Le retour en grâce de l’apprentissage

Apprentissage : pour une fois, la France s’inspire des bonnes pratiques de ses voisins.

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Le retour en grâce de l’apprentissage

Publié le 5 octobre 2019
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Par Xavier Fontanet.

L’apprentissage connaît cette année un très solide développement. Serions-nous en train de nous inspirer de nos voisins, en particulier des Pays-Bas et de l’Allemagne, qui y recourent quatre fois plus que nous ? Rappelons que cet écart coïncide avec un taux de chômage de leurs jeunes… quatre fois plus bas que le nôtre. C’est bien mais il faut savoir que le chemin sera très long si nous voulons atteindre leurs performances, parce que, aux Pays-Bas, ce sont 40 % des jeunes qui passent par l’apprentissage.

Avec une autre différence, elle aussi fondamentale : l’orientation se fait chez eux à 12 ans et pas à 16 ans comme chez nous. Orienter tard présente le défaut de laisser trop longtemps dans l’enseignement général des jeunes qui s’y ennuient. Par voie de conséquence, ils ont de moins bonnes notes, avec un résultat dommageable : leur réorientation vers les filières techniques a une saveur d’échec.

Les Olympiades des métiers

On peut rapprocher cette dynamique de l’apprentissage du succès des Olympiades des métiers de l’artisanat (inventées, il faut le savoir, par les Scandinaves), qui rencontrent en France un engouement croissant. Ces Jeux Olympiques des plâtriers, soudeurs, menuisiers (il y a 37 disciplines) ont l’immense avantage de démontrer que l’excellence mondiale sur un sujet très pointu (fût-elle artisanale) a au moins autant de valeur qu’une culture générale qui consiste trop souvent à savoir un peu… sur tout.

Pour une fois, la France s’inspire des bonnes pratiques de ses voisins en arrêtant de dire systématiquement : « ça ne nous concerne pas, chez nous c’est différent ! » C’est peut-être la leçon la plus importante à tirer de ces deux excellentes nouvelles.

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  • « Orienter tard présente le défaut de laisser trop longtemps dans l’enseignement général des jeunes qui s’y ennuient. »
    ah ben oui mais ils faut bien sur qu’ils soient formés a voter a gauche , ou vert pour faire plus a la mode..

    si on les sors trop tôt ils pourraient devenir des liberaux et çà c’est insupportable

  • Pour que la mayonnaise prenne vraiment en France, je suggère deux ou trois choses:

    -Que les profs de l’ enseignement général cessent de considérer le technique comme une voie de garage, en l’ encourageant.
    -Que l’ apprentissage soit vécu comme un échange juste, avec respect scrupuleux des règles du contrat, travail contre savoir, droits sociaux de l’ apprenti salarié contre avantages fiscaux de l’ employeur.
    -Qu’ employeurs et parents comprennent bien tout ce qu’ implique le deuxième point.

    Et roulez jeunesse.

    • Il est urgent de rétablir l’idée que l’apprentissage donne des bases, et que ces bases sont tout aussi solides que d’autres pour s’élever dans la société (dans tous les sens du mot). Arrêtons de parler de voie, de filière, etc.

  • je présume qu’aux pays bas , les jeunes à 12 ans savent lire , écrire et compter ; c’est quand même une chose importante et pour apprendre un métier et pour rentrer dans la vie active …..alors qu’en France , apprendre ces bases là aux élèves c’est un vrai parcours du combattant pour les profs qui se font plus souvent agresser qu’autre chose ;

  • Mieux vaut tard que jamais.
    Cependant, quand on a placé le baccalauréat au pinacle de la formation des jeunes et l’avoir considéré comme le passage incontournable vers les études post-bac sensées représenter l’alpha et l’omega de la réussite professionnelle, il va être difficile de revenir en arrière. La plupart des prof considérant de plus les formations professionnelles comme un pis-aller, il faudra du temps avant qu’ils se départissent d’une certaine condescendance ou d’un sentiment de commisération pour ceux qui s’y destinent volontairement. Attitude d’ailleurs curieuse quand on sait qu’une partie non négligeable de ces formations professionnelles gagneront plus qu’eux…

    • ben il faut bien protéger les carrières de nos CHERS enseignants

    • «La plupart des profs..» et la plupart des parents si ce n’est de toute la société.

    • L’idée que les profs méprisent l’enseignement professionnel est un peu surannée, non ?
      En fait, les filières pro sont des filières poubelles au sens où ceux qui sont orientés de force dedans se tiennent vraiment mal, ce qui fait aussi le vide pour les autres et pour les parents.
      C’est seulement par des voies d’excellence (donc sélectives et exigeantes) que l’on pourra valoriser ces filières.

  • Oui, reste à sortir du dogme du collège unique.

  • je n ‘oublierai jamais le si tu continues comme ça tu feras un métier comme tes parents…
    je présume cependant beaucoup de résistance à laisser aller un gosse vers l’apprentissage lorsqu’il a un haut potentiel intellectuel.

    • S’il a un bon potentiel intellectuel il deviendra très bon dans son artisanat, et donc gagnera bien sa vie, personnellement j’y vois pas de gachis

      • les profs eux y verront ( voyaient ) du gâchis..c’est mon point..
        les choses ont peut être changé mais j’en doute..

        on peut aussi être un mauvais artisan avec un fort potentiel intellectuel..
        je parle en fait de la maîtrise de la langue et de la capacité d’abstraction ..ou pour faire simple de QI..
        la question en jeu est celle du choix de son avenir.. la question de qui paie la formation est importante, mais l’avis de l’enfant doit compter puisque’il s’agit de son bonheur et sa vie..
        à partir de quand un enfant est jugé « apte »à en décider..
        plus loin…mieux vaut il être un mauvais artisan heureux ou un prof malheureux?

        je parle de gâchis par rapport à un potentiel vu par une tierce personne dans un vision utilitariste des êtres humains.. je n’y crois pas vraiment..

        ou assez stupidement..tel jouer de foot aurait pu faire une carrière meilleure si il avait moins fait la fête… rien deplus banal que l’opinion donné sur une personne qu’il a gâché son potentiel..

