devenues polémiques, alors que des pratiques autrefois choquantes (échange et revente de cadeaux, achats tardifs à prix cassés) se démocratisent. Au risque de dénaturer Noël ?

Les SoviétiquÉtiquetteses ont cherché à le détruire en remplaçant ses symboles par d’autres. Père Noël et Saint-Nicolas devenus le Grand-père Gel, Marie la vierge des neiges, et Jésus le « garçon du Nouvel An ». Mais ils n’ont pas réussi à changer Noël : les traditions ont la peau dure.

Mais peut-être est-ce le capitalisme, en exploitant à outrance les symboles, l’imagerie et l’esprit de Noël, qui le mènera à sa perte ?

noël
By: Joel KramerCC BY 2.0

La fête familiale, populaire ou chrétienne de Noël pourrait devenir une grand-messe du capitalisme consumériste. Si ce n’est pas déjà le cas. Les vitrines, les guirlandes et les publicités de Noël sont là un peu plus tôt chaque année, préparant l’avalanche de cadeaux et le festin presque malsain des 24 et 25 décembre. Sans compter les guirlandes clignotantes, que les plus pessimistes voient comme un gaspillage d’énergie presque annonciateur de la fin du monde.

Certains en viennent à détester les fêtes de Noël, à se sentir prisonniers d’une fête commerciale qui les oblige à jouer les familles parfaites et à échanger des cadeaux pleins d’hypocrisie mais vides de sens. On n’offre plus pour fêter Noël, on fête Noël pour offrir. On ne se retrouve plus par plaisir mais par tradition, presque par obligation, dans une débauche de consommation que n’auraient pas renié les puritains américains du XVIIe siècle :

La célébration de Noël étant considérée comme un sacrilège, échanger cadeaux et salutations, se vêtir de beaux vêtements, organiser festins et autres pratiques sataniques du même genre sont par la présente interdits, et le délinquant passible d’une amende de cinq shillings.

Ils redoutaient déjà que la célébration de la naissance du Christ ne soit reléguée au second rang, après les cadeaux et la dinde aux marrons.

À raison : on croise dans les centres commerciaux davantage de Pères Noël que de crèches, et les confiseurs récoltent plus que la quête à la messe de minuit. En réalité, festivités et cadeaux sont plus un retour au sens originel de Noël qu’une perte de sens.

By: Glenn WatersCC BY 2.0

Jésus n’est pas né en décembre mais plutôt fin septembre. Les cadeaux ne sont pas un souvenir des Rois mages, que l’on célèbre lors de l’épiphanie. On se faisait des cadeaux à la période de Noël, en particulier aux enfants, lors des Saturnales, que l’on fêtait déjà avant la fondation de Rome.

Les friandises commémorent Saint-Nicolas, depuis le XIIe siècle – on lui devrait aussi les chaussettes accrochées à la cheminée. L’orange offerte à Noël, qui faisait le bonheur des enfants d’alors, est un fruit de la première mondialisation du XIXe siècle. Il suffit de n’offrir qu’une orange à Noël aux enfants d’aujourd’hui pour voir à quel point le capitalisme nous a depuis rendu plus prospères !

Le sapin et les boules de Noël commémorent le solstice d’hiver, où on ornait de fruits un arbre pour célébrer le retour du Soleil, le renouveau, le retour de la croissance et de la vie. Les fruits ont été remplacés par des boules en verre au milieu du XIXe siècle. La bûche que nous mangeons aujourd’hui rappelle celle que l’on brûlait autrefois en espérant une bonne récolte.

Notre Noël consumériste, avec paillettes et lumières clignotantes, repas opulents et profusion de cadeaux, doit davantage au Noël païen qu’au Noël chrétien qui en a intégré les rites avec plus de succès que les Soviétiques. Il doit aussi beaucoup à la créativité des artisans et commerçants du XIXe siècle. Une occasion où l’on prend le temps de célébrer en famille les accomplissements de l’année écoulée et partager un moment de joie alors que les jours sont courts et que les nuits sont froides.

Il y aura toujours des rabat-joie, même à Noël, pour trouver à redire aux huîtres, au caviar et au champagne, ou tout simplement aux cadeaux. Ils pensent que le marché avale tout ce qu’il touche, et qu’offrir un cadeau, c’est pervertir l’amour – faire plaisir à ceux que l’on aime, quel égoïsme ! De son temps, Charles Dickens dénonçait au contraire la frugalité et l’austérité de Scrooge dans A Christmas Carol. Le capitaliste n’était pas un mauvais capitaliste parce qu’il dépensait trop, mais parce qu’il dépensait trop peu.

noël
By: Steve JurvetsonCC BY 2.0

Au fil du temps, Noël a changé plusieurs fois. Et il s’est sans doute trouvé à chaque évolution des opposants au changement, qui préféraient Saturne à Jésus, le divin enfant au Père Noël, et regrettent un père fouettard quasiment disparu. Que les partisans d’un Noël authentique (quoi que cela veuille dire) se rassurent : si les prêtres n’ont pas réussi à faire disparaître les cadeaux de Noël ou à le faire coïncider avec la date de naissance présumée de Jésus, c’est donner beaucoup de crédit aux publicitaires que penser qu’ils vont vider Noël de son sens.

