Hong Kong, grain de sable démocratique dans la mécanique totalitaire chinoise

Les dirigeants américains et européens seront-ils assez courageux pour entendre le message de Hong Kong et le défendre sur la scène internationale ?

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Hong Kong Grunge Flag By: Nicolas Raymond - CC BY 2.0

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Hong Kong, grain de sable démocratique dans la mécanique totalitaire chinoise

Publié le 27 novembre 2019
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Par Frédéric Mas.

À Hong Kong, la victoire des candidats pro-démocratie aux élections locales est totale. Avec un taux de participation de près de 71 %, les candidats poussés par le régime chinois sont totalement laminés. Le message adressé à l’exécutif, et plus largement à Pékin, est clair comme du cristal : nous ne voulons pas être normalisés, laissez-nous en paix avec nos institutions libres.

Ce qu’on appelait « normalisation » en Tchécoslovaquie avant la chute du mur en 1989 désignait la répression et la conformité idéologique imposée au pays par le régime communiste. Comme le rappellent Ivan Krastev et Stephen Holmes dans Le moment illibéral (2019) :

« Le communisme à la soviétique était alternativlos. Il convenait de l’imiter sans déviations. Ainsi que Michnik l’écrivit en 1985, la normalisation sous Kadar et Husak : ‘au fond, signifiait la destruction totale de toutes les institutions indépendantes. Quarante mois après l’invasion soviétique, la Hongrie ressemblait à un cimetière politique ; quarante mois de normalisation en Tchécoslovaquie l’avaient transformée, selon la formule si pertinente d’Aragon, en Biafra de l’Europe.’ »

La Chine a pour ambition de faire subir le même sort à Hong Kong, dans la plus pure tradition du communisme « réellement existant ». Comme l’URSS, Pékin craint tout ferment de sédition qui lui ferait perdre la face, et qui condamnerait la clique de bureaucrates qui la dirigent au même sort que ses prédécesseurs soviétiques.

Face à la propagande de Pékin

Les révoltés de Hong Kong ont dû faire face à l’intense propagande pro-Pékin visant à minorer leur action, criminaliser leur mouvement ou encore ignorer leurs revendications. Parmi les figures du mouvement, Joshua Wong s’est imposé comme un vétéran de la lutte pour la démocratie et les droits de l’Homme. À seulement 23 ans, il incarne le mouvement de fond d’une jeunesse qui s’est réveillée contre la propagande de Pékin et pour des élections libres avec la révolution des parapluies. C’était tout naturellement que sa candidature aux élections a été barrée sous prétexte de défendre l’autodétermination de Hong Kong.

Cette élection change la donne, car elle est un témoignage fait devant le monde entier : plus personne en Occident ne pourra répéter servilement la propagande de Pékin qui réduisait la révolte à la radicalisation criminelle d’une minorité. Pour la Chine communiste, c’est un camouflet à son autorité et un exemple de révolte qui pourrait se propager.

Comme au moment de Tien An Men, l’élite bureaucratique et politique chinoise fait tout pour effacer l’événement afin de prévenir toute révolte démocratique.

Pour les Occidentaux, c’est un défi : plutôt que de ramper pour complaire à la nouvelle puissance chinoise économique, l’exemple de Hong Kong l’invite à revenir à ses fondamentaux éthiques, à savoir la règle de droit et les libertés fondamentales. Les dirigeants américains et européens seront-ils assez courageux pour entendre le message de Hong Kong et le défendre sur la scène internationale ?

 

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  • Certes, le régime chinois est ce qu’il est. Mais quand les Occidentaux font de l’ingérence au nom de la démocratie, ce n’est pas toujours désintéressé. D’ailleurs quand il n’en tirent pas intérêt, ils ne le font pas…

    • Ne confondons pas le « droit d’ingérence », largement dévoyé et aux conséquences souvent tragiques, et le rappel régulier et nécessaire des principes de base de nos démocraties, dont celui de la liberté individuelle.

