L’Europe rejette Sylvie Goulard : la France doit revoir sa stratégie

Il est fort probable que Sylvie Goulard ait été utilisée comme un message que les eurodéputés ont voulu passer au président Macron mais aussi à la Commission : le parlement européen ne se pliera pas aux stratégies politiques d’un pays.

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Resumed hearing with Sylvie Goulard, France, commisioner-designate for the internal market By: European Parliament - CC BY 2.0

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L’Europe rejette Sylvie Goulard : la France doit revoir sa stratégie

Publié le 22 octobre 2019
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Par Alexandre Massaux.

Le parlement européen a ainsi rejeté la candidature de Sylvie Goulard à la commission européenne. Elle devait recevoir comme portefeuille le marché interne mais aussi la politique industrielle de l’UE. Par conséquent des fonctions majeures, compte tenu de la construction européenne accomplie autour des aspects économiques et industriels (l’ancêtre de la CEE et de l’UE était la Communauté européenne du charbon et de l’acier).

Ce rejet du candidat français à la commission a été interprété comme étant une attaque contre la France et la politique de Macron par une partie de ses alliés. Ce camouflet est d’autant mal vu en France que Sylvie Goulard est un produit de l’État français en tant que haut fonctionnaire issu de l’ENA et de l’IEP de Paris. Du coup, qu’en est-il réellement ?

 

Une symbolique désavantageuse pour LREM

 

À l’heure actuelle, outre celle de Sylvie Goulard, seules deux autres candidatures de commissaires ont été rejetées par le parlement européen. Et ces rejets sont chargés de symbole. En effet, les autres candidats refusés sont László Trócsányi, ancien ministre de la Justice de Hongrie et membre du Fidesz de Viktor Orban, et Rovana Plumb ancienne ministre du parti social-démocrate de Roumanie actuellement au pouvoir.

Les partis dont sont issus ces deux candidats à la Commission sont dans le viseur des institutions européennes pour atteinte au respect de l’État de droit et corruption. Le rejet des deux candidats, bien qu’officiellement motivé par la crainte de conflits d’intérêts, est très certainement lié à la réputation douteuse de leur parti dans l’UE.

De ce fait, la décision rendue à l’encontre de Sylvie Goulard envoie une image négative en Europe pour LREM qui est, de fait, mis dans le « même sac » que le Fidesz hongrois et les socio-démocrates roumains. Une situation d’autant plus problématique pour la formation politique du président Macron  vu le discours de LREM axé sur la lutte contre les populistes.

 

Une majorité européenne qui montre ses limites

 

Le rejet de Sylvie Goulard a aussi été analysé comme révélateur de division entre les trois groupes européens (les socio-démocrates S&D, les centristes de Renew Europe, dont fait partie LREM, et les chrétiens-démocrates du PPE) qui composent la coalition majoritaire. En effet, le PPE aurait twitté par erreur qu’il allait s’opposer frontalement à la candidature de Sylvie Goulard lors du vote et les S&D se sont montrés sceptiques à son égard.

Le PPE et le S&D ne portent en effet pas LREM et Emmanuel Macron dans leur cœur. Ce dernier est accusé d’avoir contourné le système de Spitzenkandidaten pour mettre à la tête de la Commission une personne plus favorable à la France et à son parti. Un sentiment qui semble partagé par les autres groupes européens. Si le PPE et les S&D sont habitués à gouverner ensemble, l’arrivée en force de Renew Europe et plus précisément de LREM dans la majorité crée des tensions.

 

LREM doit se montrer plus humble dans les affaires européennes

 

Ce n’est pas la première fois que LREM et le gouvernement français, sous la présidence Macron, se heurtent au reste de l’UE et parfois à ses propres alliés libéraux de l’ALDE (notamment les néerlandais et les tchèques). La posture vindicative des dirigeants français est de moins en moins acceptée par leurs homologues européens et tout particulièrement par ceux qui sont issus de pays ayant une situation économique et politique plus positive que celle de la France.

L’absence de réformes en France mêlée à une attitude injonctive envers le reste de l’Europe lasse cette dernière. Il est fort probable que Sylvie Goulard ait été utilisée comme un message que les eurodéputés ont voulu passer au président Macron mais aussi à la Commission : le parlement européen ne se pliera pas aux stratégies politiques d’un pays et ne fermera pas les yeux sur les affaires touchant des candidats.

Si le président Macron et LREM veulent faire avancer leurs idées en Europe, ils doivent se montrer plus humbles et s’inspirer de la diplomatie allemande qui repose avant tout sur la négociation et la discussion. Imposer un projet ne peut pas fonctionner dans une Union qui compte 28 membres ayant des cultures différentes. Dès lors la prudence et l’ouverture au compromis devraient guider la politique européenne de LREM plutôt que la confrontation qui ne fait qu’isoler le parti.