Et c’est surtout se méprendre profondément sur la nature du capitalisme. Si les cadeaux sont aussi divers et abondants, c’est parce que le capitalisme s’est mis au service de Noël, et pas l’inverse. Personne n’est obligé de faire des cadeaux ou se conformer à de prétendus diktats de la société de consommation, mais les enfants du monde entier apprécient l’ingéniosité des fabricants de jouets et la créativité des confiseurs. Noël, comme tout le reste, n’a de sens que celui qu’on lui donne : une occasion de se rassembler, de partager un bon moment et faire plaisir à ceux qu’on aime.

Capitaliste ou pas, Joyeux Noël à tous !

 

Article initialement publié en décembre 2016.

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  • Heureusement que toutes ces fêtes existent pour se goinfrer sans culpabiliser….c’est une soupape offerte aux peuples pour supporter l’oppression de nos bourgeois……… qui ripailleraient BCP moins si le peuple faisait la fête 365 jours par an 🙂

    • Et qui met au pouvoir depuis de décennies ceux-là même qui ripaillent sur le dos du peuple, qualifié même avec mépris de sans-dents, par le représentant en chef du mouvement politique qui se pose en défenseur des intérêts des citoyens. Peuple pitoyable, sans audace, adepte de la défaite!

  • Perso je ne fête plus noël c’est une perte de temps, d’argent et je n’aimes pas ces obligations, acheter des cadeaux, bouffer… Quand je veux un cadeau je l’achetes le jour où j’en aie envie, d’ailleurs je faitscela pour toutes les fêtes, noël, saint valentin…ça n’existe plus en ce qui me concerne

    • pas mieux , moi faire la fête quand tout le monde fait semblant de s’amuser .. çà m’emmerde..
      je ne parle pas des réunions de familles avinées ou surgissent les traditionnelles querelles.. les gosses pourris gâtés ou on voit deja dans la revendication qui s’installe les futures désillusions
      les anciens obligés de cracher au bassinet , et les lendemains alkaseltzerisés par des ripailles
      de carrefour..

      Non la noel c’est seul , sans probleme , sans chieurs .. avec un chassagne montrachet ,des crevettes sauvages sukiyaki , une poire, et basta
      joyeux noel a tous!!

      • @claude henry de chasse, je m’attendais quand même à autre chose de votre part.
        Vous écrivez en conclusion de votre poste « joyeux noël à tous » cad que vous nous souhaitez à tous que nous nous emmerdions comme vous ce jour là.
        En conséquence, quelle est votre autorité pour nous denier et dénigrer toutes celles et ceux, qui à cette occasion reçoivent leurs enfants et petits enfants éparpiller façon puzzle sur toute la planète et qui conviennent pour de multiples raisons d’emplois du temps entres-autres sinon de distance de se réunir à cette occasion, et de ne pas se flageller en repentance telle que celles que vous suggérez, mais de festoyer pour cette raison.
        Rappelez-vous la parabole du retour de l’enfant prodige…..!
        Permettez-moi de vous suggérer de lire ou relire « cinq leçons sur la psychanalyse » de notre ami Sigmund, notamment celle du mariage, et c’est avec très grand plaisir que j’échangerais avec vous à ce sujet.
        Merci de me répondre.
        Cordialement
        Joyeux noël !

      • @claude henry de chasse, vous écrivez quand tout le monde s’emmerde, mais vous pensez pour les autres??? j ‘ai participé à des réunions familiales où je m’y suis « emmerdé comme vous », mais pour autant ayant accepté l’invitation, une sorte de savoir vivre fait je me suis consolé par respect pour les personnes qui m’ont invité et par amour propre.
        Chaque invitation peut être synonyme d’auberge Espagnole où chacun y trouve ce que il apporte.
        Ensuite ce n’est pas parque chez certain ce sont des réunions avinées que pour autan ce soit la règle universelle.
        Ceci dit « Zola  » est encore d’actualité et le demeurera aussi longtemps que l’humanité sera.
        Cordialement.

  • Quand on voit les gens cités dans le lien vers l’express, on voit surtout que ces gens qui ont un lien familial inexistant ou toxique, voir détestent leurs familles… Noël étant la fête familiale par excellence, nul doute que ces personnes abhorrent totalement cette période de l’année. D’autant plus qu’elles n’ont manifestement pour la plupart pas beaucoup de recul sur leurs situations.

  • Luc 14
    …12Il dit aussi à celui qui l’avait invité: Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. 13Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. 14Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille; car elle te sera rendue à la résurrection des justes.

    Qui le fait dans l’assemblée ? Personne ? Merci !

    • « … invite des pauvres… Qui le fait dans l’assemblée ? »
      Moi, et quelques autres chrétiens que je connais.