    • la petite bête , tout à fait ; les intérêts économiques passeront toujours avant la démocratie , et ce , dans tout les pays du monde ;les dirigeants occidentaux peuvent bien la ramener avec leur coup de menton et leurs petits points brandis , au fond d’eux , ils s’en foutent royalement ;

    • Je vois pas quel pays serait assez fou pour faire comme en Lybie et lancer une intervention militaire en chine (pays dote d arme atomique et d une amree extremement nombreuse a defaut d etre a la pointe techniquement parlant)

      Apres on est actuellement dans la situation inverse : on fait des courbettes aux dirigeants du PCC pour qu ils investissent chez nous ou qu ils achetent nos avions ou nos vins …
      L article a completement raison: entre le business et les valeurs, nos dirigeants ont choisit. Et pas que nos dirigeants, le gros de la population aussi. Qui voudrait payer son smartphone ou ses nike plus cher pour aider Hong Kong ?

    • Intéressés ou pas, si les Américains (et d’autres, comme les Canadiens) n’étaient pas intervenus pour libérer l’Europe de l’Ouest durant la WWII, que serait-il advenu de la France ? Se serait-elle libérée par elle-même ? (totalement irréaliste)
      Serait-elle devenue un « pays frère » de l’URSS (les Soviétiques ayant fini par écraser l’Allemagne nazie) ?
      N’est-ce pas un peu facile de se retrancher derrière un refus de principe (dogmatique) de toute intervention – pas forcément militaire d’ailleurs, Donald Trump étant en train de montrer que des sanctions économiques peuvent aussi être très efficaces – au motif que certaines ont été hasardeuses (voire carrément criminelles) ?

      • Les Américains ne sont pas intervenus pendant la guerre pour nous libérer, ce sont les japonais qui ont attaqués (après embargo sur le pétrole US).
        D’ailleurs un pays respectueux des droits individuels est neutre, comme la Suisse, ce qui n’empêche pas d’être armé.
        D’ailleurs, si les russes n’avaient pas signé le pacte de non agression.. mais on est dans de la politique fiction.
        C’est sûr, en 39, il n’y avait pas bcp démocraties en Europe, et bcp de fascistes (l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Russie..)

        •  » Les Américains ne sont pas intervenus pendant la guerre pour nous libérer, ce sont les japonais qui ont attaqués (après embargo sur le pétrole US).  »

          Du coup ils sont quand même venus et ils nous ont libéré.

        • Les Américains nous ont libérés, intéressés ou non, c’est un fait historique.
          Effectivement, ils avaient été attaqués par les Japonais, et l’Allemagne nazie leur avait déclaré la guerre ; et cette guerre ne pouvait donc se terminer qu’une fois le Japon et l’Allemagne nazie neutralisés. Cela dit, factuellement ils ont libéré la France.
          Et les Canadiens ? Ils n’ont à ma connaissance été attaqués ni par l’Allemagne, ni par le Japon. Pourtant ils sont venus.
          La Suisse ? Très bon exemple (comme la Suède). Pourtant, la Suisse a été accusée de recycler l’or des nazis. Elle a aussi été accusée de refouler les Juifs persécutés. Et si la Suisse avait été envahie par les Allemands, voire par les Soviétiques ? Comment les Suisses auraient-ils réagi ?
          Politique-fiction que tout cela… je voulais juste illustrer le fait que ce n’est pas si facile que cela, et que ce n’est pas parce qu’on n’a pas de torts qu’on sera laissé tranquille par les prédateurs. Demandez aux Tchèques, envahis par les Allemands en 1938-39, ou aux Polonais… ou à bien d’autres.

          • Llibérer quelqu’un pour remplacer un joug par un autre, ça s’appelle comment?
            De Gaulle avait confié à Peyrefitte en 1964, que Roosevelt, en faisant débarquer ses GIs en France, comptait bien y établir un AMGOT* (Allied Military Government of Occupied Territories). En remplaçant rapidement les restes du régime de Vichy par des résistants, de Gaulle aidé par Michel Debré, a affirmé l’autorité de l’Etat français.
            Les « amis » américains ont ensuite contourné le problème par l’UE, l’OTAN et toutes sortes de subversions, dont la moindre n’a pas été les armées secrètes de l’Otan pendant la guerre froide…

