Nos élites politiques auraient-elles un problème économique… de cheveux ?

Jamais nos autorités n’avaient arboré de si belles chevelures, comme une ultime tentative de signifier aux marchés qu’il était inutile de lutter : leur toison de Samson leur assurerait la victoire finale. C’était sans compter sur le théorème de la boule chevelue…

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Nos élites politiques auraient-elles un problème économique… de cheveux ?

Publié le 10 octobre 2019
- A +

Par Karl Eychenne.

Trump, Powell, Draghi, Xi Jinping, Johnson, Shinzo Abe, Kuroda, Trudeau, Juncker, etc.  Mais où sont donc passés les chauves ? Il fut un temps où le tabula rasa vampirisait les crânes du pouvoir : Greenspan, Bernanke, feu Chirac… Alors, pourquoi une telle frénésie capillaire ? À supposer qu’elle ne soit pas volontaire (postiches), elle serait le pur fruit du hasard ?… 100 % de chevelus dans un périmètre d’au moins 50 personnes de plus de 50 ans, cela est bien peu probable. Alors pourquoi ?

Nous défendons ici une thèse un peu farfelue, mais qui pourrait témoigner du degré d’exaspération de nos autorités face à l’hébétude de nos économies. Cette thèse est la suivante : les autorités souhaitent une fois pour toutes signifier aux agents économiques que leur entêtement est vain, de toute façon ils perdront à la fin. Comment faire pour convaincre ? D’abord, changer de manuel : fermer le livre de macro-finance, et ouvrir celui des mythes et légendes, à la page Samson…

Samson : un choix qui s’impose

Cela aurait pu être Parsifal le Banquier Central, ou bien les Titans planificateurs bienveillants. Mais il fallait quelque chose de plus simple, dont l’évidence paralysait la démonstration : ce sera Samson. Jadis, il parait que Samson put vaincre nombre de ses adversaires grâce à sa chevelure. En fait, nous n’en sommes pas tout à fait certains : tout ce que l’on sait c’est qu’il fut prononcé ces mots-là : « Le rasoir ne passera point sur sa tête… » ; et qu’il s’ensuivit une série de victoires toujours plus impressionnantes. De là, on fit le raccourci : grande victoire = grande chevelure.

Nos autorités étant impuissantes mais pas incultes, peut-être ont-elles alors décidé d’arborer de belles chevelures pour faire passer un message aux marchés : il fallait envoyer un signal, fort, clair, et compréhensible de tous : ce sera la chevelure de Samson.

Ainsi, le pouvoir des autorités ne se résumait plus aux futiles Quantitative Easing, taux directeurs quasi-nuls ou autres dépenses publiques. Ce pouvoir était désormais d’une autre nature, quasi surnaturel. Oui, on pourra toujours dire qu’il s’agit d’une stratégie qui sort un peu du cadre. Mais après tout qu’a-t-elle de plus incongru que des taux d’intérêt négatifs ou un endettement qui dépasse 100 % du PIB ?

Mais il y avait un problème : aussi chevelues que soient nos autorités, il suffisait d’un seul épi pour trahir leur impuissance à maîtriser leur sujet : s’ils n’étaient pas même capables de dompter une touffe, comment pouvaient-ils espérer dresser une foule ? C’est alors que l’on apprit l’existence d’un théorème qui allait définitivement compromettre les plans des autorités…

Le théorème de la boule chevelue

Très sérieux, il s’agit bien d’un théorème mathématique, produit par un des plus grands spécialistes (chevelu) encore vivant de ces 100 dernières années : John Milnor. Appliqué à notre cas, ce théorème nous apprend que même si l’on essaie de discipliner les cheveux, et bien il restera toujours au moins un épi qui refusera d’obéir à la règle que l’on cherche à lui imposer. En vérité, il existe bien une solution mathématique pour qu’il n’y ait pas d’épi, c’est qu’il y ait des cheveux « nuls », autrement dit que l’on peigne un chauve.

Il n’y a alors pas d’autres choix pour nos autorités chevelues que d’assumer leur épi, voire leurs épis. Les traitements ou autres techniques pour dresser ou cacher l’épi maudit ne convaincront personne : tout le monde saura bien qu’il y a un épi là dessous puisque ce sont les mathématiques qui le disent. Et de toute façon, mathématiques ou pas, il paraîtrait que nous naissons tous avec au moins un épi derrière la tête. Mais alors quels sont ces épis ?