    • les pauvres c’est chiant ! çà pleurniche des excuses d’être encore là, çà craint de marcher sur les tapis du Pakistan , çà éternue des regrets sur le béluga , çà mange mal , et apres çà critique qu’au château on mange du homard !
      Nan faite le réveillon avec des riches , mais a condition qu’ils soient moins riches que vous, sinon c’est infernal les riches..

      joyeux noel

  • En réalité c’est aujourd’hui une fête capitaliste, et très keynésienne : une ruée « anti-épargne » pour acheter et échanger ensuite via un gâchis de ressources dans le transport pour ce qui ne plaît pas tout en étant hypocrite, c’est d’ailleurs une des époques qui fait le plus monter le PIB et où la mortalité est la plus élevée (pour d’autres raisons)… On peut subjectivement dire que c’est globalement un sous-optimum collectif.

    Libéralisme ne devrait pas forcément avec matérialisme effréné, a chacun d’apprécier ce sens.

  • C’est aussi une cata économique pour bien des familles avec ces dépenses supplémentaires inconsciemment obligatoires.

  • ben non , l’etat distribue des primes de noël a ceux qui sont considérés comme pauvres , meme quand cette fête n’est pas célébrée dans leur religion..
    ce qui fait que cette fête religieuse catholique se voit détournée de sa signification , pour devenir la fête de la consommation a outrance..
    reste plus qu’a subventionner les fetes religieuses des religions présentes en france , en donnant des primes, des congés, de l’AID et du ramadan et la boucle sera bouclée..
    Merci gentil contribuable

  • 1 – le capitalisme est l’antithèse du libéralisme
    2 – l’auteur démontre brillamment que le capitalisme est intrinsèquement amoral

    • mais tellement plus efficace , qu’on est en droit de se poser la question, sauf lorsqu’il s’agit d’un capitalisme d’etat comme en france

    • Ça vaut mieux que d’être immoral…

    • Certes, le capitalisme et le libéralisme ne se recoupent pas forcément, il existe des capitalismes illiberaux (Chine), il existe des systèmes libéraux non capitalistiques (coopérative et logiciels libres), mais en général les deux systèmes coexistent, se renforçant mutuellement. C’est pour cela que les socialistes qui veulent instaurer une dictature veulent mettre à bas le capitalisme, et la liberté en avançant masqués

  • Tant que la dinde à fourrer ne vient pas du Poitou, tout va bien.

  • Quand je vois toutes les lumières qui parent jusqu’au plus petit village dans mon coin (mais pas que), je suis heureux que cette féerie éclaire les nuits les plus sombres et les plus longues de l’année.

    Même en Patagonie, où Noël est en plein été, ils fêtent le 21 juin la nuit la plus longue en éclairant la ville et en fêtant toute la nuit, pour les mêmes raisons.

    Noël et Nouvel An sont enfin les points d’orgue où, selon la vie que vous menez, vous vous retrouvez avec les gens que vous aimez pour partager de la chaleur au cœur de l’hiver.

    N’oubliez pas :
    ‘ L’hirondelle ne fait pas le printemps, mais le chameau fait le désert… ‘

    Au lendemain des réveillons, dès les premiers jours de Janvier, le soleil se lèvera un peu plus tôt, et très vite les mésanges se mettront à se chamailler au petit matin…

    Bonne Année à tous !

  • Loin d’être un vecteur du capitalisme sournois, le Père Noël est au contraire le moyen le plus efficace d’abonner les enfants au socialisme et à son Etat providence.
    Qu’on y songe un peu:
    1) les enfants considèrent qu’ils manquent de moyens et commandent donc de nouveaux jouets indépendamment de ce qu’ils ont déjà.
    2) ils rédigent leurs demandes sans limites ni conscience de la dépense, dans des lettres éventuelles adressées ou non à un personnage abstrait mais collectif (de cheminée en cheminée..) mais en fait dans leur seul intérêt personnel.
    3) ils présentent leurs demandes comme des exigences jamais assortis de la moindre obligation en retour. C’est dû, un point c’est tout.
    4) Les jouets arrivent ? ils ne disent merci à personne car ils sont incapables de comprendre comment cette dépense a peu être possible ni par qui et pourquoi elle a été acceptée.
    5) Si jamais l’enfant voisin a reçu un vélo plus beau, c’est la bagarre contre ce méchant plus riche.
    6) 2 jours après, le jouet n’est plus utilisé et il en faudrait bien un autre.
    7) le Père Noël, comme par hasard, est en rouge.
    Du pur formatage socialiste je vous dis..

    • Excellent second degré.
      On pourrait aussi traduire le tout en langage de député/syndiqué :

      1) Trouvons une mauvaise solution à un truc qui fonctionne bien et qui portera mon nom.
      2) L’Haineumi c’est le riche !
      3) Grève, Service public universel toussa toussa.
      4) Les AkiSôciaux : Tagl, c’est majik !
      5) Jalousie « sochiasse » de base. Paupérisme spoted ! L’État doit y remédier.
      6) Élections, fin de mandat. Promesses électorales.
      7) C’est la luuuuuteuuuu finaaaleuuuu !

      Merci l’AFrance !

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