            * « Le débarquement du 6 juin, ça a été l’affaire des Anglo-saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne! Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avancée de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.» (C’était de Gaulle, Alain Peyrefitte).
            Nous ne devons jamais oublier que nous sommes très influencés par un narratif sur la seconde guerre mondiale largement influencé par les Etats-Unis (Holywood compris)

            • « En remplaçant rapidement les restes du régime de Vichy par des résistants »
              Papon, Bousquet, … plus les « résistants » communistes (guillemets d’importance vu que, faut-il le rappeler, ils ont collaboré tant que Moscou ne donnait pas l’ordre inverse) qui ont planté, avec l’accord du grand crétin, les germes de la France d’aujourd’hui : avec un minimum de recul, en comparant l’état de votre pays avec celui des pays qui sont passés par une administration militaire US, vous regretteriez que l’AMGOT n’ait pas été mise en place.

            • @ la petite bête : encore une fois, la question n’est pas là. Mais votre anti-américanisme évident vous détourne de la vraie question : que serait devenue la France sans le Débarquement allié, intéressé ou non ?
              Par ailleurs, vous oubliez un peu rapidement que si les Américains ont effectivement pensé mettre en place un AMGOT, c’est juste parce que la France avait signé un armistice avec l’Allemagne puis COLLABORÉ avec celle-ci, pendant 4 ans ; et que les Résistants, s’ils existaient, étaient très minoritaires – même la France Libre de de Gaulle… bref, que la France n’inspirait pas confiance aux Américains, avec de solides raisons. Quoiqu’il en soit, ils n’ont pas mis en place l’AMGOT quand ils ont vu l’accueil réservé à de Gaulle à Bayeux ; et que vous le vouliez ou non, ils n’ont pas occupé la France, comme les Allemands – et les Soviétiques s’ils avaient été laissés seuls sur le front européen ; au contraire, ils nous ont accordé le plan Marshall. Mais je sais, les antiaméricains trouveront toujours à redire sur l’Oncle Sam, même s’ils se trouvaient sous la pire des dictatures… du reste, ils sont habitués, ils soutiennent les pires régimes de la planète dès lors que ça leur permet de cracher sur les USA !

              • Oui ,et quand le « grand Charles » leur a dit de partir, ils sont partis: vraiment vilains . Seuls ceux enterrés au cimetière de Coleville (plage du débarquement) sont restés . Quels salauds tous ces types morts pour des intérêts économiques impérialistes!
                Les USA: il est une tradition de cracher depuis qu’ils existent alors qu’ils n’avaient rien fait sauf acquérir leur indépendance contre la G.B.
                Je suis né pas loin de ce cimetière et quand je vois un américain, je me souviens …

  • Hong kong , c’est la chine n’est ce pas comme monaco est la france ,un paradis pour maffieux . La chine a bien raison de remettre un peu d’ordre dans tout ça

    • Vous ne connaissez pas la chine. C est le royaume de la corruption. C est pas pour rien si les familles de tous les dirigeants sont richissimes

    • Merci pour ce moment.

    • Effectivement. Dans le cas de la France et de Monaco, Monaco est le paradis pour maffieux. Dans le cas de la Chine et de Hong-Kong, le paradis se trouve en Chine.

      • Au detour d’un article il me semblait que nos chinois corrompus de chine se planquaient justement a hongkong….

        • Un article de l’Huma Niqué ❓

        • Renseignez-vous sur Hong-Kong, Au prés de Charles Gaves par ex .
          De plus dans un régime comme celui de la chine il est impossible de faire des affaire sans l’aval de l’état ,du pouvoir, ‘sil n’y a pas corruption, il ya compromissions, connivences, allégeances … Honk-Kong est encore un lieu de liberté à la porte d’un purgatoire de ce qui fut un enfer et pourrait le redevenir . Nous qui sommes sur l’autoroute de la servitude ferions bien d’ouvrir les yeux …