Les épis officiels

Dressons une liste de chevelures qui intéressent plus particulièrement les marchés financiers :

 

  • Les épis Trump. En fait, il sont au moins au nombre de trois : l’épi apparu récemment est celui lié au lanceur d’alerte concernant les discussions ambiguës entre le président américain et son homologue ukrainien. L’épi le plus difficile à dompter est celui lié à J. Powell, le Banquier central de la Fed qui refuse d’entendre les bons conseils de D. Trump. Enfin, l’épi le plus tordu est celui lié à Xi JinPing, avec qui l’issue du « différend » commercial s’annonce très incertaine. On passera sur les épis liés à la Corée du Nord ou à l’Iran.

 

  • Les épis J. Powell. On en listera trois également : l’épi structurel qui résume tous les paradoxes du cycle économique actuel, à savoir un taux de chômage historiquement faible mais sans tensions inflationnistes, une révolution en nouvelles technologies et toujours pas d’envolée de la productivité. L’épi Trump, car si J.Powell est un souci pour le président américain, ce dernier le lui rend bien. Enfin, l’épi dette, qui est un épi également présent sur bien d’autres chevelures.

 

  • Les épis Draghi. Toujours au nombre de trois : un épi structurel qui ressemble à celui de J.Powell mais en plus difficile à dompter, à savoir une inflation et une productivité encore plus problématiques qu’aux États-Unis. L’épi périphérique qui résume toutes les difficultés de la Banque centrale à gérer l’hétérogénéité des situations économiques et politiques des pays membres, notamment l’Italie. Enfin, l’épi budgétaire qui fait la sourde oreille face aux injonctions de la Banque centrale de jouer le jeu du policy-mix afin de soutenir la croissance économique.

 

  • Les épis Xi-JinPing. Le nombre d’épis est inconnu. Il y en aurait au moins deux : l’épi Trump qui est donc de mèche avec l’épi XiJinping de la chevelure du président américain. Puis, l’épi dont ne connait pas la longueur, car plutôt bien caché, lié à la véritable santé de l’économie chinoise : endettement privé historiquement élevé, transition économique partiellement achevée, rôle de l’État encore très important dans les grandes décisions économiques.

 

  • Les épis japonais. Curieusement, les chevelures monétaires et gouvernementales présenteraient les mêmes épis. Cette particularité s’expliquerait par les liens assez forts entretenus par les deux entités, depuis le début d’une crise qui dure depuis les années 1990. Nous parlerons du seul épi indomptable, voire impossible à couper : l’épi zombie, celui qui caractérise l’état de l’économie japonaise, artificiellement animée par les politiques de soutiens récurrentes des autorités.

 

  • Les épis B. Johnson. Il y en a au moins un et de taille : l’épi Brexit, un épi qui se transmettrait de chevelure en chevelure et que Theresa May aurait vainement tenté de dresser. Il aurait été « voté » la sortie de cet épi, mais des difficultés techniques empêcheraient l’opération.

 

Conclusion : de la boule chevelue à l’équilibre général en économie

Cet article n’est peut-être pas aussi fumeux qu’il n’y parait. En effet, aussi curieux que cela puisse paraître, la chevelure entretiendrait des liens formels d’une importance capitale avec la théorie économique…

Tentons de résumer l’affaire en trois points :

 

 

En forçant le trait, nous dirons alors que l’existence de crânes chevelus garantit à la fois l’existence d’au moins un épi et d’au moins un équilibre en théorie économique… Chauve qui peut.

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  • J’aurais bien vu la photo de Trump en Méduse, symbole de rage et de pouvoir

  •  » Hoor ìsch a Wàsserpflànza… »

    Le cheveu est une plante aquatique…

    Comprenez par là qu’il ne pousse que sur des têtes pleines d’eau…

    Hopplà Elsass !

  • Les épis officiels sont de puissants épiphénomènes.

  • Il fut un temps où l’attribut pileux symbolisant la puissance du chef était la moustache: Napoléon III, Staline, Hitler, Saddam H., Golda M., et j’en passe.
    En y substituant éventuellement la cravate, attribut phallique s’il en est.

  • Il me semble que le théorème de topologie que vous mentionnez, attribué à Milnor, ne concerne qu’une surface fermée sans trou (équivalente à une sphère) entièrement recouverte. Il peut donc très bien ne pas y avoir de point singulier, à moins que tout le corps, oh combien simiesque, ne soit pileux tous orifices fermés.
    Une calotte cranienne, même hirsute, n’a pas forcément d’épi.

  • Je croyais que vous alliez nous parler des implants de Macron

  • Les commentaires sont fermés.

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