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  • « i le président Macron et LREM veulent faire avancer leurs idées en Europe, »
    compte tenu des résultats de LREM en france , je suis désolé , mais je comprends que l’europe ne soit pas fan de la politique menée en france

  • Allons… LaRem, réfléchir? Quel optimisme . Encore faudrait-il pour ça que juju descende de l’Olympe et ce n’est pas demain la veille que cet incompétent prétentieux se remettra en cause . Il ne reste plus qu’à espérer que les français le fiche dehors à coups de pompes dans les miches en 2022

  • Comme le déclare Micron à qui veut bien l’entendre:

     » It’s hard to be humble when you’re the best… »

  • Influencer l’EU ? Depuis l’URSS on n’a jamais fait mieux. L’EU ne s’influence pas. Si à l’origine la France était le moteur de sa création l’on pourrait dire que le monstre est désormais libre de ses actes. Il n’existe pour ainsi dire aucun contre pouvoir contre ce léviathan 2. Quand les pays du nord et l’Allemagne vont enfin comprendre qu’il y à beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages ils feront comme l’Angleterre. C’est obligatoire. La France pourra alors se vautrer dans les restes de l’Euro et payer ses dettes toute seule. Scénario qui me ferait vraiment rigoler.

    • bien dit. Avec en plus l’action des QE de la BCE, l’euro va devenir un poids lourd pour l’Allemagne et les pays du nord ! Leur intérêt sera de repasser au mark !

  • Si l’arrivée en force de Renew Europe et plus précisément de LREM dans la majorité crée des tensions, c’est parce que ce parti est soupçonné de vouloir faire ce qu’a opéré LREM en France en faisant exploser la droite et la gauche. Ce faisant, E. Macron a mis en évidence la connivence profonde euromondialiste de l’UMP et du PS. Cette connivence n’est même pas à démonter au parlement européen puisque depuis des années, le PPE et les sociaux démocrates s’entendent parfaitement pour faire avancer le fédéralisme européen.

  • « le parlement européen ne se pliera pas aux stratégies politiques d’un pays. »

    Bin non, comme d’habitude : si le pays en question n’arrive pas à la hauteur de la coalition des pays d’en face…
    En face, c’est l’Allemagne, avec les pays de l’Est qui sont ses ateliers, plus la couronne ouest (Benelux…).
    La France, c’est … la France. A vouloir s’allier qu’avec ses semblables et insulter les autres, Macron tourne dans le vide. Le parlement européen, une entité autonome ?

    « et s’inspirer de la diplomatie allemande qui repose avant tout sur la négociation et la discussion. »

    Macron avait écrit une lettre et AKK (censé remplacée Merkel) lui avait répondu. Loin d’être une différence de méthode, on voyait surtout une différence d’intérêts et de pensées.

  • le parlement européen aurait déjà dû refuser Pierre Moscovici…

  • faut dire que c’était pas bien malin de proposer S Goulard dont les casseroles l’avaient contrainte à quitter un ministère. Ceci illustre bine la faiblesse des troupes de LREM et l’arrogance de son chef

    • Les casseroles ET ses faux nez !
      On peut défendre une opinion si on respecte celle des autres. A l’entendre, il n’y avait pas plus européen.
      A l’examen, on constate qu’elle est d’abord atlantiste. Quant à sa nationalité française…

    • n’empêche que cette défaite du roitelet est cocasse et jubilatoire, j’en veux encore beaucoup d’autres..:)

  • Sauf que László Trócsányi a été rejeté pour des raisons politiques en s’opposant à l’université Soros à Budapest, alors que Rovana Plumb et Sylvie Goulard l’ont été pour des soupçons de malversations et de conflits d’intérêt.
    Ce que le Parlement européen pense de Macron, de la France et comment se déploient les rapports de force entre les groupes parlementaires, on s’en tamponne la coquillard avec une touffe d’herbe ! Ce parlement croupion ne sert à rien, sinon à donner une façade démocratique à la nouvelle URSS.

  • Il n’y a qu’en France ou les politiques peuvent se recycler en changeant de poste même avec des casseroles aux fesses,surtout à Bruxelles considéré depuis toujours comme un placard par notre classe politique ,exemple Simone Veil encensée à raison à son décès mais dont la droite de l’époque s’en était débarassé au parlement européen!

  • Il n’y a plus de stratégie. Maintenant Macron est dur la défensive et donc c’est de la tactique dont il a besoin pour esquiver les coups!

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