    • Franchement ce que vous pouvez être décevant quand vous écrivez des âneries pareilles. Je connais un grand nombre de Chinois nés en Chine qui haïssent la Chine Populaire et qui voient Hong Kong comme ce que devrait être la Chine en général. Mais j’imagine qu’ils sont en faveur du désordre?
      Peut être que ma belle mère qui a du faire un exposé devant sa classe pour dire à quel point son père déporté en camp de rééducation était un social traître a une vue un peu biaisée de la situation. Peut être que les milliers de chinois dont les membres de la famille incarcérés pour des prétextes parfois fallacieux et réduits en esclavage en prison manquent un peu d’objectivité sur le sujet. Peut être qu’on peut préférer devoir supporter les triades au fait de devoir supporter un état totalitaire. Mais quand on est un réac autoproclamé comme vous et qu’on se réjouit du malheur d’autrui pour un oui ou pour un non, on ne voit pas ces choses là. En fait vos relents autoritaires vous poussent vers un cautionnement du collectivisme assez incongru sur Contrepoints me semble t’il. Mais bon, c’est ça aussi la liberté d’expression.

    •  » La chine a bien raison de remettre un peu d’ordre dans tout ça  »

      Elle ne met pas de l’ordre elle ne veut pas perdre son autorité totalitaire.

      • Cette vision de l’ordre peut laisser perplexe. Moi le seul ordre qui m’émeut c’est l’ordre provenant de l’état de droit…

  • La mouche Hong-Kongaise va se faire écrasée par la puissance de son adversaire.

  • Hong Kong est aussi une poule aux oeufs d’or que Pékin n’a pas forcément intérêt à détruire.

  • Je crains pour les jeunes manifestants qui ont été arrêtés. Ils vont être condamnés à 10 ans de prison..
    on en parle plus?

  • Il me semble que le pire, c’est que si la Chine était comme Hong Kong, elle serait le pays le plus prospère du monde.

    • « si la Chine était comme Hong Kong, elle serait le pays le plus prospère du monde. »


      @Koris : Excellente remarque. Peu de gens se rendent vraiment compte à quel point le monde aurait été différent si la Chine n’avait jamais été communiste ( Idem pour la Russie ! )

      Si la Chine avait été libérale plutôt que maoiste, elle aurait été tellement puissante qu’à l’heure actuelle un drapeau chinois (qui ne ressemblerait en rien au drapeau rouge actuel) flotterait probablement déjà sur Mars. Ou mieux : il s’agirait d’un drapeau d’une entreprise privée chinoise semblable – voire supérieure – à SpaceX et dirigée par un sorte d’Elon Musk aux yeux bridés. Si la Chine avait été libérale, elle compterait encore plus de réacteurs nucléaires que de nos jours, l’air ne serait pas aussi pollué à cause des centrales à charbon. Si la Chine avait été libérale, il n’y aurait pas eu les pénuries et famines du temps de Mao, et il n’y aurait pas eu de « politique de l’enfant unique » engendrant à long terme d’énormes problèmes démographiques. Si la Chine avait été libérale, elle ne chercherait pas à assimiler ses minorités en les persécutant violemment (tibétains, ouïghours, mongols, chrétiens…) Si la Chine avait été libérale, à l’heure actuelle elle n’aurait pas forcément été beaucoup plus « religieuse » cependant il ne fait aucun doute qu’elle aurait beaucoup mieux préservée ses traditions, sa culture, sa spiritualité, sa médecine, ses bibliothèques, son savoir faire architectural…. ( L’exemple de Taïwan me vient à l’esprit : du fait que cette île est anti-communiste les traditions chinoises y sont beaucoup mieux préservées que dans la Chine communiste. La population taïwanaise se rend davantage dans des temples, participent davantage à des défilés et fêtes religieuses, etc…) Si la Chine avait été libérale, elle aurait été tellement puissante qu’à l’heure actuelle les élèves européens étudieraient probablement le mandarin en même temps que l’anglais, et mangeraient probablement aussi bien avec des baguettes qu’avec des fourchettes.

      Bref, vous avez compris le raisonnement : la Chine, le Vietnam, la Corée du nord, la Russie, et tout un tas d’autres pays, auraient été beaucoup plus puissants (économiquement, technologiquement, culturellement, etc) s’ils avaient été libéraux plutôt que communistes.

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