        • Oui on peut-etre un mauvais artisan avec un fort potentiel intellectuel, mais de ce qu’on sait en psychométrie, c’est relativement rare, le QI est un bon prédicteur du type de métier, mais aussi un prédicteur de l’excellence dans son domaine.

          La vision utilitariste me semble est un peu triste par contre, ne vaut-il pas mieux être heureux quelque soit son métier?
          Est-ce que quelqu’un d’heureux dans son métier n’est pas plus productif et créatif d’ailleurs?

      • Le « donc gagnera bien sa vie » est un peu optimiste. En France, il ne suffit pas d’être bon artisan, il faut aussi savoir se dépatouiller de la gestion administrative de son boulot, et ça demande d’autres qualités que n’ont que rarement ceux auxquels ont conseille l’apprentissage. C’est cela qu’il faut changer, la compétence technique seule doit suffire à vous élever dans la hiérarchie des revenus et dans celle de la considération d’autrui.

  • En France on associe toujours l’apprentissage à des métiers manuels (plâtriers, soudeurs, menuisiers, boulangers…). Ailleurs, le système concerne presque tous les métiers (banque, assurance, services, industrie…). Il permet de former les jeunes en alternance formation théorique, formation pratique pour les familiariser avec le monde du travail. Après cet apprentissage fait avec le niveau bac, beaucoup partent à l’université avant de choisir un métier. L’employeur a un devoir moral d’employer des apprentis. Tout cela est une culture que nous ne connaissons pas en France. Dommage.

    • le devoir moral de l’employeur disparaît si il ne reçoit pas de considération de la part de l’apprenti et des parents.

    • « L’employeur a un devoir moral d’employer des apprentis.  »
      Sauf si le cout (temps passé, coût financier, administratif…etc) dépasse les gains/avantages espéré! Et c’est bien le problème en France.

    • Je ne vois ce que le devoir moral vient faire dans l’apprentissage à moins de l’envisager sous l’angle d’une action collective pour la nation. Former des apprentis par les entreprises c’est pour elles investir dans leur avenir. Si l’entreprise n’agit pas pour son intérêt propre qu’elle sera la qualtité des formations de manière globale ? Et que dire de la motivation de l’apprenti.
      Si devoir moral il devait y avoir, c’est celui d’apporter la meilleure formation à l’apprenti. Et inversement à l’apprenti de jouer le jeu avec de la motivation.

  • Les choses évoluent :

    J’ai été étonné d’apprendre le parcours de mon petit fils pour intégrer un classe de 3ème de préparation professionnelle…

    Il a fallu monter un dossier , rencontrer un responsable avec les parents, et attendre la décision pour être choisi comme un des 24 élèves (sur 70 candidats) à être pris.

    Dans ce cas précis il était plus facile de monter en 3ème générale.

    Quelque chose a changé au royaume de l’E.N.

    • les profs aussi évoluent…

    • « Quelque chose a changé au royaume de l’E.N. »
      Je ne crois pas malheureusement.
      L’enseignement pro est le parent pauvre de l’Enseignement Général. Il y a peu de place. Qui dit peu de place, dit sélection et concurrence (horresco referens!) entre les candidats. Donc on peut supposer que ceux-ci auront un bon niveau pour cette formation, ou, tout du moins, qu’ils seront motivés (ce qui est essentiel) car ils auront eu à se bouger pour l’avoir.
      Ce qui est loin d’être le cas pour la majeure partie de ceux qui empruntent l’autoroute de l’Enseignement Général sans véritablement se poser de question et qui finiront par décrocher un bac quel qu’il soit sans avoir eu à se battre contre qui (ou quoi) que ce soit ni même contre eux-mêmes bien souvent.

      • Dire qu’il y a peu de place n’est pas décrire la réalité : il y a 160.000 bacheliers pro chaque année, mais la plupart sont dans des voies de garage (i.e. dans le tertiaire).

        • Non, je parlais du post de Leipreachan où il indiquait la manque de place pour la 3è de préparation professionnelle. Ce qui oblige à la sélection et concurrence facteurs d’amélioration du niveau. Il ne s’agit pas des bac pro pour lesquels je vous rejoins malheureusement.

  • Comme signalé, la loi « Macron » n’entrera en vigueur qu’au 1er Janvier 2020, et retirera aux régions la gestion de l’apprentissage. La brève embellie liée à une gestion de droite va se poursuivre, soyez en sur.

    Point essentiel des propositions Fillon de 2017, le développement effectif de l’apprentissage par les régions et cela exclusivement, au détriment du mammouth est donc mené à l’inverse. Le succès sera au rendez vous, soyez en sur.

    En gros: l’incapacité de l’éducation nationale à assumer l’apprentissage est patent et cela pour des raisons idéologiques qui condamnent la jeunesse française à un chômage indigne d’un pays occidental. Ca tombe bien, nous cessons petit à petit d’en être un.

  • Je doute sérieusement qu’il suffise de claquer des doigts pour que l’apprentissage aille sur une pente ascendante , c’est une question culturelle ,il faut des annees pour en changer ,donc il est trop tot pour vendre la peau de l’ours .

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